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Marc Rochet : "Nous voulons les mêmes accords qu'entre Air Austral et Air France !" 🔑

Interview de Marc Rochet, directeur général d'Air Caraibes


La dernière fois que nous avions croisé Marc Rochet, c'était à Punta Cana à l'occasion du congrès des Entreprises du Voyage. Lors de l'évènement, le DG d'Air Caraïbes y était allé de quelques punchlines bien senties. Six mois plus tard, nous avons recroisé le professionnel de l'aérien pour faire un bilan de l'été de ces compagnies, mais aussi un point sur le ciel français. Et comme toujours avec Marc Rochet, les coups sont savamment distillés. Il réclame le même accord commercial existant entre Air Austral et Air France, pour ses compagnies afin qu'il y ait une équité dans un ciel post covid trop déséquilibré .


Rédigé par le Mardi 4 Octobre 2022

"la compagnie Air Austral qui a des accords commerciaux très favorables avec Air France, une autre compagnie qui a été très soutenue, j'estime que s'il y a une nouvelle aide, nous allons demander pour French Bee les mêmes accords commerciaux," selon Marc Rochet (Air Caraïbes) - Crédit photo : Depositphotos @lightwavemedia
"la compagnie Air Austral qui a des accords commerciaux très favorables avec Air France, une autre compagnie qui a été très soutenue, j'estime que s'il y a une nouvelle aide, nous allons demander pour French Bee les mêmes accords commerciaux," selon Marc Rochet (Air Caraïbes) - Crédit photo : Depositphotos @lightwavemedia
TourMaG.com - Quel bilan dressez-vous de l'été 2022 ?

Marc Rochet :
Il n'y a pas de réponse unique à cette question.

Au sujet du trafic, il y a eu incontestablement un retour au voyage que nous voyons notamment au niveau des VFR (les visites à des amis et à des parents), nous le voyons sur le loisir mais nous ne le voyons pas vraiment sur le business.

Sur ce dernier point c'est plutôt mou, et je pense qu'il y a des personnes que nous ne reverrons pas, avec les changements de consommation.

Globalement et toutes compagnies confondues, nous allons rester avec un trafic un poil en dessous de 2019.

Les Domiens de métropoles sont allés aux Antilles et les touristes aussi, pas de façon incroyable. Par contre les Antillais ne sont pas allés en Métropole. A noter qu'à la Réunion, le trafic est en hausse de 5% par rapport à 2019. La région est économiquement dynamique, avec une reprise très forte du tourisme.

Pour French Bee, les USA ont été une très bonne surprise, ce fut un excellent été.


"42% des coûts des compagnies aériennes sont en dollars" selon Marc Rochet

TourMaG.com - Avec l'euro en difficulté contre le dollar, cela peut-il continuer ?

Marc Rochet :
Les Américains ont répondu présent. Ils sont très réactifs aux offres et aux prix, donc nous avons eu beaucoup d'Américains qui sont venus à Paris, pour profiter d'un euro faible.

La tendance semble se poursuivre cet automne.


TourMaG.com - Si quantitativement la saison a été bonne, qualitativement, ce n'est pas le cas...

Marc Rochet :
D'un point de vue économique, nous sommes sur le papier le Groupe le plus robuste, aucun problème de trésorerie, pas de PGE, aucune aide d'Etat, etc.

Malgré tout, nous ne ferons pas une grande année non plus car nous avons pris de plein fouet le pétrole, et le dollar. Il faut savoir que 42% des coûts des compagnies aériennes sont en dollars.

Avec un billet vert en hausse, vous comprenez bien que nos coûts suivent immédiatement.


Nous n'avons pas répercuté sur les clients toutes ces hausses.

Air Caraibes : "Nous aurions dû augmenter les tarifs de 30%"

TourMaG.com - Pourquoi ?

Marc Rochet :
C'est un constat propre à toutes les compagnies : nous n'avons pas voulu freiner cette reprise.

Quand vous décidez d'augmenter les tarifs long-courrier ce sont des billets qui s'achètent un peu à l'avance, par conséquent la répercussion de la hausse peut prendre plusieurs mois à se retrouver dans les caisses des compagnies. Mécaniquement l'année 2022 sera compliquée pour tout le monde.

TourMaG.com - Et même 2023, je suppose....

Marc Rochet :
Oui un bout de 2023 sera aussi tendu.

TourMaG.com - Quel aurait été le juste prix de la hausse des coûts ?

Marc Rochet :
C'est assez simple : nous aurions dû augmenter les tarifs de 30% pour refléter le poids du pétrole et du dollar.

Notre hausse a été de +14% vers les Outre-mer et +5% vers la métropole.


TourMaG.com - Socialement, vous n'avez pas fait parler de vous, ce qui n'est pas le cas ailleurs ?

Marc Rochet :
Nous sommes une boîte privée.

En matière sociale, nous passons pour des gens rigoureux et n'avons pas l'image de personnes qui disent oui à tout. En face de nous, nous avons des gens, syndicats compris, qui sont rationnels aussi.

Ils savent ce qu'a fait l'entreprise pour eux durant la crise et ce qu'elle fait quand ça va mieux. Nous avons une participation et un intéressement. Quand tout va bien, ils peuvent toucher jusqu'à 25% des profits.

Nous avons attaqué les négociations sociales dès avril 2020, pour conclure en mai 2020.

En juin 2020, nous avons appliqué les Accords de Perfomance Collective (APC) ce qui nous a permis de nous adapter très vite.

Le deal a été rationnel, ce n'était pas facile ni pour eux ni pour nous. Nous nous retrouverons forcément en 2023 pour négocier à nouveau.

Nous avons pu garder notre personnel et avoir une vision sur l'avenir.

Vers une nouvelle commande d'avions en 2023 ?

TourMaG.com - Dans le groupe Dubreuil, il y a eu des changements dernièrement. Jean-Paul Dubreuil a quitté son poste d'administrateur...

Marc Rochet :
Les lois de l'état-civil qui s'appliquent à tout le monde ont fait que Jean-Paul Dubreuil, porteur de l'histoire du groupe, est engagé dans un process de succession.

Paul-Henri Dubreuil va lui succéder, progressivement, avec le renouvellement des mandats, il est devenu président du Groupe. J'étais avant directeur général exécutif des compagnies, je suis devenu président du conseil d'administration d'Air Caraïbes.

Après cela ne change pas grand-chose pour les compagnies. Le Groupe reste très engagé à nos côtés. Après 2 ans de crise, il a décidé de recapitaliser : 15 millions de cash pour French Bee et 15 millions pour Air Caraïbes.

"Je souhaite que French Bee et Air Caraïbes bénéficient des accords d'Air Austral avec Air France"

TourMaG.com - Au regard des aides très conséquences dont vont bénéficier Air Austral et sans doute Corsair, pourriez-vous aller demander la même chose... Même si vous n'avez pas le même endettement ?

Marc Rochet :
Air Austral lance une nouvelle restructuration, avec un gouvernement prêt à faire beaucoup, pour l'aider (en abandonnant une partie de la dette, ndlr).

Nous ne sommes pas contre un sauvetage d'Air Austral qui a une certaine légitimité à être la compagnie de l'Océan indien. Il y a besoin d'une compagnie à la Réunion. Sur cette base là et en faisant des efforts, (car se redresser sans faire d'effort), je n'y crois pas, je n'ai rien contre son sauvetage.

Par contre la compagnie Air Austral qui a des accords commerciaux très favorables avec Air France, (une autre compagnie qui a été très soutenue), j'estime que s'il y a une nouvelle aide, nous demanderons pour French Bee les mêmes accords commerciaux.

Je ne vois pas pourquoi seules les deux compagnies aidées par l'Etat auraient de tels accords.

Je souhaite que Corsair, French Bee et Air Caraïbes bénéficient des accords d'Air Austral avec Air France. Je l'ai dit aux actuels dirigeants d'Air Austral.

Pour en revenir à notre situation, nous voulons revenir sur des équilibres économiques en 2023, donc nous prendrons les décisions pour y parvenir.

A la fin de l'année nous allons acheter
un A 350 - 10000, nous en sommes très contents et nous ne nous interdisons pas d'en prendre davantage.


TourMaG.com - Une nouvelle commande pour 2024 ?

Marc Rochet :
Elle arrivera avant.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par Yves Brossard le 04/10/2022 09:38 | Alerter
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L’égalité de traitement est un sujet récurrent dans notre société, quelque peu schizophrène, apparemment. Mais cette schizophrènie est une simple affaire de limites. À chacun ses responsabilités.
L’interventionnisme de l’État est souhaitable, mais dans son périmètre de responsabilités publiques, et de compétence opérationnelle.
A force de pratiquer excessivement de l’interventionnisme dans l’économie, sans concertation, l’État prend effectivement le risque de générer des déséquilibres et d’altérer les concurrences naturelles et nécessaires.
L’exemple récent de l’augmentation de 15% de la taxe sur le kérosène au départ des aéroports des Antilles est une parfaite illustration des « perturbations dangereuses » « fabriquées » par l’État, sans la moindre concertation avec les professionnels. L’État résout un problème en en créant un autre. À ce jeu de bonneteau, je crains que tout le monde soit perdant, y compris l’État, qui érode son crédit, alors qu’il a tant de choses à faire qui ressortent de ses véritables responsabilités.
Dès que l’État outrepasse son champ légitime, il semble « normal » qu’il en assume les conséquences et qu’il contribue à réduire les « troubles » qu’il crée.
Au delà du sujet des inégalités de traitement, évidemment inacceptables, il y a celui de la méthode. L’interventionnisme individuel - hors de son champ légitime - réduit la capacité de l’État à traiter les sujets sur lesquelles son intervention est nécessaire, et les défaillances de l’État, faute de temps ou d’énergie, affaiblissent notre société. Quand à la prise de décision sans le concours de professionnels expérimentés, c’est y dire qui aient démontré leur performance sur le long terme, comme le groupe DUBREUIL par exemple, avec ses compagnies aériennes qui ont largement permis l’amélioration de la desserte des Outre-mer français (et de la qualité du service), elle est plus que regrettable, et même nuisible à la performance de l’État, donc de notre société.
L’objectif de l’égalité de traitement ne se discute pas, parce qu’il est l’essence même de notre choix de société, et la pierre angulaire de notre socle constitutionnel.
Le dosage de l’égalité de traitement, n’est pas qu’une affaire d’État, mais une affaire de méthode, dont l’efficacité passe par une coopération honnête entre l’État et les professionnels expérimentés, comme Marc ROCHET par exemple.

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