Une vie sans voiture serait impossible ou quasi-impossible pour 72 % des répondants d’une enquête Ipsos pour Roole, datant de 2021 - Depositphotos.com Auteur EpicStockMedia
Bien que cahotante, peu sûre d’elle, voire dangereuse, l’automobile a très rapidement entamé une carrière de star. Il faut se souvenir que parmi les pionnières, certaines carrosseries ont privilégié une esthétique qui s’est très vite imposée comme un signe ostentatoire de richesse.
La fée automobile était née, le rêve automobile et son cortège de nouvelles promesses d’aventure et de plaisir aussi.
Quant Michelin, en 1900, publie à l’intention de ces privilégiés que sont les automobilistes, le premier guide mentionnant restaurants et adresses utiles, il contribue pour sa part à l’édification d’une caste de privilégiés pouvant se déplacer à leur guise sur des routes encore maladroites certes mais porteuses de cette forme d’aventure bourgeoise et moderne que l’on attendait.
Plus tard, sans la petite 4 CV, les vacanciers ne seraient pas partis aussi nombreux, une fois la guerre terminée. Sortie en masse des usines Renault, signe de technologie, d’émancipation sociale et de liberté, cette petite cylindrée achetée massivement par des ouvriers a incarné une nouvelle génération de moyens de transport permettant de répondre à l’individuation des comportements.
Classée parmi la panoplie de la famille moderne telle que la représentait l’American Dream, la voiture devient aussi la compagne de route des aventuriers, des beatniks et autres routards !
Les années soixante-dix voient triompher le Combi et ses carrosseries bariolées. Puis, dans un monde pourtant affecté par les chocs pétroliers, les familiales de type Espace ou 4x4 prennent leur essor avant que, crise oblige, les petites cylindrées économiques, flexibles, faciles à garer deviennent les grandes gagnantes d’un parc automobile en augmentation continue mais frappé par des crises successives.
Des crises dont les dernières, conditionnées par les pandémies, dégâts environnementaux, guerre en Ukraine, tarifs pétroliers à la hausse érodent en profondeur cette institution qu’est la planète automobile. Tandis que les pratiques alternatives de covoiturage et de partage stimulées par les prouesses de l’Internet s’inscrivent dans le nouveau destin d’un véhicule que l’on avait cru à jamais figé et déterminé.
Quant à la prochaine étape, les voitures sans chauffeurs, d’ores et déjà au point, qui permettront à l’usager de ne plus conduire, comment vont-elles se comporter ? Pour le moment, les prévisions sont forcément floues. Mais ce nouvel avatar semble destiné à faire évoluer vers l’anonymat et la déshumanisation un mode de transport véhiculant pourtant une forte charge identitaire.
Objet de désir hier, la voiture sans chauffeur, transformée en objet impersonnel, perdra inévitablement et résolument de sa puissance émotionnelle. Seule la voiture volante pourrait reconfigurer et redorer le rêve des humains en l’emportant vers les cieux... Mais, bien qu’au point, la technologie ne fait pas tout. Restent les problèmes de circulation.
La fée automobile était née, le rêve automobile et son cortège de nouvelles promesses d’aventure et de plaisir aussi.
Quant Michelin, en 1900, publie à l’intention de ces privilégiés que sont les automobilistes, le premier guide mentionnant restaurants et adresses utiles, il contribue pour sa part à l’édification d’une caste de privilégiés pouvant se déplacer à leur guise sur des routes encore maladroites certes mais porteuses de cette forme d’aventure bourgeoise et moderne que l’on attendait.
Plus tard, sans la petite 4 CV, les vacanciers ne seraient pas partis aussi nombreux, une fois la guerre terminée. Sortie en masse des usines Renault, signe de technologie, d’émancipation sociale et de liberté, cette petite cylindrée achetée massivement par des ouvriers a incarné une nouvelle génération de moyens de transport permettant de répondre à l’individuation des comportements.
Classée parmi la panoplie de la famille moderne telle que la représentait l’American Dream, la voiture devient aussi la compagne de route des aventuriers, des beatniks et autres routards !
Les années soixante-dix voient triompher le Combi et ses carrosseries bariolées. Puis, dans un monde pourtant affecté par les chocs pétroliers, les familiales de type Espace ou 4x4 prennent leur essor avant que, crise oblige, les petites cylindrées économiques, flexibles, faciles à garer deviennent les grandes gagnantes d’un parc automobile en augmentation continue mais frappé par des crises successives.
Des crises dont les dernières, conditionnées par les pandémies, dégâts environnementaux, guerre en Ukraine, tarifs pétroliers à la hausse érodent en profondeur cette institution qu’est la planète automobile. Tandis que les pratiques alternatives de covoiturage et de partage stimulées par les prouesses de l’Internet s’inscrivent dans le nouveau destin d’un véhicule que l’on avait cru à jamais figé et déterminé.
Quant à la prochaine étape, les voitures sans chauffeurs, d’ores et déjà au point, qui permettront à l’usager de ne plus conduire, comment vont-elles se comporter ? Pour le moment, les prévisions sont forcément floues. Mais ce nouvel avatar semble destiné à faire évoluer vers l’anonymat et la déshumanisation un mode de transport véhiculant pourtant une forte charge identitaire.
Objet de désir hier, la voiture sans chauffeur, transformée en objet impersonnel, perdra inévitablement et résolument de sa puissance émotionnelle. Seule la voiture volante pourrait reconfigurer et redorer le rêve des humains en l’emportant vers les cieux... Mais, bien qu’au point, la technologie ne fait pas tout. Restent les problèmes de circulation.
Les Français et la perception de la voiture
Pour en dire plus long sur nos sociétés aussi liées à l’automobile, voici les résultats d’une enquête Ipsos datant de 2021. Selon cette enquête, les automobilistes français sont accrochés à leur voiture comme une moule à son rocher…
Une vie sans voiture serait impossible ou quasi-impossible pour 72 % des répondants d’une enquête Ipsos pour Roole, datant de 2021. Seuls 3 % des répondants reconnaissent que « ce serait un bonheur ». Alors que, pour 80 % des ruraux, cela serait même impossible, contre 70 % des urbains.
Autre enseignement de cette étude et de nombreux travaux réalisés sur le sujet. Si la voiture n’est plus ce marqueur social qu’elle a longtemps été (notamment dans les années d’après guerre), elle est restée pour certains un objet d’adoration. Les hommes en particulier continuent à vénérer leur véhicule et constituer avec lui une sorte de couple indissociable.
De plus, n’oublions pas que près de 9 Français sur 10 qui ont le permis disent « aimer conduire ». Non seulement, l’acte même de conduire comporte une dimension magique mais « rouler reste synonyme de liberté ».
Mais, attention, même avant les hausses de carburant de ces dernières semaines, une partie des Français avouait être contrainte de limiter ses déplacements afin de contenir le budget carburant.
« Certains se privent de rouler à regret », remarque le responsable de l’étude. D’ailleurs, près d’un Français, sur 5, surtout les plus jeunes aimerait conduire davantage. Un constat plus élevé auprès des habitants de la région parisienne « où il atteint 30 % ! », précise enfin l’étude.
Autre point : les automobilistes semblent satisfaits du véhicule qu’ils conduisent puisque « les trois quarts des personnes interrogées choisiraient le même modèle que celui qu’ils possèdent actuellement ».
Lesquels sont majoritairement des voitures d’occasion. Les ménages par ailleurs disposent en moyenne d’un budget de 3 000 € pour l’achat d’une voiture, bien loin des 30 000 € nécessaires pour l’achat d’un véhicule électrique ou hybride neuf d’entrée de gamme.
Pour autant, si les propriétaires avaient un budget illimité pour en changer ils opteraient en priorité pour une auto « plus écologique (24 % d’entre eux) » ou « moins coûteuse en carburant (14 % des répondants) ».
Enfin, selon une enquête de l’Observatoire de Cetelem, si 50% des Européens voient peu de changement à l’avenir dans le rôle de l’automobile, plus d’un quart anticipe une baisse de son statut, notamment à cause de la pollution.
Un bon quart estime également que ce sera un bien partageable à plusieurs. Les forfaits mobilité, l’auto-partage, le covoiturage sont mis au programme de l’avenir par plus de 70% des personnes enquêtées.
Parallèlement, « l’innovation frugale » c’est-à-dire l’innovation en matière de consommation énergétique, donc de maîtrise des coûts et de lutte contre la pollution, porte les espoirs des automobilistes de demain.
Une vie sans voiture serait impossible ou quasi-impossible pour 72 % des répondants d’une enquête Ipsos pour Roole, datant de 2021. Seuls 3 % des répondants reconnaissent que « ce serait un bonheur ». Alors que, pour 80 % des ruraux, cela serait même impossible, contre 70 % des urbains.
Autre enseignement de cette étude et de nombreux travaux réalisés sur le sujet. Si la voiture n’est plus ce marqueur social qu’elle a longtemps été (notamment dans les années d’après guerre), elle est restée pour certains un objet d’adoration. Les hommes en particulier continuent à vénérer leur véhicule et constituer avec lui une sorte de couple indissociable.
De plus, n’oublions pas que près de 9 Français sur 10 qui ont le permis disent « aimer conduire ». Non seulement, l’acte même de conduire comporte une dimension magique mais « rouler reste synonyme de liberté ».
Mais, attention, même avant les hausses de carburant de ces dernières semaines, une partie des Français avouait être contrainte de limiter ses déplacements afin de contenir le budget carburant.
« Certains se privent de rouler à regret », remarque le responsable de l’étude. D’ailleurs, près d’un Français, sur 5, surtout les plus jeunes aimerait conduire davantage. Un constat plus élevé auprès des habitants de la région parisienne « où il atteint 30 % ! », précise enfin l’étude.
Autre point : les automobilistes semblent satisfaits du véhicule qu’ils conduisent puisque « les trois quarts des personnes interrogées choisiraient le même modèle que celui qu’ils possèdent actuellement ».
Lesquels sont majoritairement des voitures d’occasion. Les ménages par ailleurs disposent en moyenne d’un budget de 3 000 € pour l’achat d’une voiture, bien loin des 30 000 € nécessaires pour l’achat d’un véhicule électrique ou hybride neuf d’entrée de gamme.
Pour autant, si les propriétaires avaient un budget illimité pour en changer ils opteraient en priorité pour une auto « plus écologique (24 % d’entre eux) » ou « moins coûteuse en carburant (14 % des répondants) ».
Enfin, selon une enquête de l’Observatoire de Cetelem, si 50% des Européens voient peu de changement à l’avenir dans le rôle de l’automobile, plus d’un quart anticipe une baisse de son statut, notamment à cause de la pollution.
Un bon quart estime également que ce sera un bien partageable à plusieurs. Les forfaits mobilité, l’auto-partage, le covoiturage sont mis au programme de l’avenir par plus de 70% des personnes enquêtées.
Parallèlement, « l’innovation frugale » c’est-à-dire l’innovation en matière de consommation énergétique, donc de maîtrise des coûts et de lutte contre la pollution, porte les espoirs des automobilistes de demain.
Le symbolisme de l’automobile
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Dernier point, revenons sur le symbolisme de l’automobile dans nos sociétés. Lequel a été analysé par de nombreux sociologues et linguistes. Edifiant, ce symbolisme en dit long sur les risques que court une région qui dit non à l’automobile.
Première remarque : comme tout véhicule, la voiture symbolise l’évolution en marche et ses péripéties. Mais, l’évolution d’un individu n’est pas la même selon qu’il s’imagine voyageant dans une belle voiture décapotable ou dans un vieux tacot.
Puisque la voiture est un moyen de locomotion individuel, elle symbolise également la façon dont nous conduisons notre existence. Par sa puissance et sa précision mécanique, l’automobile oblige en effet à une excellente maîtrise de soi.
Pour bien conduire, il faut discipliner ses impulsions, être sûr de ses réactions et avoir le sens des responsabilités. Il faut également observer le « code de la route » : ce dernier symbolise les règles de la vie, les convenances et les injonctions sociales qui s’imposent à nous. Bien conduire une voiture évoque l’autonomie psychologique et la libération des contraintes.
La carrosserie de la voiture symbolise pour sa part l’être social, le masque, l’apparence, ce qu’un individu cherche à produire comme effet sur les autres. Elle s’oppose à l’intérieur de la voiture, cocon plus intime qui traduit une intériorité en mouvement.
Enfin, pour rendre hommage à Roland Barthes et ses écrits sur la DS Citroën, n’oublions pas que, système de signes, la voiture en dit long sur celui qui la conduit et sur l’époque qui la produit. Cet objet magique de la modernité est « l’équivalent assez exact des grandes cathédrales gothiques » : une œuvre collective, écrit le sémiologue dans Mythologies.
La condamner sans la remplacer, est donc bel et bien un brin risqué… A suivre
Première remarque : comme tout véhicule, la voiture symbolise l’évolution en marche et ses péripéties. Mais, l’évolution d’un individu n’est pas la même selon qu’il s’imagine voyageant dans une belle voiture décapotable ou dans un vieux tacot.
Puisque la voiture est un moyen de locomotion individuel, elle symbolise également la façon dont nous conduisons notre existence. Par sa puissance et sa précision mécanique, l’automobile oblige en effet à une excellente maîtrise de soi.
Pour bien conduire, il faut discipliner ses impulsions, être sûr de ses réactions et avoir le sens des responsabilités. Il faut également observer le « code de la route » : ce dernier symbolise les règles de la vie, les convenances et les injonctions sociales qui s’imposent à nous. Bien conduire une voiture évoque l’autonomie psychologique et la libération des contraintes.
La carrosserie de la voiture symbolise pour sa part l’être social, le masque, l’apparence, ce qu’un individu cherche à produire comme effet sur les autres. Elle s’oppose à l’intérieur de la voiture, cocon plus intime qui traduit une intériorité en mouvement.
Enfin, pour rendre hommage à Roland Barthes et ses écrits sur la DS Citroën, n’oublions pas que, système de signes, la voiture en dit long sur celui qui la conduit et sur l’époque qui la produit. Cet objet magique de la modernité est « l’équivalent assez exact des grandes cathédrales gothiques » : une œuvre collective, écrit le sémiologue dans Mythologies.
La condamner sans la remplacer, est donc bel et bien un brin risqué… A suivre
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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