Les vols annulés tendent à baisser, mais globalement l'offre ne répond pas à la demande dans l'aérien - Depositphotos @jarino
Après deux ans de stop and go, le tourisme s'attendait à une saison estivale faste qui viendrait compenser deux années de vaches maigres.
Puis patatras ! Au moment de relancer la machine, l'aérien ne parvient plus à absorber le raz-de-marée de passagers, avides d'évasion, dont la quantité n'est plus en adéquation avec les moyens humains disponibles.
Un décalage qui a déséquilibré toute la chaîne.
"La gestion de la crise a joué en leur défaveur (des compagnies aériennes, ndlr), notamment parce que de nombreux emplois sont sous-traités et à l'heure de reconstituer les rangs, il a manqué de nombreuses personnes à l'appel," analysait pour TourMaG.com Paul Chiambaretto, directeur de la chaire Pegase.
Nouvelle illustration du difficile retour à la normale, avec Londres Heathrow. qui a dû limiter sa capacité de départ à 100 000 passagers par jour et ce pendant 2 mois.
Puis patatras ! Au moment de relancer la machine, l'aérien ne parvient plus à absorber le raz-de-marée de passagers, avides d'évasion, dont la quantité n'est plus en adéquation avec les moyens humains disponibles.
Un décalage qui a déséquilibré toute la chaîne.
"La gestion de la crise a joué en leur défaveur (des compagnies aériennes, ndlr), notamment parce que de nombreux emplois sont sous-traités et à l'heure de reconstituer les rangs, il a manqué de nombreuses personnes à l'appel," analysait pour TourMaG.com Paul Chiambaretto, directeur de la chaire Pegase.
Nouvelle illustration du difficile retour à la normale, avec Londres Heathrow. qui a dû limiter sa capacité de départ à 100 000 passagers par jour et ce pendant 2 mois.
Vols annulés : les raisons ?
Une décision dont les conséquences sont terribles pour des compagnies qui vont devoir réduire l'offre de sièges de plus de 20%, alors que dans le même temps les taux d'occupation s'annoncent très bons tout au long de l'été.
Au total, la réduction du nombre de passagers depuis la plateforme londonienne devrait concerner 1,375 million de personnes.
Le manque à gagner est estimé à 548 millions d'euros selon OAG. Et le problème des vols annulés n'est pas l'apanage de la Grande-Bretagne, le sujet fait la Une dans de nombreux pays européens.
Au-delà de la pénurie de main-d'oeuvre, OAG y va de son interprétation.
"Il semble que trop de gens n’ont pas pris les mesures nécessaires et n’ont pas imposé des quotas ou des réductions de capacité assez tôt, et nous en vivons maintenant les conséquences...
Toute la question des règles relatives aux créneaux horaires et la crainte de la réglementation « utilisez-le ou perdez-le » est probablement à l’origine du problème," estime le fournisseur mondial de données sur les voyages.
En règle générale, il est prévu que pour ne pas perdre un créneau, une compagnie doive utiliser au moins 80% de ses slots. Une aberration sensiblement corrigée, durant la pandémie, par la Commission européenne qui a réduit ce taux à 64%.
Mais comme le secteur se gargarise d'un retour à la normale, l'instance a décidé qu'à partir du 30 octobre 2022, la règle des 80/20 reviendrait la norme.
A cela vous ajoutez, des aéroports en manque de bras, des transporteurs annulant les lignes devenues peu rentables avec la hausse du prix du baril et vous obtenez, cette impression de chaos.
"Pour les aéroports, le problème est plus structurel. Ils n'auront pas d'autre choix que d'augmenter les salaires, pour attirer des nouveaux talents et donc à l'arrivée, les redevances aéroportuaires," poursuit le professeur à l'école de commerce de Montpellier.
A lire : Les aéroports vont-ils tuer le transport aérien ?
Une pénurie bien plus notable au sol, car les salariés ont pu très facilement vendre leurs compétences dans d'autres industries.
Au total, la réduction du nombre de passagers depuis la plateforme londonienne devrait concerner 1,375 million de personnes.
Le manque à gagner est estimé à 548 millions d'euros selon OAG. Et le problème des vols annulés n'est pas l'apanage de la Grande-Bretagne, le sujet fait la Une dans de nombreux pays européens.
Au-delà de la pénurie de main-d'oeuvre, OAG y va de son interprétation.
"Il semble que trop de gens n’ont pas pris les mesures nécessaires et n’ont pas imposé des quotas ou des réductions de capacité assez tôt, et nous en vivons maintenant les conséquences...
Toute la question des règles relatives aux créneaux horaires et la crainte de la réglementation « utilisez-le ou perdez-le » est probablement à l’origine du problème," estime le fournisseur mondial de données sur les voyages.
En règle générale, il est prévu que pour ne pas perdre un créneau, une compagnie doive utiliser au moins 80% de ses slots. Une aberration sensiblement corrigée, durant la pandémie, par la Commission européenne qui a réduit ce taux à 64%.
Mais comme le secteur se gargarise d'un retour à la normale, l'instance a décidé qu'à partir du 30 octobre 2022, la règle des 80/20 reviendrait la norme.
A cela vous ajoutez, des aéroports en manque de bras, des transporteurs annulant les lignes devenues peu rentables avec la hausse du prix du baril et vous obtenez, cette impression de chaos.
"Pour les aéroports, le problème est plus structurel. Ils n'auront pas d'autre choix que d'augmenter les salaires, pour attirer des nouveaux talents et donc à l'arrivée, les redevances aéroportuaires," poursuit le professeur à l'école de commerce de Montpellier.
A lire : Les aéroports vont-ils tuer le transport aérien ?
Une pénurie bien plus notable au sol, car les salariés ont pu très facilement vendre leurs compétences dans d'autres industries.
Aérien : les annulations vont-elles baisser ?
Alors même que les aéroports ont dû drastiquement se réorganiser, les compagnies aériennes ont selon OAG maintenu des rythmes trop élevés qui devraient encore s'accentuer pour l'été.
La semaine dernière 23,6 millions de sièges étaient prévus en Europe (+1,6% par rapport à la semaine précédente, toujours selon OAG), soit une augmentation de plus de 62% par rapport à la même semaine l’année dernière, et à près de 89% du niveau de 2019.
Une mise en machine (trop ?) excessive qui se heurte donc à la réalité opérationnelle, mais aussi aux nombreuses grèves qui éclatent un peu partout en Europe.
Si les capacités sont perpétuellement revues à la hausse, les acteurs du ciel européen doivent eux réduire la voilure, au fur et à mesure, pour s'ajuster par rapport aux aéroports et aux multiples mouvements sociaux.
En juillet 2022, aussi bien Ryanair (-3,4% par rapport à juin 2022) que WizzAir (-9,8%), British Airways (-18,8%) ou encore easyJet (-10,3%) ont dû s'adapter, en baissant leurs offres de sièges.
"easyJet aurait supprimé plus de 11 000 vols de son programme d'été.
De son côté, British Airways a annulé 13 % de son programme été, après avoir déclaré le 6 juillet 2022 que la compagnie allait supprimer 10 300 vols court-courriers supplémentaires jusqu'à la fin octobre 2022," dévoile Hannah Free, analyste en voyages et tourisme chez GlobalData.
Dernièrement, Transavia a défrayé la chronique en annulant des centaines de vols durant le long week-end du 14 juillet, en raison d'une grève.
Mais au-delà de ces gros titres, observe-t-on une explosion des annulations par rapport à une année normale ?
"C'était le chaos total, rien que sur ce samedi pour Transavia, nous avons reçu 150 dossiers pour annulations. Sur juin, nous avons un taux d'annulation de 7 %, un chiffre qui inclut aussi les annulations de la part des clients.
C'est beaucoup par rapport aux 3 % de 2019, mais ce n'est pas énorme comparativement à la période covid," nous explique un responsable d'une importante plateforme de vente de séjours.
Lors de la vague omicron, les taux dépassaient allègrement les 20%.
La semaine dernière 23,6 millions de sièges étaient prévus en Europe (+1,6% par rapport à la semaine précédente, toujours selon OAG), soit une augmentation de plus de 62% par rapport à la même semaine l’année dernière, et à près de 89% du niveau de 2019.
Une mise en machine (trop ?) excessive qui se heurte donc à la réalité opérationnelle, mais aussi aux nombreuses grèves qui éclatent un peu partout en Europe.
Si les capacités sont perpétuellement revues à la hausse, les acteurs du ciel européen doivent eux réduire la voilure, au fur et à mesure, pour s'ajuster par rapport aux aéroports et aux multiples mouvements sociaux.
En juillet 2022, aussi bien Ryanair (-3,4% par rapport à juin 2022) que WizzAir (-9,8%), British Airways (-18,8%) ou encore easyJet (-10,3%) ont dû s'adapter, en baissant leurs offres de sièges.
"easyJet aurait supprimé plus de 11 000 vols de son programme d'été.
De son côté, British Airways a annulé 13 % de son programme été, après avoir déclaré le 6 juillet 2022 que la compagnie allait supprimer 10 300 vols court-courriers supplémentaires jusqu'à la fin octobre 2022," dévoile Hannah Free, analyste en voyages et tourisme chez GlobalData.
Dernièrement, Transavia a défrayé la chronique en annulant des centaines de vols durant le long week-end du 14 juillet, en raison d'une grève.
Mais au-delà de ces gros titres, observe-t-on une explosion des annulations par rapport à une année normale ?
"C'était le chaos total, rien que sur ce samedi pour Transavia, nous avons reçu 150 dossiers pour annulations. Sur juin, nous avons un taux d'annulation de 7 %, un chiffre qui inclut aussi les annulations de la part des clients.
C'est beaucoup par rapport aux 3 % de 2019, mais ce n'est pas énorme comparativement à la période covid," nous explique un responsable d'une importante plateforme de vente de séjours.
Lors de la vague omicron, les taux dépassaient allègrement les 20%.
Un chaos aérien vraiment relatif ?
Et ce patron s'attend à connaître un mois de juillet dans la même veine, avec des annulations qui atteindront sans doute les 8%, voire même les 10%.
Un taux loin d'être anecdotique et qui met en lumière, les différentes prises de paroles de professionnels excédés par des vols supprimés à tout va.
D'ailleurs, selon Eurocontrol (l'organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne), le week-end dernier moins de 90% du programme a été exploité en France.
Le paroxysme a été atteint le 16 juillet 2022 avec 11,8% des horaires non exploités, donc potentiellement annulés.
Entre la théorie et la pratique, nous sommes allés voir à quoi ressemblaient réellement les tableaux d'affichage des aéroports français et européens.
Par exemple en France, le taux d'annulation des vols entre le 4 et le 10 juillet était de 1,41%. Lors des 7 jours précédents, cette statistique était de 3,92%.
Dans l'ensemble "de nombreux autres grands marchés sont revenus également à des niveaux plus proches de la normale," poursuit le fournisseur de data.
Un chiffre loin du ressenti des professionnels épuisés par les multiples répercussions sur les séjours de leurs clients et surtout l'absence de réponse des compagnies aériennes.
"Le cas de Transavia est symptomatique du virage pris par la production touristique. Elle est devenue en quelques années LA compagnie des tour-opérateurs en France. En plus des annulations en France, vous devez ajouter ceux à l'étranger.
Vous cumulez le tout et vous comprenez mieux cette sensation," poursuit le responsable du site en ligne.
Un changement de modèle qui entraîne un effet loupe sur les problématiques de suppression de rotation. Le cas est aussi palpable chez Volotea, easyJet ou Ryanair.
Derrière une annulation, il faut parfois trouver un logement de dernière minute ou même alors reprotéger les clients sur une autre ligne. Le coût peut atteindre des sommets et le travail supplémentaire n'est pas toujours rétribué.
Pour revenir à l'analyse entre les statistiques macros et le ressenti, prenons les données de vols de Mabrian pour les journées du 14 juin et du 5 juillet.
L'Allemagne caracole en tête au niveau européen, avec 6,12% des vols annulés, devant l'Autriche (4,50%), puis le Royaume-Uni (3,20%).
"Une fois de plus, nous constatons que si les chiffres absolus sont élevés, en termes de pourcentage de tous les vols prévus et l'impact n'est pas aussi inquiétant.
A travers l'Europe, les compagnies aériennes trouvent des vols alternatifs dans de nombreux cas, donc le nombre de personnes devant annuler leurs plans est probablement très faible," explique Carlos Cendra, directeur des ventes et du marketing chez Mabrian.
Un taux loin d'être anecdotique et qui met en lumière, les différentes prises de paroles de professionnels excédés par des vols supprimés à tout va.
D'ailleurs, selon Eurocontrol (l'organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne), le week-end dernier moins de 90% du programme a été exploité en France.
Le paroxysme a été atteint le 16 juillet 2022 avec 11,8% des horaires non exploités, donc potentiellement annulés.
Entre la théorie et la pratique, nous sommes allés voir à quoi ressemblaient réellement les tableaux d'affichage des aéroports français et européens.
Par exemple en France, le taux d'annulation des vols entre le 4 et le 10 juillet était de 1,41%. Lors des 7 jours précédents, cette statistique était de 3,92%.
Dans l'ensemble "de nombreux autres grands marchés sont revenus également à des niveaux plus proches de la normale," poursuit le fournisseur de data.
Un chiffre loin du ressenti des professionnels épuisés par les multiples répercussions sur les séjours de leurs clients et surtout l'absence de réponse des compagnies aériennes.
"Le cas de Transavia est symptomatique du virage pris par la production touristique. Elle est devenue en quelques années LA compagnie des tour-opérateurs en France. En plus des annulations en France, vous devez ajouter ceux à l'étranger.
Vous cumulez le tout et vous comprenez mieux cette sensation," poursuit le responsable du site en ligne.
Un changement de modèle qui entraîne un effet loupe sur les problématiques de suppression de rotation. Le cas est aussi palpable chez Volotea, easyJet ou Ryanair.
Derrière une annulation, il faut parfois trouver un logement de dernière minute ou même alors reprotéger les clients sur une autre ligne. Le coût peut atteindre des sommets et le travail supplémentaire n'est pas toujours rétribué.
Pour revenir à l'analyse entre les statistiques macros et le ressenti, prenons les données de vols de Mabrian pour les journées du 14 juin et du 5 juillet.
L'Allemagne caracole en tête au niveau européen, avec 6,12% des vols annulés, devant l'Autriche (4,50%), puis le Royaume-Uni (3,20%).
"Une fois de plus, nous constatons que si les chiffres absolus sont élevés, en termes de pourcentage de tous les vols prévus et l'impact n'est pas aussi inquiétant.
A travers l'Europe, les compagnies aériennes trouvent des vols alternatifs dans de nombreux cas, donc le nombre de personnes devant annuler leurs plans est probablement très faible," explique Carlos Cendra, directeur des ventes et du marketing chez Mabrian.
La reprise en Europe ralentie par les compagnies aériennes
Pendant que les annulations attirent tous les projecteurs, les retards sont aussi à déplorer, n'arrangeant en rien les affaires de l'industrie.
Eurocontrol nous informe que la ponctualité atteint des taux relativement faibles, avec un petit 61,4% pour les vols arrivant en France, alors que la moyenne européenne plafonne à 63,7% dans l'ensemble de l'Europe.
En 2018 et sur l'ensemble de l'été, le taux de ponctualité dans les aéroports français atteignait alors 73%.
Et comme cela ne suffisait pas à un tableau pas si noir, mais pas tout blanc non plus, les conditions de passage aux frontières seront dégradées dans les aéroports.
Si les boutiques et la sécurité ont des problèmes de recrutement, les guérites pour contrôler les personnes revenant de l'étranger ne sont pas toutes ouvertes, même en plein mois de juillet.
Autant de points qui font dire à GlobalData que la reprise de l'industrie du tourisme en Europe pourrait être freiner par l'aérien.
"La nature interconnectée de l'écosystème du tourisme signifie que les problèmes de perturbation, à n'importe quel point de cette chaîne, peuvent avoir un impact négatif sur les autres," estime Hannah Free, analyste en voyages et tourisme chez GlobalData.
Finalement, les transporteurs sont fautifs par manque d'anticipation, mais aussi par leur volonté d'augmenter continuellement leurs capacités, alors qu'au sol les aéroports ne sont plus en mesure d'absorber un trafic devenu trop important.
Pendant ce temps, le moindre grain de sable enraye une machine infernale qui entraine des surcharges de travail pour des agences de voyages, pénalisées par le changement de culture de l'industrie.
"Les tour-opérateurs qui ont des allotements et des charters seront les seuls et uniques gagnants de l'été. Ils sont peu nombreux, mais ils vont s'y retrouver," conclut alors note observateur avisé.
Face à cette nouvelle crise, le secteur reviendra-t-il à ses fondamentaux pour vivre enfin une saison estivale sereine ?
Wait and see...
Eurocontrol nous informe que la ponctualité atteint des taux relativement faibles, avec un petit 61,4% pour les vols arrivant en France, alors que la moyenne européenne plafonne à 63,7% dans l'ensemble de l'Europe.
En 2018 et sur l'ensemble de l'été, le taux de ponctualité dans les aéroports français atteignait alors 73%.
Et comme cela ne suffisait pas à un tableau pas si noir, mais pas tout blanc non plus, les conditions de passage aux frontières seront dégradées dans les aéroports.
Si les boutiques et la sécurité ont des problèmes de recrutement, les guérites pour contrôler les personnes revenant de l'étranger ne sont pas toutes ouvertes, même en plein mois de juillet.
Autant de points qui font dire à GlobalData que la reprise de l'industrie du tourisme en Europe pourrait être freiner par l'aérien.
"La nature interconnectée de l'écosystème du tourisme signifie que les problèmes de perturbation, à n'importe quel point de cette chaîne, peuvent avoir un impact négatif sur les autres," estime Hannah Free, analyste en voyages et tourisme chez GlobalData.
Finalement, les transporteurs sont fautifs par manque d'anticipation, mais aussi par leur volonté d'augmenter continuellement leurs capacités, alors qu'au sol les aéroports ne sont plus en mesure d'absorber un trafic devenu trop important.
Pendant ce temps, le moindre grain de sable enraye une machine infernale qui entraine des surcharges de travail pour des agences de voyages, pénalisées par le changement de culture de l'industrie.
"Les tour-opérateurs qui ont des allotements et des charters seront les seuls et uniques gagnants de l'été. Ils sont peu nombreux, mais ils vont s'y retrouver," conclut alors note observateur avisé.
Face à cette nouvelle crise, le secteur reviendra-t-il à ses fondamentaux pour vivre enfin une saison estivale sereine ?
Wait and see...