Air France a annoncé une prise de participation dans Scandinavian Airlines - Depositphotos.com Auteur portosabbia
Franchement on n’avait pas vu venir le coup. On pensait que le groupe franco-néerlandais avait perdu la partie avec ITA, la remplaçante d’Alitalia, ratant ainsi l’implantation dans le juteux marché italien.
On voyait Air France - KLM se lancer dans la conquête de TAP Air Portugal qui amènerait une énorme ouverture vers l’Amérique du Sud, mais les choses trainent en longueur et finalement on ne sait pas trop ce que le gouvernement portugais veut faire de sa compagnie, d’autant plus que celle-ci a entamé un redressement spectaculaire.
Et puis, voilà que Ben Smith'affaires) le CEO du groupe AF/KL prend tout le monde à rebours par l’annonce d’une prise de participation dans la nouvelle compagnie issue de la sortie de Scandinavian Airlines (SAS) du Chapter 11 dans lequel elle est entrée le 05 juillet 2022.
Vu de l’extérieur c’est un bien joli coup que Ben Smith a réalisé.
On voyait Air France - KLM se lancer dans la conquête de TAP Air Portugal qui amènerait une énorme ouverture vers l’Amérique du Sud, mais les choses trainent en longueur et finalement on ne sait pas trop ce que le gouvernement portugais veut faire de sa compagnie, d’autant plus que celle-ci a entamé un redressement spectaculaire.
Et puis, voilà que Ben Smith'affaires) le CEO du groupe AF/KL prend tout le monde à rebours par l’annonce d’une prise de participation dans la nouvelle compagnie issue de la sortie de Scandinavian Airlines (SAS) du Chapter 11 dans lequel elle est entrée le 05 juillet 2022.
Vu de l’extérieur c’est un bien joli coup que Ben Smith a réalisé.
ITA et TAP Portugal...
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D’abord l’abandon de la prise de participation dans ITA était-elle une si mauvaise opération ?
Dans le passé, Air France a tenté avec un grand acharnement de contrôler le transporteur national italien, alors Alitalia, sans grand succès. Au bout de 6 années d’efforts, le transporteur français n’avait toujours pas réussi à unifier les systèmes de réservation et d’enregistrement avec son homologue italien.
Les Français ont ainsi fait l’expérience de la farouche volonté d’indépendance des italiens. On voit mal que la situation aurait pu changer dans l’hypothèse d’une relation entre ITA et Air France.
D’ailleurs Lufthansa qui s’est lancée dans l’opération va probablement se trouver dans la même situation. Le contrôle d’ITA par le groupe allemand n’est d’ailleurs toujours pas réalisé. Et puis, même si cela doit devenir effectif, rien n’empêchera Air France/KLM de continuer son bonhomme de chemin dans la péninsule italienne.
Le côté portugais est lui aussi intéressant. La compagnie TAP était à la ramasse en sortie du funeste COVID. Tout le monde la voyait déjà disparaître ou tout le moins se trouver dans l’obligation de de faire absorber par un des gros opérateurs mondiaux, de préférence européen.
Seulement elle a réalisé un spectaculaire redressement sous la houlette de Christine Ourmières-Widner entre 2021 et 2023, à tel point que, devenue largement profitable, le gouvernement portugais, maintenant propriétaire de 72% de la compagnie, semble ne pas voir grande urgence à s’en séparer.
Certes Air France/KLM montre un intérêt envers le transporteur lusitanien, ce qui lui ouvrirait de bonnes perspectives en Amérique Latine et particulièrement au Brésil ou il est si difficile de s’installer suite aux barrières administratives érigées par l’état brésilien.
Dans le passé, Air France a tenté avec un grand acharnement de contrôler le transporteur national italien, alors Alitalia, sans grand succès. Au bout de 6 années d’efforts, le transporteur français n’avait toujours pas réussi à unifier les systèmes de réservation et d’enregistrement avec son homologue italien.
Les Français ont ainsi fait l’expérience de la farouche volonté d’indépendance des italiens. On voit mal que la situation aurait pu changer dans l’hypothèse d’une relation entre ITA et Air France.
D’ailleurs Lufthansa qui s’est lancée dans l’opération va probablement se trouver dans la même situation. Le contrôle d’ITA par le groupe allemand n’est d’ailleurs toujours pas réalisé. Et puis, même si cela doit devenir effectif, rien n’empêchera Air France/KLM de continuer son bonhomme de chemin dans la péninsule italienne.
Le côté portugais est lui aussi intéressant. La compagnie TAP était à la ramasse en sortie du funeste COVID. Tout le monde la voyait déjà disparaître ou tout le moins se trouver dans l’obligation de de faire absorber par un des gros opérateurs mondiaux, de préférence européen.
Seulement elle a réalisé un spectaculaire redressement sous la houlette de Christine Ourmières-Widner entre 2021 et 2023, à tel point que, devenue largement profitable, le gouvernement portugais, maintenant propriétaire de 72% de la compagnie, semble ne pas voir grande urgence à s’en séparer.
Certes Air France/KLM montre un intérêt envers le transporteur lusitanien, ce qui lui ouvrirait de bonnes perspectives en Amérique Latine et particulièrement au Brésil ou il est si difficile de s’installer suite aux barrières administratives érigées par l’état brésilien.
Air France : personne n'a vu venir le coup sur SAS
Et alors que l’on attendait Ben Smith dans l’Europe du Sud, voilà qu’il prend tout le monde à contrepied en annonçant une prise de participation importante dans Scandinavian Airlines une fois celle-ci sortie de sa restructuration.
Soyons clairs, personne ne l’avait vu venir. Les discussions ont été suffisamment discrètes et le jeu très bien caché, si bien que l’annonce a été une grande surprise pour le monde du transport aérien.
Le transporteur scandinave est en mauvais état. Lâché par ses actionnaires d’origine, les états du Danemark, Norvège et Suède, les fondateurs de l’une des très rares compagnies multinationales à succès dans les années 1970 à 2000, agressée violemment par les transporteurs low costs aux premiers rangs desquels Ryanair et surtout Norwegian qui a tué plusieurs opérateurs en pratiquant des tarifs sans commune mesure avec les coûts dans l’unique but de conquérir des parts de marché, elle n’a pu supporter le choc, ce qui l’a conduit à se lancer dans une restructuration forcée en utilisant la règlementation du Chapter 11 américain.
Bien entendu cette phase est particulièrement délicate à traverser. Dès l’annonce de sa mise sous le Chapter 11, les pilotes ont entamé une grève massive qui a conduite à l’annulation de 60% des vols en juillet 2022, en pleine haute saison. Voilà qui n’a pas arrangé les affaires.
Mais en dépit de toutes ses difficultés, Scandinavian Airlines va ressortir plus forte, même si elle doit abandonner une partie de ses dessertes et bon nombre de ses passagers.
Rappelons que dans les bonnes années elle en transportait plus de 30 millions, avec un prix moyen plutôt élevé. Au fond le marché scandinave sera pour Air France/KLM un excellent complément même si Greta Thunberg et ses émules essaient par tous les moyens de le saborder.
Bref, la conclusion de ce rapprochement ne m’inspire qu’une seule remarque : bien joué !
Soyons clairs, personne ne l’avait vu venir. Les discussions ont été suffisamment discrètes et le jeu très bien caché, si bien que l’annonce a été une grande surprise pour le monde du transport aérien.
Le transporteur scandinave est en mauvais état. Lâché par ses actionnaires d’origine, les états du Danemark, Norvège et Suède, les fondateurs de l’une des très rares compagnies multinationales à succès dans les années 1970 à 2000, agressée violemment par les transporteurs low costs aux premiers rangs desquels Ryanair et surtout Norwegian qui a tué plusieurs opérateurs en pratiquant des tarifs sans commune mesure avec les coûts dans l’unique but de conquérir des parts de marché, elle n’a pu supporter le choc, ce qui l’a conduit à se lancer dans une restructuration forcée en utilisant la règlementation du Chapter 11 américain.
Bien entendu cette phase est particulièrement délicate à traverser. Dès l’annonce de sa mise sous le Chapter 11, les pilotes ont entamé une grève massive qui a conduite à l’annulation de 60% des vols en juillet 2022, en pleine haute saison. Voilà qui n’a pas arrangé les affaires.
Mais en dépit de toutes ses difficultés, Scandinavian Airlines va ressortir plus forte, même si elle doit abandonner une partie de ses dessertes et bon nombre de ses passagers.
Rappelons que dans les bonnes années elle en transportait plus de 30 millions, avec un prix moyen plutôt élevé. Au fond le marché scandinave sera pour Air France/KLM un excellent complément même si Greta Thunberg et ses émules essaient par tous les moyens de le saborder.
Bref, la conclusion de ce rapprochement ne m’inspire qu’une seule remarque : bien joué !
Jean-Louis BAROUX
Jean-Louis Baroux est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.