La lecture de quelques programmes disponibles, ou propositions en la matière (hormis celui du futur candidat que pourrait être Emmanuel Macron) ne trahit aucune vision globale d’envergure sur le sujet touristique - Depositphotos.com uteur AGCreativeLab
Quels projets tourisme pour les candidats déclarés à ce jour ?
C’est animé de ces idées assez simples que j’ai parcouru les projets disponibles à ce jour. Avec l’envie de sortir un peu la tête des polémiques sans intérêt ou des révisionnismes successifs qui enferme l’esprit dans de vaines conjectures. L’exercice ne manque d’ailleurs pas de pertinence.
La lecture de quelques programmes disponibles, ou propositions en la matière (hormis celui du futur candidat que pourrait être Emmanuel Macron) ne trahit aucune vision globale d’envergure sur le sujet touristique.
A gauche, les propositions tourisme ne démontrent ni vision, ni passion. Juste quelques propositions plus ou moins détaillées (et même moins). Jean-Luc Mélenchon, candidat de l’Union populaire, ne fait guère de propositions pour le secteur à date. Peut-être l’annonce d’un plan de dépollution de la Méditerranée, des façades maritimes et fonds marin ou le fait de porter le budget consacré à l'art, à la culture et à la création à 1% du PIB par an pourrait-elle être identifiée comme un geste pour le tourisme ?
Anne Hidalgo, candidate du PS, prend la défense du secteur ferroviaire en appelant à un investissement massif pour les petites lignes, les trains de nuit et le fret ferroviaire financé en partie par une taxe empreinte carbone sur le billet d’avion. Elle propose également quelques mesures tirées de son expérience parisienne (action contre Airbnb par exemple) et à une certaine forme de partage des responsabilités et des investissements entre l’État et les collectivités.
Yannick Jadot, candidat EELV, défend un projet « d’implanter un tourisme durable » fondé sur le refus de projets surdimensionnés et d’exploiter les espaces naturels, sur la création de quotas d’émissions pour les transports et la volonté́ de réduire l’impact écologique des voyages, sur la mise en œuvre de politiques nationales et régionales pour un tourisme sobre, écologique et solidaire et l’accompagnement de la transition de l'industrie touristique vers des hébergements, des mobilités et des activités soutenables.
C’est animé de ces idées assez simples que j’ai parcouru les projets disponibles à ce jour. Avec l’envie de sortir un peu la tête des polémiques sans intérêt ou des révisionnismes successifs qui enferme l’esprit dans de vaines conjectures. L’exercice ne manque d’ailleurs pas de pertinence.
La lecture de quelques programmes disponibles, ou propositions en la matière (hormis celui du futur candidat que pourrait être Emmanuel Macron) ne trahit aucune vision globale d’envergure sur le sujet touristique.
A gauche, les propositions tourisme ne démontrent ni vision, ni passion. Juste quelques propositions plus ou moins détaillées (et même moins). Jean-Luc Mélenchon, candidat de l’Union populaire, ne fait guère de propositions pour le secteur à date. Peut-être l’annonce d’un plan de dépollution de la Méditerranée, des façades maritimes et fonds marin ou le fait de porter le budget consacré à l'art, à la culture et à la création à 1% du PIB par an pourrait-elle être identifiée comme un geste pour le tourisme ?
Anne Hidalgo, candidate du PS, prend la défense du secteur ferroviaire en appelant à un investissement massif pour les petites lignes, les trains de nuit et le fret ferroviaire financé en partie par une taxe empreinte carbone sur le billet d’avion. Elle propose également quelques mesures tirées de son expérience parisienne (action contre Airbnb par exemple) et à une certaine forme de partage des responsabilités et des investissements entre l’État et les collectivités.
Yannick Jadot, candidat EELV, défend un projet « d’implanter un tourisme durable » fondé sur le refus de projets surdimensionnés et d’exploiter les espaces naturels, sur la création de quotas d’émissions pour les transports et la volonté́ de réduire l’impact écologique des voyages, sur la mise en œuvre de politiques nationales et régionales pour un tourisme sobre, écologique et solidaire et l’accompagnement de la transition de l'industrie touristique vers des hébergements, des mobilités et des activités soutenables.
Et à droite ?
A droite, pour l’instant, le projet « tourisme » de Valérie Pécresse s’annonce pour l’instant asse maigre. On attend des propositions phares en la matière. Son expérience en tant que présidente de la région Ile de France devrait l’inspirer, sans doute en matière de mobilité, de patrimoine ou d’élévation du niveau de la qualité de l’accueil, en vue notamment des JO de 2024.
A l’extrême droite, ceux qui se disent patriotes ou nationalistes, avancent à vitesse différente sur le sujet. Éric Zemmour déclare vouloir engager une réflexion sur le développement d’un tourisme soutenable et durable. Il annonce vouloir limiter le nombre de touristes étrangers à l’avenir avec des « numerus clausus » et ainsi ne pas tout attendre de la « manne financière » du tourisme international.
Marine Le Pen, quant à elle, ressort l’idée de la création d’un grand ministère du tourisme qui travaillera sur les questions d’aménagement du territoire, de valorisation du tourisme de proximité́ et de consolidation du « localisme » touristique (le tourisme des Français !). La candidate propose quelques pistes sur la réduction de cotisations patronales ou à l’incitation à l’augmentation des salaires dans le secteur.
Dans le fond, la campagne de 2022 pourrait ressembler d’assez près à toutes les campagnes précédentes. Celle du monde d’avant… sans que la question de la transformation du secteur ne vienne inspirer un nouveau modèle de société ou un nouveau projet politique.
A l’extrême droite, ceux qui se disent patriotes ou nationalistes, avancent à vitesse différente sur le sujet. Éric Zemmour déclare vouloir engager une réflexion sur le développement d’un tourisme soutenable et durable. Il annonce vouloir limiter le nombre de touristes étrangers à l’avenir avec des « numerus clausus » et ainsi ne pas tout attendre de la « manne financière » du tourisme international.
Marine Le Pen, quant à elle, ressort l’idée de la création d’un grand ministère du tourisme qui travaillera sur les questions d’aménagement du territoire, de valorisation du tourisme de proximité́ et de consolidation du « localisme » touristique (le tourisme des Français !). La candidate propose quelques pistes sur la réduction de cotisations patronales ou à l’incitation à l’augmentation des salaires dans le secteur.
Dans le fond, la campagne de 2022 pourrait ressembler d’assez près à toutes les campagnes précédentes. Celle du monde d’avant… sans que la question de la transformation du secteur ne vienne inspirer un nouveau modèle de société ou un nouveau projet politique.
Proposition pour transformer le tourisme à mettre au débat des présidentielles
Le tourisme est un secteur dont la transformation est annoncée depuis longtemps. Épuisement des ressources naturelles (avec une part importante du transport aérien dans les GES), artificialisation des sols, sur-fréquentation des grands sites, envolée du prix de l’immobilier dans les principales destinations, mépris des populations locales…
Tels étaient quelques-uns des principaux maux identifiés et dénoncés avant la crise sanitaire entamée il y a deux ans, en 2020. On parlait à l’époque de transformation de loin, sans en regarder le plus souvent le détail. Force est de constater que la pandémie a largement rebattu les cartes. Les stigmates ont changé d’aspect, parce que le périmètre a varié.
De quelques destinations sur-consommées, la réflexion s’impose aujourd’hui à l’ensemble de l’écosystème. Comment accompagner la nécessaire transformation du tourisme ? Comment l’imaginer et que proposer, par exemple, aux candidat(e)s qui souhaitent franchir les portes de l’Élysée dès le 25 avril prochain ?
Les mutations à venir du tourisme illustrent très largement les nécessaires évolutions de la société. La transformation du secteur doit être initiée par le pouvoir exécutif. Nous sommes en France, ne l’oublions pas, ce pays qui défie en permanence l’autorité politique mais qui attend de lui d’insuffler des dynamiques et de montrer l’exemple.
Si l’on sait depuis Montesquieu que la séparation des pouvoirs distingue l’exécutif, le législatif et le judiciaire, l’on pourrait affirmer que l’organisation du tourisme induit, de fait, un équilibre entre trois pouvoirs distincts : celui du réglementaire par l’action de l’Etat et dans certains pays des collectivités (Régions, Provinces, Communautés autonomes ou Länder), celui de l’économique par la mise sur le marché de prestations qualitatives de la part de tous types de prestataires représentant la diversité de la chaine de valeur touristique) et le pouvoir du consommateur, citoyens résidents ou en mobilité, domestiques ou internationaux.
De cette relation à trois acteurs, il pourrait être proposé de réfléchir à un nouveau modèle qui proposerait une approche nouvelle de la transformation du secteur.
Ce modèle aurait la figure d’une pyramide, comme il en existe tant dans les réflexions et les modélisations en management ou économie (Maslow, Kelsen). Mais la figure de la pyramide implique une certaine forme de hiérarchie, allant de la base au sommet.
En la matière, il pourrait être proposé de modéliser un triangle de la transformation touristique (3T), pour projeter les responsabilités et les actions des trois acteurs clefs du tourisme en France. Ces piliers (le territoire, l’entreprise, l’humain) proposent de repenser l’écosystème touristique et de proposer à la fois vision(s) et stratégie(s) pour entamer et faciliter la transformation globale du tourisme à la française.
Tels étaient quelques-uns des principaux maux identifiés et dénoncés avant la crise sanitaire entamée il y a deux ans, en 2020. On parlait à l’époque de transformation de loin, sans en regarder le plus souvent le détail. Force est de constater que la pandémie a largement rebattu les cartes. Les stigmates ont changé d’aspect, parce que le périmètre a varié.
De quelques destinations sur-consommées, la réflexion s’impose aujourd’hui à l’ensemble de l’écosystème. Comment accompagner la nécessaire transformation du tourisme ? Comment l’imaginer et que proposer, par exemple, aux candidat(e)s qui souhaitent franchir les portes de l’Élysée dès le 25 avril prochain ?
Les mutations à venir du tourisme illustrent très largement les nécessaires évolutions de la société. La transformation du secteur doit être initiée par le pouvoir exécutif. Nous sommes en France, ne l’oublions pas, ce pays qui défie en permanence l’autorité politique mais qui attend de lui d’insuffler des dynamiques et de montrer l’exemple.
Si l’on sait depuis Montesquieu que la séparation des pouvoirs distingue l’exécutif, le législatif et le judiciaire, l’on pourrait affirmer que l’organisation du tourisme induit, de fait, un équilibre entre trois pouvoirs distincts : celui du réglementaire par l’action de l’Etat et dans certains pays des collectivités (Régions, Provinces, Communautés autonomes ou Länder), celui de l’économique par la mise sur le marché de prestations qualitatives de la part de tous types de prestataires représentant la diversité de la chaine de valeur touristique) et le pouvoir du consommateur, citoyens résidents ou en mobilité, domestiques ou internationaux.
De cette relation à trois acteurs, il pourrait être proposé de réfléchir à un nouveau modèle qui proposerait une approche nouvelle de la transformation du secteur.
Ce modèle aurait la figure d’une pyramide, comme il en existe tant dans les réflexions et les modélisations en management ou économie (Maslow, Kelsen). Mais la figure de la pyramide implique une certaine forme de hiérarchie, allant de la base au sommet.
En la matière, il pourrait être proposé de modéliser un triangle de la transformation touristique (3T), pour projeter les responsabilités et les actions des trois acteurs clefs du tourisme en France. Ces piliers (le territoire, l’entreprise, l’humain) proposent de repenser l’écosystème touristique et de proposer à la fois vision(s) et stratégie(s) pour entamer et faciliter la transformation globale du tourisme à la française.
Un triangle pour visualiser la transformation touristique
A quoi pourrait bien ressembler le triangle de la transformation touristique (3T) ? Et comment pourrait-il inspirer de profondes mutations ? Il part de l’idée simple que la transformation ne nait pas d’une seule initiative mais d’une concordance d’actions.
Le premier pilier du 3T exige que tout exécutif, Etat ou collectivité, définisse clairement une stratégie touristique, précise, ambitieuse, éclairante. Elle doit projeter le territoire considéré sur une période suffisamment longue pour initier les changements nécessaires.
Le positionnement politique doit être précisé, à toutes les échelles considérées. La campagne des élections présidentielles devrait y aider pour repenser l’intervention de l’État, reconsidérer la vision régalienne, toiletter et simplifier l’organisation, hiérarchiser les urgences et les importances. L’intervention des collectivités locales doit intégrer dès l’élaboration des futurs schémas de développement les quelques principes structurants (résilience, durabilité, proximité, authenticité, etc.) pour planifier les investissements et les offres de demain, mais aussi inciter les transformations des organisations.
Cela pose donc le 3T sur son deuxième pilier, celle des entreprises et la vision économique du tourisme. Cette dernière doit intégrer à la fois vision, stratégie et organisation, à la fois en termes de rentabilité mais aussi et surtout de management. Vers quel cap aller ? Quelles valeurs et quel management ? Il est évident que la valeur « travail » devra y être centrale. Les pratiques en matière de ressources humaines semblent très nettement dépassées et anachroniques.
Bas salaire, emploi de stagiaire, usage abusif du contrat d’apprentissage sont encore monnaie courante. Le 3T exige des entreprises de nouvelles pratiques « humaines ». Avec pourquoi pas des critères de performance fondées sur le management, l’organisation du travail, l’égalité des chances, etc. Avec un risque de sanction, notamment par le biais d’un véritable facteur humain dans la RSE des entreprises touristiques.
Au risque de mécontenter le troisième pilier, celui des citoyens, des consommateurs, mais aussi des salariés, qui sont maitres de leur décision de consommation. Car ce pilier semble plus en avance que les deux autres, à certains égards, tant la recherche de sens, de valeurs, d’engagement est observée depuis deux années. Elle va de pair avec le refus de continuer à mettre sur le marché de l’emploi touristique sa force de travail, ses savoir-faire, ses compétences.
La transformation du tourisme est en marche. La proposition du 3T intègre la nécessité managériale de replacer le salarié au cœur de la transformation des entreprises, qui implique une remise à plat des pratiques. Mais aussi de repenser le système éducatif, notamment du supérieur, souvent abscons et coupé des réalités de terrain. Dès le 25 avril prochain, lorsque le(a) futur occupant(e) de l’Élysée pensera à son action durant les centre premiers jours, dont on dit qu’ils sont les plus importants du mandat présidentiel…
Le premier pilier du 3T exige que tout exécutif, Etat ou collectivité, définisse clairement une stratégie touristique, précise, ambitieuse, éclairante. Elle doit projeter le territoire considéré sur une période suffisamment longue pour initier les changements nécessaires.
Le positionnement politique doit être précisé, à toutes les échelles considérées. La campagne des élections présidentielles devrait y aider pour repenser l’intervention de l’État, reconsidérer la vision régalienne, toiletter et simplifier l’organisation, hiérarchiser les urgences et les importances. L’intervention des collectivités locales doit intégrer dès l’élaboration des futurs schémas de développement les quelques principes structurants (résilience, durabilité, proximité, authenticité, etc.) pour planifier les investissements et les offres de demain, mais aussi inciter les transformations des organisations.
Cela pose donc le 3T sur son deuxième pilier, celle des entreprises et la vision économique du tourisme. Cette dernière doit intégrer à la fois vision, stratégie et organisation, à la fois en termes de rentabilité mais aussi et surtout de management. Vers quel cap aller ? Quelles valeurs et quel management ? Il est évident que la valeur « travail » devra y être centrale. Les pratiques en matière de ressources humaines semblent très nettement dépassées et anachroniques.
Bas salaire, emploi de stagiaire, usage abusif du contrat d’apprentissage sont encore monnaie courante. Le 3T exige des entreprises de nouvelles pratiques « humaines ». Avec pourquoi pas des critères de performance fondées sur le management, l’organisation du travail, l’égalité des chances, etc. Avec un risque de sanction, notamment par le biais d’un véritable facteur humain dans la RSE des entreprises touristiques.
Au risque de mécontenter le troisième pilier, celui des citoyens, des consommateurs, mais aussi des salariés, qui sont maitres de leur décision de consommation. Car ce pilier semble plus en avance que les deux autres, à certains égards, tant la recherche de sens, de valeurs, d’engagement est observée depuis deux années. Elle va de pair avec le refus de continuer à mettre sur le marché de l’emploi touristique sa force de travail, ses savoir-faire, ses compétences.
La transformation du tourisme est en marche. La proposition du 3T intègre la nécessité managériale de replacer le salarié au cœur de la transformation des entreprises, qui implique une remise à plat des pratiques. Mais aussi de repenser le système éducatif, notamment du supérieur, souvent abscons et coupé des réalités de terrain. Dès le 25 avril prochain, lorsque le(a) futur occupant(e) de l’Élysée pensera à son action durant les centre premiers jours, dont on dit qu’ils sont les plus importants du mandat présidentiel…
Brice Duthion - DR
Brice Duthion est manager du projet Campus sud des métiers tourisme de la CCI Nice Côte d'Azur. Il est également consultant et expert indépendant en tourisme, culture et développement territorial. Il intervient auprès de nombreux acteurs publics et privés, est expert auprès de l'Open Tourisme Lab, du CNFPT et de l'INSET de Dunkerque et fait partie de l'équipe des blogueurs du site etourisme.info.
Il a été auparavant maître de conférences au Conservatoire national des arts et métiers (Le Cnam), enseignant et tuteur à l'Ecole Urbaine de Sciences Po Paris, vice-président de la Conférence des formations d’excellence en tourisme (CFET) et membre fondateur de l'Institut Français du Tourisme (IFT).
Brice Duthion est l'auteur de nombreux ouvrages et articles spécialisés en tourisme. Il a assuré la direction de la collection "tourisme" aux éditions de Boeck supérieur. Il est, enfin, l'auteur de plusieurs MOOC mis en ligne sur France Université Numérique (FUN).
brice.duthion@cote-azur.cci.fr
Il a été auparavant maître de conférences au Conservatoire national des arts et métiers (Le Cnam), enseignant et tuteur à l'Ecole Urbaine de Sciences Po Paris, vice-président de la Conférence des formations d’excellence en tourisme (CFET) et membre fondateur de l'Institut Français du Tourisme (IFT).
Brice Duthion est l'auteur de nombreux ouvrages et articles spécialisés en tourisme. Il a assuré la direction de la collection "tourisme" aux éditions de Boeck supérieur. Il est, enfin, l'auteur de plusieurs MOOC mis en ligne sur France Université Numérique (FUN).
brice.duthion@cote-azur.cci.fr