Conséquence de la renaissance d’une forte dynamique du trafic aérien, les petits matins de la prochaine saison « été » risquent d’être très embouteillés sur les pistes de l’aéroport d’Orly entre 6h et 7h.
Préparez-vous si vous êtes dans un avion qui décolle de Paris Orly à entendre les traditionnelles annonces du commandant de bord comme : "Nous sommes numéro 4, 5 ou 6 au décollage", ou bien encore la classique, mais non moins vraie excuse de retard "dû à l’arrivée tardive de l’appareil".
Alors, pour tenter d'éviter les embouteillages du matin, il va falloir limiter les décollages.
Préparez-vous si vous êtes dans un avion qui décolle de Paris Orly à entendre les traditionnelles annonces du commandant de bord comme : "Nous sommes numéro 4, 5 ou 6 au décollage", ou bien encore la classique, mais non moins vraie excuse de retard "dû à l’arrivée tardive de l’appareil".
Alors, pour tenter d'éviter les embouteillages du matin, il va falloir limiter les décollages.
Des programmes de vols en forte augmentation
C’est le président de la FNAM qui a tiré la sonnette d’alarme, le 31 janvier dernier, lors d’une conférence de presse, en déplorant "une carence de contrôleurs aériens à venir".
"On est extrêmement surpris d’apprendre qu’il y a une insuffisance du nombre de contrôleurs aériens. On pensait que ce genre de chose pouvait se programmer…", s’est-il inquiété publiquement.
Rappelons que depuis un décret de novembre 1990, les contrôleurs aériens sont des fonctionnaires et que, alors qu’il y a eu effectivement de nombreuses baisses d’effectifs dans les aéroports durant les mois de pandémie, aucun d’eux n’a été licencié.
Les effectifs sont donc les mêmes qu’avant la crise.
Interrogée par TourMaG, la DGAC nous a confirmé que "la capacité opérationnelle des services de la navigation aérienne d’Orly reste au même niveau pour la saison de l’été 2023 que les saisons précédentes".
Le problème, c’est que par rapport à l’été dernier, les programmes de vols, reprise oblige, sont beaucoup plus importants et qu’il y aura donc plus de "mouvements avions" à gérer.
LIRE AUSSI : FNAM : 2023 une année de défis pour le transport aérien !
"On est extrêmement surpris d’apprendre qu’il y a une insuffisance du nombre de contrôleurs aériens. On pensait que ce genre de chose pouvait se programmer…", s’est-il inquiété publiquement.
Rappelons que depuis un décret de novembre 1990, les contrôleurs aériens sont des fonctionnaires et que, alors qu’il y a eu effectivement de nombreuses baisses d’effectifs dans les aéroports durant les mois de pandémie, aucun d’eux n’a été licencié.
Les effectifs sont donc les mêmes qu’avant la crise.
Interrogée par TourMaG, la DGAC nous a confirmé que "la capacité opérationnelle des services de la navigation aérienne d’Orly reste au même niveau pour la saison de l’été 2023 que les saisons précédentes".
Le problème, c’est que par rapport à l’été dernier, les programmes de vols, reprise oblige, sont beaucoup plus importants et qu’il y aura donc plus de "mouvements avions" à gérer.
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Une question de rentabilité
Alors comment expliquer une telle situation ?
Tout a commencé le 27 janvier dernier. Ce jour-là un comité de coordination des aéroports parisiens se réunit avec, autour de la table, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), les transporteurs aériens et l’exploitant d’aéroports ADP.
Au menu : comment limiter les retards en cascade constatés pendant la saison d’été 2022 ?
Pas vraiment d’autre choix, selon la DGAC, que de proposer de limiter temporairement la capacité de programmation autorisée sur la tranche de 06h00 à 07h00 du matin pour la saison d’été 2023, dont on rappelle qu’elle commence le 26 mars prochain.
Les autorités de l’aviation civile ont confirmé à TourMaG que cette proposition avait recueilli en séance "un avis favorable du comité", mais qu’elle avait "soulevé des inquiétudes de la FNAM et de ses adhérents sur le caractère pérenne de cette limitation au-delà de la saison d‘été 2023."
Et de nous préciser également "qu’à Orly, les compagnies qui ont des avions basés sur l’aéroport ont déjà augmenté le nombre de départs programmés lors de la première heure du matin, de 6h à 7h locales, et envisagent de l’augmenter encore lors de la saison été 2023."
Même avec un effectif complet de contrôleurs aériens, la demande pour des départs sur la première heure de 6h à 7h dès l’ouverture de l’aéroport risque d’être trop lourde à gérer, et pourrait entrainer ces fameux retards en cascade.
Pourquoi cette bousculade dès potron-minet ?
Elle est due principalement aux opérateurs low cost, grands gagnants de la reprise, en croissance permanente et très présents à Orly.
Dans un système économique "low cost" moyen-courrier, pour être rentable, l’avion doit voler et faire au minimum deux allers-retours par jour.
L’aéroport d’Orly, contrairement à Roissy CDG, est fermé entre 23h30 et 6 heures.
Pour enchaîner par exemple une rotation le matin sur Séville et ensuite Le Caire, mieux vaut partir dès que possible et à l’heure pour pouvoir revenir avant 23h00, heure à laquelle est autorisé le dernier atterrissage.
En cas de retard, l’addition sera salée pour l’opérateur : déroutement de l’avion vers CDG, affrètement d’autobus pour les passagers (pour les compagnies les plus sérieuses), retour à vide sur Orly le lendemain ou éventuellement convoquer les passagers du lendemain à Roissy…
Tout a commencé le 27 janvier dernier. Ce jour-là un comité de coordination des aéroports parisiens se réunit avec, autour de la table, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), les transporteurs aériens et l’exploitant d’aéroports ADP.
Au menu : comment limiter les retards en cascade constatés pendant la saison d’été 2022 ?
Pas vraiment d’autre choix, selon la DGAC, que de proposer de limiter temporairement la capacité de programmation autorisée sur la tranche de 06h00 à 07h00 du matin pour la saison d’été 2023, dont on rappelle qu’elle commence le 26 mars prochain.
Les autorités de l’aviation civile ont confirmé à TourMaG que cette proposition avait recueilli en séance "un avis favorable du comité", mais qu’elle avait "soulevé des inquiétudes de la FNAM et de ses adhérents sur le caractère pérenne de cette limitation au-delà de la saison d‘été 2023."
Et de nous préciser également "qu’à Orly, les compagnies qui ont des avions basés sur l’aéroport ont déjà augmenté le nombre de départs programmés lors de la première heure du matin, de 6h à 7h locales, et envisagent de l’augmenter encore lors de la saison été 2023."
Même avec un effectif complet de contrôleurs aériens, la demande pour des départs sur la première heure de 6h à 7h dès l’ouverture de l’aéroport risque d’être trop lourde à gérer, et pourrait entrainer ces fameux retards en cascade.
Pourquoi cette bousculade dès potron-minet ?
Elle est due principalement aux opérateurs low cost, grands gagnants de la reprise, en croissance permanente et très présents à Orly.
Dans un système économique "low cost" moyen-courrier, pour être rentable, l’avion doit voler et faire au minimum deux allers-retours par jour.
L’aéroport d’Orly, contrairement à Roissy CDG, est fermé entre 23h30 et 6 heures.
Pour enchaîner par exemple une rotation le matin sur Séville et ensuite Le Caire, mieux vaut partir dès que possible et à l’heure pour pouvoir revenir avant 23h00, heure à laquelle est autorisé le dernier atterrissage.
En cas de retard, l’addition sera salée pour l’opérateur : déroutement de l’avion vers CDG, affrètement d’autobus pour les passagers (pour les compagnies les plus sérieuses), retour à vide sur Orly le lendemain ou éventuellement convoquer les passagers du lendemain à Roissy…
Les compagnies low cost impactées
Capture d'écran de l'activité de Transavia sur une journée d'été 2023 entre 06h00 et 07h00 (site ADP)
Deux opérateurs sont particulièrement concernés : Transavia et Vueling.
Ces deux compagnies, basées à Orly, veulent profiter à fond du bel été qui se profile et faire le plein de passagers avec des programmes de vols très fournis.
La Française Transavia dont la flotte continue à augmenter avec actuellement 61 appareils, devrait être la plus impactée. Sur certains jours en été, elle prévoit un décollage toutes les 5 minutes en moyenne entre 6h et 7h.
L’Espagnole Vueling, quant à elle, et depuis qu’elle a récupéré les créneaux restitués par Air France comme Bruxelles l’avait exigé en échange des aides publiques, s’est également développée à vitesse grand V sur l’aéroport du sud parisien.
Pour cet été, elle prévoit 36 lignes au départ d’Orly, avec trois nouvelles destinations vers le Caire, Marrakech et Reus (Espagne). Ne serait-ce qu’en considérant simplement ces deux opérateurs, on imagine facilement la densité du trafic au plus fort de la saison d’été.
C’est sans compter également avec l’activité d’EasyJet et de tous les autres au départ de la plateforme avec en plus, tôt le matin l’arrivée des longs-courriers French bee, Corsair, Air Caraïbes, Air France qu’il faut également gérer.
Cerise sur le gâteau, des travaux sur les taxiways d’Orly sont prévus au printemps prochain.
Ces deux compagnies, basées à Orly, veulent profiter à fond du bel été qui se profile et faire le plein de passagers avec des programmes de vols très fournis.
La Française Transavia dont la flotte continue à augmenter avec actuellement 61 appareils, devrait être la plus impactée. Sur certains jours en été, elle prévoit un décollage toutes les 5 minutes en moyenne entre 6h et 7h.
L’Espagnole Vueling, quant à elle, et depuis qu’elle a récupéré les créneaux restitués par Air France comme Bruxelles l’avait exigé en échange des aides publiques, s’est également développée à vitesse grand V sur l’aéroport du sud parisien.
Pour cet été, elle prévoit 36 lignes au départ d’Orly, avec trois nouvelles destinations vers le Caire, Marrakech et Reus (Espagne). Ne serait-ce qu’en considérant simplement ces deux opérateurs, on imagine facilement la densité du trafic au plus fort de la saison d’été.
C’est sans compter également avec l’activité d’EasyJet et de tous les autres au départ de la plateforme avec en plus, tôt le matin l’arrivée des longs-courriers French bee, Corsair, Air Caraïbes, Air France qu’il faut également gérer.
Cerise sur le gâteau, des travaux sur les taxiways d’Orly sont prévus au printemps prochain.
Protection des riverains
Les opérateurs low cost, grands gagnants de la reprise, sont en croissance permanente et très présents à Orly - Photo C.H
Une autre contrainte, incontournable celle-ci, impose une limitation des départs entre 6h et 7h : l’arrêté du 6 octobre 1994 relatif aux créneaux horaires sur l'aéroport d'Orly.
Afin de protéger les riverains des nuisances sonores, le texte de loi limite à 250 000 à l’année le nombre de créneaux horaires attribuables entre 6h et 23h30.
Également, dans la période comprise entre 6 heures et 7 heures locales, et entre 22 heures et 23h30 locales, le nombre de créneaux est limité à 25.
Cependant, même avec ces limitations, cette tranche horaire matinale pose problème pour la Direction des services de la navigation aérienne (DSNA) qui, au sein de la DGAC, assume la responsabilité opérationnelle du contrôle aérien dans l’espace aérien français.
Si la DGAC n’a pas explicitement confirmé ce manque de contrôleurs pour absorber l’augmentation du trafic, il semble bien que c’est ce qu’ont compris les compagnies aériennes et notamment le Président de la FNAM.
Interrogée par TourMaG, la DGAC nous a informé qu’elle allait "pour les saisons ultérieures, examiner la manière d’adapter l’offre de contrôle aérien sur Orly à la demande croissante de vols exprimée par les compagnies aériennes sur la première heure du matin."
Si effectivement les effectifs ne sont plus assez nombreux, on peut légitimement s’inquiéter lorsque l’on sait que la formation des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne (ICNA) dure 3 ans.
Ça grogne donc aujourd’hui au sein des compagnies clientes à Orly. "Il faut être cohérent. Si on nous donne des slots, il faut nous permettre de les exécuter normalement ou alors il ne fallait pas les donner", nous confie l'un de ses responsables.
Afin de protéger les riverains des nuisances sonores, le texte de loi limite à 250 000 à l’année le nombre de créneaux horaires attribuables entre 6h et 23h30.
Également, dans la période comprise entre 6 heures et 7 heures locales, et entre 22 heures et 23h30 locales, le nombre de créneaux est limité à 25.
Cependant, même avec ces limitations, cette tranche horaire matinale pose problème pour la Direction des services de la navigation aérienne (DSNA) qui, au sein de la DGAC, assume la responsabilité opérationnelle du contrôle aérien dans l’espace aérien français.
Si la DGAC n’a pas explicitement confirmé ce manque de contrôleurs pour absorber l’augmentation du trafic, il semble bien que c’est ce qu’ont compris les compagnies aériennes et notamment le Président de la FNAM.
Interrogée par TourMaG, la DGAC nous a informé qu’elle allait "pour les saisons ultérieures, examiner la manière d’adapter l’offre de contrôle aérien sur Orly à la demande croissante de vols exprimée par les compagnies aériennes sur la première heure du matin."
Si effectivement les effectifs ne sont plus assez nombreux, on peut légitimement s’inquiéter lorsque l’on sait que la formation des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne (ICNA) dure 3 ans.
Ça grogne donc aujourd’hui au sein des compagnies clientes à Orly. "Il faut être cohérent. Si on nous donne des slots, il faut nous permettre de les exécuter normalement ou alors il ne fallait pas les donner", nous confie l'un de ses responsables.
4-FLIGHT, un nouveau système de gestion du trafic
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Au-delà de l’été 2023 et des problèmes liés à Orly, les exploitants des compagnies aériennes regardent aussi avec attention le développement et la mise en place progressive du système 4-FLIGHT, un intéressant programme pour moderniser le système de gestion du trafic aérien français.
4-FLIGHT a connu sa première mise en service opérationnelle le 14 juin 2022 au centre en route* (CRNA) de Reims, site-pilote du programme.
"Tout n’est pas encore parfait" de l’avis des opérateurs qui attendent avec un peu d’appréhension la mise en service sur le CRNA Nord qui va gérer toute la région parisienne.
De l’efficacité de ce nouvel outil dépend aussi la régularité des vols à venir dans les prochaines années.
* Un Centre en route de la navigation aérienne (CRNA) contrôle les avions dans un espace délimité et "en route", c’est-à-dire qui ne sont pas en phase de décollage ou d'atterrissage. Il y a cinq CRNA sur le territoire français : CRNA Nord, Est, Ouest, Sud Est et Sud-Ouest.
4-FLIGHT a connu sa première mise en service opérationnelle le 14 juin 2022 au centre en route* (CRNA) de Reims, site-pilote du programme.
"Tout n’est pas encore parfait" de l’avis des opérateurs qui attendent avec un peu d’appréhension la mise en service sur le CRNA Nord qui va gérer toute la région parisienne.
De l’efficacité de ce nouvel outil dépend aussi la régularité des vols à venir dans les prochaines années.
* Un Centre en route de la navigation aérienne (CRNA) contrôle les avions dans un espace délimité et "en route", c’est-à-dire qui ne sont pas en phase de décollage ou d'atterrissage. Il y a cinq CRNA sur le territoire français : CRNA Nord, Est, Ouest, Sud Est et Sud-Ouest.
Publié par Christophe Hardin
Journaliste AirMaG - TourMaG.com
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