Hébergement : le secteur est-il prêt à relever le défi des JO ? 🔑

A moins de 6 mois de l’accueil des JO, il reste encore beaucoup d’incertitudes sur le bon déroulement de l’événement sportif à la portée mondiale. La disponibilité et l’accessibilité à l’offre d’hébergement restent une préoccupation. Deux questions demeurent en suspens : Restera-t-il des chambres pendant les JO ? Et si oui, à quel prix ?

Hôtels, résidences de tourisme, meublés touristiques, campings… l’Office du Tourisme et des Congrès de Paris (OTCP) prévoit une disponibilité de 276 490 chambres/jours pendant les Jeux Olympiques de Paris 2024, soit 4,7 millions de chambres disponibles pour l’ensemble de la compétition (17 jours).

La prévision du taux d’occupation, en moyenne journalière, des hébergements marchands pendant les Jeux Olympiques de Paris 2024 varie entre 51,9 % et 70 % selon les scenarios.

Sans surprise, Accor anticipe des taux d'occupations supérieurs pour cette année 2024 en comparaison de la période estivale de 2023.

« Aujourd'hui, nos hôtels sont réservés à un peu plus de 70%. Beaucoup de gens n'ont pas encore réservé, et nous envisageons un taux d'occupation de +90% au moment des Jeux », précise le groupe.

« L'impact est important sur Paris, où nous exploitons deux hôtels, la Villa Modigliani et les Provinces Opéra. L'un d'entre eux sera intégralement privatisé pendant la période des Jeux olympiques et paralympiques pour héberger les équipes d'un partenaire premium des JO. L'autre est en cours de commercialisation sur le marché libre et les deux seront donc complets pendant la totalité de la période », indique Jérôme Vayr, Président du directoire du groupe Vacances Bleues.

Sur les 15,3 millions de visiteurs cumulés présents aux Jeux, une large majorité de visiteurs seront Français, soit 13,4 millions de nationaux (87,7% du visitorat), dont 7,3 millions de franciliens (48,3%) (source OTCP).

Seul 1,9 million de visiteurs étrangers se déplaceront pour l'événement sportif. Nous sommes loin du raz-de-marée attendu.

De quoi laisser entendre qu’il sera toujours possible de réserver une nuit d’hôtel pendant les Jeux Olympiques de Paris. Oui, mais à quel prix ?

Selon Clément Decré, fondateur et CEO du réceptif Finding France : « Contre toute attente, il sera possible de réserver en dernière minute. Les tarifs seront en moyenne de 30% plus élevés qu’en 2019, ce qui n’est pas énorme. »

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« Sur les 160 000 chambres d'hôtel [ndlr : à Paris et sa région], toutes ne sont pas mises en vente à l'heure d'aujourd'hui. Donc les prix vont se réguler au fur et à mesure» expliquait Frank Delvau, président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) Paris Île-de-France, le 26 décembre 2023 à nos confrères de France Info.

Plus d’un tiers des hôtels sous enseignes Accor présents dans les villes hôtes des Jeux de Paris 2024 (250 sur les 650 au total) ont contracté avec Paris 2024. « Cela signifie qu'une partie de leurs chambres est directement gérée par Paris 2024 avec un prix fixé au préalable. L'inventaire et les chambres des 400 hôtels restants sont gérés par les hôtels eux-mêmes et mis à disposition du grand public depuis le mois de juillet dernier », souligne Accor.

« Chaque hôtel a fixé ses propres prix selon des recommandations faites par nos équipes. Ces recommandations tiennent compte du caractère unique de l'événement et de la demande qu'il génère, tout en restant dans des prix cohérents avec le positionnement de nos marques et la situation géographique des hôtels », précise-t-on en interne.

Quid des hôtels n'ayant pas contracté avec Paris 2024 ? « Nous remarquons que certaines dates sont très sollicitées par les voyageurs, comme par exemple les jours précédant et suivant le début des Jeux.

Les réservations se concentrent en majorité à Paris et en Ile-de-France. Les autres villes hôtes ne sont pas en reste, comme Lille par exemple, qui affiche également une belle dynamique en termes de réservations.

Globalement, on reste aux niveaux de prix pratiqués pour d'autres grands événements, les hôteliers s'adaptent et continueront à faire évoluer leurs prix en fonction de l'offre et de la demande. »

L’hébergement alternatif profite également de l’événement.

Selon les données collectées par HomeExchange, les chiffres explosent sur la période des Jeux Olympiques. À date et en comparaison à l’année précédente sur la même période, c’est près de 4 350 séjours déjà programmés, soit une évolution de +69% observée sur l’ensemble du territoire français.

Au-delà de la capitale ultraprisée, les villes de Marseille (61 échanges programmés à date), Lille (51), Nice (43), Bordeaux (27), Lyon (27), ou encore Nantes (17), dans lesquelles certaines compétitions auront lieu, reçoivent également de plus en plus de demandes d’échanges.

Sans avancer de chiffres sur le volume de réservations via sa plateforme, le géant de la location entre particuliers, Airbnb, pointe la hausse du nombre de consultations des annonces, en moyenne 11 fois plus élevé dans les villes françaises accueillant les compétitions et leurs environs en 2023, par rapport à la même période l’année précédente.

Dans le top 10 des villes d’Île-de-France on retrouve : Paris, Saint-Denis, Boulogne-Billancourt, Versailles, Clichy, Montreuil, Saint-Ouen-Sur-Seine, Colombes, Aubervilliers et Asnières-sur-Seine.

La question des recrutements s’invite également à la fête !

D’après un récent rapport de l’AFDAS et du Ministère du Travail, l’accueil des Jeux de Paris 2024 pourrait mobiliser environ 61 800 emplois au total au sein du secteur touristique, dont 15 910 emplois sur les métiers de la cuisine, 13 490 sur les métiers du service en restauration, 2 360 emplois sur les métiers de service à l’étage en hôtellerie et 1 440 sur les métiers du hall en hôtellerie.

De quoi faire augmenter davantage les besoins en emploi, dans un secteur déjà en tension.

Pour autant, cette augmentation des besoins en recrutements attendue dans les prochains mois ne transparaît pas encore dans les offres d’emploi selon le Baromètre KYU de l’emploi de mars 2024.

Surprenant, car dans un contexte de suractivité, le renforcement des équipes paraît pourtant primordial.

Kyu met en avant le manque d’attractivité des métiers du secteur (conditions de travail contraignantes, faibles rémunérations ...). Comme étant un facteur de risque important pour la mobilisation de la main-d’œuvre nécessaire à l’accueil des Jeux.

Accor a lancé des sessions de recrutement depuis le début de l'année aussi bien pour les hôtels sous enseignes Accor que pour le Village des Athlètes et le Village des Médias, que le groupe opérera pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

Côté villages, 300 postes d'accueillant, gouvernant, manager d'équipe mais aussi du personnel du petit-déjeuner sont à pourvoir sur le Village des Médias : cuisine, plonge, serveur.

Pour assurer ses recrutements côté hôtels, le groupe relancera ses sessions de recrutement sans CV « Jobs au Talent ! by Accor », basées sur le savoir-faire et les mises en situation pratiques, à Marseille (18/03) et Paris (27/03) sur tous types de postes comme la cuisine, la réception, le service en salle et les services de chambre.

Vacances Bleues s'est rapproché du dispositif « Entreprises Ephémères » financée par France Travail et l'État dans le cadre du Plan d'Investissement dans les Compétences.

« EE Solutions recrute les candidats en fonction de nos demandes, de nos besoins et de nos contraintes puis assure une formation de 5 semaines, avec des apprentissages techniques mais surtout un gros volet sur la relation client, les attitudes et comportements attendus dans la prestation Vacances Bleues. Le volet technique est renforcé par des mises en situation quotidiennes ainsi que des ateliers d'immersion sur les différents métiers ciblés (bar, salle, cuisine, hébergement). Ce projet est mené en collaboration avec BTP Vacances à Hyères, qui assurera notamment l'hébergement du groupe pendant la formation », explique Jérôme Vayr, président du directoire du groupe.

Selon une récente enquête Ifop commandée par le Groupement des Hôtelleries et Restauration de France (GHR), 80% des Français se montrent ouverts à l’idée que des professionnels à leur compte (type indépendants ou autoentrepreneurs) dans les métiers de la restauration viennent en renfort ponctuel aux restaurateurs.

Les jeux ne sont pas encore faits !