La direction d'Air Austral a dénoncé en mars 2022 les accords des pilotes, ces derniers clament pour une agression- Depositphotos @ingka.d.jiw
En fin du mois dernier, de source gouvernementale nous apprenions que le rapprochement entre Air Austral et Corsair Ă©tait en bonne voie.
D'après cette personne proche du dossier, la solution privilégiée serait celle de la création d'une holding prenant le contrôle des deux compagnies, grâce à l'arrivée d'un actionnaire extérieur.
Et comme souvent lors d'un mariage capitalistique, l'enjeu est de rendre la mariée plus belle, pourtant à la Réunion, il ne fallait pas s'attendre à un plan social ou une restructuration, élection présidentielle oblige.
"Air Austral est un employeur important de l'île, le futur investisseur le sait et nous lui rappellerons. En revanche, dans ce genre d'opération, il y a forcément des renégociations de conventions collectives ou des départs.
Il y a aura des évolution et des négociations sociales, mais tout cela doit se faire sans heurts pour le corps social du transporteur," nous explique-t-on à l'époque.
La consigne n'est pas bien passée à la Réunion, où la direction pourrait provoquer un conflit avec... ses pilotes.
Le changement de mois s'accompagne visiblement d'un basculement vers une guerre des chefs pour obtenir la future présidence de la holding de celui qui deviendra le 2e groupe aérien français.
D'après cette personne proche du dossier, la solution privilégiée serait celle de la création d'une holding prenant le contrôle des deux compagnies, grâce à l'arrivée d'un actionnaire extérieur.
Et comme souvent lors d'un mariage capitalistique, l'enjeu est de rendre la mariée plus belle, pourtant à la Réunion, il ne fallait pas s'attendre à un plan social ou une restructuration, élection présidentielle oblige.
"Air Austral est un employeur important de l'île, le futur investisseur le sait et nous lui rappellerons. En revanche, dans ce genre d'opération, il y a forcément des renégociations de conventions collectives ou des départs.
Il y a aura des évolution et des négociations sociales, mais tout cela doit se faire sans heurts pour le corps social du transporteur," nous explique-t-on à l'époque.
La consigne n'est pas bien passée à la Réunion, où la direction pourrait provoquer un conflit avec... ses pilotes.
Le changement de mois s'accompagne visiblement d'un basculement vers une guerre des chefs pour obtenir la future présidence de la holding de celui qui deviendra le 2e groupe aérien français.
Air Austral dénonce les accords des pilotes !
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Le 1er mars 2022, la gouvernance d'Air Austral a décidé de dénoncer les accords collectifs de ses pilotes et seulement de cette catégorie socioprofessionnelle.
Cette procédure permet à un employeur ou une organisation syndicale de demander la disparition de l’accord social et donc aux parties prenantes de s'assoir à la table pour repartir sur de nouvelles bases.
"Nous ne voyons pas l'intérêt, si ce n'est de mettre les pilotes en colère. Quelqu'un souhait-il faire capoter le deal avec nos confrères de Corsair ?" questionne un personnel navigant technique (PNT) d'Air Austral.
Aux Antilles, la dénonciation avait eu lieu, afin d'alléger les comptes de l'entreprise avant son rachat. A la Réunion, comme vous l'aurez compris, l'ambiance n'est pas vraiment à l'apaisement entre les différentes strates de la compagnie.
"La dénonciation a été faite de manière assez brutale et unilatéralement," recontextualise un salarié de l'entreprise.
Alors que les syndicats avaient fait preuve de responsabilité, en rentrant dans le rang, pour permettre un rapprochement dans le calme entre les deux groupes aériens. La direction d'Air Austral en aurait décidé autrement.
D'après un tract que nous avons consulté, une Assemblée générale du PNT est prévue ce mardi 8 mars 2022.
Alors que les pilotes sont les seuls visés par le management pour réaliser des économies et alléger une masse salariale que certaines rumeurs qualifient parfois de hors-norme sur le marché.
Et pourtant selon ce salarié, ce ne serait pas le cas et encore moins depuis les deux derniers exercices marqués par la crise sanitaire.
Cette procédure permet à un employeur ou une organisation syndicale de demander la disparition de l’accord social et donc aux parties prenantes de s'assoir à la table pour repartir sur de nouvelles bases.
"Nous ne voyons pas l'intérêt, si ce n'est de mettre les pilotes en colère. Quelqu'un souhait-il faire capoter le deal avec nos confrères de Corsair ?" questionne un personnel navigant technique (PNT) d'Air Austral.
Aux Antilles, la dénonciation avait eu lieu, afin d'alléger les comptes de l'entreprise avant son rachat. A la Réunion, comme vous l'aurez compris, l'ambiance n'est pas vraiment à l'apaisement entre les différentes strates de la compagnie.
"La dénonciation a été faite de manière assez brutale et unilatéralement," recontextualise un salarié de l'entreprise.
Alors que les syndicats avaient fait preuve de responsabilité, en rentrant dans le rang, pour permettre un rapprochement dans le calme entre les deux groupes aériens. La direction d'Air Austral en aurait décidé autrement.
D'après un tract que nous avons consulté, une Assemblée générale du PNT est prévue ce mardi 8 mars 2022.
Alors que les pilotes sont les seuls visés par le management pour réaliser des économies et alléger une masse salariale que certaines rumeurs qualifient parfois de hors-norme sur le marché.
Et pourtant selon ce salarié, ce ne serait pas le cas et encore moins depuis les deux derniers exercices marqués par la crise sanitaire.
Air Austral : "une agression manifeste, une phase assez dure"
"Contrairement à la rumeur qui circule, nous n'avons pas les meilleurs salaires et nous avons été le plus durement mis à contribution par le chômage partiel.
Nous avons compris que le nouvel actionnaire a demandé de faire des efforts, assez significativement accès sur les PNT."
Depuis deux ans, cette catégorie salariale a perdu 32% , sans inclure les départs qui ont été quantifiés à 22, soit 18% de l'effectif. Si les pilotes pensent avoir payé un tribut relativement cher, il semblerait que les études de benchmark s'aligneraient sur ceux de Corsair.
D'ailleurs, face à la reprise de l'activité et de la menace d'une grève en fin d'année 2021, les dirigeants du transporteur antillais ont remis en place les règles abolies durant la crise.
Ainsi, les négociations à Saint-Denis se baseraient sur des accords qui ne s'appliqueraient déjà plus au sein de Corsair.
Il faut s'avoir qu'au sein des rangs de cette dernière, le personnel verrait d'un mauvais œil un alignement sur les moins bonnes bases du futur groupe, préférant un mariage sur le mieux disant.
"C'est une agression manifeste, nous avons dépassé les bornes et nous allons entrer dans une phase assez dure.
Nous allons démontrer à ces personnes que les pilotes sont une ressource rare et chère, d'autant plus en ce moment, où nous recevons des dizaines d'offres chaque jour," explique ce salarié ayant préféré conserver l'anonymat.
Et comme souvent, le nerf de la guerre est financier.
Dans une entreprise aux finances exsangues, Marie-Joseph Malé exige une baisse des salaires de ses PNT de l'ordre de 20%. Une offre qui recevra sans doute une fin de non-recevoir à l'issue de l'Assemblée générale, tant "les pilotes sont remontés".
Nous avons compris que le nouvel actionnaire a demandé de faire des efforts, assez significativement accès sur les PNT."
Depuis deux ans, cette catégorie salariale a perdu 32% , sans inclure les départs qui ont été quantifiés à 22, soit 18% de l'effectif. Si les pilotes pensent avoir payé un tribut relativement cher, il semblerait que les études de benchmark s'aligneraient sur ceux de Corsair.
D'ailleurs, face à la reprise de l'activité et de la menace d'une grève en fin d'année 2021, les dirigeants du transporteur antillais ont remis en place les règles abolies durant la crise.
Ainsi, les négociations à Saint-Denis se baseraient sur des accords qui ne s'appliqueraient déjà plus au sein de Corsair.
Il faut s'avoir qu'au sein des rangs de cette dernière, le personnel verrait d'un mauvais œil un alignement sur les moins bonnes bases du futur groupe, préférant un mariage sur le mieux disant.
"C'est une agression manifeste, nous avons dépassé les bornes et nous allons entrer dans une phase assez dure.
Nous allons démontrer à ces personnes que les pilotes sont une ressource rare et chère, d'autant plus en ce moment, où nous recevons des dizaines d'offres chaque jour," explique ce salarié ayant préféré conserver l'anonymat.
Et comme souvent, le nerf de la guerre est financier.
Dans une entreprise aux finances exsangues, Marie-Joseph Malé exige une baisse des salaires de ses PNT de l'ordre de 20%. Une offre qui recevra sans doute une fin de non-recevoir à l'issue de l'Assemblée générale, tant "les pilotes sont remontés".
Air Austral : une guerre des coqs pour présider la future holding ?
"Pour nous, il est hors de questions de négocier avec la direction actuelle. Nous ne signerons pas d'accord, tant que le deal avec le nouvel actionnaire n'est pas signé et il nous faudra d'autres interlocuteurs," annonce cette personne.
Pour l'heure concernant l'identité de ce dernier, rien ne filtre, même s'il y avait encore 3 fonds d'investissement, dont un "non français" sur le dossier.
Toutefois, les pilotes ne souhaitent pas voir capoter la création de la holding.
L'option d'une grève lourde et immédiate serait écartée par les troupes d'Air Austral, en raison du risque encouru à quelques semaines de la signature du rapprochement avec Corsair .
Toujours selon le tract du SNPL que nous avons consulté, lors de l'Assemblée générale du 8 mars, les adhérents devront choisir entre des négociations avec la direction, même si cela a peu de chances d'être voté, une grève et une 3e option qui représente un mixe des deux.
Cette dernière consiste à entrer en négociation, une fois l'accord validé du nouvel actionnaire.
Si les salariés comprennent que l'avenir de la compagnie est en jeu, ils craignent malgré tout à terme une disparition d'Air Austral au profit de Corsair.
"Nous craignons pour l'avenir de l'entreprise et nous pensons sincèrement que nous allons nous faire dépecer, c'est écrit. Il n'y aura sans doute pas de casse sociale, mais les départs se feront dans le temps, à mesure de la fusion avec nos concurrents antillais."
Alors que le mariage est globalement vu d'un bon œil, les salariés réunionnais ont l'impression d'être les dommages collatéraux d'une guerre des coqs, avec d'un côté Marie-Joseph Malé et de l'autre Pascal de Izaguirre.
L'un voulant démontrer qu'il a la carrure pour redresser un avion dont le nez pique depuis des années et l'autre se poser en grand capitaine d'industrie.
"Où alors notre direction pratique tout simplement la politique de la terre brulée et préfère ne rien laisser à l'adversaire," se désespère le salarié, à quelques heures d'une AG qui s'annonce explosive pour l'avenir d'Air Austral.
Pour l'heure concernant l'identité de ce dernier, rien ne filtre, même s'il y avait encore 3 fonds d'investissement, dont un "non français" sur le dossier.
Toutefois, les pilotes ne souhaitent pas voir capoter la création de la holding.
L'option d'une grève lourde et immédiate serait écartée par les troupes d'Air Austral, en raison du risque encouru à quelques semaines de la signature du rapprochement avec Corsair .
Toujours selon le tract du SNPL que nous avons consulté, lors de l'Assemblée générale du 8 mars, les adhérents devront choisir entre des négociations avec la direction, même si cela a peu de chances d'être voté, une grève et une 3e option qui représente un mixe des deux.
Cette dernière consiste à entrer en négociation, une fois l'accord validé du nouvel actionnaire.
Si les salariés comprennent que l'avenir de la compagnie est en jeu, ils craignent malgré tout à terme une disparition d'Air Austral au profit de Corsair.
"Nous craignons pour l'avenir de l'entreprise et nous pensons sincèrement que nous allons nous faire dépecer, c'est écrit. Il n'y aura sans doute pas de casse sociale, mais les départs se feront dans le temps, à mesure de la fusion avec nos concurrents antillais."
Alors que le mariage est globalement vu d'un bon œil, les salariés réunionnais ont l'impression d'être les dommages collatéraux d'une guerre des coqs, avec d'un côté Marie-Joseph Malé et de l'autre Pascal de Izaguirre.
L'un voulant démontrer qu'il a la carrure pour redresser un avion dont le nez pique depuis des années et l'autre se poser en grand capitaine d'industrie.
"Où alors notre direction pratique tout simplement la politique de la terre brulée et préfère ne rien laisser à l'adversaire," se désespère le salarié, à quelques heures d'une AG qui s'annonce explosive pour l'avenir d'Air Austral.
Air Austral : "les négociations s'inscrivent dans le cadre de la restructuration demandée par l'Etat"
Une personne proche de la compagnie a souhaité apporter des précisons suite à l'article.
Tous les accords n'ont pas été dénoncés mais seulement "3 sur 13," le tout dans un contexte bien particulier, avec une compagnie qui a vu ses recettes fondre durant la crise sanitaire.
De plus, la dénonciation est le seul moyen possible pour négocier et réviser les accords.
"Aujourd'hui nous avons besoin de faire des économies, avec un besoin urgent de réduire les coûts, au regard des exigences faites par l'Etat, dans le cadre de l'aide validée par l'Union européenne," nous précise cette source ayant préféré garder l'anonymat.
En effet, suite à l'acceptation du prêt accordé par le gouvernement français pour permettre à Air Austral de couvrir son activité durant les mois à venir, l'Etat s'est engagé à mener une restructuration d'Air Austral.
Pour mener à bien cette mission vitale pour le transporteur, au-delà même du rachat, la direction aurait ausculté tous les postes de dépenses possibles.
"Nous activons tous les leviers nous permettant de réduire les coûts de l'entreprise. Nous regardons également du côté de la masse salariale. C’est pourquoi nous avons dénoncé certains des accords des PNT.
La réduction des coûts concerne l'ensemble de l'entreprise."
Cette personne rappelle que ce n'est pas une dénonciation par plaisir, mais dans le but de sauver le transporteur. D'ailleurs, la direction reconnaîtrait les efforts faits par les salariés depuis deux ans.
"Les négociations se poursuivent avec les PNT et pour le moment aucun mouvement social n'est prévu. Les échanges sont cordiaux."
Tout comme les salariés, l'équipe dirigeante serait elle aussi dans l'attente d'un dénouement, auquel les parties sont tenues à l'écart...
Tous les accords n'ont pas été dénoncés mais seulement "3 sur 13," le tout dans un contexte bien particulier, avec une compagnie qui a vu ses recettes fondre durant la crise sanitaire.
De plus, la dénonciation est le seul moyen possible pour négocier et réviser les accords.
"Aujourd'hui nous avons besoin de faire des économies, avec un besoin urgent de réduire les coûts, au regard des exigences faites par l'Etat, dans le cadre de l'aide validée par l'Union européenne," nous précise cette source ayant préféré garder l'anonymat.
En effet, suite à l'acceptation du prêt accordé par le gouvernement français pour permettre à Air Austral de couvrir son activité durant les mois à venir, l'Etat s'est engagé à mener une restructuration d'Air Austral.
Pour mener à bien cette mission vitale pour le transporteur, au-delà même du rachat, la direction aurait ausculté tous les postes de dépenses possibles.
"Nous activons tous les leviers nous permettant de réduire les coûts de l'entreprise. Nous regardons également du côté de la masse salariale. C’est pourquoi nous avons dénoncé certains des accords des PNT.
La réduction des coûts concerne l'ensemble de l'entreprise."
Cette personne rappelle que ce n'est pas une dénonciation par plaisir, mais dans le but de sauver le transporteur. D'ailleurs, la direction reconnaîtrait les efforts faits par les salariés depuis deux ans.
"Les négociations se poursuivent avec les PNT et pour le moment aucun mouvement social n'est prévu. Les échanges sont cordiaux."
Tout comme les salariés, l'équipe dirigeante serait elle aussi dans l'attente d'un dénouement, auquel les parties sont tenues à l'écart...