La guerre des lobbies ne fait que commencer entre l'aérien et les voyagistes, pour faire infléchir la Commission européenne dans un sens ou l'autre - Crédit photo : 3dmentat
La grogne monte dans tous les étages de l'industrie touristique, à mesure que IATA impose des règles à la distribution et que les compagnies mettent la clé sous la porte, sans assurance de prise en charge des passagers.
La semaine dernière, Fabrice Dariot de Bourse des Vols plaidait dans TourMaG.com pour une "APST européenne de l'aérien. La volonté politique n'est pas de l'instaurer, mais nous avons une occasion avec les élections européennes pour les contraindre à légiférer."
Pour IATA, qui nous a adressés une réponse, l'association "ne croit pas qu’un tel fonds soit nécessaire."
Cette proposition du patron de l'OTA fait suite à la faillite de WOW Air à la fin du mois de mars 2019. La low cost a abandonné plusieurs milliers de passagers à travers le globe sans solution. "Ça n'a que trop duré" pour le patron de Bourse des Vols qui espère que cette mésaventure soit celle de trop.
Sauf que du côté des compagnies aériennes, l'exaspération est elle aussi palpable, à la lecture des propositions faites dans notre article.
Pour Jean-Pierre Sauvage le président du Board of Airlines Representatives (BAR), la question du fonds de garantie est très polémique. Pour lui, "lorsqu'on ne sait pas, on ne dit rien."
"Les agences en ligne ont aussi leurs responsabilités car elles se basent sur du trafic de peu de rendement. Elles devraient plutôt aviser leurs clients des doutes qui subsistent sur certains transporteurs."
Deux camps, deux visions.
La semaine dernière, Fabrice Dariot de Bourse des Vols plaidait dans TourMaG.com pour une "APST européenne de l'aérien. La volonté politique n'est pas de l'instaurer, mais nous avons une occasion avec les élections européennes pour les contraindre à légiférer."
Pour IATA, qui nous a adressés une réponse, l'association "ne croit pas qu’un tel fonds soit nécessaire."
Cette proposition du patron de l'OTA fait suite à la faillite de WOW Air à la fin du mois de mars 2019. La low cost a abandonné plusieurs milliers de passagers à travers le globe sans solution. "Ça n'a que trop duré" pour le patron de Bourse des Vols qui espère que cette mésaventure soit celle de trop.
Sauf que du côté des compagnies aériennes, l'exaspération est elle aussi palpable, à la lecture des propositions faites dans notre article.
Pour Jean-Pierre Sauvage le président du Board of Airlines Representatives (BAR), la question du fonds de garantie est très polémique. Pour lui, "lorsqu'on ne sait pas, on ne dit rien."
"Les agences en ligne ont aussi leurs responsabilités car elles se basent sur du trafic de peu de rendement. Elles devraient plutôt aviser leurs clients des doutes qui subsistent sur certains transporteurs."
Deux camps, deux visions.
"Un certain nombre de compagnies (françaises) en difficulté", selon Jean-Pierre Sauvage
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Alors que l'association des compagnies invoque le fait que "les coûts supplémentaires découlant du fonds feront grimper les prix des billets d’avion pour tous," la distribution rétorque qu'une caution pourrait être envisagée en cas de pépin financier.
Donc un certain montant serait prélevé à la création de la compagnie ou alors en fonction du montant du chiffre d'affaires, mais une seule fois dans la vie du transporteur.
Toujours selon IATA, la Commission européenne a estimé qu'entre 2011 et 2020, seulement 0,07% des passagers pourraient être concernés par la faillite d'une compagnie aérienne.
L'instauration de ce fonds serait un non-sens. Un argument qui passe mal chez les voyagistes, alors que la distribution est dans l'obligation de souscrire une garantie financière.
Jean-Pierre Sauvage joue l'apaisement : "il ne faut pas se cacher derrière ce chiffre de 0,07%, car c'est un peu trop facile."
Avant de déporter une partie du problème vers un autre acteur : "les aéroports qui engrangent de l'argent, sans supporter aucune responsabilité en cas de défaillance."
Un intermédiaire qui était jusque-là peu montré du doigt.
Pour revenir aux faillites, alors que Fabrice Dariot plaide pour l'instauration d'une sorte de DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion comme dans le football) à la charge de IATA, cette idée révulse le patron du BAR. "Ce travail est dévolu aux Etats, dans le cadre du règlement européen 1008-2008.
D'ailleurs, je signale que le premier à respecter cette loi serait la France, car nous avons peut-être un certain nombre de compagnies en difficulté."
Donc un certain montant serait prélevé à la création de la compagnie ou alors en fonction du montant du chiffre d'affaires, mais une seule fois dans la vie du transporteur.
Toujours selon IATA, la Commission européenne a estimé qu'entre 2011 et 2020, seulement 0,07% des passagers pourraient être concernés par la faillite d'une compagnie aérienne.
L'instauration de ce fonds serait un non-sens. Un argument qui passe mal chez les voyagistes, alors que la distribution est dans l'obligation de souscrire une garantie financière.
Jean-Pierre Sauvage joue l'apaisement : "il ne faut pas se cacher derrière ce chiffre de 0,07%, car c'est un peu trop facile."
Avant de déporter une partie du problème vers un autre acteur : "les aéroports qui engrangent de l'argent, sans supporter aucune responsabilité en cas de défaillance."
Un intermédiaire qui était jusque-là peu montré du doigt.
Pour revenir aux faillites, alors que Fabrice Dariot plaide pour l'instauration d'une sorte de DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion comme dans le football) à la charge de IATA, cette idée révulse le patron du BAR. "Ce travail est dévolu aux Etats, dans le cadre du règlement européen 1008-2008.
D'ailleurs, je signale que le premier à respecter cette loi serait la France, car nous avons peut-être un certain nombre de compagnies en difficulté."
Une obligation d'accord volontaire si efficace ?
Si la page du contrôle financier est refermée, il en est une autre qui reste grande ouverte. L'idée que la Commission européenne étudierait la mise en place d'une garantie ulcère l'association représentative des compagnies.
"Nous ne comprenons pas que l’UE cherche à réglementer dans ce domaine," explique un porte-parole de IATA. D'autant que depuis 2014 l’industrie a un accord volontaire.
Un système qui serait "de mieux en mieux respecté - dans le cas de WOW Air par exemple, 13 compagnies aériennes ont proposé des tarifs de sauvetage."
En vertu de cet accord, les compagnies aériennes membres de l'IATA desservant la destination feront de leur mieux pour offrir le rapatriement à prix réduit aux passagers bloqués loin de chez eux.
Sauf que pour Michel de Blust, "les rescues fares (tarifs de sauvetage) ne sont pas du tout fait pour rapatrier des clients, laissez-moi rire.
Ils permettent simplement de remplir des sièges qui auraient été vides au moment du départ," en somme un moyen de gagner de l'argent.
D'autant que ces tarifs spéciaux ne sont pas accessibles dans les GDS, donc non visibles pour les agences de voyages.
La guerre des lobbies ne fait que commencer entre l'aérien et les voyagistes, pour faire infléchir la Commission européenne dans un sens ou l'autre.
Et Jean-Pierre Sauvage de conclure : "il est indispensable qu'il y ait une plus grande concertation avec toutes les parties prenantes : l'Etat, les agents de voyages, les compagnies et les aéroports."
Un dialogue qui aurait pu être utile lors des Assises de l'aérien...
"Nous ne comprenons pas que l’UE cherche à réglementer dans ce domaine," explique un porte-parole de IATA. D'autant que depuis 2014 l’industrie a un accord volontaire.
Un système qui serait "de mieux en mieux respecté - dans le cas de WOW Air par exemple, 13 compagnies aériennes ont proposé des tarifs de sauvetage."
En vertu de cet accord, les compagnies aériennes membres de l'IATA desservant la destination feront de leur mieux pour offrir le rapatriement à prix réduit aux passagers bloqués loin de chez eux.
Sauf que pour Michel de Blust, "les rescues fares (tarifs de sauvetage) ne sont pas du tout fait pour rapatrier des clients, laissez-moi rire.
Ils permettent simplement de remplir des sièges qui auraient été vides au moment du départ," en somme un moyen de gagner de l'argent.
D'autant que ces tarifs spéciaux ne sont pas accessibles dans les GDS, donc non visibles pour les agences de voyages.
La guerre des lobbies ne fait que commencer entre l'aérien et les voyagistes, pour faire infléchir la Commission européenne dans un sens ou l'autre.
Et Jean-Pierre Sauvage de conclure : "il est indispensable qu'il y ait une plus grande concertation avec toutes les parties prenantes : l'Etat, les agents de voyages, les compagnies et les aéroports."
Un dialogue qui aurait pu être utile lors des Assises de l'aérien...