La neige s'est fait désirer cet hiver.
Les conséquences de cette absence ont été ressenties au niveau des réservations des professionnels du tourisme , mais pas que.
Quel est le point commun entre la Transjurassienne 2024, la descente de Chamonix ou encore l'Altitoy ? Toutes ces compétitions de ski ont été annulées en 2024, en raison de l'insuffisance du manteau neigeux.
Une nouvelle fois, les stations françaises offrent des images presque désolantes de langues blanches dans des décors verdoyants.
La situation est telle, que dans les Pyrénées notamment les voyageurs ont moqué sur les réseaux sociaux les conditions de ski, entre le ski nautique et les slaloms pour éviter les... cailloux.
Et si des flocons sont de retour, les professionnels du tourisme vont devoir composer avec une poudreuse de plus en plus capricieuse et rare Ă l'avenir.
Dans le cadre de notre partenariat avec Murmuration, une start-up utilisant les données et les images des satellites, nous nous sommes projetés dans l'avenir de nos chères stations.
Spoiler alerte : les amoureux du ski ont intérêt à bien en profiter... pendant qu'il en est encore possible !
Les conséquences de cette absence ont été ressenties au niveau des réservations des professionnels du tourisme , mais pas que.
Quel est le point commun entre la Transjurassienne 2024, la descente de Chamonix ou encore l'Altitoy ? Toutes ces compétitions de ski ont été annulées en 2024, en raison de l'insuffisance du manteau neigeux.
Une nouvelle fois, les stations françaises offrent des images presque désolantes de langues blanches dans des décors verdoyants.
La situation est telle, que dans les Pyrénées notamment les voyageurs ont moqué sur les réseaux sociaux les conditions de ski, entre le ski nautique et les slaloms pour éviter les... cailloux.
Et si des flocons sont de retour, les professionnels du tourisme vont devoir composer avec une poudreuse de plus en plus capricieuse et rare Ă l'avenir.
Dans le cadre de notre partenariat avec Murmuration, une start-up utilisant les données et les images des satellites, nous nous sommes projetés dans l'avenir de nos chères stations.
Spoiler alerte : les amoureux du ski ont intérêt à bien en profiter... pendant qu'il en est encore possible !
Neige : Quels scénarios pour les montagnes françaises en 2050 ?
"Les stations de haute altitude sont celles qui sont les plus préservées, bénéficiant dans le même temps de la meilleure couverture en neige artificielle.
Celles de moyennes montagnes sont en grand péril et le rôle des pouvoirs publics devrait être de préparer cette transition et d'inciter ces stations à envisager l'avenir avant d'être totalement sinistrées quand la neige ne sera plus au rendez-vous," analyse Rémy Knafou, professeur émérite de l’université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne.
Et ce moment n'est pas si éloigné dans le temps, comme démontrent les données collectées auprès de notre partenaire Murmuration.
Pour évaluer les conséquences du réchauffement climatique sur nos hivers à venir, les ingénieurs de Murmuration se sont basés sur deux des scénarios du GIEC.
L'un, intermédiaire (RCP 4.5), fait état d'une augmentation des émissions mondiales jusqu'en 2050, puis la courbe s'aplanira par la suite et diminuera. L'autre est plus pessimiste (RCP 8.5), puisque les émissions seront toujours fortes et nos économiques encore fortement dépendantes des énergies fossiles.
Je n'ai pas besoin de tableau pour vous faire un dessin, mais actuellement, notre destinée prend plutôt cette dernière trajectoire.
Si nous n'arrivons pas à infléchir la tendance, cette pollution effrénée (donc en se basant sur le 2e scénario) aura des conséquences importantes sur l'avenir économique de nos montagnes. En 2050 et dans les Pyrénées, le nombre de jours avec plus de 30 cm de neige naturelle ne dépassera pas le seuil des 40 sur l'ensemble de l'année.
A lire : Yannick Jadot : 50% des stations basse et moyenne altitude manqueront-elles de neige d'ici 10 ans ?
Nous parlons là des stations situées à 1 500 m !
En dessous, la neige ne sera plus qu'un lointain souvenir (moins de 10 jours par an).
Dans les Alpes, la situation est beaucoup plus disparate. Le sud du massif, du Queyras au Verdon, la neige relèvera du miracle jusqu'à 1 200 mètres. A partir de 1 500 m, il sera possible de compter entre 8,9 et presque 30 jours avec plus de 30 cm de neige naturelle.
Dans le nord des Alpes, le niveau d'enneigement sera sans doute moins dramatique, sauf Ă 1 200 m, notamment en Maurienne (13,1 jours).
Si nous prenons le scénario intermédiaire, sous 1 500 mètres, les conséquences seront les mêmes ou presque. Les jours avec de la neige seront juste légèrement plus nombreux.
Celles de moyennes montagnes sont en grand péril et le rôle des pouvoirs publics devrait être de préparer cette transition et d'inciter ces stations à envisager l'avenir avant d'être totalement sinistrées quand la neige ne sera plus au rendez-vous," analyse Rémy Knafou, professeur émérite de l’université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne.
Et ce moment n'est pas si éloigné dans le temps, comme démontrent les données collectées auprès de notre partenaire Murmuration.
Pour évaluer les conséquences du réchauffement climatique sur nos hivers à venir, les ingénieurs de Murmuration se sont basés sur deux des scénarios du GIEC.
L'un, intermédiaire (RCP 4.5), fait état d'une augmentation des émissions mondiales jusqu'en 2050, puis la courbe s'aplanira par la suite et diminuera. L'autre est plus pessimiste (RCP 8.5), puisque les émissions seront toujours fortes et nos économiques encore fortement dépendantes des énergies fossiles.
Je n'ai pas besoin de tableau pour vous faire un dessin, mais actuellement, notre destinée prend plutôt cette dernière trajectoire.
Si nous n'arrivons pas à infléchir la tendance, cette pollution effrénée (donc en se basant sur le 2e scénario) aura des conséquences importantes sur l'avenir économique de nos montagnes. En 2050 et dans les Pyrénées, le nombre de jours avec plus de 30 cm de neige naturelle ne dépassera pas le seuil des 40 sur l'ensemble de l'année.
A lire : Yannick Jadot : 50% des stations basse et moyenne altitude manqueront-elles de neige d'ici 10 ans ?
Nous parlons là des stations situées à 1 500 m !
En dessous, la neige ne sera plus qu'un lointain souvenir (moins de 10 jours par an).
Dans les Alpes, la situation est beaucoup plus disparate. Le sud du massif, du Queyras au Verdon, la neige relèvera du miracle jusqu'à 1 200 mètres. A partir de 1 500 m, il sera possible de compter entre 8,9 et presque 30 jours avec plus de 30 cm de neige naturelle.
Dans le nord des Alpes, le niveau d'enneigement sera sans doute moins dramatique, sauf Ă 1 200 m, notamment en Maurienne (13,1 jours).
Si nous prenons le scénario intermédiaire, sous 1 500 mètres, les conséquences seront les mêmes ou presque. Les jours avec de la neige seront juste légèrement plus nombreux.
Neige : quels scénarios pour nos montagnes en 2070 ?
Voici les données de l'enneigement en 2070 sur un scénario intermédiaire de pollution - Murmuration
Nouveau saut dans l'espace-temps. Nous voici en 2070.
Nous sommes le 1er samedi de la vague des départs en vacances d'hiver et dans le cadre du scénario pessimiste. Les Français travaillent 4 jours par semaine et les températures sont terriblement douces, trop douces, beaucoup trop douces.
Les anciens racontent l'époque bénie, où des bus de voyageurs débarquaient en masse, pour profiter de la poudreuse. En 2070, la neige sera encore présente dans les vallées d'Aspe et d'Ossau. La poudreuse (plus de 30 cm) pourrait y être encore présente jusqu'à 22,4 jours par an. Ailleurs, sauf rares exceptions, elle fera partie de nos meilleurs souvenirs...
De l'autre côté de la France, sous 1 500 m, dans les Alpes les jours neigeux brilleront par leur absence.
Sans les canons à neige bon nombre de stations ne pourront ouvrir que quelques week-ends par an. Au-dessus de ce seuil, l'Oisans sera la limite entre les versants verdoyants et ceux enneigés.
A noter que les deux scénarios ont une certaine incidence dans le temps.
En cas de limitation de nos émissions après 2050, le nord des Alpes connaîtra encore de belles semaines d'enneigement.
Nous sommes le 1er samedi de la vague des départs en vacances d'hiver et dans le cadre du scénario pessimiste. Les Français travaillent 4 jours par semaine et les températures sont terriblement douces, trop douces, beaucoup trop douces.
Les anciens racontent l'époque bénie, où des bus de voyageurs débarquaient en masse, pour profiter de la poudreuse. En 2070, la neige sera encore présente dans les vallées d'Aspe et d'Ossau. La poudreuse (plus de 30 cm) pourrait y être encore présente jusqu'à 22,4 jours par an. Ailleurs, sauf rares exceptions, elle fera partie de nos meilleurs souvenirs...
De l'autre côté de la France, sous 1 500 m, dans les Alpes les jours neigeux brilleront par leur absence.
Sans les canons à neige bon nombre de stations ne pourront ouvrir que quelques week-ends par an. Au-dessus de ce seuil, l'Oisans sera la limite entre les versants verdoyants et ceux enneigés.
A noter que les deux scénarios ont une certaine incidence dans le temps.
En cas de limitation de nos émissions après 2050, le nord des Alpes connaîtra encore de belles semaines d'enneigement.
Montagne : Après 2 100, le désastre...
Voici les données de l'enneigement en 2100 sur un scénario intermédiaire de pollution - Murmuration
Les projections pour cette période sont très pessimistes. Sous 1 500 m une très large partie des deux massifs ne connaitra plus une seule journée de neige.
La météo des stations de basse et moyenne montagne sera la même que celle de nos plaines à l'heure actuelle. Dans le scénario le moins favorable, les Aravis ne connaitront pas plus de 13,2 jours de neige par an, seul le Mont-Blanc fait mieux avec 14,2, selon Murmuration.
Soit une division par 9 des journées enneigées par rapport à ce que nous pourrions connaître en 2050 en cas de pollution modérée, rien que ça !
Autant de données qui donnent le bourdon au chercheur et à l'auteur du livre "Réinventer (vraiment) le tourisme".
"Dans quelques décennies, pour les stations de haute altitude, créées ex nihilo, d’accès difficile, quand la neige se fera plus rare et quand les remontées mécaniques auront décidé d’arrêter les frais, l’hypothèse d’un abandon comme les villes fantômes de l’Ouest américain, doit être sérieusement envisagée," prédit Rémy Knafou.
Depuis l’avènement de l’or blanc dans les années 60 et 70, ces territoires se sont totalement tournés vers le ski.
Les récentes attaques du réchauffement climatique n’y ont rien changé. Nul ne semble imaginer un avenir sans cette manne financière. Et les exemples tels la station de Sambuy ne prêtent pas spécialement à l'optimisme.
La météo des stations de basse et moyenne montagne sera la même que celle de nos plaines à l'heure actuelle. Dans le scénario le moins favorable, les Aravis ne connaitront pas plus de 13,2 jours de neige par an, seul le Mont-Blanc fait mieux avec 14,2, selon Murmuration.
Soit une division par 9 des journées enneigées par rapport à ce que nous pourrions connaître en 2050 en cas de pollution modérée, rien que ça !
Autant de données qui donnent le bourdon au chercheur et à l'auteur du livre "Réinventer (vraiment) le tourisme".
"Dans quelques décennies, pour les stations de haute altitude, créées ex nihilo, d’accès difficile, quand la neige se fera plus rare et quand les remontées mécaniques auront décidé d’arrêter les frais, l’hypothèse d’un abandon comme les villes fantômes de l’Ouest américain, doit être sérieusement envisagée," prédit Rémy Knafou.
Depuis l’avènement de l’or blanc dans les années 60 et 70, ces territoires se sont totalement tournés vers le ski.
Les récentes attaques du réchauffement climatique n’y ont rien changé. Nul ne semble imaginer un avenir sans cette manne financière. Et les exemples tels la station de Sambuy ne prêtent pas spécialement à l'optimisme.
Montagne : « Les stations deviendront des villes fantômes de l’Ouest américain »
"Il y a bien le cas de Métabief, mais lui aussi ne me parait pas totalement convaincant. Il démontre une chose : l’hiver sans la neige sera beaucoup moins lucratif que l’hiver avec.
Après, nous devons garder dans un coin de nos têtes qu’il y aura des évolutions que nous ne savons pas encore envisager. Il y a des modes d’utilisation du territoire que nous ne savons pas prévoir.
Une chose est sûre, ce ne sera jamais aussi lucratif que le ski, c’est évident," résume le chercheur.
Pour la Cour des Comptes, nos stations sont Ă bout de souffle. Pire : elles naviguent Ă vue.
Ces lieux sont lancés dans une véritable fuite en avant, jusqu'au choc.
"i[Il sera d’autant plus brutal dans les Alpes françaises, notamment en Savoie, où nous avons affaire à un capitalisme de type industriel, très éloigné de celui familial que nous retrouvons en Suisse ou Autriche.
Là où vous avez de très grandes entreprises, comme la Compagnie des Alpes, et quand elles verront que la fin de la neige approche et que leurs bénéfices diminuent, elles fermeront sans état d’âme]b ]i" prédit Rémy Knafou.
La montagne pourrait être un fabuleux territoire pour imaginer le tourisme de demain. Ces espaces pourraient s'orientent vers une offre axée sur le bien-être, des températures plus clémentes et un artisanat vivant.
Pour le géographe, il serait judicieux de créer un fonds de prévoyance, car rien ne dit que la société française acceptera d'aider ces territoires privilégiés par le passé.
"Le travail y est intense, mais en additionnant les deux saisons (été et hiver), les personnes travaillent 6 mois à 7 mois.
Nous pouvons parler de population très favorisée, puisqu'elles ne travaillent qu'un mois sur deux dans l'année.
Ce fonds de prévoyance permettrait de préparer les situations à venir, pour éviter que la collectivité nationale soit appelée à la rescousse et ce ne serait pas normal au regard des profits engrangés à l'heure actuelle," conclut Rémy Knafou.
A lire : Sécheresse : y aura-t-il de la neige (artificielle) à Noël ?
A l'avenir entre les populations de montagne très favorisées et leur riche clientèle, nul ne se souciera de voir cette activité disparaitre.
La montagne n'aura alors que ses yeux pour pleurer sur son vieil album photo enneigé.
Après, nous devons garder dans un coin de nos têtes qu’il y aura des évolutions que nous ne savons pas encore envisager. Il y a des modes d’utilisation du territoire que nous ne savons pas prévoir.
Une chose est sûre, ce ne sera jamais aussi lucratif que le ski, c’est évident," résume le chercheur.
Pour la Cour des Comptes, nos stations sont Ă bout de souffle. Pire : elles naviguent Ă vue.
Ces lieux sont lancés dans une véritable fuite en avant, jusqu'au choc.
"i[Il sera d’autant plus brutal dans les Alpes françaises, notamment en Savoie, où nous avons affaire à un capitalisme de type industriel, très éloigné de celui familial que nous retrouvons en Suisse ou Autriche.
Là où vous avez de très grandes entreprises, comme la Compagnie des Alpes, et quand elles verront que la fin de la neige approche et que leurs bénéfices diminuent, elles fermeront sans état d’âme]b ]i" prédit Rémy Knafou.
La montagne pourrait être un fabuleux territoire pour imaginer le tourisme de demain. Ces espaces pourraient s'orientent vers une offre axée sur le bien-être, des températures plus clémentes et un artisanat vivant.
Pour le géographe, il serait judicieux de créer un fonds de prévoyance, car rien ne dit que la société française acceptera d'aider ces territoires privilégiés par le passé.
"Le travail y est intense, mais en additionnant les deux saisons (été et hiver), les personnes travaillent 6 mois à 7 mois.
Nous pouvons parler de population très favorisée, puisqu'elles ne travaillent qu'un mois sur deux dans l'année.
Ce fonds de prévoyance permettrait de préparer les situations à venir, pour éviter que la collectivité nationale soit appelée à la rescousse et ce ne serait pas normal au regard des profits engrangés à l'heure actuelle," conclut Rémy Knafou.
A lire : Sécheresse : y aura-t-il de la neige (artificielle) à Noël ?
A l'avenir entre les populations de montagne très favorisées et leur riche clientèle, nul ne se souciera de voir cette activité disparaitre.
La montagne n'aura alors que ses yeux pour pleurer sur son vieil album photo enneigé.
Voici les sources de Murmuration :
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