Le paiement à la semaine des billets IATA sera sans doute effectif en 2024 - Pixabay @Mohamed_hassan
Le 15 août, IATA est tombé sur la tête de Bourse des Vols.
L'association a décidé de débrancher du BSP, l'agence de voyages en ligne faute de contre-garantie. Depuis cette date et une action en justice plus tard, la plateforme se retrouve avec une activité amputée de... 85%.
Fabrice Dariot est à la recherche d'investisseurs et mène toujours des discussions, pour trouver une solution.
A lire : Bourse des Vols suspendue par IATA : que s'est-il passé ?
En attendant, la situation est "très difficile, face à une IATA qui ne répond à aucune des demandes," nous confiait le fondateur de l'une des plus anciennes OTA françaises.
Une première audience au Tribunal de Nanterre a eu lieu, et les plaidoiries se tiendront prochainement, pour départager les deux camps.
Dans l'attente de la réponse judiciaire, nous sommes allés interroger différents acteurs, pour comprendre ce qui se trame derrière ce cas.
L'association a décidé de débrancher du BSP, l'agence de voyages en ligne faute de contre-garantie. Depuis cette date et une action en justice plus tard, la plateforme se retrouve avec une activité amputée de... 85%.
Fabrice Dariot est à la recherche d'investisseurs et mène toujours des discussions, pour trouver une solution.
A lire : Bourse des Vols suspendue par IATA : que s'est-il passé ?
En attendant, la situation est "très difficile, face à une IATA qui ne répond à aucune des demandes," nous confiait le fondateur de l'une des plus anciennes OTA françaises.
Une première audience au Tribunal de Nanterre a eu lieu, et les plaidoiries se tiendront prochainement, pour départager les deux camps.
Dans l'attente de la réponse judiciaire, nous sommes allés interroger différents acteurs, pour comprendre ce qui se trame derrière ce cas.
IATA vs Agence de Voyages : Une vendetta personnelle ou attaque systémique ?
"Le sujet nous a beaucoup intéressé, nous sommes allés creuser. Par contre, nous n'avons pas eu de retour ailleurs en Europe de la part de nos adhérents.
Je ne dis pas que ça n'existe pas ailleurs, mais pour l'heure, rien ne filtre quant à un tour de vis au niveau continental," nous confie Eric Drésin, le secrétaire général de l'Ectaa.
Le dossier de Bourse des Vols semble être la synthèse parfaite des relations entre les agences de voyages et IATA. La distribution dénonce des process standardisés et totalement déshumanisés.
"C'est systémique. Pour résumer : IATA est un ordinateur qui analyse les bilans. Il y a de moins en moins d'humanité.
Après la dynamique est à un resserrement de l'étau sur les agences de voyages," analyse Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du voyage.
"Au lieu de juger sur une photographie à l'instant T de la situation financière d'une entreprise, IATA devrait réaliser un suivi dynamique," nous explique une autre personne depuis la capitale belge.
Un son de cloche que partagent les autres personnes que nous avons interrogées : IATA tend à mettre au pas la distribution.
Avec le représentant des compagnies, une réponse ne peut être que binaire. Le gris n'existe pas, tout comme l'échange ou les négociations sont des vilains mots, nous explique les agents de voyages que nous avons joints.
Chaque année, les professionnels du tourisme doivent remplir une fiche avec quelques items financiers. Suite à cela, IATA décide de renouveler ou non l'agrément.
Je ne dis pas que ça n'existe pas ailleurs, mais pour l'heure, rien ne filtre quant à un tour de vis au niveau continental," nous confie Eric Drésin, le secrétaire général de l'Ectaa.
Le dossier de Bourse des Vols semble être la synthèse parfaite des relations entre les agences de voyages et IATA. La distribution dénonce des process standardisés et totalement déshumanisés.
"C'est systémique. Pour résumer : IATA est un ordinateur qui analyse les bilans. Il y a de moins en moins d'humanité.
Après la dynamique est à un resserrement de l'étau sur les agences de voyages," analyse Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du voyage.
"Au lieu de juger sur une photographie à l'instant T de la situation financière d'une entreprise, IATA devrait réaliser un suivi dynamique," nous explique une autre personne depuis la capitale belge.
Un son de cloche que partagent les autres personnes que nous avons interrogées : IATA tend à mettre au pas la distribution.
Avec le représentant des compagnies, une réponse ne peut être que binaire. Le gris n'existe pas, tout comme l'échange ou les négociations sont des vilains mots, nous explique les agents de voyages que nous avons joints.
Chaque année, les professionnels du tourisme doivent remplir une fiche avec quelques items financiers. Suite à cela, IATA décide de renouveler ou non l'agrément.
Agence vs IATA : "Des discussions sont en cours pour taper du poing sur la table"
Durant la crise sanitaire, l'organisme de gestion du BSP a fait preuve d'une grande mansuétude en allégeant les critères financiers. Sauf que 2023 a été synonyme du retour à la normale aussi bien pour l'activité aérienne, que celle des agences de voyages.
Un changement de paradigme qui était craint à l'ECTAA, mais qui n'a pas entrainé une surcharge de travail.
"De nombreux agents ont aussi été touchés par cette situation évoquée dans le précédent article et vécu le même blocage, de petites agences, au tour-opérateurs...
A titre d'exemple, nous avons émis plus d'un million d'euros de billets, sur les 12 derniers mois et IATA nous demandait plusieurs centaines de milliers d'euros de contre-garanties," nous rapporte un agent de voyages préférant conserver l'anonymat.
Ne pouvant répondre totalement aux exigences, le professionnel a pu négocier un autre montant, contre un paiement à la semaine. Un changement de paradigme impossible à entendre pour Fabrice Dariot.
IATA a durant l'été ciblé prioritairement les entreprises affichant une petite santé financière, celles ayant un excédent brut d'exploitation (EBE) négatif au moment du bilan, mais ce n'est pas tout.
"A chaque fois que vous augmentez vos émissions de 50 ou 100%, vous avez automatique une demande de caution. Il y a un problème de distorsion de concurrence, c'est illégal.
Il n'est pas normal que la profession n'ait pas réagi plus vigoureusement. Des discussions sont en cours pour taper du poing sur la table," dévoile Richard Vainopoulos, le président de TourCom.
Dans un autre réseau de distribution, une quinzaine d'agences a connu pareil sort. A l'une d'entre elles, il a même été demandé une somme de 10 millions d'euros, pour pouvoir continuer à émettre normalement.
En agissant de la sorte, avec l'application de ratios financiers stricts qui ne vont que dans un sens, les compagnies aériennes ont la fâcheuse tendance à réduire le nombre de détenteurs du précieux agrément.
"IATA a une attitude volontairement assez agressive vis-à-vis de la distribution.
Elle a sans doute la volonté derrière cette stratégie de vouloir éliminer les petits distributeurs, à la fin il ne restera plus que quelques interlocuteurs," nous explique un fin observateur du secteur, membre des comités consultatifs au sein de l'association, ayant préféré conserver l'anonymat.
Un changement de paradigme qui était craint à l'ECTAA, mais qui n'a pas entrainé une surcharge de travail.
"De nombreux agents ont aussi été touchés par cette situation évoquée dans le précédent article et vécu le même blocage, de petites agences, au tour-opérateurs...
A titre d'exemple, nous avons émis plus d'un million d'euros de billets, sur les 12 derniers mois et IATA nous demandait plusieurs centaines de milliers d'euros de contre-garanties," nous rapporte un agent de voyages préférant conserver l'anonymat.
Ne pouvant répondre totalement aux exigences, le professionnel a pu négocier un autre montant, contre un paiement à la semaine. Un changement de paradigme impossible à entendre pour Fabrice Dariot.
IATA a durant l'été ciblé prioritairement les entreprises affichant une petite santé financière, celles ayant un excédent brut d'exploitation (EBE) négatif au moment du bilan, mais ce n'est pas tout.
"A chaque fois que vous augmentez vos émissions de 50 ou 100%, vous avez automatique une demande de caution. Il y a un problème de distorsion de concurrence, c'est illégal.
Il n'est pas normal que la profession n'ait pas réagi plus vigoureusement. Des discussions sont en cours pour taper du poing sur la table," dévoile Richard Vainopoulos, le président de TourCom.
Dans un autre réseau de distribution, une quinzaine d'agences a connu pareil sort. A l'une d'entre elles, il a même été demandé une somme de 10 millions d'euros, pour pouvoir continuer à émettre normalement.
En agissant de la sorte, avec l'application de ratios financiers stricts qui ne vont que dans un sens, les compagnies aériennes ont la fâcheuse tendance à réduire le nombre de détenteurs du précieux agrément.
"IATA a une attitude volontairement assez agressive vis-à-vis de la distribution.
Elle a sans doute la volonté derrière cette stratégie de vouloir éliminer les petits distributeurs, à la fin il ne restera plus que quelques interlocuteurs," nous explique un fin observateur du secteur, membre des comités consultatifs au sein de l'association, ayant préféré conserver l'anonymat.
IATA : Un paiement à la semaine attendu en 2024
Avec moins d'interlocuteurs, IATA réduira son risque en choisissant soigneusement ses prestataires, même si le rapport de force sera un peu différent, puisque les rares distributeurs assermentés auront des moyens de pression plus importants.
En attendant, les agents de voyages se retrouvent avec des flux financiers relativement compliqués à gérer, à force de voir se réduire la fenêtre des paiements.
"Nous n'allons pas pouvoir passer notre temps à avancer l'argent pour le voyage du client.
Puis si nous augmentons l'acompte des voyageurs, alors nous avons plus d'argent avant le voyage, donc nous devons augmenter notre garantie auprès des garants comme l'APST," précise ce professionnel ayant connu le même sort que Bourse des Vols.
Pour l'heure, la politique commerciale de cette entreprise n'a pas encore été revue. En revanche, les conditions générales de vente ont été modifiées pour informer d'une possible hausse à venir des acomptes afin de refléter les frais réels imposés par la compagnie aérienne ou IATA au moment de la réservation.
L'enjeu final pour l'association est de faire remonter le plus de cash possible et le plus rapidement.
"C'est inéluctable, mais en 2024, nous passerons au paiement à la semaine. Nous sommes l'un des derniers pays d'Europe à payer à la quinzaine.
Cela aurait dû se faire en 2023, mais nous avons juste réussi à retarder sa mise en place. Ce sera très impactant pour les petites entreprises," déplore l'un des membres des comités consultatifs au sein de IATA.
A lire : Iata vs agences : vers un paiement des billets à la (petite) semaine ?
En attendant, les agents de voyages se retrouvent avec des flux financiers relativement compliqués à gérer, à force de voir se réduire la fenêtre des paiements.
"Nous n'allons pas pouvoir passer notre temps à avancer l'argent pour le voyage du client.
Puis si nous augmentons l'acompte des voyageurs, alors nous avons plus d'argent avant le voyage, donc nous devons augmenter notre garantie auprès des garants comme l'APST," précise ce professionnel ayant connu le même sort que Bourse des Vols.
Pour l'heure, la politique commerciale de cette entreprise n'a pas encore été revue. En revanche, les conditions générales de vente ont été modifiées pour informer d'une possible hausse à venir des acomptes afin de refléter les frais réels imposés par la compagnie aérienne ou IATA au moment de la réservation.
L'enjeu final pour l'association est de faire remonter le plus de cash possible et le plus rapidement.
"C'est inéluctable, mais en 2024, nous passerons au paiement à la semaine. Nous sommes l'un des derniers pays d'Europe à payer à la quinzaine.
Cela aurait dû se faire en 2023, mais nous avons juste réussi à retarder sa mise en place. Ce sera très impactant pour les petites entreprises," déplore l'un des membres des comités consultatifs au sein de IATA.
A lire : Iata vs agences : vers un paiement des billets à la (petite) semaine ?
IATA voudrait arriver à un paiement avant l'émission !
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Et l'avenir s'annonce bien pire pour la distribution, puisque le paiement journalier pourrait bien être un jour ou l'autre amené sur la table.
"Bien sûr que nous y arriverons.
Les relations avec IATA sont totalement inéquitables, le durcissement est permanent et sans aucune contrepartie. Il voudrait obtenir un paiement à la journée, voire même avant," imagine Jean-Pierre Mas.
Pour le président des EDV, il y a fort à parier que des déposits importants seront exigés d'ici quelques années, pour émettre dans la limite du montant déposé en garantie.
En résumé, si vous déposez 500 000 euros comme contre garantie, IATA vous permettra d'émettre par an, cette somme et pas un euro de plus.
"Une position qui n'est absolument pas conforme à notre économie. Dans le voyage d'affaires, les délais de règlement sont équivalents à 60 jours, notamment dans les administrations," explique le Toulousain.
A ce savoureux cocktail, vous ajoutez la volonté européenne de réduire les acomptes clients, pour réduire le risque pesant sur les garants financiers.
Une mayonnaise qui n'est pas vraiment du goût de Richard Vainopoulos.
"Si IATA exige de réduire la durée des paiements, alors nous exigerons de nos clients administrations françaises de payer plus rapidement.
En cas de réduction des acomptes, alors nous ferons une procédure européenne pour contester cela, car comment allons-nous faire pour payer les billets d'avion sans revenu ?" questionne Richard Vainopoulos.
D'autant que demain, les chances de voir la création d'une caisse de garantie européenne des compagnies aériennes s'amenuisent...
"Bien sûr que nous y arriverons.
Les relations avec IATA sont totalement inéquitables, le durcissement est permanent et sans aucune contrepartie. Il voudrait obtenir un paiement à la journée, voire même avant," imagine Jean-Pierre Mas.
Pour le président des EDV, il y a fort à parier que des déposits importants seront exigés d'ici quelques années, pour émettre dans la limite du montant déposé en garantie.
En résumé, si vous déposez 500 000 euros comme contre garantie, IATA vous permettra d'émettre par an, cette somme et pas un euro de plus.
"Une position qui n'est absolument pas conforme à notre économie. Dans le voyage d'affaires, les délais de règlement sont équivalents à 60 jours, notamment dans les administrations," explique le Toulousain.
A ce savoureux cocktail, vous ajoutez la volonté européenne de réduire les acomptes clients, pour réduire le risque pesant sur les garants financiers.
Une mayonnaise qui n'est pas vraiment du goût de Richard Vainopoulos.
"Si IATA exige de réduire la durée des paiements, alors nous exigerons de nos clients administrations françaises de payer plus rapidement.
En cas de réduction des acomptes, alors nous ferons une procédure européenne pour contester cela, car comment allons-nous faire pour payer les billets d'avion sans revenu ?" questionne Richard Vainopoulos.
D'autant que demain, les chances de voir la création d'une caisse de garantie européenne des compagnies aériennes s'amenuisent...