Transport aérien : les femmes au pouvoir

C’est une nouveauté et une excellente tendance, les femmes prennent de plus en plus de place dans les instances dirigeantes du transport aérien.

Elles ont eu un peu de peine à pénétrer ce milieu très macho. Je me rappelle encore l’étonnement qu’une femme devienne pilote et même commandant de bord à Air Inter.

A tel point que pendant des années dans les annonces à bord, seul le nom de la commandant de bord était mentionné, afin que l’on ne puisse pas savoir qu’elle était du sexe dit faible.

Les choses ont bien changé. Avoir une femme aux commandes est devenu un lieu commun. Personne n’y fait plus attention. Très récemment je me suis trouvé au diner annuel de Marco Polo à côté d’une marocaine commandant de bord à la RAM, qui était de surcroit instructeur et avait plus de 15.000 heures de vol à son actif.

Même dans les pays où les femmes ont encore beaucoup à gagner sur le plan de l’égalité, et même alors dans les milieux les plus fermés tels que le transport aérien, elles prennent maintenant toute leur place. Et c’est tant mieux.

Leur positionnement ne s’arrête d’ailleurs pas à leur présence dans les comités exécutifs, voire même dans les conseils d’administration, elles sont maintenant carrément au sommet de la hiérarchie.

C’est d’ailleurs le cas d’Air France/KLM. Les trois principales compagnies du groupe franco-néerlandais : Air France, KLM et Transavia France sont pour deux d’entre elles dirigées par des femmes et la troisième, KLM le sera très prochainement. De plus la présidente du conseil d’administration d’Air France/KLM est également une femme.

Bref, Anne Marie Couderc, la présidente d’Air France/KLM, Anne Rigal la Directrice Générale d’Air France, Nathalie Stubler la PDG de Transavia France et Marjan Rintel la future DG de KLM ont remplacé en peu de temps les hommes à la tête du transport aérien franco-hollandais.

Je note qu’à part Anne Marie Couderc qui a fait une importante carrière politique avant de rejoindre Air France/KLM en 2018, elles sont de la même génération, la petite cinquantaine et qu’à part Marjan Rintel qui a fait une incursion de 5 ans dans les chemins de fer néerlandais, elles ont fait toute leur carrière dans les compagnies aériennes en passant par beaucoup de postes très variés.

Cela nous change des parachutages que l’on a pu constater par le passé et dont les résultats n’ont pas été toujours probants.

Elles savent bien qu’il leur sera moins pardonné qu’aux hommes. C’est ainsi, même si cela paraît injuste. Elles doivent alors faire preuve de plus de savoir-faire. Les entreprises qu’elles dirigent se sont d’ailleurs bien adaptées à être dirigées par des femmes, bien qu’elles aient encore une majorité de salariés masculins dans tous les secteurs d’activité et d’abord parmi les personnels navigants techniques.

Elles ont réussi à s’imposer sans faire de bruit, juste avec une grande ténacité. Il ne reste plus qu’à espérer qu’elles arriveront à redresser le groupe et leur tâche ne sera pas facile.

J’ai parlé de la grande entreprise franco-néerlandaise. Permettez-moi d’évoquer maintenant la plus petite compagnie aérienne régulière au monde.

Elle est française également et, bien qu’elle ne possède qu’un seul avion, un Beechcraft 350, elle est membre de IATA et elle est distribuée dans tous les BSP mondiaux et dans l’ARC pour les USA voire, même en Russie avec le TCH, mais ce n’est pas vraiment d’actualité.

Pour être la plus petite, c’est sans doute la mieux distribuée. Eh bien elle est dirigée par une femme également, Sandrine de Saint Sauveur la PDG du Groupe APG, et la responsable de la compagnie Sophie Ballandras est également du sexe féminin.

Je note d’ailleurs l’excellente santé de cette petite et pourtant mondiale entreprise.

Alors qu’il s’agisse d’énormes groupes ou de petits transporteurs, les femmes prennent progressivement les commandes. Plus personne d’ailleurs ne s’étonne de les voir dans les instances dirigeantes des organismes internationaux.

Sandrine de Saint Sauveur, par exemple siège au Board de l’ERA (Européen Region Airlines Association) d’ailleurs dirigée elle aussi par une femme Montserrat Barriga et à celui de l’UATP (Universal Air Travel Plan) la première carte de crédit puisqu’elle a été créée en 1936 et qui a son siège à Washington.

Le temps où l’on confinait les femmes aux tâches ménagères, puis subalternes dans les entreprises est bien révolu. Et c’est très bien ainsi.

Jean-Louis Baroux est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.

Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.

Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.