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La France connait des vents contraires dans certaines régions d'Afrique.
A l'ouest du continent, les populations sont animées par un sentiment anticolonialiste et anti-français très vivace. Un sentiment de défiance ressenti jusque dans les cockpits des avions d'Air France, notamment au Mali.
"Nous sommes dans un milieu extrêmement hostile. Le drapeau bleu, blanc et rouge sur la dérive est un symbole dans cette région.
Nous ne découchons plus là -bas, c'est dire. La crainte est réelle, les salariés s'y rendent avec la trouille,," déplore Thierry Oriol, membre du bureau du SNPL France ALPA et pilote Air France.
Le syndicat a appelé la semaine dernière, les pilotes à exercer leur droit de retrait, afin de ne pas se rendre à destination. Une consigne déposée par le SNPL mais qui n'a pas trouvé jusque-là écho au sein de la direction du transporteur.
Et pourtant la dernière note de l'aviation civile américaine (FAA) se veut plutôt alarmante sur les risques encourus par les dérives tricolores dans le ciel malien.
Note de la FAA sur le Mali (en anglais) :
Wagner au Mali : une menace pour la sécurité aérienne ?
Pour rappel, afin d'assurer sa sécurité, grandement remise en question par les attaques répétées par l'État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), le pouvoir malien a signé un contrat avec le groupe Wagner.
Des mercenaires russes ont pris possession ces dernières semaines d'un nouveau système de défense aérienne.
"Le Pantsir est un système de missiles sol-air (SAM) guidé par radar, capable d'attaquer des cibles jusqu'à 49 000 pieds (15 000 mètres) avec une portée de 19,4 milles nautiques (36 kilomètres).
Bien que ce système SAM soit probablement destiné à contrer l'utilisation éventuelle de drones par des extrémistes, Wagner a des antécédents discutables en matière de tirs de défense aérienne," précise la FAA.
Pour celle-ci, il existe un risque accru pour l'aviation civile des États-Unis et par extension pour les avions français, étant donné la situation dans laquelle se trouve le pays.
L'expansion des opérations de la milice sur le territoire malien pourrait aussi entrainer de nouvelles livraisons d'armes antiaériennes, ne faisant qu'accentuer les risques encourus par l'aviation.
Les missiles sol-air ne sont pas les seules inquiétudes pesant les routes aériennes civiles internationales, croit savoir la FAA. Des armes légères et des systèmes portatifs de défense antiaérienne sont entre les mains de groupes extrémistes.
A ce cocktail explosif, s'ajoute une dégradation de la sécurité dans le pays et un rejet de la France clairement affiché. Face à cette animosité, la présidence de la République a même décidé de retirer la force Barkhane du territoire malien à l'été 2022.
"Malgré les nombreux succès (de l'opération Barkhane, ndlr) en contre-terrorisme, force est de constater que, du point de vue des populations, la situation s’est dégradée, ce qui est naturellement imputé à la France.
Sa puissance militaire fantasmée et sa présence durant une décennie l’ont rendue responsable, oubliant que le but initial de l’opération était de protéger Bamako et laisser le temps à la classe politique de s’organiser pour rétablir la paix," explique Jonathan Guiffard, le chargé des affaires internationales, stratégiques et de défense de l'Institut Montaigne.
Des mercenaires russes ont pris possession ces dernières semaines d'un nouveau système de défense aérienne.
"Le Pantsir est un système de missiles sol-air (SAM) guidé par radar, capable d'attaquer des cibles jusqu'à 49 000 pieds (15 000 mètres) avec une portée de 19,4 milles nautiques (36 kilomètres).
Bien que ce système SAM soit probablement destiné à contrer l'utilisation éventuelle de drones par des extrémistes, Wagner a des antécédents discutables en matière de tirs de défense aérienne," précise la FAA.
Pour celle-ci, il existe un risque accru pour l'aviation civile des États-Unis et par extension pour les avions français, étant donné la situation dans laquelle se trouve le pays.
L'expansion des opérations de la milice sur le territoire malien pourrait aussi entrainer de nouvelles livraisons d'armes antiaériennes, ne faisant qu'accentuer les risques encourus par l'aviation.
Les missiles sol-air ne sont pas les seules inquiétudes pesant les routes aériennes civiles internationales, croit savoir la FAA. Des armes légères et des systèmes portatifs de défense antiaérienne sont entre les mains de groupes extrémistes.
A ce cocktail explosif, s'ajoute une dégradation de la sécurité dans le pays et un rejet de la France clairement affiché. Face à cette animosité, la présidence de la République a même décidé de retirer la force Barkhane du territoire malien à l'été 2022.
"Malgré les nombreux succès (de l'opération Barkhane, ndlr) en contre-terrorisme, force est de constater que, du point de vue des populations, la situation s’est dégradée, ce qui est naturellement imputé à la France.
Sa puissance militaire fantasmée et sa présence durant une décennie l’ont rendue responsable, oubliant que le but initial de l’opération était de protéger Bamako et laisser le temps à la classe politique de s’organiser pour rétablir la paix," explique Jonathan Guiffard, le chargé des affaires internationales, stratégiques et de défense de l'Institut Montaigne.
Air France : une consigne de ne plus se rendre au Mali
Sans présence française armée et en cas de détournement ou d'acte de terrorisme à l'encontre d'un avion Air France, l'équipage sera bien seul. C'est ce dont a peur Thierry Oriol, membre du bureau du SNPL France ALPA .
"Ce que j'essaye de faire comprendre à notre direction c'est que : si ça se passe mal, personne ne viendra nous aider.
L'armée française ne pourra pas y aller," estime le commandant de bord.
Les mercenaires russes déployés pour former les militaires maliens sont réputés pour leur "manque de professionnalisme" rappelle la FAA.
L'agence craint surtout que dans ce contexte africain, mais aussi mondial, des possibles erreurs "d'identification, de mauvaise perception et de problèmes de déconfliction de l'espace aérien," comme ce fut le cas en Libye.
Surtout que la milice s'est d'ores et déjà installée dans un lieu de choix, afin de contrôler les entrées dans le pays.
"Ils sont stationnés à l'aéroport, où ils ont leur quartier dans un des hangars de l'infrastructure.
Air France minimise le fait que la dérive bleu blanc, rouge ne joue pas pour nous. Wagner n'est pas le seul point de surveillance, les émeutes sont régulières, le contexte général est très tendu," témoigne le syndicaliste.
Malgré les échanges avec la direction, la Compagnie reste sur ses positions.
Elle reste encore arc-boutée sur les rapports de son conseil de sûreté. Ce dernier ne semble pas aussi alarmiste que le ressenti partagé par les commandants de bord.
"Nous leur (aux membres du conseil de sureté, ndlr) avons proposé de venir avec nous, mais ils ne viennent pas, bizarrement. Les personnes qui prennent les décisions ne sont pas celles qui sont ou vont sur le terrain," nous précise le pilote.
La direction de la compagnie affirme être en contact permanent avec les autorités locales, internationales, ainsi que la DGAC.
"Ce que j'essaye de faire comprendre à notre direction c'est que : si ça se passe mal, personne ne viendra nous aider.
L'armée française ne pourra pas y aller," estime le commandant de bord.
Les mercenaires russes déployés pour former les militaires maliens sont réputés pour leur "manque de professionnalisme" rappelle la FAA.
L'agence craint surtout que dans ce contexte africain, mais aussi mondial, des possibles erreurs "d'identification, de mauvaise perception et de problèmes de déconfliction de l'espace aérien," comme ce fut le cas en Libye.
Surtout que la milice s'est d'ores et déjà installée dans un lieu de choix, afin de contrôler les entrées dans le pays.
"Ils sont stationnés à l'aéroport, où ils ont leur quartier dans un des hangars de l'infrastructure.
Air France minimise le fait que la dérive bleu blanc, rouge ne joue pas pour nous. Wagner n'est pas le seul point de surveillance, les émeutes sont régulières, le contexte général est très tendu," témoigne le syndicaliste.
Malgré les échanges avec la direction, la Compagnie reste sur ses positions.
Elle reste encore arc-boutée sur les rapports de son conseil de sûreté. Ce dernier ne semble pas aussi alarmiste que le ressenti partagé par les commandants de bord.
"Nous leur (aux membres du conseil de sureté, ndlr) avons proposé de venir avec nous, mais ils ne viennent pas, bizarrement. Les personnes qui prennent les décisions ne sont pas celles qui sont ou vont sur le terrain," nous précise le pilote.
La direction de la compagnie affirme être en contact permanent avec les autorités locales, internationales, ainsi que la DGAC.
Les pilotes Air France et d'autres compagnies contournent le Mali
"Celle-ci procède à une veille de la situation sur les zones de conflit et à une analyse régulière du risque, en partenariat avec la Commission européenne.
La FAA américaine, de son côté, émet des recommandations, qui sont examinées avec le plus grand soin par tous les acteurs du secteur," nous explique le porte-parolat d'Air France.
Malgré, le dépôt d'un DGI (Danger grave et imminent),. entrainant un droit de retrait, le SNPL est passé au stade au-dessus, avec une consigne du bureau demandant aux pilotes de ne plus aller au Mali.
"Nous conseillons d'arrêter purement et simplement la desserte.
Nous parlons là de Bamako, mais il y a aussi Ouagadougou (Burkina Faso) ou encore Bangui (République centrafricaine) où nous n'avons plus aucune protection," s'inquiète le syndicaliste.
Pour l'heure des pilotes ont décidé de ne plus se rendre au Mali, sauf que la direction arrive toujours à trouver des remplaçants prêts à prendre le manche et à poser un avion à Bamako.
Ce stratagème aura ses limites, surtout que la ligne n'est pas réputée pour être très lucrative.
"On nous dit qu'elle est tout juste rentable.
Notre patron se plaint de ne pas avoir assez d'avions pour desservir l'Asie, nous lui avons suggéré de positionner ces coques sur des lignes plus rémunératrices," poursuit le pilote d'Air France.
A l'heure de la réouverture de la Chine, la compagnie nationale préfère stopper des lignes loisirs comme Punta Cana ou Malé que d'arrêter des vols risqués.
Si la direction ne semble pas entendre les complaintes et peurs des pilotes, elle reconnait toutefois que le risque n'est pas nul.
"Elle nous dit qu'il n'y aurait pas une grande probabilité pour qu'un accident arrive, mais la contre-publicité serait catastrophique. Nous ne sommes pas encore dans le rouge total," explique Thierry Oriol, membre du bureau du SNPL France ALPA.
Le pilote fait le parallèle avec la matrice des risques, un outil permettant de calculer le niveau critique du risque encouru.
Actuellement les PNT naviguent entre le rouge orangé et le rouge clair, mais pas encore écarlate.
La FAA américaine, de son côté, émet des recommandations, qui sont examinées avec le plus grand soin par tous les acteurs du secteur," nous explique le porte-parolat d'Air France.
Malgré, le dépôt d'un DGI (Danger grave et imminent),. entrainant un droit de retrait, le SNPL est passé au stade au-dessus, avec une consigne du bureau demandant aux pilotes de ne plus aller au Mali.
"Nous conseillons d'arrêter purement et simplement la desserte.
Nous parlons là de Bamako, mais il y a aussi Ouagadougou (Burkina Faso) ou encore Bangui (République centrafricaine) où nous n'avons plus aucune protection," s'inquiète le syndicaliste.
Pour l'heure des pilotes ont décidé de ne plus se rendre au Mali, sauf que la direction arrive toujours à trouver des remplaçants prêts à prendre le manche et à poser un avion à Bamako.
Ce stratagème aura ses limites, surtout que la ligne n'est pas réputée pour être très lucrative.
"On nous dit qu'elle est tout juste rentable.
Notre patron se plaint de ne pas avoir assez d'avions pour desservir l'Asie, nous lui avons suggéré de positionner ces coques sur des lignes plus rémunératrices," poursuit le pilote d'Air France.
A l'heure de la réouverture de la Chine, la compagnie nationale préfère stopper des lignes loisirs comme Punta Cana ou Malé que d'arrêter des vols risqués.
Si la direction ne semble pas entendre les complaintes et peurs des pilotes, elle reconnait toutefois que le risque n'est pas nul.
"Elle nous dit qu'il n'y aurait pas une grande probabilité pour qu'un accident arrive, mais la contre-publicité serait catastrophique. Nous ne sommes pas encore dans le rouge total," explique Thierry Oriol, membre du bureau du SNPL France ALPA.
Le pilote fait le parallèle avec la matrice des risques, un outil permettant de calculer le niveau critique du risque encouru.
Actuellement les PNT naviguent entre le rouge orangé et le rouge clair, mais pas encore écarlate.
"Air France compte sur sa bonne étoile..."
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Faute de retour de la DGAC ou du haut commandement d'Air France, les commandants de bord ont décidé de prendre les devants.
"Force est de constater que des pilotes prennent toutes les mesures en vue d'assurer un haut niveau de sécurité, en évitant le survol du Mali," nous confie un PNT préférant rester anonyme.
Dans les cockpits, une question revient souvent : autant la DGAC fait éviter la Libye aux avions français, où le groupe Wagner est aussi présent, autant le ciel malien n'est pas à contourner. Pourquoi deux poids, deux mesures ?
Personne n'a encore la réponse.
Une chose est sûre, les pilotes jouissent d'une totale liberté pour modifier leurs plans de vol.
"La compagnie dépose un plan de vol, mais le commandant de bord a toute latitude pour le modifier et le transporteur obtempère. Le bon sens pour ceux se rendant en Côte d'Ivoire par exemple est de contourner le Mali," enchaîne, le pilote Air France.
Le surcoût est estimé à plusieurs milliers d'euros par vol. A l'heure actuelle, les recours des syndicats sont épuisés. Ils ne pourront pas aller plus loin dans leurs démarches.
Thierry Oriol espère juste que la direction reviendra sur sa position très rapidement, avant un éventuel drame.
"Air France compte sur sa bonne étoile, en campant sur ses positions.
S'il se passe quelque chose de fâcheux, alors le procès de l'AF 447 sera tout petit à côté de celui que la compagnie pourrait connaître," prédit le membre du bureau du SNPL France ALPA.
Un dossier qui serait entre les mains de la direction d'Air France et peut être même sur le bureau de Benjamin Smith.
"Force est de constater que des pilotes prennent toutes les mesures en vue d'assurer un haut niveau de sécurité, en évitant le survol du Mali," nous confie un PNT préférant rester anonyme.
Dans les cockpits, une question revient souvent : autant la DGAC fait éviter la Libye aux avions français, où le groupe Wagner est aussi présent, autant le ciel malien n'est pas à contourner. Pourquoi deux poids, deux mesures ?
Personne n'a encore la réponse.
Une chose est sûre, les pilotes jouissent d'une totale liberté pour modifier leurs plans de vol.
"La compagnie dépose un plan de vol, mais le commandant de bord a toute latitude pour le modifier et le transporteur obtempère. Le bon sens pour ceux se rendant en Côte d'Ivoire par exemple est de contourner le Mali," enchaîne, le pilote Air France.
Le surcoût est estimé à plusieurs milliers d'euros par vol. A l'heure actuelle, les recours des syndicats sont épuisés. Ils ne pourront pas aller plus loin dans leurs démarches.
Thierry Oriol espère juste que la direction reviendra sur sa position très rapidement, avant un éventuel drame.
"Air France compte sur sa bonne étoile, en campant sur ses positions.
S'il se passe quelque chose de fâcheux, alors le procès de l'AF 447 sera tout petit à côté de celui que la compagnie pourrait connaître," prédit le membre du bureau du SNPL France ALPA.
Un dossier qui serait entre les mains de la direction d'Air France et peut être même sur le bureau de Benjamin Smith.