Bnbsitter laisse sur le carreau 35 employés, mais espère toutefois une reprise de la marque. D'après son créateur, de nombreuses entreprises ont d'ores et déjà montré leur intérêt - Crédit photo : Bnbsitter
Je vais vous conter une histoire qui illustre bien que l'excès de lois nuit à l'activité économique et pourrait faire réfléchir Bruno Le Maire, Ministre de l'Économie et des Finances ou les autres ministres enfermés dans leur tour de verre.
Tout commence au début des années 2010. Deux jeunes Italiens, l'un docteur en sociologie de l'EHESS, et l'autre détenteur d'une thèse de physique et chimie, mais surtout des fervents utilisateurs d'Airbnb découvrent une faille dans l'activité de la plateforme.
En 2014, les deux trentenaires créent une conciergerie à destination des propriétaires des logements présents sur Airbnb, dans le but de fluidifier la relation avec les locataires.
De l'accueil à la remise des clés, en passant par le ménage ou encore la réservation d'un taxi, Bnbsitter s'occupe de tout et apporte de l'humain dans des échanges qui étaient jusque-là digitaux.
Le succès est vite au rendez-vous. Un an plus tard, la jeune pousse affiche une croissance indécente de son chiffre d'affaires, doublant chaque mois, et elle annonce avoir accueilli 10 000 voyageurs seulement sur Paris.
Deux ans plus tard, les compteurs flambent. Le nombre de voyageurs dépasse les 50 000, et la levée de fonds tant attendue enregistre 7 chiffres, pour atteindre 2,2 millions d'euros.
Une success story à la française... Mais ça s'était avant la fin de l'année 2018 et surtout la loi française pour lutter contre Airbnb.
Tout commence au début des années 2010. Deux jeunes Italiens, l'un docteur en sociologie de l'EHESS, et l'autre détenteur d'une thèse de physique et chimie, mais surtout des fervents utilisateurs d'Airbnb découvrent une faille dans l'activité de la plateforme.
En 2014, les deux trentenaires créent une conciergerie à destination des propriétaires des logements présents sur Airbnb, dans le but de fluidifier la relation avec les locataires.
De l'accueil à la remise des clés, en passant par le ménage ou encore la réservation d'un taxi, Bnbsitter s'occupe de tout et apporte de l'humain dans des échanges qui étaient jusque-là digitaux.
Le succès est vite au rendez-vous. Un an plus tard, la jeune pousse affiche une croissance indécente de son chiffre d'affaires, doublant chaque mois, et elle annonce avoir accueilli 10 000 voyageurs seulement sur Paris.
Deux ans plus tard, les compteurs flambent. Le nombre de voyageurs dépasse les 50 000, et la levée de fonds tant attendue enregistre 7 chiffres, pour atteindre 2,2 millions d'euros.
Une success story à la française... Mais ça s'était avant la fin de l'année 2018 et surtout la loi française pour lutter contre Airbnb.
Bnbstitter laisse 35 employés sur le carreau
En effet, le gouvernement français, las de voir les centre-villes désertés par ses habitants, décide de sévir, dans la lignée des autres grands centres urbains du monde entier.
"Ils l'ont voulu pour répondre aux enjeux du calendrier politique, et dans le même temps il y avait les ambitions politiques de certains élus," analyse Piero Ciprano, l'un des fondateurs de Bnbsitter.
Airbnb, à défaut d'être rentable, l'est tout du moins pour les propriétaires de logements inscrivant leurs biens sur la plateforme.
La pression contre le géant américain se matérialise donc par la loi ELAN (Evolution du logement, de l'aménagement et du numérique) publiée au Journal officiel du 24 novembre 2018.
Cette dernière prévoit une inscription des biens situés dans les villes qui l'exigent pour pouvoir être loués sur les plateformes, mais surtout un durcissement des sanctions contre les propriétaires ne respectant pas la réglementation.
Face à cette législation contraignante, Bnbsitter observe un fléchissement de ses abonnements, mais pas seulement.
Et le responsable de poursuivre : "pendant l'été 2018, nous étions engagés dans le processus d'une levée de fonds de 3 millions d'euros. Du jour au lendemain, les investisseurs se sont détournés", le battage médiatique contre le business model du géant américain faisant son travail.
Pendant qu'Airbnb affichait un chiffre d'affaires record pour le dernier trimestre de l'année 2018 et s'est autoproclamé rentable en début d'année 2019, sans toutefois dévoiler le montant de ses bénéfices, la petite start-up française a vacillé.
"Notre croissance a baissé, elle ne suffisait plus. Nous espérions que la levée de fonds nous permettrait de tenir 1 an et demi, pour devenir rentable. Avec Bnbsitter, c’est une partie de l’économie collaborative made in France qui déclare sa faillite", souffle désabusé Piero Ciprano.
Bnbsitter laisse sur le carreau 35 employés, mais espère toutefois une reprise de la marque. D'après son créateur, de nombreuses entreprises ont d'ores et déjà montré leur intérêt.
"Ils l'ont voulu pour répondre aux enjeux du calendrier politique, et dans le même temps il y avait les ambitions politiques de certains élus," analyse Piero Ciprano, l'un des fondateurs de Bnbsitter.
Airbnb, à défaut d'être rentable, l'est tout du moins pour les propriétaires de logements inscrivant leurs biens sur la plateforme.
La pression contre le géant américain se matérialise donc par la loi ELAN (Evolution du logement, de l'aménagement et du numérique) publiée au Journal officiel du 24 novembre 2018.
Cette dernière prévoit une inscription des biens situés dans les villes qui l'exigent pour pouvoir être loués sur les plateformes, mais surtout un durcissement des sanctions contre les propriétaires ne respectant pas la réglementation.
Face à cette législation contraignante, Bnbsitter observe un fléchissement de ses abonnements, mais pas seulement.
Et le responsable de poursuivre : "pendant l'été 2018, nous étions engagés dans le processus d'une levée de fonds de 3 millions d'euros. Du jour au lendemain, les investisseurs se sont détournés", le battage médiatique contre le business model du géant américain faisant son travail.
Pendant qu'Airbnb affichait un chiffre d'affaires record pour le dernier trimestre de l'année 2018 et s'est autoproclamé rentable en début d'année 2019, sans toutefois dévoiler le montant de ses bénéfices, la petite start-up française a vacillé.
"Notre croissance a baissé, elle ne suffisait plus. Nous espérions que la levée de fonds nous permettrait de tenir 1 an et demi, pour devenir rentable. Avec Bnbsitter, c’est une partie de l’économie collaborative made in France qui déclare sa faillite", souffle désabusé Piero Ciprano.
Bnbsitter laisse sur le carreau 35 employés, mais espère toutefois une reprise de la marque. D'après son créateur, de nombreuses entreprises ont d'ores et déjà montré leur intérêt.
Que va régler la taxe GAFA ?
Cette histoire maussade démontre bien que les moyens engagés par les Etats, pour légiférer contre la nouvelle industrie numérique, ne sont plus adaptés.
Vouloir encadrer les activités est une bonne chose, mais encore faut-il pouvoir ne pas attendre que le ver ait mangé la moitié de la pomme, pour traiter cette dernière.
Les gouvernements doivent être pro-actifs, ne pas légiférer à contre-courant, comme c'est le cas avec les fameuses trottinettes qui ont envahi les trottoirs des villes françaises occasionnant de nombreux blessés.
Ce n'est pas tout, la fameuse et tant désirée loi GAFA devant rétablir une justice fiscale, en ponctionnant les géants du numérique à hauteur de 3% de leur chiffre d'affaires, aura-t-elle les effets souhaités ?
En partie seulement, car la plupart des entreprises ciblées ne déclarent qu'une infime portion des recettes enregistrées en France, la plus grosse part du gâteau continuant d'échapper à l'impôt.
Puis la taxation va aussi s'appliquer aux entreprises... européennes. Pendant que Bruno Le Maire plastronne, en pensant faire plier les patrons des GAFA, du côté de Booking, la colère monte.
"Nous payons nos impôts en Europe, donc ça fait mal de se retrouver dans le même panier que d'autres. La taxe est assez mal faite, car elle peut impliquer une double ou triple taxation", nous expliquait Olivier Grémillon, vice-président de Booking.com.
D'autant que la mauvaise image véhiculée par ces mastodontes peut rejaillir sur les acteurs technologiques aux bilans comptables propres.
"L’amalgame créé entre les deux a paradoxalement pénalisé pour le moment une start-up 100% française et a eu peu d’effets sur les mastodontes internationaux," pense Piero Ciprano, l'un des fondateurs de Bnbsitter.
Sans être contre l'innovation, la mésaventure pose aussi la question de la conception et de l'adaptation de nos villes et de nos Etats, face à la déferlante de nouvelles technologies et nos modes de consommation.
A force de regarder seulement l'instant présent, on en oublie le futur et jamais nos politiques ne prévoient le coup d'après.
Et le créateur de la start-up d'imaginer : "je me demande si en créant la start-up à Londres ou ailleurs, nous aurions connu le même sort..."
Vouloir encadrer les activités est une bonne chose, mais encore faut-il pouvoir ne pas attendre que le ver ait mangé la moitié de la pomme, pour traiter cette dernière.
Les gouvernements doivent être pro-actifs, ne pas légiférer à contre-courant, comme c'est le cas avec les fameuses trottinettes qui ont envahi les trottoirs des villes françaises occasionnant de nombreux blessés.
Ce n'est pas tout, la fameuse et tant désirée loi GAFA devant rétablir une justice fiscale, en ponctionnant les géants du numérique à hauteur de 3% de leur chiffre d'affaires, aura-t-elle les effets souhaités ?
En partie seulement, car la plupart des entreprises ciblées ne déclarent qu'une infime portion des recettes enregistrées en France, la plus grosse part du gâteau continuant d'échapper à l'impôt.
Puis la taxation va aussi s'appliquer aux entreprises... européennes. Pendant que Bruno Le Maire plastronne, en pensant faire plier les patrons des GAFA, du côté de Booking, la colère monte.
"Nous payons nos impôts en Europe, donc ça fait mal de se retrouver dans le même panier que d'autres. La taxe est assez mal faite, car elle peut impliquer une double ou triple taxation", nous expliquait Olivier Grémillon, vice-président de Booking.com.
D'autant que la mauvaise image véhiculée par ces mastodontes peut rejaillir sur les acteurs technologiques aux bilans comptables propres.
"L’amalgame créé entre les deux a paradoxalement pénalisé pour le moment une start-up 100% française et a eu peu d’effets sur les mastodontes internationaux," pense Piero Ciprano, l'un des fondateurs de Bnbsitter.
Sans être contre l'innovation, la mésaventure pose aussi la question de la conception et de l'adaptation de nos villes et de nos Etats, face à la déferlante de nouvelles technologies et nos modes de consommation.
A force de regarder seulement l'instant présent, on en oublie le futur et jamais nos politiques ne prévoient le coup d'après.
Et le créateur de la start-up d'imaginer : "je me demande si en créant la start-up à Londres ou ailleurs, nous aurions connu le même sort..."