Nicolas Dayot : "Il faut stopper la disparition des campings français"

Le camping français est en plein paradoxe. Il est aujourd’hui la formule de vacances la plus plébiscité par les Français eux-mêmes et des millions d’Européens de proximité.

Ses performances se sont encore renforcées ces dernières années sous la pression de la crise sanitaire et de l’engouement pour la proximité.

Quand l’ensemble des campings français réalisait 112 millions de nuitées en 2011, le chiffre est passé à 136 millions de nuitées en 2022, tout en maintenant une certaine modération des prix.

La formule du camping dans toute sa diversité : tentes, caravanes, mobile-homes ou chalets est pratiquée à 72% par des clients français et 28% par des touristes étrangers, essentiellement néerlandais, allemands, belges et britanniques.

Et le mouvement est loin d’être enrayé, davantage stimulé même par le climat social et économique qui pousse encore pour des vacances plutôt domestiques, de proximité, conviviales, proches de la nature et dans le bon rapport qualité/prix… toutes sortes de caractéristiques qui collent parfaitement à l’hôtellerie de plein air, qui revendique même l’appellation populaire de camping.

Le baromètre de l’hôtellerie de plein air, qui sert de pilote à la mise en place de France Tourisme Observation, sous l’égide d’Atout France et d’ADN Tourisme, fait ressortir des carnets de réservation remplis plus que les saisons précédentes.

63 millions de nuitées sont déjà engrangées pour les mois à venir, un chiffre en hausse de 21% sur la même période de 2022. La proportion réservée par des touristes étrangers est en hausse passant au-dessus de la barre des 33%.

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Depuis quelques années déjà, le succès de la formule camping et la rentabilité générée par cette activité a attiré des fonds d’investissement et des groupes qui prennent de plus en plus de place dans un paysage toujours largement dominé par les exploitants indépendants.

Les groupes structurés représentent néanmoins 11% du nombre des campings, un quart de leur capacité d’accueil et plus du tiers du chiffre d’affaires.

Leur croissance laisserait penser que les capacités d’hébergement sont en hausse alors que c’est l’inverse qui se produit depuis une dizaine d’années. Le parc français a perdu plus de 300 000 emplacements. C’est bien le cri d’alarme que lance Nicolas Dayot, président de la Fédération Nationale de l’Hôtellerie de Plein-Air, qui regroupe 90% des acteurs français petits et grands.

« Il faut stopper la disparition des campings français qui est sur une pente régulière depuis des années », alerte-t-il. « L’Espagne est d’ores et déjà la destination N°1 et nous taille des croupières. Si on ne met pas fin à l’hémorragie, c’est la France tout entière qui sera déclassée dans le classement touristique mondial ».

Le cri d’alarme a déjà été entendu en partie puisque les autorités publiques ont facilité et encouragé la reconstruction des campings détruits par les innombrables incendies de l’été dernier.

Mais ce n’est pas pour autant que le danger est écarté. Nombre de petits exploitants indépendants, associatifs ou municipaux, ne peuvent plus faire face aux charges qui augmentent.

Les emplacements souvent privilégiés sont convoités par des opérations immobilières auxquelles les maires ont du mal à résister. Le parc se fait grignoter inexorablement même si la communication des enseignes de camping et des groupes organisés donnent le sentiment du contraire.

C’est d’autant plus déplorable, insiste Nicolas Dayot, que la vaste enquête sollicitée par la FNHPA et réalisée par l’Ifop montre que la formule camping répond à de nombreuses exigences du moment : accessibilité pour les ménages modestes, convivialité recherchée par les familles et les groupes d’amis, proximité de la nature et engagement environnemental des exploitants, multiplication des activités sur un même site y compris la dimension culturelle et patrimoniale.

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Sous l’égide de la FNHPA, plusieurs chantiers d’envergure ont été lancés avec des partenaires spécialisés : l’amélioration du traitement des déchets avec l’Ademe pour réduire ne serait-ce que d’un quart tous ceux qui sont produits par les campings ; l’amélioration de la performance énergétique et la recherche de la sobriété ; le développement des activités culturelles avec la startup Cirkwi ; l’attractivité des métiers et la relance du recrutement des saisonniers à travers le site « Ma carrière camping ».

Rarement un secteur a été autant à la croisée de chemins contradictoires : un énorme succès populaire avec une augmentation régulière de la clientèle ; une forte diversification qui permet de dire que la formule camping, du modeste emplacement aux cabanes de luxe dans les arbres, correspond à toutes les catégories de population ; une meilleure structuration des acteurs qui disposent des outils les plus performants ….

Et une menace réelle sur le développement des offres, bloquées par la règlementation, la spéculation et l’inflation.

Élément actif au sein de la Confédération des Acteurs du Tourisme, CAT, la FNHPA, via son président Nicolas Dayot, entend bien faire entendre davantage sa voix.

Regardé il n’y a pas si longtemps avec un certain dédain méprisant, le camping a fait sa mutation et revendique haut et fort d’être non seulement le 1er hébergement touristique de France mais aussi le plus apprécié par ses adeptes.