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Visual Utopia : le touriste urbain a fait un rêve... 🔑

Édito de Juliette Pic


Dans ses courts-métrages d'animation, Jan Kamensky rêve de villes sans voitures, où les vélos, les piétons et les lieux conviviaux reprendraient le pouvoir. Une utopie de touriste ?


Rédigé par le Mercredi 12 Avril 2023

Jan Kamensky fait voler les voitures du boulevard St Germain à Paris - DR : Jan Kamensky
Jan Kamensky fait voler les voitures du boulevard St Germain à Paris - DR : Jan Kamensky
Un jour, on fera comme l’oiseau. Ça vit d’air pur et d’eau fraîche un oiseau. Enfin, pas seulement. Ça vit aussi d’arbres et de nature, de lombric et pour ça, force est de constater que nos modes de vie et la pollution qui en résulte n’aident pas. D’ailleurs, il y en a de moins en moins, des oiseaux. De l’air pur et de l’eau fraîche non plus, soit dit en passant.

Mais revenons à nos moutons (oui bon). On n’est pas là pour compter les catastrophes, mais pour parler utopie.

Pour le philosophe Thomas More (hé oui, on se cultive avec TourMaG), l’utopie c’est un lieu idéal, rêvé, qu’il imagine pacifique, démocratique et égalitaire, en réaction aux sociétés européennes de la Renaissance, qu’il voit comme malheureuses, guerrières, injustes, trop attachées au luxe et la propriété privée.

En cela, l’écologie, pourrait être une formidable utopie, et Jan Kamensky l’illustre parfaitement avec son projet visual Uopia.


Visual utopia, pour rêver un monde sans pollution

L’artiste allemand fantasme en images un monde dans lequel les pistes cyclables et les rues piétonnes remplaceraient les voitures. Un monde dans lequel la nature pourrait reprendre ses droits, où les oiseaux pourraient revenir picorer des bestioles qu’on n’aurait plus besoin de gazer avec des produits chimiques.

Des vidéos hypnotiques d’une minute ou deux qui montre Berlin, Madrid, Londres ou Tokyo aujourd’hui et ce que ces villes, qui sont aussi de hauts lieux touristiques, pourraient devenir si seulement elles optaient pour un urbanisme décarboné.

Et c’est vrai qu’avec son regard, on ressent physiquement l’évolution. Symboliquement, il place le monde tel qu’il est sous la pluie (on aimerait bien !). On voit les villes d’aujourd’hui. Avec leurs routes, leurs moteurs, leurs bruits. Il n’en rajoute pas, tout cela est familier et pourtant, on se sent étouffer.

Mais peu à peu, elles changent. Les voitures s’envolent (littéralement), les panneaux, le bitume, et laissent place à une ville plus verte, plus respirable.

Avec des voies cyclables, une large place aux piétons, des plantes, des arbres et une vie sociale qui semble apaisée, comme le GIEC, qui n’est pourtant pas un groupement d’utopistes, l’imagine lui aussi.


Un rêve de touriste

Et qui n’en rêve pas ? Qui préfère visiter une ville où les moteurs et les klaxons couvrent tous les bruits de la vie ? Qui a envie de se promener dans une ville saturée par les voitures ? Des arbres plutôt que des feux de signalisation, qui vote contre ?

Les touristes que nous sommes tous rêvent en regardant les vidéos proposées par Jan Kamensky. Ils ont soif de voir ce New-York là, cette version d’une autre Bruxelles, d’une autre Lisbonne.

Une opportunité pour un secteur en reconstruction. Pour une agence ou un tour-opérateur, pour un guide ou un réceptif, choisir l’angle des villes qui décarbonent pourrait bien être un ticket gagnant tant les clients sont en demande.

Il n’y a pas si longtemps, je suis allée visiter Copenhague. Les voitures n’y sont pas interdites, et le bitume n’a pas disparu. Pourtant, le vélo y est majoritaire et change toute la physionomie de la ville.

Peu à peu d’autres villes suivent. Elles étoffent leur offre voies cyclables, piétonnisent leurs rues, choisissent des essences locales pour reverdir, essaient doucement mais surement, de désimperméabiliser les revêtements.
Londres, avant/après
Londres, avant/après

Quand la fiction rejoint la réalité

L’utopie que propose Jan Kamensky n’est pas si loin d’une réalité qui pourrait voir le jour, et satisfaire une clientèle qui a soif de changement.

Un monde qu’on a touché du doigt pendant le premier confinement. Quand les oiseaux, l’air pur et, à défaut d’eau fraîche, la biodiversité reprenaient leurs droits.

On a tous rêvé de ce « monde d’après » que la majorité d’entre nous appelait de ses vœux et qui a poussé le designer visuel à agir :

« Où est-ce que je vois un besoin urgent d'agir dans mon environnement, ou mieux : mon monde voisin ? Les rues vides au début de la pandémie m'ont finalement fait réaliser : je veux voir une ville sans voitures.

Qu'adviendra-t-il des routes si nous les libérons de la voiture ? Comment concevoir les espaces nouvellement acquis ? »
explique-t-il à Polis Magazin.

Jan Kamensky n’est pas urbaniste, il en rajoute et s’amuse. Il revendique l’exagération.

Il ne propose rien d’objectif et ne montre qu’un quartier, une rue, un morceau de ville.

Juste une utopie, un regard différent, qui nous montre ce que le monde pourrait être, si seulement on le voulait.



Juliette Pic Publié par Juliette Pic Journaliste - rubrique Voyages Responsables - TourMaG.com
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