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Corsair à l’abordage d’Air Austral : une fausse bonne idée ? 🔑

L'Editorial de Jean da Luz


Le pavillon français bat de l’aile depuis des années. Avec la pandémie, le phénomène s’est accéléré. Si l’Etat français n’avait pas volé au secours des compagnies régionales ces derniers mois, il y a fort à parier que beaucoup auraient déjà baissé pavillon. Le feuilleton de la fusion d’Air Austral avec Corsair pose néanmoins la question de la pertinence de cette alliance. C'est mon avis et je le partage ;O))


Rédigé par le Dimanche 21 Novembre 2021

Le F-OTER, l'un des 3 A220 d'Air Austral © Air Austral
Le F-OTER, l'un des 3 A220 d'Air Austral © Air Austral
Sans un financement conséquent de l’Etat, Air Austral pourrait être clouée au sol d’ici la fin de l’année.

La compagnie créée en octobre 1974 a démarré ses opérations commerciales en mars 1975, sous le nom de « Réunion Air Service ».

Rebaptisée « Air Réunion » en 1986, elle devient Air Austral en 1990 lors de l’entrée au capital d'Air France. Jusqu’à lors, elle se bornait au moyen-courrier dans la zone sud-ouest de l'océan Indien.



Mais le 28 juin 2003, la compagnie commence à voler sur les plate-bandes de son actionnaire tricolore, avec la desserte de Paris-Charles-de-Gaulle au moyen de deux Boeing 777-200ER.

Air France qui apprécie moyennement que son argent (30,4 % du capital) serve à lui faire de la concurrence sur la ligne Paris-La Réunion, cherche à récupérer sa mise.

Depuis cette date, force est de constater que l’histoire de la compagnie réunionnaise est une succession d’expériences plus ou moins (plutôt moins) réussies et qu’en dehors de l’exercice 2013-2014 où elle affiche un résultat net positif, c'est pas jojo jojo et c’est un euphémisme...

Il y a urgence à sauver le soldat Austral...

En 2019, rien ne va plus pour la Chambre régionale des comptes (CRC) de La Réunion qui dénonce une situation critique et une baisse continue du résultat net depuis 2015.

Certes, la pandémie n’a pas arrangé les choses. La baisse drastique des passagers est venue fragiliser une situation déjà délicate.

Selon la presse locale l'entreprise aurait perdu entre mars 2020 et mars 2021, plus de 76 millions d’euros et ses revenus auraient fondu de 55% ! (LIRE)

Bref, il y a urgence à sauver le soldat Austral, lesté aussi par son obligation de continuité territoriale (2 vols hebdo minimum) même si l’Etat a déjà mis au pot 50 millions d’euros.

Il reste à savoir comment et avec quels moyens. Jusqu’à présent les déficits consécutifs d’Air Austral ont été comblés par la société d'économie mixte, Sematra, qui réunit le conseil régional de La Réunion, le conseil général et la Chambre de commerce et d'industrie. Autrement dit, de l’argent public essentiellement, même si la Compagnie s’est aussi endettée auprès d’établissements bancaires.

L’association de 2 canards boiteux a-t-elle jamais permis à l’un d’entre eux de reprendre les airs ?

Corsair, elle, qui a des ambitions très affirmées au niveau de la desserte des DOM-TOM, a proposé ses bons offices. Une alliance de ces deux entités pourrait avoir du sens. Du moins sur le papier...

Car ce serait oublier que cette entreprise récemment reprise par un consortium d’investisseurs ultramarins, galère aussi depuis des années pour retrouver un semblant de rentabilité.

Et qu’elle a été sauvée en last minute par l’Etat qui l’a renflouée en décembre 2020 avec une aide à la restructuration de 106,7 millions d'euros et une indemnisation de 30,2 millions d'euros pour le préjudice subi en raison de la pandémie de coronavirus.

Il est donc évident qu’une co-entreprise l’arrangerait bien car, en cas de fusion entre Air Austral et Corsair, l'Etat va devoir à nouveau mettre au pot une somme rondelette (200 Mie ?) à la fois pour éponger les dettes et assurer la trésorerie de l’entreprise, pour qu’elle puisse redécoller.

Mais l’association de deux canards boiteux a-t-elle jamais permis à l’un d’entre eux de reprendre les airs ? Poser la question...

Sans compter que les économies d’échelle, en cas de fusion, se traduiront par un coût social qui reste, lui aussi, à évaluer.

La même alliance avec le Groupe Dubreuil (Air Caraïbes) aurait probablement eu une toute autre allure. D’abord parce que ce solide Groupe familial que préside Jean-Paul Dubreuil a ouvert des lignes en 2016 face à Air France, Air Austral et Corsair.

Après avoir contribué à faire baisser les prix sur ces destinations, il “gagne même de l’argent sur la Réunion”, selon les récentes déclarations de son président à un confrère.

A-t-il été sollicité ? Aurait-il été intéressé ? Je n’en sais rien, mais une fois encore, le dossier est hautement politique et doit ménager les susceptibilités des politiques et des institutionnels d’Outremer.

Et l'on sait que l'efficacité et la viabilité commerciale ne pèsent pas lourd face aux enjeux électoraux… (Sic)

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Jean Da Luz L'éditorial de Jean Da Luz Directeur de la rédaction - TourMaG.com
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