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Bnbsitter : quand la loi contre Airbnb fait couler une start-up... française !

Bnbsitter est à la recherche de repreneurs


Les lois contre les géants du web peuvent avoir des effets collatéraux pour les jeunes pousses les plus fragiles ou les autres acteurs du marché. Ainsi, la loi ELAN, encadrant la location de courte durée en France a causé la fin accélérée de Bnbsitter alors que, pendant ce temps, Airbnb étend sa toile. Les députés et les ministres français donnent l'impression d'aller à contre-courant d'un monde économique qui paraît aller trop vite pour eux, étonnant non ?


Rédigé par le Mercredi 3 Juillet 2019

Bnbsitter laisse sur le carreau 35 employés, mais espère toutefois une reprise de la marque. D'après son créateur, de nombreuses entreprises ont d'ores et déjà montré leur intérêt - Crédit photo : Bnbsitter
Bnbsitter laisse sur le carreau 35 employés, mais espère toutefois une reprise de la marque. D'après son créateur, de nombreuses entreprises ont d'ores et déjà montré leur intérêt - Crédit photo : Bnbsitter
Je vais vous conter une histoire qui illustre bien que l'excès de lois nuit à l'activité économique et pourrait faire réfléchir Bruno Le Maire, Ministre de l'Économie et des Finances ou les autres ministres enfermés dans leur tour de verre.

Tout commence au début des années 2010. Deux jeunes Italiens, l'un docteur en sociologie de l'EHESS, et l'autre détenteur d'une thèse de physique et chimie, mais surtout des fervents utilisateurs d'Airbnb découvrent une faille dans l'activité de la plateforme.

En 2014, les deux trentenaires créent une conciergerie à destination des propriétaires des logements présents sur Airbnb, dans le but de fluidifier la relation avec les locataires.

De l'accueil à la remise des clés, en passant par le ménage ou encore la réservation d'un taxi, Bnbsitter s'occupe de tout et apporte de l'humain dans des échanges qui étaient jusque-là digitaux.

Le succès est vite au rendez-vous. Un an plus tard, la jeune pousse affiche une croissance indécente de son chiffre d'affaires, doublant chaque mois, et elle annonce avoir accueilli 10 000 voyageurs seulement sur Paris.

Deux ans plus tard, les compteurs flambent. Le nombre de voyageurs dépasse les 50 000, et la levée de fonds tant attendue enregistre 7 chiffres, pour atteindre 2,2 millions d'euros.

Une success story à la française... Mais ça s'était avant la fin de l'année 2018 et surtout la loi française pour lutter contre Airbnb.

Bnbstitter laisse 35 employés sur le carreau

En effet, le gouvernement français, las de voir les centre-villes désertés par ses habitants, décide de sévir, dans la lignée des autres grands centres urbains du monde entier.

"Ils l'ont voulu pour répondre aux enjeux du calendrier politique, et dans le même temps il y avait les ambitions politiques de certains élus," analyse Piero Ciprano, l'un des fondateurs de Bnbsitter.

Airbnb, à défaut d'être rentable, l'est tout du moins pour les propriétaires de logements inscrivant leurs biens sur la plateforme.

La pression contre le géant américain se matérialise donc par la loi ELAN (Evolution du logement, de l'aménagement et du numérique) publiée au Journal officiel du 24 novembre 2018.

Cette dernière prévoit une inscription des biens situés dans les villes qui l'exigent pour pouvoir être loués sur les plateformes, mais surtout un durcissement des sanctions contre les propriétaires ne respectant pas la réglementation.

Face à cette législation contraignante, Bnbsitter observe un fléchissement de ses abonnements, mais pas seulement.

Et le responsable de poursuivre : "pendant l'été 2018, nous étions engagés dans le processus d'une levée de fonds de 3 millions d'euros. Du jour au lendemain, les investisseurs se sont détournés", le battage médiatique contre le business model du géant américain faisant son travail.

Pendant qu'Airbnb affichait un chiffre d'affaires record pour le dernier trimestre de l'année 2018 et s'est autoproclamé rentable en début d'année 2019, sans toutefois dévoiler le montant de ses bénéfices, la petite start-up française a vacillé.

"Notre croissance a baissé, elle ne suffisait plus. Nous espérions que la levée de fonds nous permettrait de tenir 1 an et demi, pour devenir rentable. Avec Bnbsitter, c’est une partie de l’économie collaborative made in France qui déclare sa faillite", souffle désabusé Piero Ciprano.

Bnbsitter laisse sur le carreau 35 employés, mais espère toutefois une reprise de la marque. D'après son créateur, de nombreuses entreprises ont d'ores et déjà montré leur intérêt.

Que va régler la taxe GAFA ?

Cette histoire maussade démontre bien que les moyens engagés par les Etats, pour légiférer contre la nouvelle industrie numérique, ne sont plus adaptés.

Vouloir encadrer les activités est une bonne chose, mais encore faut-il pouvoir ne pas attendre que le ver ait mangé la moitié de la pomme, pour traiter cette dernière.

Les gouvernements doivent être pro-actifs, ne pas légiférer à contre-courant, comme c'est le cas avec les fameuses trottinettes qui ont envahi les trottoirs des villes françaises occasionnant de nombreux blessés.

Ce n'est pas tout, la fameuse et tant désirée loi GAFA devant rétablir une justice fiscale, en ponctionnant les géants du numérique à hauteur de 3% de leur chiffre d'affaires, aura-t-elle les effets souhaités ?

En partie seulement, car la plupart des entreprises ciblées ne déclarent qu'une infime portion des recettes enregistrées en France, la plus grosse part du gâteau continuant d'échapper à l'impôt.

Puis la taxation va aussi s'appliquer aux entreprises... européennes. Pendant que Bruno Le Maire plastronne, en pensant faire plier les patrons des GAFA, du côté de Booking, la colère monte.

"Nous payons nos impôts en Europe, donc ça fait mal de se retrouver dans le même panier que d'autres. La taxe est assez mal faite, car elle peut impliquer une double ou triple taxation", nous expliquait Olivier Grémillon, vice-président de Booking.com.

D'autant que la mauvaise image véhiculée par ces mastodontes peut rejaillir sur les acteurs technologiques aux bilans comptables propres.

"L’amalgame créé entre les deux a paradoxalement pénalisé pour le moment une start-up 100% française et a eu peu d’effets sur les mastodontes internationaux," pense Piero Ciprano, l'un des fondateurs de Bnbsitter.

Sans être contre l'innovation, la mésaventure pose aussi la question de la conception et de l'adaptation de nos villes et de nos Etats, face à la déferlante de nouvelles technologies et nos modes de consommation.

A force de regarder seulement l'instant présent, on en oublie le futur et jamais nos politiques ne prévoient le coup d'après.

Et le créateur de la start-up d'imaginer : "je me demande si en créant la start-up à Londres ou ailleurs, nous aurions connu le même sort..."

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par Charlotte le 04/07/2019 01:44 | Alerter
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Ces nouveaux chômeurs peuvent dire merci à Ian Brossat et Hidalgo qui sont les promoteurs parisiens de cette loi stupide.

2.Posté par vergne le 04/07/2019 10:15 | Alerter
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Merci à ces deux dirigeants pleurnichards qui ont claqué la porte du jour au lendemain sans avoir la décence d'informer suffisamment à l’avance tous les sitters ainsi que loueurs

3.Posté par Piero Cipriano le 04/07/2019 12:48 | Alerter
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Bonjour “
comme vous pouvez l'imaginer, ce n'est pas une démarche que nous avons prévu ou avons pu prévoir. Ce sont des délais qui nous ont été imposés par les autorités publiques. Mais cela vous avez l’air de l’ignorer complètement.

Ce que nous pouvons faire par contre, c'est de nous mettre à votre disposition, chose que tous les sitter, toute notre team (sur base volontaire) et mon associé et moi avons fait, pour que, malgré ces conditions strictes, nous puissions aider tous nos utilisateurs une dernière fois encore pour que les choses se passent bien.

Bien à vous,
Piero, CEO @ Bnbsitter

4.Posté par Jean le 04/07/2019 12:53 | Alerter
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J'étais chez Bnbsitter et me suis retrouvé du jour au lendemain sans conciergerie pour gérer mes réservations à venir pour les mois de Juillet et Aout.
Après en avoir appelé plusieurs dans l'urgence, j'ai finalement trouvé la conciergerie AIRSORTED qui a pu prendre le relai très rapidement ! Merci pour la rapidité et l'efficacité !

5.Posté par Jean le 04/07/2019 13:11 | Alerter
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Je tiens néanmoins à rajouter que BnBsitter a toujours délivré un service de grande qualité et qu'il est malheureux qu'une startup française avec autant de potentiel est dû arrêter en raison de la règlementation abusive mise en place par la Mairie de Paris notamment.

Pour répondre à @vergne, je ne pense pas que le CEO ait fait cela par choix et un peu de compassion serait la bienvenue car il y a derrière cette société aussi des dizaines d'employés qui se retrouvent sans emplois.

6.Posté par Benjamin Resaconseil.com le 05/07/2019 11:33 | Alerter
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Il serait aussi peut être temps de repenser le modèle Startup aussi...

Je précise en préambule qu'en aucun cas je ne fais le procès de cette société, je ne juge pas non plus, c'est plus une réflexion globale.

Une phrase importante dans cet article : "Notre croissance a baissé, elle ne suffisait plus. Nous espérions que la levée de fonds nous permettrait de tenir 1 an et demi, pour devenir rentable"

En gros levée de fonds = survie

Car attention si on lit bien, ce qui a tué la boite, ce n'est pas la baisse de l'activité, c'est l'échec de la levée de fonds....car la société n'était pas rentable (l'était elle avant la baisse de l'activité ? ou vivait elle à crédit sur la première levée de 2.2M€ ?)

Ok je comprends tout à fait les enjeux dans un monde globalisé, si B lève 5 millions, alors A doit suivre la course. Et le premier qui lève 100 millions a gagné, rachète ses concurrents et écrase le marché

"Winner takes all" comme on dit

Maintenant, si le modèle était rentable dès le départ, que la croissance se faisait par étape, les entreprises seraient moins dépendantes des levées de fonds.

Aujourd’hui un patron de start up passe 80% de son temps à chercher des financements, est ce vraiment raisonnable ?

On fait une levée de fonds A, on vit 2 ans dessus, on fait une levée B pour rembourser A et vivre encore 1 an, on fait une levée de fond C et puis.... on coule...

Combien de fois avez vous lu cette fameuse phrase "Nous avons levé 2 millions d'euros, nous espérons être rentables dans 2 ans" ? L'espoir fait vivre ceci dit...

Les investisseurs misent sur 1 000 sociétés, en pariant qu'une deviendra Airbnb, et qu'il feront X10000
Ils se moquent que 999 coulent

Au final quel intérêt ? Seule une société va réussir, éventuellement embaucher 200 personnes (la panacée pour une startup de plusieurs milliards de CA, faites le ratio...) et des centaines vont couler (Winner take all encore une fois)

C'est la course aux financements, et tout le monde ESPÈRE être rentable, moi je dirai qu'il serait bon de commencer par être rentable.

Mais je vis probablement dans le passé... (j'ai 40 ans pas 80 pourtant) dans un monde fait d'artisans...

Bon courage à tous les startupers aux rêves les plus fous, la tête dans les nuages, moi je préfère garder les pieds sur terre

Benjamin
Resaconseil.com
https://www.resaconseil.com/

7.Posté par ALEX le 05/07/2019 17:21 | Alerter
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Article étroit d'esprit. Il faut peut-être repenser le contexte et voir plus loin que le bout de son nez économique. Paris se vide vraiment de ses habitants au centre et la crise du logement est réelle. Une start up, c'est sensé anticiper les externalités juridiques et c'est à prendre en compte dans le business plan! Franchement quand l'article dit : "nos politiques ne prévoient pas le coup d'après", je pense que sincèrement que c'est le contraire !
Entre choisir 35 employés sur le carreau ou bien faire de Paris une ville dortoir de touristes et gentrifiée à l'excès, je préfère largement la première option!
Et pourtant je suis moi-même loueur d'appartement Airbnb (uniquement ma résidence principale) et j'étais utilisateur de BnB sitter. La manière dont le CEO de BnB sitter a informé ses clients étaient d'un manque de professionnalisme et d'anticipation aberrants.
Arrêtons de dire que toutes les lois sont mauvaises du seul point de vue économique! Ok, la loi Gafa aura des effets de bords indésirables sur les entreprises européennes. Mais un Etat est là AUSSI pour protéger les droits de chacun, a commencer par permettre aux citoyens de mieux se loger ! Et tant mieux que cette loi soit la!

8.Posté par IMAD''''EDDINE Gael le 05/07/2019 17:27 | Alerter
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Excellent commentaire de Benjamin de Resaconseil.com
Prof de finance, j'enseigne mais j'ai aussi rencontré beaucoup de Venture Capitalists et entrepreneurs pendant ma thèse.
La crise de liquidités est la première raison de la faillite de beaucoup de Startups. La course à la croissance de la top Line en oubliant la trésorerie a ses limites. D'ailleurs, c'est bien l'échec de la levée de fonds qui a précipité la boîte. La causalité viendrait de la loi si on avait une cascade de faillites juste après son adoption. Est-ce vraiment le cas?
La réflexion sur les GAFA reste pertinente. Le double sandwich Irlandais/hollandais est juste aberrant et constitue une violation de la concurrence pure et parfaite. On va passer d'une économie concurrentielle avec une multitude d'acteurs à une économie avec des monopoles naturels qui échappent aux obligations fiscales. Et quand on aura des géants dont le chiffre d'affaires dépasse le PIB d'un pays moyen, je veux bien voir comment les gouvernements réussiront à imposer des lois anti-trust. Et une fois en situation de monopole c'est la porte ouverte aux rentes au détriment des consommateurs et des salariés potentiellement.
Il y a de la maladresse dans les choix politiques actuels, mais les GAFA et affiliés doivent émerger sans subventions publiques (l'absence d'impôts/TVA pour eux contrairement aux autres est une forme de subvention. Ex: Amazon qui pendant des années a été exempté de TVA aux États-Unis).

(Tapé sur un téléphone avec une mauvaise visibilité et un autocorrect capricieux)

9.Posté par jeremie le 07/07/2019 16:51 | Alerter
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En tout état de cause, bnbsitter a été précurseur et nombre de sociétés comme la mienne avons suivi le pas afin d apporter un service professionnel nécessaire pour les propriétaires. Nous avons investit, crée des milliers d emplois directs et indirects. Au delà des aspects purement financiers, lies au lever de fonds et au Start up, cette nouvelle économie collaborative est en marche, et il faut aider les petites entreprises françaises a continuer de se developper, et a embaucher en France.

Jeremie
www.mybnbservices.com

10.Posté par Pierre le 08/07/2019 15:36 | Alerter
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Depuis maintenant 2 ans, je faisais appel à BNB Sitter pour la location de mon appartement parisien et du jour au lendemain... plus rien ! Après avoir fais de nombreuses recherches, Jérémie et Ingrid de My BNB Services ont su reprendre la gestion intégrale de mon appartement, et j'en suis très satisfait ! Le début d'une nouvelle belle histoire je l'espère

11.Posté par Sophie H. le 15/07/2019 14:59 | Alerter
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Ancienne utilisatrice des services de BnBsitter, je me suis pour ma part tournée vers Airsorted qui m'a d'ailleurs proposé une commission plus faible qu'avant (18%) pour un service complet cette fois-ci !
Bien qu'ils ne soient apparemment présents qu'à Paris pour le moment en France, ils ont des antennes dans le monde entier !

12.Posté par Fred le 22/12/2019 08:52 | Alerter
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Bnbsitter avait été élu start-up de l'année!
Comment peut-on faire autant de chiffre d'affaire sans gagner d'argent ? Moi j'appelle ça de la cavalerie

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