FTI Voyages : pourquoi la reprise a-t-elle échoué ? 🔑

Le lundi porte la poisse au secteur du tourisme...

C'est ce même jour que Thomas Cook et FTI Touristik ont déposé le bilan, et c'est toujours un lundi que le Tribunal de Commerce de Strasbourg a rendu sa sentence concernant FTI Voyages.

Le tour-opérateur a été placé en liquidation judiciaire, ce 15 juillet 2024.

Une décision devenue inéluctable en raison de la très grande dépendance de la filiale française vis-à-vis de l'Allemagne. En tout, huit salariés vont perdre leur emploi du côté français, alors que l'entreprise visait les 200 millions de chiffre d'affaires.

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Ce n'est pas tout, Me Christophe Gillmé, l'administrateur judiciaire en charge du dossier FTI Voyages, nous a expliqué les dessous de cette affaire et pourquoi l'entreprise ne pouvait pas être sauvée.

Il donne des perspectives sur les suites de l'affaire, dont FTI Ticketshop.

TourMaG - FTI Voyages a été placée en liquidation, quelle est la suite ?

Christophe Gillmé : La décision a été prise par la chambre commerciale spécialisée du tribunal judiciaire de Strasbourg. Le redressement est terminé.

L'entreprise a basculé en liquidation. Il n'y a plus d'administrateurs, le mandataire judiciaire, Maître Savary, prend la suite et devient liquidateur.

Cette nouvelle étape clôture toutes les perspectives de cession de recherche de repreneurs pour l'entreprise. De toute façon le business avait été complètement arrêté depuis début juin 2024.

Dorénavant, il n'y a plus de perspectives sur ce terrain, mais plutôt sur celui de la liquidation, comme la vente d'actifs incorporels, des titres de participation... mais cela ne peut pas suffire à la poursuite d'une activité.

TourMaG - C'est-à-dire ?

Christophe Gillmé : Il n'est plus possible de relancer l'entreprise.

Malheureusement assez rapidement, la décision a été prise d'annuler les réservations jusqu'au 31 août.

Au tribunal, lundi 15 juillet, les deux dirigeants de FTI Voyages que sont Karl Markgraf et Ludovic Rigel ont expliqué que l'ensemble du groupe allait annuler toutes les réservations sans limite de temps.

Ils ont pris donc acte que la situation était totalement bloquée.

Pour résumer, la procédure d'insolvabilité ouverte en Allemagne a complètement mis un terme à l'activité de l'entreprise française.

TourMaG - Finalement, FTI Voyages était trop dépendant au niveau logistique et produits de l'Allemagne pour pouvoir continuer. Est-ce bien ça ?

Christophe Gillmé : Tout à fait.

ToruMaG - Des offres de reprises ont tout de même été formulées au tribunal pour reprendre tout ou partie de FTI Voyages ?

Christophe Gillmé : Non, il n'y a pas eu d'offres de reprise.

J'ai eu des marques d'intérêt non concrétisées.

Durant le dépôt de bilan, nous avons mis en place une data room et un dossier de reprise en ligne. Les potentiels repreneurs ou curieux pouvaient donc accéder à des informations internes à la société.

Nous avions fixé comme date limite de dépôt des offres le 22 juillet 2024.

En attendant, les seules marques d'intérêt nous avons reçu, c'était par rapport à des titres de participation que FTI Voyages détient dans une autre société (FTI et Prêt a partir sas, ndlr).

ToruMaG - Pourquoi ne pas avoir attendu la date du 22 juillet ?

Christophe Gillmé : Les annulations de tous les voyages à venir ont précipité cette décision.

Un possible repreneur aurait pu être intéressé par les réservations encore en cours. Sauf qu'elles se fondaient sur des engagements qui ne pouvaient plus être tenus.

En amont de la chaîne, on avait des compagnies d'aviation, des hôtels qui ne sont pas intégrés dans le Groupe. Ces partenaires-là ont cessé d'approvisionner les filiales du groupe qui ensuite concevaient les produits et les revendaient à FTI.

Tous les produits hôteliers étaient conçus par la maison-mère FTI Touristic GmbH en Allemagne. Les billets d'avion passaient par quatre sociétés différentes, dont FTI Ticketshop en France, en Suisse, en Allemagne.

Elles ne pouvaient plus assurer l'intendance.

TourMaG - Il ne reste donc plus que la marque et le fichier clients à reprendre ?

Christophe Gillmé : Ca n'ira pas très loin.

Même pour les fichiers clients, honnêtement, ce n'est pas simple. Il y a plus de 2 000 distributeurs donc je ne suis même pas certain que le liquidateur arrive à réaliser cet actif. Il y a assez peu de choses à racheter.

TourMaG - En France, il subsiste encore une entité FTI Ticketshop. Elle n'a pour le moment pas déposé le bilan et d'après nos informations des entreprises se sont manifestées pour la reprendre. Qu'en est-il ?

Christophe Gillmé : En Allemagne dans le cadre de la procédure en insolvabilité, ils essaient de valoriser des actifs qui peuvent encore l'être.

Apparemment FTI Ticketshop intéresse des gens, notamment pour l'outil technologique qu'il représente.

Différents actifs peuvent être valorisés, comme les hôtels. Il y avait une logique d'intégration verticale, FTI Touristik possédait des hôtels à l'étranger. Dans ces actifs valorisables, nous retrouvons FTI Ticketshop et la société qui se chargeait de concevoir les outils informatiques.