Témoignages poignants de professionnelles du tourisme sur les 2 ans de crise lors du congrès des EDV à Punta Cana - Crédit photo : CE
Il est des dates que jamais personne n'oublie.
A l'image de la victoire de la coupe du monde 1998, du 11 septembre, tout le monde se souvient du 16 mars 2020, date à laquelle Emmanuel Macron annonce le premier confinement de l'histoire.
Le pays entre en guerre contre le Covid, le tourisme pour sa survie.
Pour les professionnels du secteur, non seulement le Président de la République a tiré le rideau sur leurs entreprises, mais il provoque un réel tsunami économique et financier.
"Soudain tout s'est arrêté, alors que le mois de mars est habituellement important pour nous. Nous avions 2 000 passagers à destination, que nous avons dû rapatrier presque individuellement, au cas par cas," se souvient Olivia Calvin, directrice commerciale de Climats du Monde.
Une opération complexifiée par une offre aérienne atrophiée et dont les prix ont grimpé en flèche, à mesure que les vols étaient supprimés. En tout la facture s'est montée à près de 300 000 euros pour Climats du Monde.
Le chiffre est conséquent, mais moins que les heures de sommeil perdues et les brûlures d'estomac, face aux décisions radicales qu'il était nécessaire de prendre.
A l'image de la victoire de la coupe du monde 1998, du 11 septembre, tout le monde se souvient du 16 mars 2020, date à laquelle Emmanuel Macron annonce le premier confinement de l'histoire.
Le pays entre en guerre contre le Covid, le tourisme pour sa survie.
Pour les professionnels du secteur, non seulement le Président de la République a tiré le rideau sur leurs entreprises, mais il provoque un réel tsunami économique et financier.
"Soudain tout s'est arrêté, alors que le mois de mars est habituellement important pour nous. Nous avions 2 000 passagers à destination, que nous avons dû rapatrier presque individuellement, au cas par cas," se souvient Olivia Calvin, directrice commerciale de Climats du Monde.
Une opération complexifiée par une offre aérienne atrophiée et dont les prix ont grimpé en flèche, à mesure que les vols étaient supprimés. En tout la facture s'est montée à près de 300 000 euros pour Climats du Monde.
Le chiffre est conséquent, mais moins que les heures de sommeil perdues et les brûlures d'estomac, face aux décisions radicales qu'il était nécessaire de prendre.
"J'ai eu l'impression de déchirer les pages de mes enfants... " lache émue Michelle Kunegel
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"C'est tout simplement la période de ma vie durant laquelle j'ai le plus travaillé.
Nous avons mis en place des réunions en visio, pour que le groupe ne perde pas pied,]i" se souvient Valérie Sausset, directrice générale de BCD Travel.
En tout seulement 5 salariés travaillent à plein temps durant les premiers jours de la crise.
Moins inquiète que ses consœurs de la distribution loisir, la patronne du spécialiste du voyage d'affaires prend le taureau par les cornes.
"L'enjeu a surtout été de structurer le quotidien et le travail d'un groupe composé de 230 salariés. Nous avons renforcé les équipes de ventes, pour combler la baisse durable du niveau d'activité en partant en conquête de nouveaux clients".
Dans le même temps, plus à l'Est, le Covid a laissé des traces durables au sein de LK Tours.
Michelle Kunegel, directrice générale du réseau a repris l'entreprise familiale aux côtés de son frère (qui s'occupe de la branche transport, ndlr) avec la volonté de la développer. Une tâche réussie puisque les équipes ont été multipliées par 3 pour atteindre plus de 700 employés, en seulement quelques années.
"Je ne voulais pas être le dernier maillon d'une chaîne... Cette boite je l'ai dans les tripes.
Quand vous reprenez une entreprise familiale vous reprenez un livre d'histoire de la famille. Nos parents ont écrit leurs pages, quand mon frère et mois écrivions les nôtres," métaphore Michelle Kunegel.
Puis le Covid est arrivé, sapant des décennies de travail et générant un autodafé. L'avenir est devenu flou, voire imperceptible.
D'un coup d'un seul, les pages blanches de la génération d'après ont disparu.
"Au-delà de fermer le livre, j'ai eu l'impression de déchirer les pages blanches, car potentiellement l'entreprise ne survivrait pas à ce chapitre. La pression a été énorme, sans doute trop, pour ne pas être le maillon faible," témoigne la présidente de LK Tours.
Sur les 65 salariés avant le Covid, la branche tourisme perdra une vingtaine de profils, pour permettre à l'entreprise de faire face à ses nouveaux défis.
Nous avons mis en place des réunions en visio, pour que le groupe ne perde pas pied,]i" se souvient Valérie Sausset, directrice générale de BCD Travel.
En tout seulement 5 salariés travaillent à plein temps durant les premiers jours de la crise.
Moins inquiète que ses consœurs de la distribution loisir, la patronne du spécialiste du voyage d'affaires prend le taureau par les cornes.
"L'enjeu a surtout été de structurer le quotidien et le travail d'un groupe composé de 230 salariés. Nous avons renforcé les équipes de ventes, pour combler la baisse durable du niveau d'activité en partant en conquête de nouveaux clients".
Dans le même temps, plus à l'Est, le Covid a laissé des traces durables au sein de LK Tours.
Michelle Kunegel, directrice générale du réseau a repris l'entreprise familiale aux côtés de son frère (qui s'occupe de la branche transport, ndlr) avec la volonté de la développer. Une tâche réussie puisque les équipes ont été multipliées par 3 pour atteindre plus de 700 employés, en seulement quelques années.
"Je ne voulais pas être le dernier maillon d'une chaîne... Cette boite je l'ai dans les tripes.
Quand vous reprenez une entreprise familiale vous reprenez un livre d'histoire de la famille. Nos parents ont écrit leurs pages, quand mon frère et mois écrivions les nôtres," métaphore Michelle Kunegel.
Puis le Covid est arrivé, sapant des décennies de travail et générant un autodafé. L'avenir est devenu flou, voire imperceptible.
D'un coup d'un seul, les pages blanches de la génération d'après ont disparu.
"Au-delà de fermer le livre, j'ai eu l'impression de déchirer les pages blanches, car potentiellement l'entreprise ne survivrait pas à ce chapitre. La pression a été énorme, sans doute trop, pour ne pas être le maillon faible," témoigne la présidente de LK Tours.
Sur les 65 salariés avant le Covid, la branche tourisme perdra une vingtaine de profils, pour permettre à l'entreprise de faire face à ses nouveaux défis.
"Parler de cela est une thérapie pour moi", selon Michelle Kunegel
Du côté de Marseille, chez Climats du Monde, une fois l'urgence du rapatriement passée, l'inquiétude d'une crise durable s'est vite fait ressentir.
"Nous avons dû prendre des mesures difficiles pour pérenniser l'entreprise. La masse salariale a baissé de 60%. Nous avons chassé les coûts en réduisant toute ce que nous pouvions faire," témoigne Olivia Calvin.
Les aides ont certes été massives, elles n'ont pas toujours été bien pensées. Les équipes perdaient plus d'argent en travaillant certes à 30%, qu'en étant au chômage complet.
Pour BCD Travel, la crise n'a pas été vécue de la même manière.
"Nous avons gardé tout le monde, grâce à l'activité partielle. Nous n'avons pas fait de plan de restructuration, en revanche des collaborateurs sont partis au fur et à mesure."
En tout 10% des effectifs ont quitté l'entreprise. Un mauvais souvenir qui parait lointain, alors que l'agence spécialiste du business travel a non seulement retrouvé l'intégralité de son staff, mais est en phase de recrutement.
Une raison à cela : BCD Travel a grappillé durant la pandémie... des parts de marché.
Mais au-delà des chiffres, Michelle Kunegel a voulu revenir sur l'émotionnel de cette période.
"De prendre des décisions contre nature (licencier, ndlr), c'est une thérapie pour moi de pouvoir en parler. J'ai vécu au plus profond de moi-même cette décision de devoir licencier," exprime non sans émotion la directrice générale de LK Tours.
La responsable se met alors en quête de postes, pour faire basculer les agents de voyages dans la section transport du groupe, en identifiant les emplois vacants.
Une fois cette opération achevée, il a fallu se rendre à l'évidence : pour survivre, il était nécessaire de réduire la voilure en procédant à des licenciements économiques et en fermant des agences.
"Nous avons dû prendre des mesures difficiles pour pérenniser l'entreprise. La masse salariale a baissé de 60%. Nous avons chassé les coûts en réduisant toute ce que nous pouvions faire," témoigne Olivia Calvin.
Les aides ont certes été massives, elles n'ont pas toujours été bien pensées. Les équipes perdaient plus d'argent en travaillant certes à 30%, qu'en étant au chômage complet.
Pour BCD Travel, la crise n'a pas été vécue de la même manière.
"Nous avons gardé tout le monde, grâce à l'activité partielle. Nous n'avons pas fait de plan de restructuration, en revanche des collaborateurs sont partis au fur et à mesure."
En tout 10% des effectifs ont quitté l'entreprise. Un mauvais souvenir qui parait lointain, alors que l'agence spécialiste du business travel a non seulement retrouvé l'intégralité de son staff, mais est en phase de recrutement.
Une raison à cela : BCD Travel a grappillé durant la pandémie... des parts de marché.
Mais au-delà des chiffres, Michelle Kunegel a voulu revenir sur l'émotionnel de cette période.
"De prendre des décisions contre nature (licencier, ndlr), c'est une thérapie pour moi de pouvoir en parler. J'ai vécu au plus profond de moi-même cette décision de devoir licencier," exprime non sans émotion la directrice générale de LK Tours.
La responsable se met alors en quête de postes, pour faire basculer les agents de voyages dans la section transport du groupe, en identifiant les emplois vacants.
Une fois cette opération achevée, il a fallu se rendre à l'évidence : pour survivre, il était nécessaire de réduire la voilure en procédant à des licenciements économiques et en fermant des agences.
Licenciements : "J'ai fait cela avec mes tripes, ma façon d'être"
Pour ce faire et être en phase avec elle-même, la présidente de LK Tours laisse tomber son costume de cheffe d'entreprise rigide.
"J'ai fait cela avec mes tripes, ma façon d'être. Nous avons fait 5 visios avec à chaque fois une quinzaine de collaboratrices. Pour chacune des visios, il y avait des pleurs. J'ai beaucoup pleuré."
Un message rare pour un responsable d'un aussi grand groupe, accompagné de trémolos dans la voix. Mais si c'était à refaire, l'Alsacienne ne changerait rien.
"J'étais en phase avec moi même, j'ai expliqué ce que je devais faire, mais avec émotion et ma sensibilité de cheffe d'entreprise et de femme. Toutes ces décisions ont été très pénibles, mais je l'ai fait comme je pensais devoir le faire, en ne me perdant pas."
Et c'est en larmes que la patronne pose le micro sur la table. Une sensibilité inédite et non feinte qui apporte de l'humain dans un secteur, où les chiffres sont trop souvent les marqueurs des conférences et les échanges.
A Marseille, la jeune dirigeante a aussi connu une certaine solitude.
"Quand le capitaine va mal, ce n'est pas bon pour les équipes. J'ai pris une coach en management de dirigeant en phase Covid. Cela m'a permis d'avoir un exutoire, quelqu'un auprès de qui je pouvais décharger mes angoisses," analyse après coup Olivia Calvin.
Cette dernière n'hésite pas à comparer cet accompagnement avec celui d'un psychanalyste. Un discours de vérité de dirigeantes rafraichissant, dans un monde composé de patrons ne se livrant que trop rarement.
Pour la patronne de BCD Travel, le discours est plus cartésien.
"Nous avions des couts incompressibles. Nous avons donc suspendu tous les contrats de nos clients et je suis allée voir les plus gros, pour leur expliquer la situation et les convaincre de couvrir nos coûts incompressibles."
Valérie Sasset a obtenu gain de cause.
"J'ai fait cela avec mes tripes, ma façon d'être. Nous avons fait 5 visios avec à chaque fois une quinzaine de collaboratrices. Pour chacune des visios, il y avait des pleurs. J'ai beaucoup pleuré."
Un message rare pour un responsable d'un aussi grand groupe, accompagné de trémolos dans la voix. Mais si c'était à refaire, l'Alsacienne ne changerait rien.
"J'étais en phase avec moi même, j'ai expliqué ce que je devais faire, mais avec émotion et ma sensibilité de cheffe d'entreprise et de femme. Toutes ces décisions ont été très pénibles, mais je l'ai fait comme je pensais devoir le faire, en ne me perdant pas."
Et c'est en larmes que la patronne pose le micro sur la table. Une sensibilité inédite et non feinte qui apporte de l'humain dans un secteur, où les chiffres sont trop souvent les marqueurs des conférences et les échanges.
A Marseille, la jeune dirigeante a aussi connu une certaine solitude.
"Quand le capitaine va mal, ce n'est pas bon pour les équipes. J'ai pris une coach en management de dirigeant en phase Covid. Cela m'a permis d'avoir un exutoire, quelqu'un auprès de qui je pouvais décharger mes angoisses," analyse après coup Olivia Calvin.
Cette dernière n'hésite pas à comparer cet accompagnement avec celui d'un psychanalyste. Un discours de vérité de dirigeantes rafraichissant, dans un monde composé de patrons ne se livrant que trop rarement.
Pour la patronne de BCD Travel, le discours est plus cartésien.
"Nous avions des couts incompressibles. Nous avons donc suspendu tous les contrats de nos clients et je suis allée voir les plus gros, pour leur expliquer la situation et les convaincre de couvrir nos coûts incompressibles."
Valérie Sasset a obtenu gain de cause.
"La difficulté c'est maintenant : motiver les équipes est très difficile"
Alors que dorénavant le secteur regarde avec appétit vers l'avenir, il est venu le temps de se gargariser des petites joies du quotidien.
"Je suis toujours en contact avec ces personnes qui sont parties et je suis super fière de dire que j'en ai repris 3. C'est une petite victoire. Nous fêtons aujourd'hui toutes les petites victoires," lâche plus apaisée Michelle Kunegel.
Pour Climats du monde, tour-opérateur spécialiste de l'Asie, la reprise a été plus lente à se dessiner. La jonction avec le retour des amoureux de la culture asiatique a été faite en diversifiant les destinations.
"Nous avons formé nos équipes pour qu'elles continuent de toutes travailler. Tout le monde s'est plongé corps et âme dans cette montée en compétences et cette production qui couvre maintenant l'Afrique, l'Amérique Latine et toujours l'Asie."
Pour BDC Travel en revanche, c'est maintenant qu'il faut remobiliser les équipes. Après deux ans d'une pandémie aux multiples rebondissements, le personnel est fatigué, voire même à bout.
"La difficulté c'est maintenant, ils nous en veulent en raison du yoyo permanent et d'avoir été pris pour des numéros. Nous avons du mal à les réembarquer dans le quotidien.
La motivation des équipes est très difficile à obtenir," analyse Valérie Sasset.
Malgré tout, les espoirs ne sont pas nuls dans le tourisme. Le panier moyen est en hausse, l'envie de voyage est bien réelle et même des nouveaux clients, déçus d'internet franchissent les portes des agences.
Pour ces trois femmes, ces deux années auront été riches en enseignements. Leurs entreprises ont plié, sans rompre, les salariés et leurs structures sont devenus plus agiles.
Les liens se sont resserrés avec le staff encore en place.
Et ce tableau ne serait pas complet sans LA femme du tourisme qui a percé l'écran au point de taper dans l'œil des équipes de campagne d'Emmanuel Macron.
"J'ai un sentiment de fierté vis-à-vis du travail accompli durant ces deux années, mais aussi de ne pas avoir perdu d'adhérents. Nous avons de la chance d'être ici à Punta Cana et d'être encore là, debout", conclut avec émotion Valérie Boned, la secrétaire générale des Entreprises du Voyage.
"Je suis toujours en contact avec ces personnes qui sont parties et je suis super fière de dire que j'en ai repris 3. C'est une petite victoire. Nous fêtons aujourd'hui toutes les petites victoires," lâche plus apaisée Michelle Kunegel.
Pour Climats du monde, tour-opérateur spécialiste de l'Asie, la reprise a été plus lente à se dessiner. La jonction avec le retour des amoureux de la culture asiatique a été faite en diversifiant les destinations.
"Nous avons formé nos équipes pour qu'elles continuent de toutes travailler. Tout le monde s'est plongé corps et âme dans cette montée en compétences et cette production qui couvre maintenant l'Afrique, l'Amérique Latine et toujours l'Asie."
Pour BDC Travel en revanche, c'est maintenant qu'il faut remobiliser les équipes. Après deux ans d'une pandémie aux multiples rebondissements, le personnel est fatigué, voire même à bout.
"La difficulté c'est maintenant, ils nous en veulent en raison du yoyo permanent et d'avoir été pris pour des numéros. Nous avons du mal à les réembarquer dans le quotidien.
La motivation des équipes est très difficile à obtenir," analyse Valérie Sasset.
Malgré tout, les espoirs ne sont pas nuls dans le tourisme. Le panier moyen est en hausse, l'envie de voyage est bien réelle et même des nouveaux clients, déçus d'internet franchissent les portes des agences.
Pour ces trois femmes, ces deux années auront été riches en enseignements. Leurs entreprises ont plié, sans rompre, les salariés et leurs structures sont devenus plus agiles.
Les liens se sont resserrés avec le staff encore en place.
Et ce tableau ne serait pas complet sans LA femme du tourisme qui a percé l'écran au point de taper dans l'œil des équipes de campagne d'Emmanuel Macron.
"J'ai un sentiment de fierté vis-à-vis du travail accompli durant ces deux années, mais aussi de ne pas avoir perdu d'adhérents. Nous avons de la chance d'être ici à Punta Cana et d'être encore là, debout", conclut avec émotion Valérie Boned, la secrétaire générale des Entreprises du Voyage.