Montagne : Un député demande le déploiement des trains de nuit !

Les trains de nuit sont au coeur des préoccupations des territoires et de certains voyageurs.

Leur retour en France et en Europe suscite de grandes attentes, à commencer par les élus, comme le député Xavier Roseren.

Celui qui bataille pour limiter la prolifération des résidences secondaires dans son secteur souhaite maintenant décarboner le tourisme de montagne.

Le député de la 6e circonscription de la Haute-Savoie a écrit à Patrice Vergriete, le nouveau ministre des Transports pour lui demander le retour de la ligne de train de nuit Paris - Saint-Gervais-les-Bains.

La lettre a été co-signée par la quasi-totalité des maires (31 sur 32) de la 6e circonscription de Haute-Savoie.

La ligne rapprochant Paris des stations de ski autour du Mont-Blanc et de Megève a été fermée en 2016. A l'époque et comme l'indique nos confrères des Echos, l'Etat avait jugé cette liaison comme trop déficitaire.

Les élus locaux se battent depuis maintenant 8 ans pour le retour des trains de nuit dans la région.

Fin décembre 2023, le sénateur Cyril Pellevat avait déjà adressé une question écrite à Clément Beaune.

L'élu voulait non seulement relancer la question d'un potentiel retour du train de nuit entre Paris et Saint-Gervais-les-Bains-le-Fayet, jusqu'à Bourg-Saint-Maurice, mais aussi avoir des explications sur la baisse des ambitions gouvernementales, concernant la relance de ce mode de transport.

La question est restée sans réponse.

Dorénavant, Xavier Roseren reprend le flambeau.

"Nos communes de montagne s’investissent activement dans la réduction de leur empreinte carbone.

Elles financent notamment des transports en commun gratuits pour limiter l’utilisation des voitures individuelles.

Cependant, l’efficacité de ces initiatives dépend en grande partie de la manière dont nous acheminons les vacanciers vers leur destination. C’est pourquoi, nous demandons à l’État et à la SNCF de développer le train de nuit vers nos stations de montagne," explique le député Xavier Roseren.

Il faut savoir que pour se rendre au ski, les vacanciers privilégient grandement... la voiture individuelle.

Le transport représente la principale source d'émission de C0² (57%), alors même que les skieurs viennent pour 54% d'entre eux en voiture et à peine 1% en train, selon une étude de l’Association nationale des maires de stations en montagne (ANMSM) et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

Face à la très faible offre ferroviaire et pour décarboner l'activité TravelFactory, le tour-opérateur de la Compagnie des Alpes s'est même lancé dans l'affrètement de train pour faire gonfler le nombre de sièges disponibles.

"La montagne a besoin que tout le monde s'y mette, pour décarboner ce type de vacances. Plus il y aura d'acteurs sur ce sujet et mieux le marché se portera, car nous partons de très bas.

Les arrivées en train à la montagne représentent une infime volumétrie.

Dans le même temps, nous savons que le réchauffement climatique est 2 fois plus important à la montagne qu'en plaine et que le transport est de loin, la première source de pollution," nous rappelait Guillaume de Marcillac, l'ex-directeur général de Travelski.

Ce faible poids du train s'explique en partie par un manque d'offre.

Comme le rappelle Mollow, nous sommes passés en France de 550 gares desservies par le train de nuit dans les années 1980 à seulement 70. Les lignes locales ont aussi suivi cette dynamique.

Depuis quelques années de nombreuses initiatives fleurissent notamment sur le web, pour redorer l'image du voyage en train, comme Mollow ou Hourail, mais aussi Nightgoes la dernière start-up incubée par Paris&Co.

"Le train est perçu comme une contrainte. Demain dans l'esprit des gens, il doit être perçu comme une réelle expérience de voyage.

Aujourd'hui, vous allez en Autriche, vous avez des trains circulant sur le réseau domestique, le confort est incroyable, avec un vrai wagon-restaurant," analysait pour TourMaG.com David Mascorda, le co-fondateur de Rail Charter Service.

Dans sa lettre Xavier Roseren demande en préambule au ministre délégué chargé des Transports "de relancer la ligne de train de nuit Paris Saint-Gervais-les-Bains."

Un souhait qui s'inscrit dans un contexte de relance à l'échelle de la France et de l'Europe de ce mode de transport qui jouissait d'une image un peu désuète.

"L’ambition du Gouvernement est d’atteindre une dizaine de nouvelles lignes desservies par le train de nuit d'ici 2030. Quatre lignes de nuit ont rouvert depuis 2021 et d’autres sont prévues dans les prochaines années.

Le bilan des lignes rétablies est très favorable, avec une fréquentation élevée," poursuit l'élu.

Ainsi, à l'été 2023, près de 215 000 voyageurs sont montés à bord d'un train de nuit. Une fréquentation en hausse de 15 % par rapport à l'été précédent. I; rappelle toujours à Patrice Vergriete que le ferroviaire est une des rares opportunités pour diminuer l'empreinte carbone des stations de ski.

Les communes ne sont pas avares en actions pour réduire leur impact, "en mettant en place des transports en commun gratuits et en tirant parti des dispositifs gouvernementaux tels que le plan Avenir Montagne, incluant notamment un soutien pour les ascenseurs valléens.

Cependant, l'efficacité de ces efforts reste partiellement tributaire de l'action de l'État et de la SNCF."

La transition ne sera pas seulement l'affaire des territoires, ni même des acteurs privés, cela dépendra massivement des actions gouvernementales.

Et Xavier Roseren de questionner : "pourriez-vous nous confirmer que la ligne Paris Saint-Gervais-les-Bains est considérée comme prioritaire par le Gouvernement ? A quelle échéance sera-t-elle remise en place ?"

Des interrogations qui restent lettre morte... pour le moment.