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Outre-mer : Corsair et Air Caraïbes vent debout contre... Air France 🔑

Corsair et Air Austral ont écrit conjointement à Jean-Baptiste Djebbari, le ministre des Transports


Qui aurait cru que Corsair emboite le pas à Air Caraïbes, où le contraire, pour attaquer un ennemi commun ? Et pourtant, c'est bien le cas. Les deux compagnies ont adressé, il y a quelques semaines un courrier à Jean-Baptiste Djebbari, le ministre des Transports. Dans cette missive, les transporteurs attaquent ouvertement Air France. La raison de cette vindicte ? "La croissance massive d'offre aérienne mise en place par Air France sur les dessertes des Outre-mer". L'Etat qui vient de mettre au pot pour soutenir Air France, peut-il jouer au pompier pyromane ?


Rédigé par le Vendredi 17 Décembre 2021

Corsair et Air Caraïbes ont écrit conjointement à Jean-Baptiste Djebbari, le ministre des Transports pour dénoncer le comportement d''Air France sur les lignes desservant les Outre-mer - Crédit photo : Depositphotos @peshkova
Corsair et Air Caraïbes ont écrit conjointement à Jean-Baptiste Djebbari, le ministre des Transports pour dénoncer le comportement d''Air France sur les lignes desservant les Outre-mer - Crédit photo : Depositphotos @peshkova
Et si Air France envoyait au tapis, les compagnies que l'Etat tente de sauver ?

C'est en tout cas ce que pensent les patrons de Corsair et Air Caraïbes.

Dans une lettre que nous nous avons pu consulter et adresser au ministre des Transports, Marc Rochet et Pascal de Izaguirre s'en prennent ouvertement à la compagnie nationale.

Alors que cette dernière cherche à tout prix de l'argent frais, elle ferait du "dumping et donc nous met la tête sous l’eau tout," nous explique-t-on du côté des Antilles.

Pour remettre dans le contexte, Air France qui a obtenu un lissage de ses PGE vient de s'offrir une bouffée d'oxygène, malgré tout Benjamin Smith est toujours déterminé à faire rentrer de l'argent, pour remettre à flot les comptes de la compagnie.

Pour y parvenir, le Canadien a jeté son dévolu sur les territoires d'Outre-mer.

"Nous sommes dans un contexte de pandémie mondiale, avec assez peu de destinations long-courriers ouvertes.

Nous avons une politique de réseau agile, en mettant des capacités, là où il a de la demande,
" nous explique-t-on du côté du pavillon français.

Une explication qui passe assez peu auprès de Corsair et Air Caraïbes, alors qu'en machine les billets Air France se développent comme des moustiques en plein été.

Air France : "Corsair et Air Caraïbes dénoncent une suroffre totalement décorrélée de la réalité du marché"


Le but de la lettre plutôt musclée est "d'alerter sur la stratégie massive d'offre aérienne mise en place par Air France".

Et les chiffres parlent d'eux-mêmes.

Alors qu'en septembre, un certain délestage a été réalisé pour amenuiser cette hausse massive, pour l'hiver 2021 et surtout l'année 2022, la marche en avant se poursuit.

"Cet été sur les Antilles, en juillet et août, nous étions à plus 50% de sièges supplémentaires par rapport à 2019.

La dynamique se poursuit pour l'année prochaine, avec une hausse de 40% , dont 70% pour juillet et août 2022,
" déplore un cadre d'une compagnie concurrente.

Des chiffres qui ne nous ont pas été confirmés par Air France.

Les statistiques partagées avec le ministère des Transports correspondent aux offres entrées dans les GDS.

Des ajustements sont toujours possibles et surtout rien ne dit que le nombre de rotations restera les mêmes, alors que la situation sanitaire mondiale parait très incertaine.

A noter, que Corsair et Air Caraïbes ont elles aussi augmenté leur volume, mais dans des proportions moindres (10%), permettant à Air France d'atteindre "50% de part d'offre sur les lignes antillaises."

Les patrons de Corsair et Air Caraïbes dénoncent une suroffre totalement décorrélée de la réalité du marché.

Ce constat est d'autant plus vrai, pour les autres destinations sur lesquelles Air France a démultiplié ses sièges.

"Sur la Guyane, la route sans doute la moins saturée, les liaisons ont été augmentées de 30%.

A la Réunion, les vols vers l'Île ont augmenté l'été dernier 90% de sièges en plus par rapport à 2019, pour 2022 la hausse est de 40% sur l'ensemble de l'année.

Ils déstabilisent le marché,
" peste le responsable.

Air France va-t-il condamner l'Etat aux tonneaux des Danaïdes ?

Cette augmentation générale permet non seulement d'absorber les sièges laissés libres par les défuntes XL Airways ou encore Level, mais même de dépasser parfois l'offre globale de 2019, sur un marché soumis à de nombreuses contraintes.

Une situation qui passe mal aussi dans les rangs des salariés des compagnies qui sont en frontal avec la compagnie nationale.

"Chez Corsair, tous les accords ont été dénoncés. Les pilotes ont dû réduire leur rémunération de 15%, sur la demande de l'Etat dans le cadre du projet de reprise.

Pendant ce temps, personne n'a demandé au personnel d'Air France de faire un quelconque effort. Nous l'avons vraiment mauvaise,
" nous lâche un syndicat agacé.

Malgré tout, nous apprenons que la compagnie nationale essayerait de réduire le nombre de PNC à bord des avions, pour augmenter la productivité. Des discussions plutôt difficiles, nous dit-on en interne.

A noter qu'il y a 7 500 suppressions de postes, un accord APLD et un plan de transformation pour automatiser les process. En l'occurrence sur les pilotes, des départs ont eu lieu dès l'été 2020, nous rapporte Air France.

L'agacement est s'explique aussi par la très grande intervention du gouvernement auprès d'Air France. Il n'a pas hésité à injecter 4 milliards d'euros, obtenant même le titre de 1er actionnaire du groupe.

Du côté d'Air Austral, le sujet est lui aussi sensible.

Est-ce que le gouvernement se condamnerait-il (lui-même) à subir le châtiment des Danaïdes éternellement ?

Ce supplice provient d'un mythe antique dans lequel les Danaïdes sont condamnées à remplir éternellement des jarres percées.

A l'heure où Air Austral se cherche une bouffée d'oxygène, via un rapprochement avec Corsair ou autre, le gouvernement devrait remettre à la main à la poche à cause... d'Air France.

Outre-mer : une stratégie rentable pour Air France ?

"Nous nous retrouvons dans une situation stupide.

L'Etat qui a aidé Air France va devoir remettre au bout pour soutenir Corsair et Air Austral, car la stratégie de la compagnie nationale joue fortement sur la rentabilité de ses concurrentes,
" analyse le cadre d'une des compagnies citées.

Justement, rien ne dit que l'offre d'Air France ne soit pas rentable, même si Paris - Pointe-à-Pitre figurait à la 4e place des lignes les plus fréquentées de la planète.

Sauf que ce beau classement ne sera plus exact en 2021.

Et pour comprendre la situation du marché, il faut analyser les taux de remplissages des lignes.

"En 2019, le remplissage sur Pointe-à-Pitre atteignait 92% pour Air France, 91% pour Air Caraïbes et 88% pour Corsair, quand les low cost étaient à 85%.

D'après les statistiques des aéroports, les taux ont chuté en 2021,
" déplore le responsable ayant préféré conserver l'anonymat.

Ils ne dépasseraient pas 66% pour Air France, 73% pour Air Caraïbes et 52% pour Corsair. Le constat sera similaire sur les liaisons avec Fort-de-France.

Une statistique qu'il faut nuancer, puisque de nombreux mois creux en raison des motifs impérieux et autres restrictions ont eu lieu en 2021.

En l'espace de deux ans, l'offre n'a pas été divisée par deux, mais les avions sont nettement moins remplis, une baisse généralisée de l'ordre de 20%.

"Depuis 2020, nous avons augmenté la desserte avec CDG, pour maintenir les connexions avec les régions françaises, c'est ce qui génère cette hausse.

Il est évident que nous sommes dans un suivi très précis et régulier de la demande,
reconnait un porte-parole d'Air France.

Outre-mer : "il n'y a plus de Yield management"

Toujours selon ce dernier, des ajustements sont réalisés continuellement en fonction de la demande, il y aurait une logique de marché.

La suroffre ne donne pas l'impression d'être rentable, surtout que dans le même temps, elle a totalement débranché le Yield Management des petites compagnies.

Alors que les sièges vacants sont très nombreux, les responsables commerciaux ne peuvent plus vraiment faire fluctuer les tarifs en fonction des demandes.

"Il n'y a plus de Yield management puisque les vols ne se sont pas vraiment remplis en raison de la trop grande capacité, la rentabilité des vols n'est pas au rendez-vous pour l'ensemble des acteurs.

En somme, Air France assomme le marché,
" poursuit un autre patron qui préfère conserver l'anonymat.

Déjà en difficulté avant même la crise, des compagnies comme Corsair ou Air Austral pourraient alors grandement souffrir du fait que la compagnie nationale ronge son frein sur les territoires d'Outre-mer.

Les acteurs demandent donc à l'Etat d'agir, en remettant Air France en calmant les velléités de Benjamin Smith, pour permettre à tous de vivre dignement.

"Ce comportement met en péril les équilibres économiques des autres transporteurs français" dévoile la lettre adressée à Jean-Baptiste Djebbari.

Ce n'est pas tout, car non seulement les compagnies en appellent aux autorités de la concurrence, mais en plus elles rappellent que "cette politique est en contradiction avec les engagements pris dans la décision de recapitalisation accordés par la Commission européenne du 5 avril 2021."

Pour terminer les signataires demandent des décisions rapides et que la croissance de l'offre d'Air France n'excède pas celle des ses concurrentes nationales.

Fort avec les faibles et faible avec les forts, telle serait la stratégie de Benjamin Smith.

D'autant que si le pavillon tricolore se meurt, sur ces dessertes, alors Air France devra sans doute lutter contre des compagnies bien plus solides qu'elles.

A l'heure, où nous écrivons ses lignes, aucune réponse n'a été faite à la lettre...

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par Eurofans le 21/12/2021 18:46 | Alerter
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Le gouvernement n’a rien fait non plus pour sauver les salariés de Aigle Azur et XL Airways.Que les urnes s en souviennent

2.Posté par Frederic le 21/12/2021 19:33 | Alerter
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Marc Rochet n'aime plus la concurrence, apres avoir cancanne au debut de la crise, apres avoir vendu son super deal avec garantie d'emploi, clairement pas adapte a la crise, il se fait maintenant rattraper par un bon produit COI de la part d'Air France et la cash machine qu'est le 777-COI. Avec l'attrition de Orly en termes de Feeding, Air France ne lui apporte plus non plus de client gratuit!

Maintenant que Rochet fasse ce qu'il reproche depuis toujours aux autres : un plan de transformation et de reduction des couts.

Mais il prefere pleurer alors que clairement sa position est hypertrophiee par rapport a Air France sur des axes aussi important que les Antilles. Air France est de retour et si ca les derange, c'est que cela fonctionne!

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