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Inflation voyage : le début de la fin ? 🔑

Tous les signes montrent le début d'une décrue de l'inflation


C'était presque trop beau pour être vrai. Qu'importent les prix, tous les voyages se vendaient dans les agences de voyages, puis... les Français ont cessé de répondre à la valse des étiquettes. Des EDV à Showroomprivé.com en passant par Boomerang, Misterfly ou Protourisme la fête est bientôt finie. Non pas que la saison ne sera pas bonne ou historique, mais l'inflation ne passera sans doute pas l'été.


Rédigé par le Mercredi 5 Juillet 2023

Tous les signes montrent le début d'une décrue de l'inflation - Depositphotos @studiostoks
Tous les signes montrent le début d'une décrue de l'inflation - Depositphotos @studiostoks
Après 7 mois de flambée, le panier de courses témoin de France Info n'augmente (presque) plus.

La notification envoyée sur tous les téléphones, lundi 3 juillet 2023, a dû être accueillie positivement, par une population largement impactée, par des prix à la consommation voyant leurs étiquettes augmenter de façon déraisonnable.

La hausse n'a été que de 15 centimes le mois dernier, contre 1 euro les mois précédents. Le voyage n'est lui aussi pas épargné, par ce tassement.

"D'après mes derniers chiffres, sur juin, je peux dire que nous arrivons à un tournant décisif sur les prix de l'aérien. C'est un scoop et une première depuis la sortie de la crise.

Je constate une hausse globale de 5 % en juin 2023, versus la même période en 2022,
" révèle l'influenceur Linkedin et directeur digital de Misterfly, Frédéric Pilloud.

Du côté de la DGAC, les prix ne se tassent pas vraiment dans les mêmes proportions. La hausse généralisée est en ... baisse. J'ai l'impression d'écrire des phrases que Bruno Le Maire aurait pu citer, pour rassurer ses électeurs.

L'inflation des billets au départ de la métropole est de 19,1% en mai 2023, contre 20,7% en avril 2023 (22,7% en mars dernier).

La décrue est bel et bien là...


Inflation : "le Yield management s'est emballé après le 1er trimestre..."

Resaneo observe aussi ce tassement.

La hausse des prix a ralenti en juin.
Alors qu'elle était de +21 % comparativement à 2019, ces derniers mois la croissance tournait plutôt autour de 30%.

"Les robots du yield management et les humains qui les programment se sont un peu emballés après le gargantuesque premier trimestre.

Les prix ont été très et trop élevés,
c'est en train de s'ajuster,
" pense savoir Raphaël Torro, le président de VLC Travel (Resaneo).

D'ailleurs les étiquettes auraient bien basculé dans le vert. Les tarifs affublés sur les billets ont reçu une fin de non-recevoir des clients en agences de voyages, obligeant le yield management à revenir dans des niveaux plus normaux.

C'est d'ailleurs le constat partagé par d'autres acteurs du secteur.

"L'envolée des réservations n'est plus au même niveau, il était incroyable.

Nous observons des promotions y compris sur le long-courrier ce que nous n'envisagions pas, il y a encore quelques semaines ou mois,
" annonce René Marc Chikli.

Une bonne nouvelle, après des mois de roue libre, où les compagnies en ont profité pour reconstituer une partie de leur matelas financier d'avant crise.

Les Entreprises du Voyage (EDV) sont sur la même longueur d'onde, à un détail près.

"La demande s'est globalement tassée, du fait de l'anticipation des voyageurs, donnant lieu à un véritable optimisme, avec des réservations en hausse de 7% au début du mois de juin.

Pour le mois en cours, la dynamique a faibli,
" tempère à terre, Jean-Pierre Mas.

A écouter les uns et les autres, le coupable des hausses tarifaires des derniers mois n'est pas à chercher bien loin, il se trouve dans le ciel.

"Des gens ont renoncé à partir cet été"

Selon le directeur général délégué de la compagnie du groupe Dubreuil, les médias et les pros doivent arrêter de pointer du doigt les transporteurs.

"Les meilleurs taux de rentabilité affichaient par les compagnies sont au maximum de 10%, Ben Smith fixe lui 7% comme objectif.

Ce n'est pas scandaleux, surtout que dans le même temps, les investissements sont conséquents.

Pour en revenir aux prix, ils se tassent, car ils étaient montés très hauts,
" recadre Edmond Richard d'Air Caraïbes.

Surtout que sur ces routes, l'année 2022 a été quelque peu à part dans l'histoire.

Les billets étaient exceptionnellement bas, Air France ayant positionné des avions vers les Outre-mer, pour occuper son personnel et sa flotte. La réouverture des frontières a changé la donne, la pression est redescendue.

"Il y avait une suroffre l'année dernière, avec un baril très élevé, ce qui explique la baisse des capacités que nous avons connue, lors de cette saison estivale.

Après des gens ont clairement renoncé à partir cet été, avec les promotions et la baisse des billets, nous allons sans doute récupérer une clientèle de dernière minute,
" tempère Edmond Richard

Les promotions sont bien de retour et pas seulement dans le ciel français.

Le terrestre constate lui aussi un léger fléchissement de la demande ou du moins un arbitrage pour maintenir le départ, quitte à rogner un peu sur le confort.

TO et Hôteliers inquiets : vers une explosion des dernières minutes ?

"Il me semble qu'il y a des arbitrages par rapport au pouvoir d'achat, sur le choix et le type de vacances.

Même s'il y a une tension sur le pouvoir d'achat, ils feront sans doute différemment, mais ceux qui peuvent partir, le feront,
" croit Jean Virgile Crance, le président de la Confédération des acteurs du tourisme (CAT).

Les professionnels se montrent dans l'ensemble confiant sur la saison à venir.

Après un premier semestre éprouvant sur le plan mental, les vacances feront une nouvelle fois office de soupape de décompression... incompressible.

Une adaptation des réservations que Boomerang Voyages a aussi constatée, avec l'émergence de destinations moins onéreuses.

"Il y a une montée en puissance de la Tunisie, Turquie, Albanie ou encore le Monténégro. La plus forte concurrence est aussi une alternative aux prix pratiqués en 2022 ou des hausses de destination comme sur l'Espagne.

L'été sera bon au niveau du chiffre d'affaires, mais le nombre de voyageurs sera sans doute en stagnation,
" devine Philippe Sangouard, le directeur du TO.

Voici l'un des enseignements de la crise, les clients ne sont pas nécessairement plus nombreux, dans l'intermédiation, mais le panier moyen rattrape la baisse de la clientèle.

Pendant que les soldes sévissent partout dans les centres-villes, le déstockage ne devrait pas épargner le secteur du voyage.

A lire : L'été se jouera-t-il sur les ventes de dernière minute ?

"Beaucoup de partenaires, tour-opérateurs et hôtels sont un peu inquiets des tendances des ventes de dernières minutes. Elles sont plus faibles depuis mai.

Cette situation pourrait générer des décotes plus fortes pour remplir au dernier moment,
" prédit Nicolas Gerbal, le directeur Voyages et Loisirs de Showroomprivé.com.

France : "7 millions de personnes ont renoncé à réserver"

Il faut dire que la hausse du panier moyen était jusque-là déraisonnable, de l'ordre 25% chez les adhérents des EDV.

"Des Français ne peuvent plus accéder aux vacances, dans les conditions dans lesquels ils y avaient accès dans le passé.

Les hôtels et les villages vacances sont transformés en séjour dans la famille, ils sortent du secteur marchand,
" rapporte le président du syndicat patronal.

Le différentiel du taux de départ dans la population hexagonale, avec les autres années, serait tout simplement énorme.

D'après Protourisme, une partie de la clientèle a renoncé pour l'instant, à réserver, car les prix sont trop élevés au regard de leur budget.

Près de 7 millions de personnes attendent les bonnes affaires
pour savoir s'ils fermeront les volets de leur logement en août ou resteront à la maison.

"Nous sommes arrivés à la limite aujourd'hui des prix pratiqués, alors que nous étions en avance au mois de mars, pour les vacances d'été, au niveau des nuitées.

Actuellement, nous sommes en léger retard, par rapport à 2022, du fait de l'inflation,
" estime Didier Arino, le directeur général de Protourisme.

L'industrie doit globalement se préparer à refermer le chapitre de la hausse des tarifs, une fois la fenêtre estivale refermée.

Entre les clients échaudés par l'exercice 2023, le retour des capacités aériennes et de la concurrence, nous reviendrons à une sorte de normalité.

"Nous sommes nettement en avance sur les réservations de l'hiver, les voyageurs anticipent même pour février, mars et Pâques 2024.

Les capacités aériennes permettent des tarifs plus logiques, nous revenons finalement au monde d'avant,
" conclut Philippe Sangouard.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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