« Prévoir le futur n'est déjà pas en soi un exercice facile en soi, mais faire une projection à 10 ans de l'évolution de notre métier, franchement je jette l'éponge.
On ne sait même ce qui va advenir dans les mois à venir eu égard à la situation actuelle, avec l'ascension vertigineuse du prix du pétrole, sans parler des menaces de taxation des émissions gazeuses.
On peut toujours se lancer dans des élucubrations hasardeuses mais qui, en aucun cas, ne peuvent servir de base à un réflexion sérieuse sur le sujet si ce n'est souligner l'extrême fragilité de notre industrie face à ces éléments échappant à notre maîtrise.
Tout au plus peut-on sérier les causes des difficultés auxquelles le transport aérien est confronté soit structurellement soit conjoncturellement mais les deux raisons ne sont-elles pas finalement imbriquées, notamment en ce qui concerne la consommation du pétrole et ses conséquences environnementales ?
A l'heure où j'écris ces lignes, le cours du pétrole était annoncé à 143 dollars le baril, soit plus du double de ce qu'il coûtait il n'y a même pas un an, faisant de cet élément essentiel au fonctionnement d'un avion, le poste de coût le plus important dans les compagnies aériennes. Ceci alors que leurs budgets ont été établis sur des bases moitié moindres.
On ne sait même ce qui va advenir dans les mois à venir eu égard à la situation actuelle, avec l'ascension vertigineuse du prix du pétrole, sans parler des menaces de taxation des émissions gazeuses.
On peut toujours se lancer dans des élucubrations hasardeuses mais qui, en aucun cas, ne peuvent servir de base à un réflexion sérieuse sur le sujet si ce n'est souligner l'extrême fragilité de notre industrie face à ces éléments échappant à notre maîtrise.
Tout au plus peut-on sérier les causes des difficultés auxquelles le transport aérien est confronté soit structurellement soit conjoncturellement mais les deux raisons ne sont-elles pas finalement imbriquées, notamment en ce qui concerne la consommation du pétrole et ses conséquences environnementales ?
A l'heure où j'écris ces lignes, le cours du pétrole était annoncé à 143 dollars le baril, soit plus du double de ce qu'il coûtait il n'y a même pas un an, faisant de cet élément essentiel au fonctionnement d'un avion, le poste de coût le plus important dans les compagnies aériennes. Ceci alors que leurs budgets ont été établis sur des bases moitié moindres.
Les émissions gazeuses du transport aérien sont stables
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Grève contrôleurs aériens : quid du jeudi 19 janvier 2023 ?
De perdurer ainsi, voire d'augmenter comme semble le prédire certains experts, on peut d'ores et déjà prédire des situations catastrophiques ou à tout le moins intenables pour bon nombre d'opérateurs aériens, quelque soit leur modèle de fonctionnement.
Si à cela vient s'ajouter des taxations sur les émissions gazeuses, comme cela semble être la volonté manifestée ça et là en Europe ou l'on se veut plus vertueux que dans le reste du monde, et bien si l'on veut tuer le transport aérien il n'y a pas de meilleure façon de procéder...
Rappelons s'il est nécessaire que les émissions gazeuses issues du transport aérien ne représentent que 2,65 % du total mondial des émissions du CO2 et que contrairement à ce que certains prédisent ce taux n'augmente pas avec le développement du trafic actuel mais demeure stable
Ce qui ne veut pas dire que les acteurs de notre industrie restent installés tranquillement dans cette certitude, car le développement durable est une donnée totalement intégrée dans les objectifs des compagnies conscientes, peut être plus que tout autre secteur d'industrie, de leurs responsabilités et des actions à mener pour préserver l'environnement.
Mais cela se limite à leur immédiat domaine d'influence, car comment arrêter la déforestation quasi stakhanoviste de la forêt primaire dans toutes les part du monde ? Comment limiter la consommation électrique industrielle et ménagère qui représente 80 % de l'origine des émissions gazeuses ?
Comment restreindre le trafic routier six fois plus polluant que l'aérien ?
Et je ne parle pas du transport maritime ou du rail, grands consommateurs d'électricité. Alors il ne suffit pas de planter un arbre en descendant d'avion pour se donner une bonne conscience écologique.
Si à cela vient s'ajouter des taxations sur les émissions gazeuses, comme cela semble être la volonté manifestée ça et là en Europe ou l'on se veut plus vertueux que dans le reste du monde, et bien si l'on veut tuer le transport aérien il n'y a pas de meilleure façon de procéder...
Rappelons s'il est nécessaire que les émissions gazeuses issues du transport aérien ne représentent que 2,65 % du total mondial des émissions du CO2 et que contrairement à ce que certains prédisent ce taux n'augmente pas avec le développement du trafic actuel mais demeure stable
Ce qui ne veut pas dire que les acteurs de notre industrie restent installés tranquillement dans cette certitude, car le développement durable est une donnée totalement intégrée dans les objectifs des compagnies conscientes, peut être plus que tout autre secteur d'industrie, de leurs responsabilités et des actions à mener pour préserver l'environnement.
Mais cela se limite à leur immédiat domaine d'influence, car comment arrêter la déforestation quasi stakhanoviste de la forêt primaire dans toutes les part du monde ? Comment limiter la consommation électrique industrielle et ménagère qui représente 80 % de l'origine des émissions gazeuses ?
Comment restreindre le trafic routier six fois plus polluant que l'aérien ?
Et je ne parle pas du transport maritime ou du rail, grands consommateurs d'électricité. Alors il ne suffit pas de planter un arbre en descendant d'avion pour se donner une bonne conscience écologique.
Billets : le prix augmentera fortement et inéluctablement
Ce dont il s'agit maintenant est de savoir si on veut continuer à avoir un transport aérien pour tous les segments de clientèle ou simplement le réserver à ceux qui auront les moyens de se payer le prix du billet futur.
Un prix qui augmentera fortement et inéluctablement au rythme des ajustements nécessaires pour faire face à ces nouvelles contraintes économiques.
Nous pourrions parler, bien sûr, des améliorations technologiques qui pourraient contribuer à maintenir les modèles actuels comme des avions mieux profilés ou fonctionnant avec des nouveaux types d´'énergie ou des nouveaux types de moteurs moins polluants.
Mais sincèrement est-ce envisageable dans les 10 années qui viennent ? Pour ma part je n'y crois guère et encore moins à l'avion solaire capable d'embarquer 500 personnes sur 10 000 kilomètres.
Alors, ceci dit, à chacun finalement d'en tirer des conclusions et faire sa propre projection mais il sera aussi nécessaire de prendre en compte une donnée fondamentale qui conditionnera notre activité et tous les métiers dérivés : quel sera le comportement de l'individu face à l'évolution de notre monde et de la problématique posée par la diminution de nos ressources, non seulement énergétiques mais aussi vitales telles l'eau ? »
Jean-Pierre SAUVAGE
Président du BAR France (’association des compagnies aériennes regroupant 85 compagnies aériennes françaises et étrangères) et Diorecteur France d'Iberia
Un prix qui augmentera fortement et inéluctablement au rythme des ajustements nécessaires pour faire face à ces nouvelles contraintes économiques.
Nous pourrions parler, bien sûr, des améliorations technologiques qui pourraient contribuer à maintenir les modèles actuels comme des avions mieux profilés ou fonctionnant avec des nouveaux types d´'énergie ou des nouveaux types de moteurs moins polluants.
Mais sincèrement est-ce envisageable dans les 10 années qui viennent ? Pour ma part je n'y crois guère et encore moins à l'avion solaire capable d'embarquer 500 personnes sur 10 000 kilomètres.
Alors, ceci dit, à chacun finalement d'en tirer des conclusions et faire sa propre projection mais il sera aussi nécessaire de prendre en compte une donnée fondamentale qui conditionnera notre activité et tous les métiers dérivés : quel sera le comportement de l'individu face à l'évolution de notre monde et de la problématique posée par la diminution de nos ressources, non seulement énergétiques mais aussi vitales telles l'eau ? »
Jean-Pierre SAUVAGE
Président du BAR France (’association des compagnies aériennes regroupant 85 compagnies aériennes françaises et étrangères) et Diorecteur France d'Iberia
A l’occasion de son 10e Anniversaire (et oui, déjà !), TourMaG.com a voulu donner la parole à tous les acteurs du tourisme avec une interrogation : par rapport à votre perception actuelle du métier et de votre secteur d’activité, comment voyez-vous son évolution dans la décennie 2008/2018 ?