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Croisières fluviales : les ambitions d'Uniworld sur le marché européen francophone 🔑

17 bateaux de croisière de petite taille et même 19 si on compte les deux dernières acquisitions


Rachetée en 2005 par la famille sud-africaine Tollman, Uniworld, cette compagnie de croisières fluviales haut de gamme a longtemps été quasi exclusivement spécialiste de la clientèle anglophone. Elle vise désormais aussi la France, la Belgique, la Suisse, Monaco...


Rédigé par le Mercredi 22 Novembre 2023

Le S.S. Joie de Vivre naviguant sur la Seine, du côté des Andelys - DR : Uniworld
Le S.S. Joie de Vivre naviguant sur la Seine, du côté des Andelys - DR : Uniworld
Il pleuviote sur Paris ce matin de novembre et près du Pont du Garigliano où est accosté le S.S. Joie de Vivre, la Seine est très haute.

Pas question de naviguer comme il le fait lors des croisières qui le conduisent jusqu'à Caudebec-en-Caux.

Bien que de taille modeste (64 cabines, 128 passagers maximum), le Super Ship Joie de Vivre serait incapable de passer sous les ponts de la capitale.

Cela n'empêche pas le bateau d'être animé. A son bord, plusieurs dizaines d'agents de voyage britanniques sont venus "expérimenter" l'offre d'Uniworld, la compagnie de croisières fluviales de luxe propriété de la famille sud-africaine Tollman..

Rien de surprenant, quoique... Si, longtemps, Uniworld s'est posée en spécialiste de la clientèle anglophone, elle a désormais entrepris de se positionner sur le marché francophone européen, autrement dit la France, la Belgique, la Suisse, Monaco donc.

C'est ce "challenge" que Jean-Marie Quériaud, agent général, est chargé de relever.


Uniworld : boutique-hôtels flottant

Un salon à la décoration très typée (PB)
Un salon à la décoration très typée (PB)
Jusqu'ici les bateaux d'Uniworld basés en France, aussi bien le S.S. Joie de Vivre que le S.S. Bon voyage qui navigue, du côté de Bordeaux, sur la Garonne et la Gironde ou le S.S. Catherine qui est positionné à Lyon (c'est un des plus gros bateaux de la flotte puisqu'il peut accueillir jusqu'à 159 passagers) proposent, chacun à leur manière, "a taste of France" qui doit ravir les Anglophones.

Outre la cuisine inspirée de la gastronomie française (au buffet comme au bistrot), l'ambiance du S.S. Joie de Vivre témoigne de cette volonté : lourds rideaux, salon avec fauteuils roses et canapé recouvert de tissu aux motifs floraux genre indienne, linge de lit aux couleurs soigneusement harmonisées, restaurant cosy dans des tonalités beige, cave à vin sophistiquée accueillant des dîners privés avec "le chef", innombrables œuvres d'art sur les murs des cabines comme des couloirs et des espaces communs, dont un authentique Picasso et beaucoup de reproductions d'affiches de Toulouse-Lautrec...

Cette décoration un peu soutenue, cette ambiance so frenchy -voire même parfois carrément parisienne mais un peu datée- aura-t-elle le même pouvoir de séduction sur la clientèle francophone ?

La question se pose d'autant plus que si, sur les bateaux naviguant en France, le personnel de navigation est français, le reste de l'équipage ne semble pas toujours parfaitement à l'aide dans la langue de Molière.

Si, pendant pendant les excursions, les passagers francophones sont assurés d'avoir un guide qui l'est aussi, on peut douter que le personnel soit tout à fait francophone sur les bateaux Uniworld qui naviguent sur le Rhin, le Danube, la Moselle, le Douro ou à Venise.

En outre, sur les navires Uniworld, il n'y a pas, comme sur d'autres compagnies, des annonces en plusieurs langues -dont le français- un quart d'heure avant les départs en excursion.

Au vrai, sur les Super Ship Uniworld, il n'y a pas d'annonce du tout. "Les gens sont en vacances, on ne veut les déranger. A eux de se faire réveiller s'ils le souhaitent, exactement comme ils le feraient dans un hôtel", suggère Jean-Marie Quériaud.

"Nos bateaux, c'est de l'hôtellerie embarquée", insiste-t-il, avant d'évoquer les Boutique-Hôtels. De fait, Uniworld se présente comme réalisant des "Boutique River Cruises", autrement dit des croisières fluviales de charme.

Incontestablement, ses prestations hôtelières s'affichent haut de gamme. Prenons le S.S. Joie de Vivre. Parmi les 64 cabines, seulement 9 chambres "classiques", mais 16 chambres "de luxe French balcony" et 29 chambres "French Balcony" auxquelles ajoutent dix suites. Les deux "grandes" comptent chambre à coucher, petit salon indépendant, salle de bains en marbre avec baignoire et douche. Les suites bénéficient des services d'un majordome.

"Notre langage commun, c'est le luxe"

Dans les cabines, les assortiments de couleurs sont soigneusement étudiés (Photo Uniworld)
Dans les cabines, les assortiments de couleurs sont soigneusement étudiés (Photo Uniworld)
"Notre langage commun, insiste Jean-Marie Queriaud, c'est le luxe". Avec le respect des codes de l'hôtellerie très haut de gamme, depuis l'utilisation du nom de famille du client (ou de son prénom, s'il est Américain) pour s'adresser à lui jusqu'au souci de son bien-être, qu'incarne la présence à bord d'une salle de fitness et d'une table de massage voire d'une séance matinale de yoga. Le tout complété par un service "ultra-personnalisé" à la demande.

Les tarifs reflètent ce positionnement : pour le premier départ de la saison prochaine, le 24 mars 2024, il faut compter 2899 € par personne (ce prix s'entend pour une "chambre classique" occupée par deux personnes) jusqu'à 9699 € par personne pour une grande suite (également occupée par deux personnes).

Les tarifs varient bien sûr selon des dates des croisières. Les clients doivent régler, en sus, les billets de train ou d'avion et, éventuellement, quelques suppléments.

En effet, si Uniworld travaille en "all inclusive", si ses tarifs "tout compris" incluent bon nombre d'excursions, les excursions spéciales "à la demande" sont bien évidemment facturées en sus.

Par exemple, la découverte de Paris en Rolls ou en side-car. Ou le survol du Mont Saint-Michel en hélicoptère. Et aussi les leçons de cuisine à Saint-Emilion ou dans l'unique cinq étoiles d'Avignon, l'hôtel La Mirande. Ou encore les rencontres privées avec le propriétaire de tel grand domaine viticole bordelais qui a accepté de raconter l'histoire de sa prestigieuse famille.

Ou, enfin, les excursions en van privatif sur les plages du débarquement en Normandie et au cimetière américain de Colleville-sur-Mer, des lieux dédiés au tourisme de mémoire dont les Américains sont toujours très friands.

De même, sont facturées en sus des prestations spéciales à bord, comme, par exemple, les dîners déambulatoires appelés "L'envers du décor" (huit personnes maximum et, bien sûr, il faut réserver) car l'apéritif se prend dans la timonerie avec le capitaine, l'entrée dans la blanchisserie afin d'échanger avec le personnel, le plat principal avec le chef dans la cuisine et le dessert au bar.

"Challengez-nous !"

Au bistrot, nappe en Vichy et affiche Moulin rouge cultivent une ambiance parisienne qui se veut authentique (Photo Uniworld)
Au bistrot, nappe en Vichy et affiche Moulin rouge cultivent une ambiance parisienne qui se veut authentique (Photo Uniworld)
"Nous nous adressons aux voyageurs avisés et exigeants", souligne Jean-Marie Quériaud. Comme le proclame Uniworld sur son catalogue et sur son site internet, "il n'y a aucune demande qui ne soit trop grande et aucun détail qui ne soit trop petit". Selon l'agent général Uniworld pour le marché francophone, c'est une manière de dire aux clients : "challengez-nous !".

Cependant, depuis ses débuts, et jusqu'à aujourd'hui, pour commercialiser ses croisières, la compagnie a toujours privilégié le B to B, se souciant de nouer des partenariats avec les agences de voyage.

Sa politique n'a pas changé même si, désormais, les ventes en direct (B to C), via le site internet, se développent : toutefois, elles ne représentent encore qu'environ 10 % du total.

Lire aussi : Batorama accueillera son premier navire zéro émission en mars 2023

Et sur le marché francophone ? "Je vise aussi, en priorité, les groupes", reconnaît Jean-Marie Quériaud.

Quel âge a donc la clientèle de Uniworld ? "Nous avons beaucoup travaillé le côté glamour de nos brochures et de nos bateaux. Depuis, notre clientèle a rajeuni. Son âge moyen ? 65 ans. Bien mieux, depuis cinq-six ans, l'été, nous recevons beaucoup de familles", assure Jean-Marie Quériaud.

Une sacrée saga familiale !

Beatrice Tollman en cuisine (Photo Uniworld)
Beatrice Tollman en cuisine (Photo Uniworld)
Ce (relatif) rajeunissement de la clientèle est un des succès d'Uniworld qui en compte bien d'autres. Certes, cette compagnie existait lorsque les Tollman l'ont rachetée en 2005 mais ses bateaux étaient alors vieillissants.

Les Tollman lui ont donné un nouvel élan. La flotte compte désormais 17 bateaux, et même 19 si on compte les deux dernières acquisitions, le SS Victoria et le SS Elisabeth (110 passagers chacun, 55 suites et cabines).

Le SS Victoria qui naviguera dès la saison prochaine sur le Rhin, appareillera en mars 2024 pour un itinéraire de 8 jours intitulé "La Belgique et les Pays-Bas au temps des tulipes".

Uniworld Boutique River Cruises Collection est une filiale de The Travel Corporation (TTC), Tour operateur et entreprise familiale fondée il y a 103 ans. Au départ de cette aventure, il y a eu Beatrice et son mari Stanley Tollman.

A l'époque, Beatrice était institutrice. Lorsque Stanley a racheté un petit hôtel à l'extérieur du Cap, en Afrique du Sud, elle s'est mise à travailler en cuisine puis à s'occuper de décoration.

Mais, à eux deux, ils ont formé une équipe sensasionnelle : le premier établissement a si bien marché que le couple en a rapidement acheté un deuxième, avant de voir plus grand encore.

Aujourd'hui Stanley est décédé, Bea est une vieille dame, mais les enfants et les petits-enfants sont aux manettes : "The Travel Corporation" (TTC) est désormais propriétaire et gestionnaire de 41 marques de voyages
, chacune reconnue et primée, dont Uniworld mais aussi Red Carnation Hotels (ses hôtels sont présents au Royaume-Uni, en Irlande, aux États-Unis, en Afrique du Sud, au Botswana, à Guernesey et en Suisse !), Trafalgar, Contiki, Luxury Golds et bien d'autres. En 2019, elles avaient accueilli pas moins de deux millions de voyageurs. Une sacrée saga tout de même !

Lire aussi : Ibaïa Boats : le tourisme fluvial, l’avenir de l’écotourisme ?

PAULA BOYER Publié par Paula Boyer Responsable rubrique LuxuryTravelMaG - TourMaG.com
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