"Je le dis souvent, mais Kuoni est une marque mature dans un marché mature, donc la progression passera par de la croissance externe" selon Emmanuel Foiry (Kuoni France) - DR
TourMaG.com - Il y a du nouveau du côté de Kuoni, vous avez accueilli Gonzague de Gélis en tant que directeur financier. Etait-ce un besoin?
Emmanuel Foiry : Notre ancienne DAF est partie et nous avons mis un an à trouver le profil idoine.
C'est quelqu'un qui connait la finance, bien le secteur, mais aussi le métier. Il a travaillé chez Thomas Cook, où il s'occupait de la production de séjour. Autre point fort : il comprend et a pu naviguer dans l'écosystème des grands groupes internationaux.
Pour rappel, Rewe est l'un des plus gros employeurs allemands, avec 380 000 collaborateurs.
Par contre, son profil n'a été retenu que pour la partie finance et contrôle de gestion.
Il a retrouvé au siège de Der Touristik en Allemagne d'anciens collègues de Thomas Cook. C'est un super atout pour Kuoni.
Eros Donadello va pouvoir prendre une deuxième fois sa retraite, puisqu'il était venu donner un petit coup de main, avec le départ de notre ancienne directrice financière.
Emmanuel Foiry : Notre ancienne DAF est partie et nous avons mis un an à trouver le profil idoine.
C'est quelqu'un qui connait la finance, bien le secteur, mais aussi le métier. Il a travaillé chez Thomas Cook, où il s'occupait de la production de séjour. Autre point fort : il comprend et a pu naviguer dans l'écosystème des grands groupes internationaux.
Pour rappel, Rewe est l'un des plus gros employeurs allemands, avec 380 000 collaborateurs.
Par contre, son profil n'a été retenu que pour la partie finance et contrôle de gestion.
Il a retrouvé au siège de Der Touristik en Allemagne d'anciens collègues de Thomas Cook. C'est un super atout pour Kuoni.
Eros Donadello va pouvoir prendre une deuxième fois sa retraite, puisqu'il était venu donner un petit coup de main, avec le départ de notre ancienne directrice financière.
"En 2024, l'année 2019 ne sera plus l'exercice de référence"
TourMaG.com - Comment se passe ce premier semestre 2023 ?
Emmanuel Foiry : Nous allons faire une belle année 2023.
Sur l'ensemble l'année 2023, nous allons retrouver les chiffres de 2019. Je parle en termes de chiffre d'affaires, mais pas nécessairement en nombre de clients. Nous ne serons pas loin, mais cet indicateur sera un peu en retrait.
Notre retour au niveau pré-covid est plus rapide que ce que nous avions anticipé. Nous sommes sensiblement au-dessus de notre budget.
Je pense que c'est la dernière fois, où l'année 2019 sera un exercice de référence.
Pour résumer, 2023 sera l'année "0", pour les tour-opérateurs.
Après nous ressentons en ce moment un léger ralentissement. Le 1er semestre sera plus beau que le 2e, c'est une évidence.
L'Irlande, l'Ecosse, l'Islande, l'Italie, la Finlande et Maurice, voilà la liste des destinations, où Kuoni dépasse très largement les seuils de 2019.
Ce phénomène dépend beaucoup des destinations et des opérateurs ayant des problèmes de slots. Par exemple, nous avons ouvert les réservations pour la Laponie, il y a quelques semaines.
Les prises de commandes sont faramineuses, mais la destination a un stock très limité de places. Donc à l'arrivée, la progression sur ce marché sera moins forte.
Nous vivons une période assez rare dans notre industrie : du tour-opérating à l'incoming, donc tout le monde profite du revenge travel. Nous passons à travers toutes les gouttes, notre secteur est au beau fixe, alors que d'autres industries sont en grande difficulté.
L'immobilier ralentit, l'habillement est en restructuration et le tourisme n'arrive plus à fournir.
TourMaG.com - Le tourisme parait décorrélé de l'activité économique...
Emmanuel Foiry : Oui et c'est aussi devenu notre réalité économique.
Nous avons été l'industrie qui a connu l'arrêt le plus long pendant le covid, je ne sais pas s'il y a une relation de cause à effet, mais c'est une hypothèse.
Nous assistons à un phénomène de rattrapage bien plus fort que d'autres industries.
Emmanuel Foiry : Nous allons faire une belle année 2023.
Sur l'ensemble l'année 2023, nous allons retrouver les chiffres de 2019. Je parle en termes de chiffre d'affaires, mais pas nécessairement en nombre de clients. Nous ne serons pas loin, mais cet indicateur sera un peu en retrait.
Notre retour au niveau pré-covid est plus rapide que ce que nous avions anticipé. Nous sommes sensiblement au-dessus de notre budget.
Je pense que c'est la dernière fois, où l'année 2019 sera un exercice de référence.
Pour résumer, 2023 sera l'année "0", pour les tour-opérateurs.
Après nous ressentons en ce moment un léger ralentissement. Le 1er semestre sera plus beau que le 2e, c'est une évidence.
L'Irlande, l'Ecosse, l'Islande, l'Italie, la Finlande et Maurice, voilà la liste des destinations, où Kuoni dépasse très largement les seuils de 2019.
Ce phénomène dépend beaucoup des destinations et des opérateurs ayant des problèmes de slots. Par exemple, nous avons ouvert les réservations pour la Laponie, il y a quelques semaines.
Les prises de commandes sont faramineuses, mais la destination a un stock très limité de places. Donc à l'arrivée, la progression sur ce marché sera moins forte.
Nous vivons une période assez rare dans notre industrie : du tour-opérating à l'incoming, donc tout le monde profite du revenge travel. Nous passons à travers toutes les gouttes, notre secteur est au beau fixe, alors que d'autres industries sont en grande difficulté.
L'immobilier ralentit, l'habillement est en restructuration et le tourisme n'arrive plus à fournir.
TourMaG.com - Le tourisme parait décorrélé de l'activité économique...
Emmanuel Foiry : Oui et c'est aussi devenu notre réalité économique.
Nous avons été l'industrie qui a connu l'arrêt le plus long pendant le covid, je ne sais pas s'il y a une relation de cause à effet, mais c'est une hypothèse.
Nous assistons à un phénomène de rattrapage bien plus fort que d'autres industries.
"En 2024, l'industrie pourrait connaitre un petit coup de frein"
TourMaG.com - L'inflation explique à elle seule le retrait du nombre de passagers de 2023 ?
Emmanuel Foiry : Si vous prenez le cas de l'Egypte, même si les niveaux sont beaux, je n'ai pas retrouvé les volumes de 2019.
Le chiffre moyen sur cette destination est passé de 2 600 euros à 1 900 euros. Sans inflation, je ne sais pas si nous aurions eu plus de passagers. Les prix ont pu être un frein sur des destinations, j'ai l'exemple des Maldives, où les tarifs ont flambé.
Les hôtels sont pleins, ils ont pu récupérer la clientèle chinoise, russe et ukrainienne. Je pense que l'année va être belle, pour tous les acteurs du tourisme, je ne critique pas la hausse des prix.
Nous constaterons sans doute prochainement des baisses des prix, sous le jeu de l'offre et de la demande. Je ne sais pas combien de temps cette embellie va durer, même si ça commence déjà à se calmer.
Nous verrons ce que ça donne en 2024, mais il se pourrait que l'industrie connaisse un petit coup de frein. Je peux me tromper, surtout que si tout va mal, les gens continuent de voyager pour se vider la tête.
TourMaG.com - Après deux exercices moroses et une restructuration. Quels sont les contours de Kuoni en 2023 ?
Emmanuel Foiry : Nous sommes un peu moins nombreux qu'en 2019.
La productivité s'est améliorée, elle est même excellente. Dans les grands changements que le covid a apportés je citerais le télétravail. Les locaux de Kuoni sont bien moins occupés que par le passé.
Nous avons facilité l'institutionnalisation du télétravail dans l'entreprise. Le rapport au travail de la nouvelle génération et même de l'ancienne a changé. Les collaborateurs tiennent moins en place, ils ont tendance à vite changer d'entreprise, nous devons l'intégrer.
Pour ma génération, quand un DRH regardait un CV et qu'il voyait une ou deux entreprises seulement, c'était perçu comme un point fort. Ce n'est plus le cas.
Aujourd'hui, la personne qui a 40 ans et qui a fait toute sa carrière dans une entreprise, ce n'est pas bien vu. Ce type de salarié est rangé dans la catégorie de ceux qui ne prennent pas de risque et n'entreprend pas.
Avant le covid, les collaborateurs devaient séduire l'entreprise, maintenant, c'est à l'entreprise de séduire les futurs collaborateurs. De la marque employeur à la RSE, nous devons être attractifs.
Le salaire n'est pas toujours la problématique première.
J'ai l'impression que la nouvelle génération est moins attachée à la question du revenu, qu'au sens de son travail et aux valeurs de l'entreprise. Les ressources humaines sont devenues le nerf de la guerre.
Emmanuel Foiry : Si vous prenez le cas de l'Egypte, même si les niveaux sont beaux, je n'ai pas retrouvé les volumes de 2019.
Le chiffre moyen sur cette destination est passé de 2 600 euros à 1 900 euros. Sans inflation, je ne sais pas si nous aurions eu plus de passagers. Les prix ont pu être un frein sur des destinations, j'ai l'exemple des Maldives, où les tarifs ont flambé.
Les hôtels sont pleins, ils ont pu récupérer la clientèle chinoise, russe et ukrainienne. Je pense que l'année va être belle, pour tous les acteurs du tourisme, je ne critique pas la hausse des prix.
Nous constaterons sans doute prochainement des baisses des prix, sous le jeu de l'offre et de la demande. Je ne sais pas combien de temps cette embellie va durer, même si ça commence déjà à se calmer.
Nous verrons ce que ça donne en 2024, mais il se pourrait que l'industrie connaisse un petit coup de frein. Je peux me tromper, surtout que si tout va mal, les gens continuent de voyager pour se vider la tête.
TourMaG.com - Après deux exercices moroses et une restructuration. Quels sont les contours de Kuoni en 2023 ?
Emmanuel Foiry : Nous sommes un peu moins nombreux qu'en 2019.
La productivité s'est améliorée, elle est même excellente. Dans les grands changements que le covid a apportés je citerais le télétravail. Les locaux de Kuoni sont bien moins occupés que par le passé.
Nous avons facilité l'institutionnalisation du télétravail dans l'entreprise. Le rapport au travail de la nouvelle génération et même de l'ancienne a changé. Les collaborateurs tiennent moins en place, ils ont tendance à vite changer d'entreprise, nous devons l'intégrer.
Pour ma génération, quand un DRH regardait un CV et qu'il voyait une ou deux entreprises seulement, c'était perçu comme un point fort. Ce n'est plus le cas.
Aujourd'hui, la personne qui a 40 ans et qui a fait toute sa carrière dans une entreprise, ce n'est pas bien vu. Ce type de salarié est rangé dans la catégorie de ceux qui ne prennent pas de risque et n'entreprend pas.
Avant le covid, les collaborateurs devaient séduire l'entreprise, maintenant, c'est à l'entreprise de séduire les futurs collaborateurs. De la marque employeur à la RSE, nous devons être attractifs.
Le salaire n'est pas toujours la problématique première.
J'ai l'impression que la nouvelle génération est moins attachée à la question du revenu, qu'au sens de son travail et aux valeurs de l'entreprise. Les ressources humaines sont devenues le nerf de la guerre.
Kuoni : "la progression passera par de la croissance externe"
TourMaG.com - Tout revient à la normale, l'activité est bonne, pensez-vous reprendre le chemin du développement de Kuoni ?
Emmanuel Foiry : Pour le moment, nous allons surtout nous évertuer à consolider les résultats et la dynamique actuels.
Malgré tout, nous travaillons beaucoup sur la technologie, en raison de l'évolution de l'industrie, avec NDC, la connectivité, etc. Notre métier n'est plus du tout le même, la production est dynamique.
Nous avons quelques poches de progression assez significatives sur des destinations et produits. Il manque encore pas mal de long-courrier dans nos circuits.
L'Amérique du Sud, l'Asie et l'Afrique ont des niveaux encore faibles.
Nous allons mettre l'accent sur notre filiale les Ateliers du Voyage, sur laquelle nous avons une belle marge de progression.
Il y a pas mal de synergies à l'international, avec notre groupe et les anciens Kuoni.
Par exemple, en Suisse un tour-opérateur spécialiste dans le golf a été racheté, nous regardons pour intégrer une partie de son offre, puis nous pensons aussi à une société en Angleterre qui fait de la location de villas.
Voici les quelques développements que nous pourrions être amenés à faire, mais il n'y a pas de révolution à attendre dans l'immédiat.
TourMaG.com - Votre actionnaire Der Touristik a-t-il vocation à développer le marché français ? Rappelons que c'est un mastodonte du voyage outre-Rhin.
Emmanuel Foiry : Bien sûr, après cela va dépendre des résultats de Kuoni France et de ma force de conviction.
Je le dis souvent, mais Kuoni est une marque mature dans un marché mature, donc la progression passera par de la croissance externe. C'est peut-être encore un peu tôt, car le tourisme en France a été chahuté.
Nous devons identifier une cible et les besoins, mais ça peut le devenir rapidement, en fonction des opportunités.
Emmanuel Foiry : Pour le moment, nous allons surtout nous évertuer à consolider les résultats et la dynamique actuels.
Malgré tout, nous travaillons beaucoup sur la technologie, en raison de l'évolution de l'industrie, avec NDC, la connectivité, etc. Notre métier n'est plus du tout le même, la production est dynamique.
Nous avons quelques poches de progression assez significatives sur des destinations et produits. Il manque encore pas mal de long-courrier dans nos circuits.
L'Amérique du Sud, l'Asie et l'Afrique ont des niveaux encore faibles.
Nous allons mettre l'accent sur notre filiale les Ateliers du Voyage, sur laquelle nous avons une belle marge de progression.
Il y a pas mal de synergies à l'international, avec notre groupe et les anciens Kuoni.
Par exemple, en Suisse un tour-opérateur spécialiste dans le golf a été racheté, nous regardons pour intégrer une partie de son offre, puis nous pensons aussi à une société en Angleterre qui fait de la location de villas.
Voici les quelques développements que nous pourrions être amenés à faire, mais il n'y a pas de révolution à attendre dans l'immédiat.
TourMaG.com - Votre actionnaire Der Touristik a-t-il vocation à développer le marché français ? Rappelons que c'est un mastodonte du voyage outre-Rhin.
Emmanuel Foiry : Bien sûr, après cela va dépendre des résultats de Kuoni France et de ma force de conviction.
Je le dis souvent, mais Kuoni est une marque mature dans un marché mature, donc la progression passera par de la croissance externe. C'est peut-être encore un peu tôt, car le tourisme en France a été chahuté.
Nous devons identifier une cible et les besoins, mais ça peut le devenir rapidement, en fonction des opportunités.
"Si nous investissons en dehors du groupe... ce sera plutôt dans le BtoC"
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TourMaG.com - Vous pourriez être amenés à croitre dans le tour-opérating ou la distribution ?
Emmanuel Foiry : Cela peut être dans les deux, mais j'ai une approche assez tranchée sur la distribution physique.
Tout ça pour vous dire que si nous investissons en dehors du groupe ce ne sera certainement pas dans un réseau ou des agences de voyages. En termes de développement stratégie à horizon 5 ou 10 ans, j'ai du mal à me dire que ce serait judicieux pour nous.
C'est ma vision des choses, je ne dis pas que c'est la bonne.
Les agences ce sont des coûts fixes, alors que vous avez des acteurs comme Voyage privé qui n'ont pas de points de vente physiques.
S'il y a des développements à venir ce sera dans des nouveaux produits ou canaux de distribution, mais pas dans la distribution traditionnelle physique, plutôt dans la technologie ou le digital.
Nous sommes à 70% BtoB, nous pourrions nous orienter vers un acteur qui a une autre vision de la distribution, donc plus vers le BtoC. Nous ne nous désengageons pas du tout du BtoB, loin de là , mais il pourrait être judicieux d'équilibrer ce mix.
Emmanuel Foiry : Cela peut être dans les deux, mais j'ai une approche assez tranchée sur la distribution physique.
Tout ça pour vous dire que si nous investissons en dehors du groupe ce ne sera certainement pas dans un réseau ou des agences de voyages. En termes de développement stratégie à horizon 5 ou 10 ans, j'ai du mal à me dire que ce serait judicieux pour nous.
C'est ma vision des choses, je ne dis pas que c'est la bonne.
Les agences ce sont des coûts fixes, alors que vous avez des acteurs comme Voyage privé qui n'ont pas de points de vente physiques.
S'il y a des développements à venir ce sera dans des nouveaux produits ou canaux de distribution, mais pas dans la distribution traditionnelle physique, plutôt dans la technologie ou le digital.
Nous sommes à 70% BtoB, nous pourrions nous orienter vers un acteur qui a une autre vision de la distribution, donc plus vers le BtoC. Nous ne nous désengageons pas du tout du BtoB, loin de là , mais il pourrait être judicieux d'équilibrer ce mix.