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Le monde d’hier était-il moins dangereux que celui d’aujourd’hui ? Rien n’est moins sûr...

La chronique de Josette Sicsic (Touriscopie)


Activée par la vente de toutes sortes d’icônes allant du buste de Mao au tee-shirt à l’effigie du Che, le sentiment de nostalgie qui anime notre époque veut que le passé ait plus de charme que le présent. En une période difficile où géopolitique et économie sont chahutées, la litanie selon laquelle "c’était mieux hier" n’a rien perdu de sa vigueur. Jeunes et moins jeunes à l’unisson semblent regretter une époque bénie où la terre était en paix et où voyager sous toutes les latitudes ne présentait aucun risque ! Qu’en est-il plus exactement ?


Rédigé par Josette Sicsic le Dimanche 30 Novembre 2014

"On buvait même des cafés à Jericho, sans avoir eu à braver un « mur » !" - Photo DR
"On buvait même des cafés à Jericho, sans avoir eu à braver un « mur » !" - Photo DR
Illusion ou réalité ? Intox ou info ? On le sait : la mémoire a des failles.

Elle efface volontiers les souvenirs gênants pour les remplacer par des images moins dérangeantes.

Ainsi, la mémoire des baby-boomers qui ont écumé la « route des Zindes » vers la fin des années soixante, véhicule le souvenir idyllique d’un Proche et Moyen-Orient en paix, que l’on traversait en 2CV ou en Combi bariolé, en autostop ou en camion.

En ce temps là, c’est vrai, les petits hôtels de Chicken Street à Kaboul accueillaient les routards en partance –ou de retour- du Pakistan par le Kyber pass.

Pas le moindre Taliban à l’horizon. On fumait des joints dans les jardins, avant de se ravitailler en colliers, bagues de turquoise et autres fourrures brodées.

Pour gagner la Turquie, certains traversaient un Iran sous régime dictatorial, certes, mais parfaitement sûr aussi longtemps qu’une remarque désobligeante contre le régime du Shah ne leur échappait pas.

Le sourire de la princesse Farah masquait les tchadors et les voiles en embuscade !

D’autres dégringolaient par l’Irak, Bagdad, Bassorah… toujours dans le même climat de sécurité imposé par un régime autoritaire. Syrie, Liban, Israël… ne présentaient aucun risque.

On buvait même des cafés à Jericho, sans avoir eu à braver un « mur » !

Quant à l’Inde, ouverte aux hordes de hippies en quête de spiritualité ou de simple voyage aventure, elle absorbait ses visiteurs avec bienveillance et leur prêtait volontiers ses plages et ses cocotiers.

Pour preuve de la véracité de ces faits : le premier guide du Routard publié en 1973 ! Il pointe des auberges de jeunesse, des campings et de petits hôtels douillets… sans la moindre mise en garde !

L’Afrique : apartheid et décolonisation

Le monde d’hier était-il moins dangereux que celui d’aujourd’hui ? Rien n’est moins sûr...
De l’autre côté de l’Atlantique, hélas, les choses n’allaient pas aussi bien.

En 1973, Pinochet prend le pouvoir au Chili et deux ans plus tard, le général Videla met l’Argentine au pas. Au Brésil, rôdent les escadrons de la mort.

Certes, les touristes ne sont pas vraiment inquiétés. Mais, ils ont du mal à respirer un air lourd de menaces. Même Cuba, avec ses icônes et ses chants révolutionnaires tout neufs, ne rassure pas complètement.

En Europe, le scénario est un peu différent. A l’ouest : la démocratie, au sud : Espagne, Grèce, Portugal subissent le joug des dictateurs.

Un triste mur sépare Berlin et l’Europe en deux. Tandis que Brigades rouges et Bande à Baader n’hésitent pas à faire sauter des gares et à tuer des centaines de personnes.

Quant à la Russie, comme la Chine, elles se montrent impénétrables et fermées à tous ceux qui n’ont pas la patience de braver leurs lourdeurs administratives....

En Afrique, le sud du continent en proie à l’apartheid devra attendre la libération de Mandela pour devenir un pays ami.

Tandis que la plupart des autres pays se débarrassent plus ou moins efficacement de leurs colonisateurs dans les hoquets de guerres d’indépendances à rallonges. Seuls le Maroc, la Tunisie, l’Egypte ouverts au tourisme, présentent un visage pacifié.

Mais, tout de même, le Point Mulhouse se pose régulièrement à Ouagadougou en attendant de défricher les déserts de Maurétanie…

Les années 2000 et aprés

Si l’on se penche sur la carte du monde, aujourd’hui, force est de constater que l’Amérique latine a désormais un visage présentable, exception faite du Mexique dévoré par la corruption et les narco trafiquants.

Chine et Russie pour leur part, sont entrés dans le concert des nations réceptives et émettrices de tourisme. Même la Birmanie a fait sauter ses verrous.

Quant à l’Europe, pacifiée, réunie, elle rassure prés de 600 millions de touristes.

En revanche, c’est un fait, tous les pays qui jalonnaient la route des Zindes sont fermés.

Libye, Egypte, Yémen ne rassurent guère. La Tunisie a du mal à retrouver sa santé touristique d’antan…

Les destinations africaines, elles, dévastées par les exactions de Boko Haram, d’Aqmi et autre Shebab sont devenues dissuasives.

Un bilan en demi teintes

S’il nous faut dresser un bilan, celui-ci est donc loin d’être totalement à la faveur ou la défaveur des années soixante-dix.

Il est loin aussi d’être complètement contre ou pour le troisième millénaire.

Les conflits se déplacent. Les frontières s’ouvrent ou se referment.

La paix et la démocratie sont un combat de tous les jours.

La nostalgie, un sentiment profondément lié à la condition humaine...

Pour en savoir plus, abonnez-vous à Touriscopie - version papier et www.touriscopie.biz


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