Air France/Rep Dom : quelles solutions pour les tour-opérateurs pris de court ? 🔑

Air France a annoncé l'arrêt de ses vols vers la République Dominicaine pour la saison été 2023.

La compagnie tricolore ne desservira plus l'île des Caraïbes à partir de fin mars 2023, veille des vacances de Pâques.

A lire aussi : Exclusif : Air France arrête la desserte de la République Dominicaine ! 🔑

Pourtant la destination a particulièrement tiré son épingle du jeu pendant la crise sanitaire. Restée ouverte pendant la pandémie de Covid, la Rep Dom a été l'une des valeurs sûres des voyagistes français.

Comme nous l'indiquait hier René-Marc Chikli, président du SETO, pour les tour-opérateurs "ce n'est pas une bonne nouvelle. La République Dominicaine est la seule destination long-courrier qui a fonctionné malgré le Covid.

Elle a même fait son entrée dans le Top 10 cet été. Et puis en tant que voyagiste, plus il y a d'offres aériennes mieux on se porte..."

Avec une hausse du coût de carburant, et un dollar fort, les tarifs grimpent et la destination pourrait perdre son attractivité.

D'autant que le pays affiche l'un des prix du kérosène les plus élevés de la zone caraïbe : +25% par rapport à Cancun au Mexique et +35% par rapport aux Antilles.

"La destination va devenir trop chère pour les Français. Dollar et hausse carburant, ça fait beaucoup, sans oublier que la haute saison s'arrête au 15 avril", résume Laurent Abitbol, Président du Groupe Marietton qui comprend, néanmoins, qu'une compagnie puisse stopper une activité qui ne serait plus rentable.

Avec l'ouverture de l'Asie, Air France va-t-elle repositionner sa flotte vers des lignes à plus haute contribution et à double entrée ? La question est posée.

En attendant, pour les tour-opérateurs ce n'est pas un signal positif et certains sont plus impactés que d'autres.

En effet un voyagiste qui a basé une grosse partie de sa politique de remplissage sur Air France va devoir trouver un plan B... mais à quel prix ?

TUI France qui travaille avec la compagnie tricolore s'attelle à trouver une solution. Il nous précise : "Nous avons eu l’information très récemment par Air France de l’arrêt de la desserte (à partir du 25 mars 2023) sur la République Dominicaine.

Nous avons appris ces dernières années à être flexibles et à nous adapter dans tous les cas de figure. Nous sommes déjà en train d’étudier les meilleures solutions pour nos clients".

TUI France n'est pas le seul dans ce cas. Le Club Med, l'un des plus gros vendeurs de la destination, qui s'appuie sur un plan de vol Air France pour amener ses GM dans l'un de ses deux resorts dominicains, va devoir assurer le transport, notamment pour les vacances de Pâques.

On dit même que Henri Giscard d'Estaing, passablement irrité par la décision soudaine de la compagnie tricolore, aurait décroché son téléphone pour appeler Ben Smith.

Contactée par nos soins, la marque au Trident est restée politiquement correcte et ne souhaite pas commenter la décision de la compagnie : "Mais (nous) savons que le SETO auquel nous appartenons le fera au titre de la profession," nous précise un porte-parole.

Le SETO va en effet demander à Air France de revoir leur position pour que la compagnie puisse prolonger au moins jusqu'aux vacances de Pâques.

Pour les autres tour-opérateurs qui ont misé à la fois sur le flex et sur des allotements d'autres compagnies, l'impact est moindre mais le risque de voir apparaitre une tension sur les stocks et les prix est réel.

Pour Philippe Sangouard directeur de Boomerang/Kappa Club, "quand une compagnie stoppe ses vols, cela peut toujours poser un problème en terme de stocks. Mais dans ce cas, nous avons pris les mesures nécessaires", explique-t-il.

Une analyse partagée par Selatt Erdogan, directeur commercial de Mondial Tourisme, qui va ouvrir un deuxième Mondi Club sur l'île : "Nous sommes partenaires d'Air Caraïbes. Mais l'arrêt des vols d'Air France pourrait provoquer un embouteillage sur les stocks. Il sera compliqué de re-stocker si nos sièges se remplissent."

Cependant Philippe Sangouard n'est pas inquiet : "la nature à horreur du vide. Il se peut que d'ici l'hiver d'autres se positionnent et puis au départ de la province il y a de nombreuses possibilités sur des vols via le Portugal, l'Espagne..."

"Peut-être Corsair, qui a réduit la voilure, pourrait de nouveau se repositionner...", poursuit Selatt Erdogan. "Nous avons aussi la possibilité de passer via l'Allemagne ou la Belgique".

Si les voyagistes doivent s'adapter, c'est surtout un coup dur pour la République Dominicaine qui avait une nouvelle fois réaffirmé son attachement au marché français à l'occasion de l'IFTM Top Resa.

D'autant que la destination devra aussi faire face au retour de la concurrence de pays qui ont eu, jusqu'ici, une politique d'ouverture un peu plus restrictive...