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Transat A.T. inc : sans transporteur efficace, pas de grand voyagiste... 🔑

Interview de Joseph Adamo, responsable des ventes et du réseau de distribution chez Transat A.T. inc


Air Transat est passée par tous les états depuis la crise sanitaire. En passe d'être rachetée par Air Canada, les autorités de la concurrence de la Commission européenne en ont décidé autrement. Entretemps, le Groupe québécois Transat A.T. inc est passé de 5 000 salariés à moins de 1 000. Il a aussi changé de stratégie, passant d'un voyagiste à... un transporteur. Nous avons rencontré au siège montréalais de Transat A.T. inc, Joseph Adamo, responsable des ventes et du réseau de distribution, pour échanger sur le modèle intégré.


Rédigé par le Mercredi 26 Octobre 2022

Interview de Joseph Adamo, responsable des ventes et du réseau de distribution chez Transat - RP
Interview de Joseph Adamo, responsable des ventes et du réseau de distribution chez Transat - RP
TourMaG.com - Le Groupe Transat est bien connu sur le marché français. Comment au Canada, avez-vous passé la crise ?

Joseph Adamo :
Avec beaucoup de difficultés.

Nous avons pu passer la crise, car nous y sommes entrés avec un très bon bilan. Nous avions "0" dette et une trésorerie importante, nous permettant de pouvoir rester en vie.

Durant les deux années, nous avons eu très peu d'activité. Le cash a été utilisé pour protéger les actifs. Depuis nous avons dû renflouer nos liquidités.

En 2019, nous avions 5 000 employés, puis au plus bas, nous n'étions pas plus de 850.

Aujourd'hui nous sommes toujours en vie et nous avons 4 500 salariés.

Sans ce très bon bilan avant crise, je ne sais pas comment l'histoire se serait terminée. L'Etat canadien a été lent pour appuyer l'aérien et a attendu près d'une année, contrairement à de nombreux pays.

Nous avons eu des prêts avec intérêt de leur part, que nous devrons rembourser.


"Transat ne se définit plus comme un voyagiste, mais comme un transporteur"

TourMaG.com - Vous allez bientôt fêter vos 35 ans, est-ce que le modèle intégré a un avenir ?

Joseph Adamo :
Revenons aux origines de Transat.

Il y a 45 ans, les fondateurs avaient à la base une agence de voyages, qui s'est intégrée pour devenir voyagiste en proposant des séjours étudiants et des séjours au soleil. En 1987, lorsque la société a été introduite en bourse, elle a acheté son 1er avion.

A cette époque, le voyagiste intégré, avec ses agences et sa compagnie, était né.

Depuis, nous avons grandi organiquement, avec des réceptifs à destination. Jusqu'il y a encore une année, nous nous définissions comme étant un "voyagiste" intégré verticalement, à l'image de Thomas Cook ou TUI.

C'était assez novateur pour le Canada en 1987, car ce modèle est avant tout européen.

Aujourd'hui, nous avons encore ces métiers, d'agents de voyages, de voyagistes, de réceptifs, etc. Sauf que Transat ne se définit plus comme un voyagiste, mais avant tout comme un transporteur.

Transat : "Avant le covid, nous avions l'ambition de devenir un hôtelier de taille"

TourMaG.com - Pourquoi ce changement de paradigme ?

Joseph Adamo :
Sans un transporteur efficace et profitable, il ne peut y avoir de voyagiste de grande taille.

Et s'il n'y a pas de voyagiste, alors le réseau d'agences de voyages n'a pas de raison d'être. La distribution vend avant tout nos produits forfaits.

En tant que transporteur, nous nous battons contre Air Canada, British Airways, Air France et j'en passe. Nous avons réalisé que pour être compétitifs, nous devions avoir une flotte réaménagée et des alliances.

Avec cela, nous pensons que le voyagiste bénéficie d'un plus grand stock à des prix raisonnables. Nous contrôlons ce que nous produisons, donc pour avoir le meilleur prix, nous devons produire.

Je vais vous le dire avant la pandémie, nous avions l'ambition de devenir un hôtelier de taille. Dans le voyage, c'est le producteur qui fait de l'argent et qui est maître de son destin, d'où cette idée.

Nous voulions investir dans l'hôtellerie au Mexique et en République dominicaine, pour jumeler cette offre à notre transporteur. Avec le covid, nous ne pouvons plus nous permettre de construire des hôtels.

Nous nous recentrons sur notre activité de transporteurs, mais nous n'abandonnons pas les autres.


TourMaG.com - En quoi le marché canadien diffère du notre pour une entreprise intégrée ?

Joseph Adamo :
Au Canada, il est impossible pour un transporteur de taille, comme Air Canada, West Jet ou nous, d'opérer autant d'appareils sans vendre des forfaits vers le sud en hiver.

Nous n'avons pas un marché domestique assez fort, pour soutenir tous ces appareils. L'été, cela va avec les vols long-courriers vers l'Europe. Ainsi, être voyagiste est un incontournable pour un grand transporteur au Canada.

Cela dit avoir notre propre réseau d'agences, nous apporte un avantage dans la distribution, notamment pour notre activité de voyagiste.

Ce qui est propre au marché canadien ne se transfère pas en France. Je ne dis pas qu'il n'est pas intéressant d'être tour-opérateur en France, mais ce n'est pas une nécessité pour Air Transat. Le gros de l'activité des TO n'alimentait pas la compagnie.

C'était une belle activité, aujourd'hui, cela ne nuit pas à notre activité. Aujourd'hui, ce ne serait pas pertinent de relancer un tour-opérateur outre-Atlantique.

Air Transat : "Les commissions des compagnies aux agences existent toujours au Canada"

TourMaG.com - Au niveau de la relation entre les agences de voyages et les compagnies aériennes, est-ce que le commissionnement existe encore ?

Joseph Adamo :
Elles existent toujours, elles sont variables évidemment.

Sur les classes économiques, il n'y a pas de commission, mais sur les autres classes, elles existent.

Contrairement à beaucoup de pays, nous avons conservé ce système de commissions, mais elles sont moins importantes qu'avant.


TourMaG.com - Comment se porte le réseau de distribution chez Transat ?

Joseph Adamo :
Il va très bien, avec beaucoup d'activité.

Le business est intéressant, mais il y a un manque d'employés en agences. L'un dans l'autre, les agents de voyages font des bonnes journées dans les agences de voyages, par contre cette activité est payante, par rapport à ce qu'il se passait depuis 2 ans.

L'année 2023 pour les agences de voyages qui apportent de la valeur ajoutée, devrait être bonne. Elles pourront être plus sélectives. Il y a moins d'agences, mais une grande demande. Les agents doivent se faire payer et charger des honoraires.

Ils ne doivent pas hésiter à ajouter des montants au-delà de ce que paye le fournisseur.


TourMaG.com - Avez-vous des projets d'avenir ?

Joseph Adamo :
Nos priorités sont de développer des alliances pour mieux développer nos routes, pour bonifier ce que nous faisons sur le transatlantique.

Nous ne sommes plus un transporteur au service du voyagiste, mais avant tout, nous sommes un transporteur. Nous voulons travailler avec d'autres acteurs pour servir notre réseau.

Pour le moment, nous voulons conserver le contour actuel de l'entreprise, en nous concentrant sur la performance du transporteur. Les autres activités viennent en complément.



A Lire : la deuxième partie de notre interview demain.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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