Pour Jean-Luc Dufrenne, l'APST pourrait "créer une garantie financière spéciale pour les travel planners, qui serait adaptée à leur activité, en fonction du volume d'affaires qu'ils réalisent" - Photo : JL Dufrenne
TourMaG - Après déjà plusieurs mandats, vous êtes à nouveau candidat au poste d'administrateur de l'APST. Et ceci, en plus de votre poste de délégué régional pour l'association. Quel est, selon vous, le sujet « brûlant » de 2024 pour la caisse de garantie ?
Jean-Luc Dufrenne : Je dirais que le sujet le plus d'actualité - et qui a fait couler beaucoup d'encre - est celui de la légalisation des travel planners.
Je fais référence à ces personnes - souvent des auto-entrepreneurs - qui vont proposer aux voyageurs des itinéraires de voyages (à ne pas confondre avec les agents de voyages du Groupe Marietton !).
Pratiquant une activité de conseil autour du voyage, et réalisant un faible volume d'affaires, ce sont souvent d'anciens agents de voyages qui, pour différentes raisons, ont arrêté de travailler et reviennent dans le secteur en adoptant une autre approche. Des gens du sérail et qui ont des compétences dans le domaine.
Je les différencie donc de nos plus grands concurrents en matière de commerce illégal, à savoir les pseudo agences de voyages ou associations qui n'ont pas d'immatriculation mais qui agissent comme des agences, réalisant des volumes considérables de plusieurs millions d'euros, en envoyant des dizaines, voire des centaines de groupes aux quatre coins du monde. Ceux-là, hélas, il y en a encore beaucoup !
En revanche, il ne faut pas se tromper de combat : le souci du commerce illégal n'est pas majoritairement chez les travel planners et dans leur cas, je pense que les choses vont finir par s'articuler.
Lire aussi : APST : 3 postes d'administrateurs à pourvoir en 2024
Jean-Luc Dufrenne : Je dirais que le sujet le plus d'actualité - et qui a fait couler beaucoup d'encre - est celui de la légalisation des travel planners.
Je fais référence à ces personnes - souvent des auto-entrepreneurs - qui vont proposer aux voyageurs des itinéraires de voyages (à ne pas confondre avec les agents de voyages du Groupe Marietton !).
Pratiquant une activité de conseil autour du voyage, et réalisant un faible volume d'affaires, ce sont souvent d'anciens agents de voyages qui, pour différentes raisons, ont arrêté de travailler et reviennent dans le secteur en adoptant une autre approche. Des gens du sérail et qui ont des compétences dans le domaine.
Je les différencie donc de nos plus grands concurrents en matière de commerce illégal, à savoir les pseudo agences de voyages ou associations qui n'ont pas d'immatriculation mais qui agissent comme des agences, réalisant des volumes considérables de plusieurs millions d'euros, en envoyant des dizaines, voire des centaines de groupes aux quatre coins du monde. Ceux-là, hélas, il y en a encore beaucoup !
En revanche, il ne faut pas se tromper de combat : le souci du commerce illégal n'est pas majoritairement chez les travel planners et dans leur cas, je pense que les choses vont finir par s'articuler.
Lire aussi : APST : 3 postes d'administrateurs à pourvoir en 2024
TourMaG - Pourtant, la limite est parfois ténue entre un travel planner qui va s'en tenir uniquement au conseil et un autre qui va intervenir dans le dossier de son client...
Jean-Luc Dufrenne : Je l'entends bien et c'est justement au travers du cadre légal que nous souhaitons mettre en place que nous pourrons probablement agir.
Aujourd'hui, la marge de manœuvre est faible car certains travel planners affirment qu'ils ne contribuent pas à la vente de voyages, mais une fois qu'ils ont envoyé le devis à leurs clients, ils vont joindre des liens qui sont identifiables, vers des hôtels notamment, et sont rémunérés. Et tout cela se rapproche d'une certaine « vente déguisée ».
Donc je pense que la profession, qu'il s'agisse de l'APST ou des EDV (Entreprises du Voyage, ndlr), doit bien étudier le phénomène et le cerner, afin de trouver un moyen d'institutionnaliser le statut des travel planners, de le faire entrer dans un cadre légal, plutôt que de s'opposer à leur existence.
Et puis - mais cela est déjà en cours - il faut porter la situation devant les autorités. Des réunions ont déjà eu lieu avec nos interlocuteurs au sein de la DGE à ce sujet. Enfin, tout ceci doit se traduire au niveau légal, soit directement dans la loi ou par un décret avec une extension.
TourMaG - Par quoi faudrait-il commencer pour parvenir à cadrer les choses ?
Jean-Luc Dufrenne : Je pense qu'il faut commencer par trouver davantage de données sur ces travel planners : combien sont-ils en France ?
Et surtout quel est leur volume d'affaires moyen ? Car il ne faut pas oublier que les plafonds du chiffre d’affaires maximal annuel d'un auto-entrepreneur sont limités.
Jean-Luc Dufrenne : Je l'entends bien et c'est justement au travers du cadre légal que nous souhaitons mettre en place que nous pourrons probablement agir.
Aujourd'hui, la marge de manœuvre est faible car certains travel planners affirment qu'ils ne contribuent pas à la vente de voyages, mais une fois qu'ils ont envoyé le devis à leurs clients, ils vont joindre des liens qui sont identifiables, vers des hôtels notamment, et sont rémunérés. Et tout cela se rapproche d'une certaine « vente déguisée ».
Donc je pense que la profession, qu'il s'agisse de l'APST ou des EDV (Entreprises du Voyage, ndlr), doit bien étudier le phénomène et le cerner, afin de trouver un moyen d'institutionnaliser le statut des travel planners, de le faire entrer dans un cadre légal, plutôt que de s'opposer à leur existence.
Et puis - mais cela est déjà en cours - il faut porter la situation devant les autorités. Des réunions ont déjà eu lieu avec nos interlocuteurs au sein de la DGE à ce sujet. Enfin, tout ceci doit se traduire au niveau légal, soit directement dans la loi ou par un décret avec une extension.
TourMaG - Par quoi faudrait-il commencer pour parvenir à cadrer les choses ?
Jean-Luc Dufrenne : Je pense qu'il faut commencer par trouver davantage de données sur ces travel planners : combien sont-ils en France ?
Et surtout quel est leur volume d'affaires moyen ? Car il ne faut pas oublier que les plafonds du chiffre d’affaires maximal annuel d'un auto-entrepreneur sont limités.
TourMaG - Quel rôle pourrait jouer l'APST dans ce dossier ?
Jean-Luc Dufrenne : Les données chiffrées récoltées pourraient permettre à l'APST d'extraire une première ossature et de mettre en place une proposition « d'immatriculation réduite », c'est-à-dire de créer une garantie financière spéciale pour les travel planners, qui serait adaptée à leur activité, en fonction du volume d'affaires qu'ils réalisent.
Car il est évident que, s'agissant du cœur de métier, nous ne sommes pas du tout sur le même type de couverture financière, d'autant plus si le travel planner reste dans une approche de conseil et d'intermédiation qui ne nécessite pas d'encaissement du chiffre d'affaires des voyages.
Néanmoins, son activité devrait tout de même être validée et encadrée, au même titre que les agences de voyages. De même pour les contre-garanties. Il faudrait une cohérence globale sur l'ensemble du schéma, qui irait de pair avec une obligation d'immatriculation auprès d'Atout France.
C'est un peu ce qui se pratique déjà pour les Offices du tourisme, qui ont des contre-garanties et des contraintes moindres que les agents de voyages. Ainsi, pour un travel planner avec un statut d'auto-entrepreneur, l'APST pourrait plafonner la garantie au montant plafonné du statut d'auto-entrepreneur. Si nous sommes dans un schéma où les volumes sont beaucoup moins importants, nous devons regarder comment adapter la contre-garantie en fonction des volumes générés.
Donc mon message est le suivant : nous devons prendre en charge ce schéma, nous ne sommes pas là pour dire « on s'oppose » aux travel planners, mais pour autant, il ne faut pas en oublier l'adage « mêmes droits, mêmes devoirs ».
TourMaG - Quelle est votre vision de l'APST aujourd'hui ?
Jean-Luc Dufrenne : L'APST a bien digéré le séisme qu'a généré le dépôt de bilan de Thomas Cook.
Grâce au travail de toute l'équipe et au conseil d'administration, la situation est beaucoup plus saine et les capitaux reconstitués de manière confortable, permettant d'envisager l'avenir de façon beaucoup plus sereine.
Jean-Luc Dufrenne : Les données chiffrées récoltées pourraient permettre à l'APST d'extraire une première ossature et de mettre en place une proposition « d'immatriculation réduite », c'est-à-dire de créer une garantie financière spéciale pour les travel planners, qui serait adaptée à leur activité, en fonction du volume d'affaires qu'ils réalisent.
Car il est évident que, s'agissant du cœur de métier, nous ne sommes pas du tout sur le même type de couverture financière, d'autant plus si le travel planner reste dans une approche de conseil et d'intermédiation qui ne nécessite pas d'encaissement du chiffre d'affaires des voyages.
Néanmoins, son activité devrait tout de même être validée et encadrée, au même titre que les agences de voyages. De même pour les contre-garanties. Il faudrait une cohérence globale sur l'ensemble du schéma, qui irait de pair avec une obligation d'immatriculation auprès d'Atout France.
C'est un peu ce qui se pratique déjà pour les Offices du tourisme, qui ont des contre-garanties et des contraintes moindres que les agents de voyages. Ainsi, pour un travel planner avec un statut d'auto-entrepreneur, l'APST pourrait plafonner la garantie au montant plafonné du statut d'auto-entrepreneur. Si nous sommes dans un schéma où les volumes sont beaucoup moins importants, nous devons regarder comment adapter la contre-garantie en fonction des volumes générés.
Donc mon message est le suivant : nous devons prendre en charge ce schéma, nous ne sommes pas là pour dire « on s'oppose » aux travel planners, mais pour autant, il ne faut pas en oublier l'adage « mêmes droits, mêmes devoirs ».
TourMaG - Quelle est votre vision de l'APST aujourd'hui ?
Jean-Luc Dufrenne : L'APST a bien digéré le séisme qu'a généré le dépôt de bilan de Thomas Cook.
Grâce au travail de toute l'équipe et au conseil d'administration, la situation est beaucoup plus saine et les capitaux reconstitués de manière confortable, permettant d'envisager l'avenir de façon beaucoup plus sereine.
TourMaG - Vous êtes délégué régional de l'APST pour les Hauts-de-France (59-62). Comment se portent les adhérents ces derniers temps ?
Jean-Luc Dufrenne : Oui, je suis délégué régional et cette strate-là est à la fois exaltante et très enrichissante.
Nous rencontrons en entretien individuel les nouveaux entrepreneurs ou ceux qui sont en cours de reconversion, et je trouve cela passionnant. Parfois, on rencontre des gens qui rêvent et qui n'ont absolument pas la notion de ce que peut être la création d'une agence de voyages et des difficultés que cela représente.
Et puis on rencontre aussi des gens passionnés, qui arrivent avec des projets pertinents et qui ont la « niaque » pour les mettre en place. On s'aperçoit que le secteur bouge !
Pour la région Hauts-de-France - Normandie, je reçois en moyenne entre 3 et 4 demandes de création de nouvelles agences par mois : agence traditionnelle, de niche, pure player... Ce qui est réjouissant, c'est le dynamisme que représente la profession, le fait qu'elle attire encore, quoi qu'on puisse en dire.
Quant aux professionnels de la région déjà installés, on voit bien que la pandémie est derrière eux. Le dynamisme des agences est bien là, le sourire est aux lèvres de beaucoup d'entre eux. On n'entend plus parler de risque de dépôt de bilan ou de situations complexes.
Les avis convergent vers une très bonne reprise, avec une satisfaction quasi généralisée.
TourMaG - Avez-vous un message à faire passer aux adhérents, dans le cadre des élections du conseil d'administration 2024 ?
Jean-Luc Dufrenne : Oui, celui de ma profession de foi : « Nous devons le revendiquer haut et fort ! La profession a une chance inouïe de disposer d’un organisme comme l’APST, créé par ses pairs, et seul garant à ce jour autant impliqué dans notre écosystème.
Beaucoup de nouveaux adhérents ou de plus anciens en difficulté ne pourraient débuter ou poursuivre leur entreprise sans le soutien ou l’analyse bienveillante de notre association.
J’ai créé ma première agence de voyages en 1982 et, d’abord adhérent AFAT puis Selectour, l’APST m’a toujours accompagné dans l’évolution de ma société.
J’estime naturel de donner désormais un peu de mon temps à notre association et d’apporter mon expérience aux adhérents qui me sollicitent. »
Jean-Luc Dufrenne : Oui, je suis délégué régional et cette strate-là est à la fois exaltante et très enrichissante.
Nous rencontrons en entretien individuel les nouveaux entrepreneurs ou ceux qui sont en cours de reconversion, et je trouve cela passionnant. Parfois, on rencontre des gens qui rêvent et qui n'ont absolument pas la notion de ce que peut être la création d'une agence de voyages et des difficultés que cela représente.
Et puis on rencontre aussi des gens passionnés, qui arrivent avec des projets pertinents et qui ont la « niaque » pour les mettre en place. On s'aperçoit que le secteur bouge !
Pour la région Hauts-de-France - Normandie, je reçois en moyenne entre 3 et 4 demandes de création de nouvelles agences par mois : agence traditionnelle, de niche, pure player... Ce qui est réjouissant, c'est le dynamisme que représente la profession, le fait qu'elle attire encore, quoi qu'on puisse en dire.
Quant aux professionnels de la région déjà installés, on voit bien que la pandémie est derrière eux. Le dynamisme des agences est bien là, le sourire est aux lèvres de beaucoup d'entre eux. On n'entend plus parler de risque de dépôt de bilan ou de situations complexes.
Les avis convergent vers une très bonne reprise, avec une satisfaction quasi généralisée.
TourMaG - Avez-vous un message à faire passer aux adhérents, dans le cadre des élections du conseil d'administration 2024 ?
Jean-Luc Dufrenne : Oui, celui de ma profession de foi : « Nous devons le revendiquer haut et fort ! La profession a une chance inouïe de disposer d’un organisme comme l’APST, créé par ses pairs, et seul garant à ce jour autant impliqué dans notre écosystème.
Beaucoup de nouveaux adhérents ou de plus anciens en difficulté ne pourraient débuter ou poursuivre leur entreprise sans le soutien ou l’analyse bienveillante de notre association.
J’ai créé ma première agence de voyages en 1982 et, d’abord adhérent AFAT puis Selectour, l’APST m’a toujours accompagné dans l’évolution de ma société.
J’estime naturel de donner désormais un peu de mon temps à notre association et d’apporter mon expérience aux adhérents qui me sollicitent. »
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