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Séville : quel avenir pour l'union Afat Voyages Selectour ?

la mutation du paysage de l'économie touristique


Un congrès professionnel pas tout à fait comme les autres se déroulera à partir de ce jeudi 19 novembre à Séville. Afat Voyages et Selectour, les deux plus importants réseaux volontaires français, vont acter leur fusion et évoquer un avenir en commun. Si l'union fait toujours la force, en matière économique, 1+1 ne font pas toujours 2. Les partenaires auront à affronter, dans les mois à venir, de nombreuses embûches. Sans compter que leur union a ouvert la boîte de Pandore et donné un sacré coup d'accélérateur à la recomposition du paysage touristique français.


Rédigé par Jean DA LUZ le Jeudi 19 Novembre 2009

Séville : quel avenir pour l'union Afat Voyages Selectour ?
« Nous devons faire attention au danger de la bipolarisation qui guette la production en France », rappelait Jean-Pierre Mas lors du Congrès de Venise, fin 2008, où Afat fêtait ses 20 ans.

Une "petite phrase" lourde de conséquences puisque elle était le prélude aux négociations de la fusion Afat Voyages/Selectour.

Une fusion dont votre portail préféré vous révélait, en exclusivité, les détails dans son article du 9 mars 2009.

En officialisant cette union le 9 avril dernier, lors de leurs Assemblées générales respectives, les deux réseaux ont ouvert une sorte de boîte de Pandore.

Dès lors, Thomas Cook et Nouvelles Frontières, les deux groupes dans le collimateur d'Afat, ont mis les bouchées doubles pour élargir leur périmètre de distribution et préserver une autonomie maximale.

Et ça marche : peu à peu, Thomas Cook a atteint la taille critique qui lui permet désormais de se passer des points de vente Afat, comme nous le révélions récemment.

Mieux : le voyagiste est passé à l'offensive, d'abord en mettant la pression sur les agences Afat franchisées Jet tours, puis en faisant interdiction à l'ensemble du réseau de revendre les produits Thomas Cook à partir du 1er janvier 2010.

Si la première manoeuvre n'a pas eu le résultat escompté (seules quelques agences Afat ont accepté de basculer), le "match" n'est pas terminé.

La pression monte dans tous les camps

En effet, le voyagiste persiste et signe en déroulant, lors de la Journée des dirigeants à Florence, le tapis rouge aux agences Manor qui accepteraient de rejoindre sa franchise.

La pression monte dans tous les camps. Et ce d'autant plus que l'accord intervenu entre Carlson Travel France et le réseau Havas, qui réuniront leurs enseignes loisirs dans le cadre d'un GIE, fait monter la barre d'un nouveau cran.

Pour l'instant, seul TourCom semble épargné par les soubresauts de la distribution. Richard Vainopoulos a-t-il loupé le coche ou fait-il monter les enchères ?

Bien malin qui saurait le dire. A moins que le président de TourCom, qui n'affiche pas ses préférences, attende de faire le plein des "déçus" de la fusion Afat-Selectour pour ramasser la mise...
Et quid du CEDIV ? Cédera-t-il ou non aux sirènes "thomascookiennes" ?

Peu importe. Mais cette recomposition à grande vitesse déclenchée par la fusion, n'est pas sans dangers et personne n'en sortira indemne.

Tout d'abord parce qu'elle va entrainer, de facto, une restructuration similaire chez les producteurs. Petits et moyens tour opérateurs pourraient faire, les premiers, les frais de la bipolarisation.

Les TO vont devoir choisir leur distribution

Pourquoi ? Tout simplement parce que la "normalisation" a déjà commencé. Thomas Cook a fait le ménage parmi les voyagistes revendus et n'a pas hésité a écarter ceux qui ne rentraient pas dans le cadre.

Bref, les TO "incontournables" qui voudront être distribués, demain, vont devoir choisir leur réseau de distribution. Et ils n'ont pas intérêt à se tromper !

Quant aux autres, les spécialistes, ils auront 3 choix : se faire racheter si leur savoir-faire (Jet tours, Austral Lagons) est une vraie plus value, se contenter des agences (encore) indépendantes ou passer définitivement à la vente en direct, notamment via Internet... pour ceux qui n'y auraient pas déjà recours.

Bipolarisation, disions-nous. Mais alors que deviendra AS Voyages, pris en tenaille par les deux mastodontes ?

Cette fusion n'arrive-t-elle pas déjà trop tard, compte tenu de la taille critique atteinte par les filiales des géants anglo-saxons ?

Car si demain Thomas Cook met sa menace à execution, les 1200 points de vente du réseau ne risquent-t-ils pas d'être à court de "marchandise" ?

Le marché français bascule inexorablement...

Autrement dit, que vont vendre, demain, les agences Afat et Selectour dans une programmation qui se réduit comme peau de chagrin.

Vision pessimiste ? Oui certes, on trouve encore sur le marché Fram et Transat France, deux généralistes à même de fournir sans problème les stocks. Mais pour combien de temps encore ?

On sait que Fram est sur le marché. Que l'entreprise possède un confortable matelas de fonds propres et qu'elle ne sera pas une emplette facile.

Quant à Vacances Transat France, très en retrait depuis quelques mois il serait, dit-on, passé du statut de joker probable à celui de proie possible...

Plus globalement, ces perspectives ne sont guère réjouissantes. Le marché français, l'un des rares en Europe qui avait réussi à préserver une certaine diversité, bascule inexorablement.

Voici venir l'ère du tourisme industriel. Celui qui a pour ligne d'horizon immédiate le plat pays, où TUI et Thomas Cook règnent sans partage ne laissant que des miettes à une production anémique.

Guette-t-il aussi le marché français ? L'avenir seul le dira. Une chose est certaine : le consommateur ne sera pas gagnant... et les distributeurs non plus !

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Commentaires

1.Posté par cordier le 19/11/2009 10:05 | Alerter
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Bonjour jean,
Dans ce tour d'horizon, tu as oublié la grande distribution, les pureplayers, et les autocaristes...on a l'impression que dans ton article ces acteurs du tourisme n'existe pas , ils font partis du visage touristique français, leurs volumes d'affaires sont loin d'être négligeable pour les TO. ...
Pascal

2.Posté par Sébastien le 19/11/2009 10:58 | Alerter
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Très bonne analyse Monsieur da Luz...

Un peu pessimiste, mais parfaitement réaliste.

Mais ne peut-on compter sur l'énergie et l'inventivité des "petits" TO qui sauront anticiper les nouvelles attentes de nos clients? Car un petit TO peut vite devenir grand!

Cette restructuration des producteurs laissera inévitablement d'excellents professionnels sur le carreau. Ces derniers pourront rejoindre l'alliance AS et participer à la mise en place d'un TO de grande qualité également!

Espérons que l'esprit "rebelle" Français saura contrer naturellement la mise en place du marché Bipolaire Belge qui ne laisse aucune alternative ni fantaisie aux consommateurs.


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