Dans le courant du mois de juillet, Corsair dépose une demande de procédure de conciliation au Tribunal de Pointe-à-Pitre, une démarche ouverte au minimum pour 4 mois - DR Corsair
Dans la vie, il y a ceux qui ont tendance à voir la bouteille à moitié pleine ou à moitié vide...
Pascal de Izaguirre, le PDG de Corsair fait partie de la première catégorie, celle des gens optimistes.
En juillet dernier, alors que la profession comptait les jours avant de mettre les téléphones sur répondeur et de fermer boutique, le patron de la compagnie prenait la parole pour faire passer quelques messages.
"Les avions sont pleins et c'est très satisfaisant. Au niveau de l'activité, la saison estivale sera supérieure à celle de 2019 (...) Si besoin était, je sais que nos actionnaires seront derrière Corsair.
Je n'ai pas d'inquiétude à ce niveau et c'est satisfaisant," nous annonçait alors celui qui prenait en même temps la présidence de la FNAM.
Nous sommes fin juillet 2022. Officiellement tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, officieusement la situation est plus nuancée.
D'après nos informations, recoupées auprès de différentes sources, Corsair aurait fait la demande d'une procédure de conciliation auprès du Tribunal Mixte de Commerce de Pointe-à-Pitre.
Pascal de Izaguirre, le PDG de Corsair fait partie de la première catégorie, celle des gens optimistes.
En juillet dernier, alors que la profession comptait les jours avant de mettre les téléphones sur répondeur et de fermer boutique, le patron de la compagnie prenait la parole pour faire passer quelques messages.
"Les avions sont pleins et c'est très satisfaisant. Au niveau de l'activité, la saison estivale sera supérieure à celle de 2019 (...) Si besoin était, je sais que nos actionnaires seront derrière Corsair.
Je n'ai pas d'inquiétude à ce niveau et c'est satisfaisant," nous annonçait alors celui qui prenait en même temps la présidence de la FNAM.
Nous sommes fin juillet 2022. Officiellement tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, officieusement la situation est plus nuancée.
D'après nos informations, recoupées auprès de différentes sources, Corsair aurait fait la demande d'une procédure de conciliation auprès du Tribunal Mixte de Commerce de Pointe-à-Pitre.
La réponse de la direction de Corsair :
"Compte tenu de la dégradation de l’environnement économique, nous avons souhaité renégocier nos prêts avec l’appui de notre conciliateur Maitre Hélène Bourbouloux qui est notre conciliatrice judiciaire depuis le plan de restructuration de 2020, ce qui est possible dans le cadre de la procédure de conciliation.
La saison estivale a été très satisfaisante avec des chiffres de trafic supérieurs à la saison été 2019, et les perspectives de l’hiver s’annoncent bonnes également.
Le programme de l’hiver sera annoncé prochainement à l’occasion de l’IFM Top résa."
La saison estivale a été très satisfaisante avec des chiffres de trafic supérieurs à la saison été 2019, et les perspectives de l’hiver s’annoncent bonnes également.
Le programme de l’hiver sera annoncé prochainement à l’occasion de l’IFM Top résa."
Qu'est-ce que la procédure de conciliation ?
Cette procédure amiable vise à prévenir "les difficultés des entreprises", dans l'objectif de trouver un accord entre la société "et ses principaux créanciers" explique alors le site entreprendre.service-public.
Ainsi dans le courant du mois de juillet, Corsair dépose une demande de procédure de conciliation au Tribunal de Pointe-à-Pitre, une démarche ouverte au minimum pour 4 mois.
Cela ne signifie pas que l'entreprise est en cessation de paiements, mais plutôt qu'elle cherche à trouver des solutions. Pour le cas présent, la direction tente de renégocier la dette covid, contractée auprès des services de l'Etat.
La demande de conciliation peut interpeller pour une entreprise que le CIRI, suit de près depuis maintenant 2 ans.
"Le Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI) a pour mission d'aider les entreprises en difficulté à élaborer et mettre en œuvre des solutions permettant d'assurer leur pérennité et leur développement," rappelle le site de l'instance.
L'entreprise bénéficie alors d'un bouclier fiscal de 3 ans, en plus de ne pas payer certaines charges (URSSAF...). Les créances vis-à-vis de l'Etat ne seront pas remboursées avant janvier 2023.
Une échéance proche qui ne tombe pas nécessairement au meilleur des moments.
Ainsi dans le courant du mois de juillet, Corsair dépose une demande de procédure de conciliation au Tribunal de Pointe-à-Pitre, une démarche ouverte au minimum pour 4 mois.
Cela ne signifie pas que l'entreprise est en cessation de paiements, mais plutôt qu'elle cherche à trouver des solutions. Pour le cas présent, la direction tente de renégocier la dette covid, contractée auprès des services de l'Etat.
La demande de conciliation peut interpeller pour une entreprise que le CIRI, suit de près depuis maintenant 2 ans.
"Le Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI) a pour mission d'aider les entreprises en difficulté à élaborer et mettre en œuvre des solutions permettant d'assurer leur pérennité et leur développement," rappelle le site de l'instance.
L'entreprise bénéficie alors d'un bouclier fiscal de 3 ans, en plus de ne pas payer certaines charges (URSSAF...). Les créances vis-à-vis de l'Etat ne seront pas remboursées avant janvier 2023.
Une échéance proche qui ne tombe pas nécessairement au meilleur des moments.
Pourquoi Corsair a attendu juillet pour sonner l'alerte ?
De l'aveu même de Pascal de Izaguirre dans un entretien sur la chaine Youtube du CIRI, Corsair a bénéficié d'un plan " de soutien financier, l'aide de l'Etat bien sûr et également des engagements conséquents de la part de notre actionnaire TUI, puis l'apport en "New Money" avec des investisseurs privés."
Ce n'est pas tout. L'instance a demandé aussi une restructuration des effectifs, via la réalisation d'un Plan de Sauvegarde de l'emploi (PSE), ayant coûté près de 18 millions d'euros.
Un travail de fond ayant permis de sauver la compagnie, mais aussi de "poursuivre la mise en œuvre de sa stratégie".
En somme, Corsair est ressortie de cette crise "le mieux armée possible, même si celle-ci n'est pas terminée et que le contexte reste difficile" concluait la vidéo du patron du transporteur.
Nous étions alors à la fin juin 2022.
Depuis l'environnement ne s'est pas nécessairement amélioré.
Air France a poursuivi sa politique estivale en alignant des "surcapacités" sur les destinations ultramarines, les préfets ont décidé de faire payer aux compagnies les hausses carburant, pour épargner les Antillais et le pétrole opère un yo-yo angoissant pour les gestionnaires.
Pour la compagnie nationale, cette augmentation des sièges correspond plus à une opportunité qui trouvera fin à l'hiver prochain. Air France ayant annoncé que son offre reviendrait à des niveaux proches de ceux d’avant crise.
Dans le même temps, l'euro s'effondre face au dollar, entrainant une surenchère des coûts. Le contexte n'est pas propre à Corsair, mais concerne toutes les compagnies aériennes.
Si les avions se remplissent, les marges ne sont pas bonnes pour les acteurs de la zone. Le carburant brûle la trésorerie, le matelas se consume trop rapidement. En juillet 2022, les commissaires aux comptes émettent une alerte.
Ce n'est pas tout. L'instance a demandé aussi une restructuration des effectifs, via la réalisation d'un Plan de Sauvegarde de l'emploi (PSE), ayant coûté près de 18 millions d'euros.
Un travail de fond ayant permis de sauver la compagnie, mais aussi de "poursuivre la mise en œuvre de sa stratégie".
En somme, Corsair est ressortie de cette crise "le mieux armée possible, même si celle-ci n'est pas terminée et que le contexte reste difficile" concluait la vidéo du patron du transporteur.
Nous étions alors à la fin juin 2022.
Depuis l'environnement ne s'est pas nécessairement amélioré.
Air France a poursuivi sa politique estivale en alignant des "surcapacités" sur les destinations ultramarines, les préfets ont décidé de faire payer aux compagnies les hausses carburant, pour épargner les Antillais et le pétrole opère un yo-yo angoissant pour les gestionnaires.
Pour la compagnie nationale, cette augmentation des sièges correspond plus à une opportunité qui trouvera fin à l'hiver prochain. Air France ayant annoncé que son offre reviendrait à des niveaux proches de ceux d’avant crise.
Dans le même temps, l'euro s'effondre face au dollar, entrainant une surenchère des coûts. Le contexte n'est pas propre à Corsair, mais concerne toutes les compagnies aériennes.
Si les avions se remplissent, les marges ne sont pas bonnes pour les acteurs de la zone. Le carburant brûle la trésorerie, le matelas se consume trop rapidement. En juillet 2022, les commissaires aux comptes émettent une alerte.
Corsair : La direction reste optimiste et déroule son plan
Rappelons que le mois de septembre est traditionnellement relativement pénible pour les comptes des compagnies. La saison estivale étant terminée, la trésorerie se vide.
C'est aussi une période où les voyageurs ne se projettent pas encore, ayant d'autres préoccupations pécuniaires comme la rentrée des classes ou les impôts.
En revanche, les charges restent constantes ou presque et les revenus se font plus rares.
Pour en revenir à Corsair qui essaye d'anticiper pour mieux gérer la suite, le Tribunal est saisi. Depuis, la Direction est assistée par des conciliateurs.
En interne, aux Antilles ou à Paris, le comité exécutif de la Compagnie se montre plutôt confiant. D'après la direction, la trésorerie est satisfaisante.
L'inquiétude est relativement modérée, nous dit-on. Dans le même temps, les responsables échaudés par le rapprochement avorté avec Air Austral, déroulent leur plan et peaufinent le développement de la compagnie.
D'ailleurs, le transporteur a signé un bon de commande pour 4 A330 Neo. Une opération nécessitant de montrer patte blanche et de décaisser 5 millions de dollars, pour rassurer la société de leasing.
Des signes plutôt encourageants pour la suite des opérations et surtout des mouvements effectués durant cette période de crise.
Pour en revenir à la procédure de conciliation, les sorties sont relativement restreintes. Soit le conciliateur trouve un accord avec les créanciers, pour rééchelonner les dettes, soit il n'y arrive pas si un débiteur rejette ses propositions.
La dernière option est la plus pessimiste et peut conduire au redressement judiciaire en cas de dégradation.
Espérons, pour la continuité et la pluralité des dessertes ultramarines, qu'on n'arrivera pas à ce stade.
Du côté de Bercy, le dossier du sauvetage de la compagnie semble définitivement refermé. Un conseiller contacté nous a répondu par un texto laconique "Nous n'avons plus de commentaire à faire sur le sujet."
Nous en saurons plus dans quelques mois, sur la gravité ou non de la démarche...
C'est aussi une période où les voyageurs ne se projettent pas encore, ayant d'autres préoccupations pécuniaires comme la rentrée des classes ou les impôts.
En revanche, les charges restent constantes ou presque et les revenus se font plus rares.
Pour en revenir à Corsair qui essaye d'anticiper pour mieux gérer la suite, le Tribunal est saisi. Depuis, la Direction est assistée par des conciliateurs.
En interne, aux Antilles ou à Paris, le comité exécutif de la Compagnie se montre plutôt confiant. D'après la direction, la trésorerie est satisfaisante.
L'inquiétude est relativement modérée, nous dit-on. Dans le même temps, les responsables échaudés par le rapprochement avorté avec Air Austral, déroulent leur plan et peaufinent le développement de la compagnie.
D'ailleurs, le transporteur a signé un bon de commande pour 4 A330 Neo. Une opération nécessitant de montrer patte blanche et de décaisser 5 millions de dollars, pour rassurer la société de leasing.
Des signes plutôt encourageants pour la suite des opérations et surtout des mouvements effectués durant cette période de crise.
Pour en revenir à la procédure de conciliation, les sorties sont relativement restreintes. Soit le conciliateur trouve un accord avec les créanciers, pour rééchelonner les dettes, soit il n'y arrive pas si un débiteur rejette ses propositions.
La dernière option est la plus pessimiste et peut conduire au redressement judiciaire en cas de dégradation.
Espérons, pour la continuité et la pluralité des dessertes ultramarines, qu'on n'arrivera pas à ce stade.
Du côté de Bercy, le dossier du sauvetage de la compagnie semble définitivement refermé. Un conseiller contacté nous a répondu par un texto laconique "Nous n'avons plus de commentaire à faire sur le sujet."
Nous en saurons plus dans quelques mois, sur la gravité ou non de la démarche...