Dans le tourisme, les conventions et congrès ont tous leur particularité.
Assisté à un évènement Manor, un réseau ayant pourtant une communication feutrée, ne laisse jamais indifférent. La rédaction m'avait prévenu, les participants n'ont pas leurs langues dans leurs poches. Quand il s'agit de défendre leur business, ils n'y vont pas avec le dos de la cuillère.
Le représentant d'Air France en a fait les frais, lors de la conférence sur NDC (cliquez ici pour accéder à l'article), celui de la SNCF a un degré moindre.
Dans cet article, nous revenons sur les petites phrases, prises de parole et réflexions intéressantes du XXVIIe congrès Manor.
Assisté à un évènement Manor, un réseau ayant pourtant une communication feutrée, ne laisse jamais indifférent. La rédaction m'avait prévenu, les participants n'ont pas leurs langues dans leurs poches. Quand il s'agit de défendre leur business, ils n'y vont pas avec le dos de la cuillère.
Le représentant d'Air France en a fait les frais, lors de la conférence sur NDC (cliquez ici pour accéder à l'article), celui de la SNCF a un degré moindre.
Dans cet article, nous revenons sur les petites phrases, prises de parole et réflexions intéressantes du XXVIIe congrès Manor.
Air France : "la République dominicaine, c'est Ben Smith qui a décidé"
Comme j'ai pu le dire, Stefan Vanovermeir, directeur des ventes Air France - KLM n'a pas fait le déplacement à Aix-en-Provence pour rien.
Tout d'abord, il a expliqué le mécanisme de l'inflation dans l'aérien.
"Depuis la crise de l'Ukraine, pour la 1ère fois, nous avons observé une décorrélation du prix du pétrole et celui du kérosène. Ce dernier augmente beaucoup plus vite que le baril de pétrole. Le kérosène est devenu un carburant de réserve pour les forces armées, en raison de sa grande polyvalence.
Avec les incertitudes que nous avons connues, les grèves dans les raffineries... les armées ont stocké du kérosène, pour prévenir tout problème. Cela contribue à la pression sur les prix."
Le directeur des ventes d'Air France - KLM a dû justifier de nombreuses actions de la compagnie aérienne nationale. De la très forte hausse des tarifs à l'avant de l'avion, au remboursement d'une partie du PGE, en passant par la décision d'arrêter les vols vers la République dominicaine en basse saison.
"A force d’augmenter le prix du carburant à Punta Cana, +35% par rapport à Fort-de-France, nous ne nous en sortons plus. Surtout que les clients ne sont pas prêts à absorber une telle hausse.
Les TO, ils vous feront la même réflexion sur l'inflation du prix des chambres. Sur Punta Cana, l’été nous n’arrivons pas à être rentables, malgré le meilleur avion, d’où la décision de saisonnaliser la destination.
La route vers Punta Cana représente le plus gros revenu sur le segment loisir chez Air France. C’est une énorme destination en France, et cette décision a été prise au plus haut niveau de l’entreprise, c’est Ben Smith qui a décidé."
Dans le même temps, l'avant des avions a vu ses prix décupler. L'auditoire était même atterré, par cette hausse sans fondement.
"Nous sommes dans une industrie de pénurie de sièges, les vols sont pleins en business.
Chez Air France, nous repartons avec une dette qui est plus forte, nous essayons de réaliser des résultats opérationnels nous permettant de rembourser l'Etat.
Nous n'augmentons pas les prix par perversion, mais en fonction de l'offre et de la demande. Nous avons des concurrents. Sur aucune route, nous sommes seuls."
Tout d'abord, il a expliqué le mécanisme de l'inflation dans l'aérien.
"Depuis la crise de l'Ukraine, pour la 1ère fois, nous avons observé une décorrélation du prix du pétrole et celui du kérosène. Ce dernier augmente beaucoup plus vite que le baril de pétrole. Le kérosène est devenu un carburant de réserve pour les forces armées, en raison de sa grande polyvalence.
Avec les incertitudes que nous avons connues, les grèves dans les raffineries... les armées ont stocké du kérosène, pour prévenir tout problème. Cela contribue à la pression sur les prix."
Le directeur des ventes d'Air France - KLM a dû justifier de nombreuses actions de la compagnie aérienne nationale. De la très forte hausse des tarifs à l'avant de l'avion, au remboursement d'une partie du PGE, en passant par la décision d'arrêter les vols vers la République dominicaine en basse saison.
"A force d’augmenter le prix du carburant à Punta Cana, +35% par rapport à Fort-de-France, nous ne nous en sortons plus. Surtout que les clients ne sont pas prêts à absorber une telle hausse.
Les TO, ils vous feront la même réflexion sur l'inflation du prix des chambres. Sur Punta Cana, l’été nous n’arrivons pas à être rentables, malgré le meilleur avion, d’où la décision de saisonnaliser la destination.
La route vers Punta Cana représente le plus gros revenu sur le segment loisir chez Air France. C’est une énorme destination en France, et cette décision a été prise au plus haut niveau de l’entreprise, c’est Ben Smith qui a décidé."
Dans le même temps, l'avant des avions a vu ses prix décupler. L'auditoire était même atterré, par cette hausse sans fondement.
"Nous sommes dans une industrie de pénurie de sièges, les vols sont pleins en business.
Chez Air France, nous repartons avec une dette qui est plus forte, nous essayons de réaliser des résultats opérationnels nous permettant de rembourser l'Etat.
Nous n'augmentons pas les prix par perversion, mais en fonction de l'offre et de la demande. Nous avons des concurrents. Sur aucune route, nous sommes seuls."
SNCF : Une hausse des tarifs pour 2023... inférieure à 10%
Après la compagnie aérienne nationale, passons à celle plus terre à terre, mais pas plus éloignée des polémiques.
Alors que les tarifs de l'électricité flambent en France, la SNCF en tant que 1er consommateur et client d'EDF a essuyé quelques frayeurs, en voyant flamber les prix de la production d'électricité en France. Les clients attendent toujours le verdict du transporteur, quant à l'inflation sur les tarifs.
"Tout d'abord, sur les hausses des tarifs annoncés (de 5% sur la France et de 2,7 sur l'Europe, ndlr) par l'INSEE, entre 2019 et 2022, nous les avons contestées.
D'après nos calculs, nous sommes sur un panier moyen à -7%.
Après nous concernant, les coûts sont en forte hausse, comme l'électricité ou les frais de péage. Malgré tout, nous souhaitons avoir un produit populaire et nous voulons le développer.
Avant que Clément Beaune ne se positionne sur le bouclier tarifaire, notre objectif est d’être en dessous du niveau de l’inflation. Nous avons fait une recommandation plus basse que les 10% que nous devrions alors répercuter, par rapport à l'augmentation de nos charges.
La proposition, d'une hausse modérée sera soumise au conseil d’administration," estime Guillaume Confais - Morieux, le directeur du marché des agences de voyages de la SNCF.
Alors que les tarifs de l'électricité flambent en France, la SNCF en tant que 1er consommateur et client d'EDF a essuyé quelques frayeurs, en voyant flamber les prix de la production d'électricité en France. Les clients attendent toujours le verdict du transporteur, quant à l'inflation sur les tarifs.
"Tout d'abord, sur les hausses des tarifs annoncés (de 5% sur la France et de 2,7 sur l'Europe, ndlr) par l'INSEE, entre 2019 et 2022, nous les avons contestées.
D'après nos calculs, nous sommes sur un panier moyen à -7%.
Après nous concernant, les coûts sont en forte hausse, comme l'électricité ou les frais de péage. Malgré tout, nous souhaitons avoir un produit populaire et nous voulons le développer.
Avant que Clément Beaune ne se positionne sur le bouclier tarifaire, notre objectif est d’être en dessous du niveau de l’inflation. Nous avons fait une recommandation plus basse que les 10% que nous devrions alors répercuter, par rapport à l'augmentation de nos charges.
La proposition, d'une hausse modérée sera soumise au conseil d’administration," estime Guillaume Confais - Morieux, le directeur du marché des agences de voyages de la SNCF.
Hausse de 1,5° des températures : "Un sujet mal marketé"
Une fois la page transport refermée, le congrès a ouvert celle de la RSE.
Dans le business travel, l'acronyme s'est imposée dans la politique voyage des grands groupes, mais pas seulement. Les réunions des professionnels du tourisme doivent être irréprochables.
"Mon fils m'a dit avant de venir : mais vous ne compensez rien sur votre congrès. Nous n'avons rien compensé, l'image que nous envoyons n'est pas bonne.
Notre génération n'a pas pris conscience de ce qu'il se passe. Demain sans démarche RSE, il ne sera plus possible de candidater lors des appels d’offres. Nous envoyons une mauvaise image.
La profession a été fortement aidée. A l'avenir, le gouvernement pourrait regarder si nous avons une démarche sociétale et écologique, avant de nous soutenir à nouveau," explique Emmanuel Gabas, le directeur associé de Voyages Seemore.
La question du dérèglement climatique pas toujours bien abordée dans l'industrie, entraîne beaucoup de clivages. Pour Grégory Mavoian, président de Manor le secteur doit très vite s'approprier le sujet, surtout que les clients eux font des choix en fonction de leur portefeuille.
"Quand nous parlons de hausse des températures de 1,5 degré, je trouve, le sujet mal marketé.
Nous pourrions nous dire, c’est que nous passons de 20 à 21,5°, sauf que ce n'est pas ça. La réalité est bien pire, nous verrons des régions et des pays entiers devenir invivables. C’est même déjà acté. Nous ne pouvons pas faire marche arrière.
Sauf que la réalité à laquelle nous faisons face dans nos agences : les clients veulent bien avoir des trajets plus écoresponsables, mais... à tarif égal.
Nous allons devoir voir les catastrophes arriver, pour que les changements se fassent," prédit le président de Manor.
Dans le business travel, l'acronyme s'est imposée dans la politique voyage des grands groupes, mais pas seulement. Les réunions des professionnels du tourisme doivent être irréprochables.
"Mon fils m'a dit avant de venir : mais vous ne compensez rien sur votre congrès. Nous n'avons rien compensé, l'image que nous envoyons n'est pas bonne.
Notre génération n'a pas pris conscience de ce qu'il se passe. Demain sans démarche RSE, il ne sera plus possible de candidater lors des appels d’offres. Nous envoyons une mauvaise image.
La profession a été fortement aidée. A l'avenir, le gouvernement pourrait regarder si nous avons une démarche sociétale et écologique, avant de nous soutenir à nouveau," explique Emmanuel Gabas, le directeur associé de Voyages Seemore.
La question du dérèglement climatique pas toujours bien abordée dans l'industrie, entraîne beaucoup de clivages. Pour Grégory Mavoian, président de Manor le secteur doit très vite s'approprier le sujet, surtout que les clients eux font des choix en fonction de leur portefeuille.
"Quand nous parlons de hausse des températures de 1,5 degré, je trouve, le sujet mal marketé.
Nous pourrions nous dire, c’est que nous passons de 20 à 21,5°, sauf que ce n'est pas ça. La réalité est bien pire, nous verrons des régions et des pays entiers devenir invivables. C’est même déjà acté. Nous ne pouvons pas faire marche arrière.
Sauf que la réalité à laquelle nous faisons face dans nos agences : les clients veulent bien avoir des trajets plus écoresponsables, mais... à tarif égal.
Nous allons devoir voir les catastrophes arriver, pour que les changements se fassent," prédit le président de Manor.
Ecole tourisme : "Nous avons du mal à recruter et remplir des promos"
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Il ne faut pas croire que l'attractivité est une problématique propre aux agences de voyages loisirs.
Du côté du business travel, les acteurs éprouvent les mêmes difficultés, même si certains profils sont revenus dans le secteur après l'avoir abandonné durant la crise. Les éductours peuvent devenir un nouvel argument de séduction, mais les salaires restent le nerf de la guerre.
"Le salaire est clairement un problème dans nos entreprises.
J'ai l’impression de faire des choses, hausse des salaires de 3%, pour une hausse au global de 100 000 euros pour CAP. Les retours de mes salariés : c’est bien, mais pas assez.
Lors de la dernière réunion CSE, sur les 10 thèmes de la réunion, tous concernaient les salaires. Nous avons un problème sur ce sujet, mais aussi sur les marges de nos entreprises.
Nous avons du mal à recruter, parce que le secteur n’attire plus et qu’il a dû mal à payer, car nous ne margeons pas assez. Dans RSE, il n’y a pas que le R, il y a aussi S, sur l’organisation sociétale de l’entreprise, le traitement des salariés, etc.
Et là-dessus, nous ne sommes pas forcément très bons," analyse Aurélien Rath, le directeur général de Cap 5.
Le secteur va devoir trouver des solutions à court terme, mais aussi à moyen et long terme. Au niveau des écoles, les services des inscriptions ne sont pas débordés par les candidats.
Pour Aurélie Soulat, la directrice commerciale de Costa France, mais aussi professeur en MBA Tourisme (Bac +6), l'industrie ne fait plus rêver.
"Depuis deux ans, le profil d'étudiant a énormément évolué.
Nous avons du mal à recruter et remplir des promos. Puis fin de cursus, ils se demandent, s’ils vont rester dans le secteur, en raison du salaire et d'autres choses.
Nous dégoutons ces jeunes, ils se tournent vers d'autres secteurs, car nous ne les suivons pas sur les salaires et l’organisationnel.
De plus, les engagements RSE et environnementaux reviennent tout le temps."
Autant de signaux qui font dire aux patrons, qu'il est temps de se remettre en question, tout en ne délaissant pas ses acquis.
Du côté du business travel, les acteurs éprouvent les mêmes difficultés, même si certains profils sont revenus dans le secteur après l'avoir abandonné durant la crise. Les éductours peuvent devenir un nouvel argument de séduction, mais les salaires restent le nerf de la guerre.
"Le salaire est clairement un problème dans nos entreprises.
J'ai l’impression de faire des choses, hausse des salaires de 3%, pour une hausse au global de 100 000 euros pour CAP. Les retours de mes salariés : c’est bien, mais pas assez.
Lors de la dernière réunion CSE, sur les 10 thèmes de la réunion, tous concernaient les salaires. Nous avons un problème sur ce sujet, mais aussi sur les marges de nos entreprises.
Nous avons du mal à recruter, parce que le secteur n’attire plus et qu’il a dû mal à payer, car nous ne margeons pas assez. Dans RSE, il n’y a pas que le R, il y a aussi S, sur l’organisation sociétale de l’entreprise, le traitement des salariés, etc.
Et là-dessus, nous ne sommes pas forcément très bons," analyse Aurélien Rath, le directeur général de Cap 5.
Le secteur va devoir trouver des solutions à court terme, mais aussi à moyen et long terme. Au niveau des écoles, les services des inscriptions ne sont pas débordés par les candidats.
Pour Aurélie Soulat, la directrice commerciale de Costa France, mais aussi professeur en MBA Tourisme (Bac +6), l'industrie ne fait plus rêver.
"Depuis deux ans, le profil d'étudiant a énormément évolué.
Nous avons du mal à recruter et remplir des promos. Puis fin de cursus, ils se demandent, s’ils vont rester dans le secteur, en raison du salaire et d'autres choses.
Nous dégoutons ces jeunes, ils se tournent vers d'autres secteurs, car nous ne les suivons pas sur les salaires et l’organisationnel.
De plus, les engagements RSE et environnementaux reviennent tout le temps."
Autant de signaux qui font dire aux patrons, qu'il est temps de se remettre en question, tout en ne délaissant pas ses acquis.