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Transavia : l'Arabie Saoudite dans la ligne de mire ? 🔑

Interview de Nicolas HĂ©nin, le directeur commercial de Transavia


Il y a quelques décennies, un géant vert était présent dans nos téléviseurs, il a pris place dans le ciel français. Transavia ne cesse de se faire une place au soleil et de grignoter des parts de marché. Après un très bon exercice, la low cost envisage l'avenir avec optimisme. Les équipes étudient activement la possibilité de desservir l'Arabie Saoudite, tout en restant à l'affût d'opportunités au Moyen-Orient et en Afrique. Interview avec Nicolas Hénin, le directeur commercial de Transavia.


Rédigé par le Mardi 3 Octobre 2023

Transavia : "L'Arabie Saoudite est une destination que nous Ă©tudions" - RP
Transavia : "L'Arabie Saoudite est une destination que nous Ă©tudions" - RP
TourMaG : Quel bilan dressez-vous de l'été 2023 pour Transavia ?

Nicolas Henin : L'été s'est globalement très bien passé en termes de trafic, mais aussi de fréquentation.

Nous avons retrouvé des avions pleins cette année, avec des taux d'occupation qui se rapprochent d'avant crise, ce qui n'était pas le cas en 2022. L'année dernière nous avions un taux de remplissage de 82/83%, nous sommes remontés à 90%.

Tout a bien fonctionné pour Transavia, avec des demandes très importantes au printemps, puis sur l'été et une intensité retrouvée sur l'ensemble des destinations.

Ceci tout en sachant que les capacités étaient en croissance.Nous avons donc un trafic en hausse de +20% sur juillet et août.

Sur septembre et octobre, bien que les capacités soient élevées, nous continuons à remplir, donc la saison dépasse seulement l'été. Au niveau commercial et de la demande, nous sommes très satisfaits.


Transavia : "Je ne dirais pas que les prix baissent, ils se stabilisent"

TourMaG : Vous avez donc des résultats nettement supérieurs à 2019 ?

Nicolas Henin :
Oui largement, car nous avons quasiment doublé nos capacités, passant de 38 à 71 avions.

Et bien que le nombre de sièges soit en forte hausse, nous allons continuer de bien remplir en septembre avec un taux d'occupation de l'ordre de 88 à 89%. La demande est bonne aussi parce que les prix sont moins élevés, comparativement à juillet et août.


TourMaG : Les prix suivent-ils aussi la forte hausse du secteur ?

Nicolas Henin :
Oui, les prix sont restés en forte croissance, jusqu'au milieu de l'été.

Entre les hausses des coûts qu'ils soient salariaux, des redevances, du carburant, etc mais aussi une demande plus forte, nous avons tous augmenté nos prix. Par contre, l'inflation se stabilise depuis juillet-août.

Je ne dirais pas que les prix baissent, mais ils se stabilisent.

Les tarifs sont supérieurs de l'ordre de 20% par rapport à 2019, du moins c'est le ratio que nous avions au début d'année.


TourMaG : Quels sont les contours du programme hiver ?

Nicolas Henin :
Il y aura nettement plus de capacités que par le passé, nous avons programmé 15 nouvelles destinations.

La dominante pour ce programme est le soleil d'hiver, tout en allant un peu plus loin qu'à l'accoutumée, pour mieux occuper nos avions.

Nous avons trouvé des relais de croissance intéressants sur des destinations plus lointaines, comme le Sénégal, la Jordanie, l'Egypte ou le Cap vert, mais aussi Dubaï depuis Marseille et Lyon.

Certes nous avons un produit moyen courrier, sur cette ligne, mais il n'y a pas de low cost sur ce genre de destination. Nous pensons que des clients sont sensibles aux prix, il y a un marché pour ça.

Dubaï : "La demande commence à décoller,.."

TourMaG : Vous avez annoncé la desserte de Dubaï, il y a quelques semaines, quel retour avez-vous du marché ?

Nicolas Henin :
La demande commence à décoller.

Il faut comprendre que sur ce genre de destination, les comportements d'achat sont très tardifs. Nous attendons que les avions se remplissent sur octobre et novembre.

C'est une nouvelle destination, nous devons l'installer, la demande commence à répondre.


TourMaG : A Dubaï, vous allez chercher le soleil, mais aussi prendre des parts de marché à des compagnies du Golfe qui ont un peu enquiquiné Air France. Quelle est la stratégie ?

Nicolas Henin :
Nous ne développons pas notre réseau pour enquiquiner les autres.

Nous identifions des marchés sous exploités ou un segment qui n'est pas présent, comme c'est le cas à Dubaï avec les low cost. Nous avons aussi l'enjeu d'occuper nos capacités l'hiver, tels sont les arguments pour l'ouverture de Dubaï.


TourMaG : Combien d'avions vont voler cet hiver ?

Nicolas Henin :
Nous profitons de l'hiver pour réaliser des visites de maintenance.

Nous aurons toujours une flotte de 70, mais certains seront en révision, nous aurons toujours entre 65 et 66 appareils en vol.

Pour le moment sur 2024, les engagements n'ont pas encore commencé, même si nous sommes en avance par rapport à l'année dernière. Nous sommes à 10/15% de remplissage.

Taxe aéroports : "Ce biais de concurrence est difficile à avaler"

TourMaG : Il y a presque un mois, le Maroc connaissait une tragédie. Quel est le comportement des voyageurs français ?

Nicolas Henin :
C'est une destination importante pour nous et tout simplement notre premier marché.

Nous avons eu dans les sept premiers jours qui ont suivi beaucoup d'annulations, puis un ralentissement très fort des nouvelles réservations, jusqu'à - 40%. Dix jours après ce tragique évènement, la demande est revenue à ses niveaux habituels.

Le 2 octobre, nous affichons des niveaux de réservation qui sont les mêmes que par le passé, avant le séisme. Alors que nous attendions une reprise plus lente, de l'ordre de 2 à 3 mois. Le retour à la normale a été plus rapide que prévu.

Les voyageurs se sont rendu compte que les infrastructures touristiques ont été assez peu touchées, puis Marrakech est une destination importante pour les Français.

Je dois reconnaitre que nous avons été un peu inquiets mais nous allons retrouver des niveaux normaux pour la Toussaint.


TourMaG : Continuons sur les mauvaises nouvelles et évoquons la taxe des grands aéroports. Comment avez-vous reçu la nouvelle et allez-vous répercuter cette taxe ?

Nicolas Henin :
Très clairement, la taxe va être répercutée aux compagnies aériennes.

Les aéroports prennent rarement sur leurs marges et font payer les transporteurs. Après, je ne sais pas si nous allons le répercuter au client final, cela va dépendre de plein de facteurs. Une chose est sûre, nous allons l'intégrer à nos coûts.

C'est une décision néfaste qui va nous pénaliser dans nos investissements, notamment dans la décarbonation, pour le renouvèlement de la flotte. De plus, cela entraine une distorsion de concurrence, dont nous n'avons pas besoin.

Le gouvernement va taxer Roissy et Orly, où sont basés principalement des compagnies françaises, quand d'autres bases ne sont pas taxées et accueillent des low cost françaises.

Ce biais de concurrence est difficile à avaler, nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne. Je ne peux pas imaginer que le gouvernement voulait pénaliser les compagnies françaises, mais ce sera l'effet de cette loi.


TourMaG : Pourriez-vous alléger le programme sur Orly, pour ajouter des vols depuis d'autres aéroports ?

Nicolas Henin :
Non, Orly représente 80% de notre activité. C'est notre base, le lieu de notre siège.

Nous sommes un peu captifs de cet aéroport et ne pouvons pas dire que demain, on déménage à Beauvais. Nous avons un peu plus de marge de manœuvre depuis les aéroports de province, mais Orly restera notre base principale.

Transavia : "L'Arabie Saoudite est une destination que nous Ă©tudions"

TourMaG : Vous parliez de destinations "soleil d'hiver". Souhaitez-vous ouvrir d'autres destinations vers le Moyen-Orient ? Est-ce que l'Arabie Saoudite est une éventualité ?

Nicolas Henin :
Nous regardons tout dans cette zone.

Cela fait partie des études que nous faisons pour les développements futurs, Transavia va poursuivre sa progression, avec des capacités en hausse de 15% en 2024.

L'Arabie Saoudite a des ambitions élevées dans le tourisme et investit massivement, c'est une destination que nous étudions. C'est une éventualité parmi d'autres, dans cette région.

TourMaG : Air France vient de passer une grosse commande d'appareils, est-ce que Transavia pourrait récupérer des appareils de la grande sœur ?

Nicolas Henin :
Ce n'est pas prévu du tout, notre enjeu est le renouvèlement de notre flotte.

Avec les A320, 321, le rayon d'action va augmenter et nous pourrons peut ĂŞtre envisager un vol direct entre la France est DubaĂŻ, alors que nous avons actuellement un stop.

Nous avons un terrain de jeu suffisamment étendu, pour nous concentrer sur notre cœur de métier et pouvoir exploiter une mono flotte. Nous ne devons pas menacer notre modèle et notre structure de coûts, ni notre efficacité.

L'A320 arrive bientôt, courant décembre, les premières images ont été dévoilées. C'est la nouvelle phase de développement de la compagnie, avec le meilleur avion du marché sur le moyen courrier. D'ici 7 ans, nous aurons entièrement renouvelé la flotte.

Cette nouvelle phase ne devrait pas faire augmenter nos prix : nous aurons juste le meilleur produit pour nos clients.


TourMaG : Quels sont les défis pour Transavia ?

Nicolas Henin :
Nous allons ouvrir nos ventes pour l'été prochain, à partir du 10 octobre 2023 et renforcer l'existant, mais aussi ouvrir de nouvelles destinations comme Bergen et Tallinn.

Sur l'été, nous avons une légère tendance à nous rendre vers le Nord, nous observons une appétence pour des destinations un peu moins chaudes, un tourisme un peu différent sur la période estivale.

RĂ©seau domestique : "L'avion n'a plus la place qu'il avait avant crise"

TourMaG : Sur le réseau domestique, êtes-vous appelé à remplacer Air France ?

Nicolas Henin :
Nous sommes sur notre plan de marche, pour reprendre les lignes domestiques hors navette au départ de Paris.

La tendance sur le domestique n'est pas la mĂŞme que sur les autres destinations, en raison d'un trafic affaires en net repli. Il ne reviendra jamais au niveau d'avant crise.


Nous avons diminué les fréquences entre Orly et Pau, une ligne traditionnellement très affaires, faute de demande, passant de 2 fréquences quotidiennes à une.

Dans l'autre sens, des lignes loisirs fonctionnent très bien, comme Perpignan, où nous allons rajouter des fréquences l'été prochain. Toulon et Biarritz ont bien fonctionné.

L'avion n'a plus la place qu'il avait avant crise, c'est le sens de l'histoire.


TourMaG : Les JO de Paris représentent un enjeu important pour Transavia ?

Nicolas Henin :
Nous allons devoir répondre présent, la France va être scrutée par le monde entier.

A lire : Air France : vers une flambée des prix des billets durant les JO 2024 ?

Il y a un enjeu opérationnel, mais aussi à des flux de trafic plus important pour les capitales européennes, sur des destinations comme Madrid, Rome ou Berlin.

Nous allons renforcer l'offre entre avec ces grandes villes européennes
. Ce n'est jamais facile de prévoir, les conséquences de ce genre d'évènement.


TourMaG : L'Afrique est toujours une piste de développement ?

Nicolas Henin :
C'est un enjeu de développement important pour Transavia, notamment sur l'hiver.

Nous développons beaucoup Dakar cet hiver, nous ajoutons Toulouse et Bordeaux. La demande répond bien. Nous sommes concentrés sur cette destination, mais nous restons en veille sur les opportunités.



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