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Début décembre, en marge de la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris, Rachida Dati, la Ministre de la Culture, avait suscité une belle polémique en suggérant de rendre payante l’entrée de la cathédrale parisienne.
Les recettes, avait-elle plaidé, seraient affectées à la restauration du petit patrimoine religieux en grand péril.
Avec le projet « Nouveau Louvre » annoncé récemment par Emmanuel Macron, la polémique a rebondi : en effet, pour trouver, d’ici 2035, les 700 millions d’euros nécessaires au financement du Nouveau Louvre, la ministre a suggéré d’imposer un prix d’entrée plus élevé aux touristes non européens à compter du 1er janvier 2026.
Certes, on ne peut pas mettre tout à fait sur le même plan la situation de la mythique cathédrale parisienne qu’il a fallu restaurer après un incendie dévastateur et celle de l'un des plus grands musées du monde dont la vétusté a été dénoncée récemment par sa présidente-directrice Laurence des Cars.
Cependant, les propositions avancées dans l’un comme dans l’autre cas renvoient à un questionnement similaire : dans un contexte de dette publique abyssale et de restrictions budgétaires subséquentes, n'est-il pas temps de trouver de nouvelles sources de financement pour la sauvegarde du patrimoine et des grands sites culturels ?
Lire aussi : Culture : faut-il mettre à contribution les touristes étrangers pour mieux la financer ?
Les lieux de culte, un dossier complexe
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Avec 8,7 millions de visiteurs en 2024, le Louvre est le musée le plus fréquenté au monde - Photo PB
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Bien qu’elle soit un site patrimonial très prisé - avant l'incendie, elle attirait déjà plus de touristes mondialisés que de fidèles et sa réouverture a entraîné un sursaut économique notable dans les secteurs de l'hôtellerie et de la restauration -, la célèbre cathédrale parisienne n'en est pas moins un lieu de culte.
C'est la raison pour laquelle le diocèse de Paris s'oppose à la tarification de son entrée, faisant valoir que la « mission » de l'Eglise est d' « accueillir de façon inconditionnelle tout homme et toute femme ». En outre, il n’est pas si simple de faire le distinguo entre un croyant et un touriste.
Si l'opposition du diocèse devrait bloquer - dans l'immédiat, du moins - la mise en place d'une entrée payante, la suggestion est-elle pour autant insensée ?
Que nenni !
Si aux termes de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat, la France ne salarie ou subventionne aucun culte, il n'en demeure pas moins que les 87 cathédrales appartiennent à l’État et la plupart des églises à des collectivités publiques -départements et communes - parce qu'elles ont été construites avant la loi de 1905.
Il revient donc à l’Etat et à ces collectivités de les entretenir. Or, chacun sait que la sauvegarde du patrimoine exige des sommes colossales.
En outre, les trois quarts des 42 000 églises de France se trouvent dans des communes de moins de 3 000 habitants qui n’ont pas les moyens de les entretenir. Bien pis, selon l’Observatoire du patrimoine religieux, 10% des édifices en France nécessitent des travaux d’urgence et plus de 30% sont dans un état « préoccupant »...
Dans ce contexte, il ne serait ni choquant ni insensé d'imposer, en dehors des heures réservées au culte, une entrée payante non seulement à Notre-Dame de Paris, mais aussi aux autres grandes cathédrales françaises : Chartres, Reims, Strasbourg, Amiens, puis d’organiser une péréquation pour financer l'entretien de sites moins prestigieux...
Dans ce schéma, hormis les fidèles et les pèlerins, tous les visiteurs paieraient, qu’ils viennent de France ou d’ailleurs.
Tarification différenciée
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A l’heure où l’argent public se fait rare, la problématique non seulement du Louvre mais aussi des autres grands sites culturels n’est guère différente. Elle se résume à une phrase : où trouver les fonds supplémentaires pour leur entretien ?
Il se trouve cependant qu’en France, on cultive toujours l’idée que l’accès à la culture doit être, sinon tout à fait gratuit, du moins à la portée de tous.
Cette idée est louable mais en ces temps de disette budgétaire, est-elle encore réaliste ?
Pour autant, augmenter le prix des entrées pour tous ne serait pas forcément avisé. Avec la hausse de son prix d’entrée de 17 à 22€ (+30%) en janvier 2024, le Louvre semble avoir déjà atteint le seuil de consentement de la partie du public français qui paye plein pot.
Dans ce contexte, même si sa mise en œuvre opérationnelle serait complexe, la tarification différenciée selon la nationalité proposée pour entrer au Louvre qui reçoit près de 9 millions de visiteurs par an, n'est pas absurde. Elle épargnerait le public français qui ne bénéficie ni de gratuité ni de tarifs réduits, tout en renflouant les caisses.
Encore faudra-t-il que le public international ne soit pas rebuté. Toutes les études montrent cependant que plus le visiteur vient de loin, plus il accepte de payer un prix élevé pour entrer dans des lieux exceptionnels qu'il verra une seule fois dans sa vie.
Ajoutons encore que, selon l’Insee, les dépenses de loisirs (musées, parcs d’attractions, évènements culturels et sportifs, etc.) représentent moins de 15% des dépenses touristiques totales, bien loin derrière les transports, l’hébergement et la restauration. Il parait donc possible de les accroitre un peu, sans grand dommage.
Pour toutes ces raisons, la piste de la tarification - ou de la hausse différenciée des tarifs lorsque celle-ci existe déjà - mérite d’être examinée sérieusement, en dehors de toute idéologie.
Il se trouve cependant qu’en France, on cultive toujours l’idée que l’accès à la culture doit être, sinon tout à fait gratuit, du moins à la portée de tous.
Cette idée est louable mais en ces temps de disette budgétaire, est-elle encore réaliste ?
Pour autant, augmenter le prix des entrées pour tous ne serait pas forcément avisé. Avec la hausse de son prix d’entrée de 17 à 22€ (+30%) en janvier 2024, le Louvre semble avoir déjà atteint le seuil de consentement de la partie du public français qui paye plein pot.
Dans ce contexte, même si sa mise en œuvre opérationnelle serait complexe, la tarification différenciée selon la nationalité proposée pour entrer au Louvre qui reçoit près de 9 millions de visiteurs par an, n'est pas absurde. Elle épargnerait le public français qui ne bénéficie ni de gratuité ni de tarifs réduits, tout en renflouant les caisses.
Encore faudra-t-il que le public international ne soit pas rebuté. Toutes les études montrent cependant que plus le visiteur vient de loin, plus il accepte de payer un prix élevé pour entrer dans des lieux exceptionnels qu'il verra une seule fois dans sa vie.
Ajoutons encore que, selon l’Insee, les dépenses de loisirs (musées, parcs d’attractions, évènements culturels et sportifs, etc.) représentent moins de 15% des dépenses touristiques totales, bien loin derrière les transports, l’hébergement et la restauration. Il parait donc possible de les accroitre un peu, sans grand dommage.
Pour toutes ces raisons, la piste de la tarification - ou de la hausse différenciée des tarifs lorsque celle-ci existe déjà - mérite d’être examinée sérieusement, en dehors de toute idéologie.
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