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Relais & Châteaux : "Nous relevons nos exigences pour répondre à la demande" 🔑

l'interview de Laurent Gardinier, président de Relais & Châteaux


Selon Laurent Gardinier, président du prestigieux réseau Relais & Châteaux, les maisons à taille humaine sont bien mieux placées que les grands hôtels pour répondre à l’attente croissante d’expériences plus authentiques de la clientèle haut de gamme.


Rédigé par le Mercredi 13 Décembre 2023

TourMaG : La 22e édition de l'ILTM vient de se tenir dans une certaine euphorie à Cannes car la demande de voyages haut de gamme est plus forte que jamais. Qu'en est-il pour le réseau Relais & Châteaux ?

Laurent Gardinier : Nous sommes sur la même tendance. Le niveau des réservations pour 2024 est équivalent à celui de 2023 qui, lui-même, était supérieur à celui de 2019.

Si de nouvelles catastrophes comme le Covid survenaient, nous serions de nouveau capables de nous adapter. Pendant le Covid, nous avons démontré que nous étions agiles et que, loin d'être paralysés, nous savions préparer l'avenir.


TourMaG : Lors de la récente assemblée générale du réseau Relais & Châteaux, au Danemark, vous avez annoncé, parmi les orientations stratégiques à mettre en place, une "montée en puissance sur les exigences". Et des " accomplissements en matière de développement durable". Très concrètement, qu'entendez-vous par là ?

Laurent Gardinier :
Les exigences des clients sont, en général, de plus en plus élevées, en particulier dans les domaines dans lesquels excellent justement les maisons de taille moyenne comme celles qui composent le réseau Relais & Châteaux.

Ce sont en effet de belles maisons, de moins de 50 chambres, ayant un fort ADN gastronomique. Elles ont également une empreinte géographique et patrimoniale bien ancrée dans l’endroit où elles opèrent.

D'autres attentes se font également jour. La clientèle porte désormais une attention croissante aux engagements en matière de développement durable. Les attentes sont très fortes sur la cuisine locale et l'offre d'expériences authentiques, plus orientées vers le rapport à la nature.

Cela tombe bien pour les Relais & Châteaux. Les maisons à taille humaine sont, par exemple, bien mieux placées que les grands hôtels pour répondre à la demande croissante d’expériences plus authentiques de la clientèle haut de gamme.

Il faut donc nous renforcer encore sur ces aspects qui sont déjà nos points forts. Et y veiller tout particulièrement lorsque nous recrutons de nouveaux membres.


TourMag : Comment comprenez-vous ces attentes en matière d'expériences plus authentiques ?

Laurent Gardinier :
Désormais, les voyageurs n'aspirent plus seulement à aller d'un bel endroit à un autre bel endroit : ils veulent davantage donner du sens à leur voyage. Ils aspirent vraiment à découvrir l'environnement dans lequel ils vont se trouver.

Autre tendance forte : ils voyagent davantage entre amis ou en famille. C'est d'ailleurs pour cela que nous développons l'offre de villas.


TourMag : Quel âge a votre clientèle ?

Laurent Gardinier
: 48 ans en moyenne. Cependant, les nouvelles générations sont de plus en plus présentes. Et cette recherche d'une offre qui a du sens est vraiment ce qui la caractérise.


Une charte en 500 points

Laurent Gardinier (Photo Relais & Châteaux)
Laurent Gardinier (Photo Relais & Châteaux)
TourMag : Pour faire face à ces nouvelles attentes, comptez-vous faire évoluer votre politique de recrutement ?

Laurent Gardinier :
Pour devenir membre de Relais & Châteaux, il faut respecter notre charte qui compte pas moins de 500 points. Tous ces points doivent être respectés. Une quinzaine d'inspecteurs anonymes vérifient si c'est bien le cas. Le niveau de désirabilité de notre réseau doit en effet être surveillé comme de l’huile sur le feu.

Lire aussi : Relais & Châteaux publie son rapport développement durable

Pour l'avenir, l'idée est effectivement de continuer à travailler sur notre charte pour la faire évoluer et être très exigeant sur la manière dont opèrent les hôtels. En particulier, sur la manière dont ils sont inclus dans la communauté locale, dans l'environnement naturel et patrimonial lequel ils évoluent. C'est vraiment très important.

Relais & Châteaux : une cuisine ancrée dans le terroir

Perchée au sommet d'une colline du Costa Rica, Casa Chameleon qui vient de rejoindre Relais & Châteaux offre 21 villas privées ans un envronnement extraordnaire (Photo Casa Chameleon)
Perchée au sommet d'une colline du Costa Rica, Casa Chameleon qui vient de rejoindre Relais & Châteaux offre 21 villas privées ans un envronnement extraordnaire (Photo Casa Chameleon)
TourMag : La réflexion entamée sur la cuisine durable doit déboucher sur l’écriture d’un nouveau manifeste Relais & Châteaux en 2024. Concrètement, jusqu'où est-il possible d'aller en matière de "durabilité" de la cuisine ? Ne utiliser d'anguilles, une espèce en voie de disparition comme vous venez de l'annoncer, est certes louable, mais n'est-ce pas une goutte d'eau dans la mer ?

Laurent Gardinier
: Une cuisine durable est ancrée dans son terroir et faite de produits frais locaux.

Déjà en 2014, nous avions écrit un Manifeste de l'hospitalité durable et sur la manière de réaliser une cuisine durable selon l'endroit où l'on se situe, selon les saisons, selon les produits locaux.

Nous allons réviser notre Manifeste en travaillant davantage sur les conséquences de ces choix et sur les exigences qu'ils impliquent. La non utilisation d'anguilles n'est qu'un modeste exemple de ce que nous devons faire.

Lire aussi : Relais & Châteaux s'interroge sur la cuisine durable

Pour ce Manifeste, nous travaillons en particulier avec Mauro Colagreco, le chef du Mirazur à Menton. Ce chef trois étoiles au Michelin est membre de Relais & Châteaux, il en est même devenu vice-président à la suite de Olivier Roellinger qui l'avait été pendant treize ans. Mauro Colagreco est convaincu qu'il n'y a pas d'autres manières d'envisager la gastronomie de demain qu'en réduisant notre impact sur la planète.

Pour les 70 ans de notre association que nous fêterons en 2024, en tenant notre assemblée générale à Paris, nous acterons la révision de notre manifeste en prenant en compte ces nouvelles exigences.

Un recrutement parcimonieux

La récente arrivée du Louxor Al Madira a permis à Relais & Châteaux d'être enfin présent en Egypte (Photo Relais & Châteaux)
La récente arrivée du Louxor Al Madira a permis à Relais & Châteaux d'être enfin présent en Egypte (Photo Relais & Châteaux)
TourMaG : Régulièrement, le réseau Relais & Châteaux annonce l'arrivée de nouvelles adresses, dont, récemment, une en Egypte où vous n'étiez pas encore présent. Avez-vous des objectifs précis en nombre d'adresses ? Et en couverture territoriale ?

Laurent Gardinier :
Nous utilisons quatre canaux pour recruter de nouveaux membres : d'abord, les candidatures spontanées ; ensuite, les adhésions de propriétés liées à des adresses qui en sont déjà membres, raison pour laquelle nous les appelons les "sister properties"; par ailleurs, les recommandations de "copains" des membres actuels.

Enfin, la prospection à laquelle nous nous livrons pour nous renforcer là où nous le jugeons utile. L'hôtel d'Egypte qui vient de rejoindre le réseau Relais & Châteaux par exemple, c'était de la prospection.

Son arrivée nous a permis d'être présent dans un pays dont nous étions absents. Nous aimerions aussi être davantage présents aux Etats Unis et au Mexique où nous ne le sommes pas suffisamment.

Concrètement, ce n'est pas si facile de devenir membre du réseau Relais & Châteaux. Nous recevons 500 demandes spontanées par an, nous en retenons seulement entre cinq et sept. Sur chacun des autres canaux évoqués plus haut, nous en prenons 7 environ par an. Cela fait 25 à 30 nouveaux adhérents chaque année.

Comme il y en a à peu près le même nombre d'adhérents qui partent, pour diverses raisons, et notamment pour des problèmes de qualité, notre réseau oscille autour de 580 Relais & Châteaux dont 80 sont des restaurants.

Parmi ceux-ci, 150 sont en France, 210 en Europe et 80 aux Etats-Unis. Nous avons aussi 20 membres au Japon et une quinzaine en Inde et au Sri Lanka.


TourMaG : Comment voyez-vous l'avenir ?

Laurent Gardinier : D'une manière générale, les maisons de taille moyenne sont promises à un bel avenir, beaucoup plus que les grands hôtels.

Beaucoup de grandes chaînes internationales réfléchissent d'ailleurs à avoir aussi des établissements de taille plus modeste.

De la même manière, les hôtels urbains sont promis à un bel avenir. Ce sont des hôtels de destinations, ils doivent être le reflet de leur ville. C'est en effet cet ancrage dans le local qui se prête le mieux à l'expérientiel qui est recherché aujourd'hui.

PAULA BOYER Publié par Paula Boyer Responsable rubrique LuxuryTravelMaG - TourMaG.com
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