Futuroscopie - De l' "upstream" au "mainstream" : les tendances 2025 version Booking [ABO]

Puis qu’il s’agit d’évoquer une nouvelle fois les tendances détectées par les grandes plateformes de tourisme, que nous dit Booking.com dans sa nouvelle publication consacrée aux tendances de 2025 ?

A priori, rien de très nouveau si tant est que l’on recherche la nouveauté à tout prix, laquelle est provoquée essentiellement, soit par des événements de grande envergure comme des typhons, séismes, pandémies, conflits et guerres. (Ainsi l’épidémie de Covid a transformé durablement certains comportements et pratiques notamment le rapport à la santé, à la sécurité etc.).

Soit par des évolutions sociétales inventées et adoptées en priorité par des avant-gardes (« l’upstream ») qui les transmettent ensuite vers le « mainstream », soit une catégorie d’individus catalogués de « suiveurs ». Et cela non pas soudainement mais au contraire lentement, parfois sur de très longues durées.

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Ainsi, quand les analystes des « Travel predictions » de Booking évoquent la demande et l’offre de bien-être, celle-ci est loin d’être nouvelle. La vague bien-être et santé, historique puisque les premiers voyages touristiques avaient pour but de prendre les eaux, n’en finit pas de déferler sur tous les secteurs : alimentation, textile, cosmétique, fitness… depuis une bonne trentaine d’années et s’est intensifiée ces dernières années. Sous l’effet conjugué d’un marketing de plus en plus offensif et d’une tendance à se replier sur son corps et sa santé physique et mentale pour se protéger contre l’agressivité du monde.

En France, une personne sur 5 chercherait à̀ se détacher du stress du quotidien (19%) et à se reposer (29%), notamment pour leur santé mentale (12%).

Que peut-on encore préciser sur cette tendance ? C’est qu’elle se diversifie de plus en plus et revêt non seulement une demande d’équipements : notamment spa, saunas, piscines…) mais également une demande de soins (massages, exercices) et surtout de thérapies de toutes sortes adaptées aux demandes de ressourcement, développement personnel, épanouissement… Sans oublier un petit brin de spiritualité (retraites ayurvédiques, yoga, médiation…)

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A rattacher à cette attente globale de séjours et d’activités de détente et de mieux être, les soins et autres exercices permettant de gagner quelques années de vie en bonne santé se développent. Baptisée « Passeport pour l’éternité », cette attente est devenue de plus en plus « mainstream », mais parmi des classes moyennes supérieures disposant de temps, d’argent et d’une culture du bien-être.

Inventés sur le sol américain depuis de longues années, les « Longevity centers » ne sont pas encore très développés dans un cadre touristique mais pourraient le devenir.

Quant aux voyages dits « neuro inclusifs », ils sembleraient nettement plus nouveaux. Prenant en compte les personnes considérées comme « neurodivergentes » ayant eu une expérience négative lors d'un voyage, cette tendance touche bon nombre d’entre nous, notamment les personnes allergiques aux nuisances sonores qui souhaitent avant tout du calme pour pouvoir se détendre. En France seule, selon Booking : 74% d’entre elles aimeraient avoir plus d'options pour éviter le bruit tout au long de leur voyage et 68% des voyageurs français expriment le désir de voir une action à l’échelle de l’ensemble du secteur du tourisme. (Voir article Futuroscopie / TourMaG.

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Dans les années quatre-vingt, un terme était devenu à la mode : celui de tribu. Traduisant une forte appétence pour des séjours de vacances en petits groupes familiaux ou amicaux, ce phénomène a aussi pris une connotation intergénérationnelle. On part désormais avec les parents, les grands-parents, les cousins, les tantes et les oncles…

Bref, une parentèle très élargie exigeant des hébergements très élargis aussi (gîtes, cottages…) et éventuellement des tarifs favorables à ces équipées. Pourquoi ce phénomène ? D’une part parce que l’on voyage plus, que l’espérance de vie des adultes augmente et que les retraités sont un peu plus nantis et acquis aux pratiques touristiques.

Mais, plus intéressant : il s’agirait de pouvoir transmettre aux jeunes générations des connaissances et de leur faire partager une découverte commune.

« Plus cigales que fourmis, les parents choisissent de réévaluer leurs priorités et de se faire plaisir, plutôt que de mettre de côté pour l’héritage ».

Un tiers des parents toutes générations confondues (34%) préfèreraient payer un voyage inoubliable en 2025 plutôt que de conserver leur argent, écrivent les analystes des Travel Predictions de Booking. Sans doute à raison mais n’oublions pas que cette tendance appartient aux comportements de l’« upstream ».

Très prisé par les jeunes, notamment en colonies de vacances, le tourisme de nuit a longtemps été dominé par l’observation des étoiles. Conjuguant un public de spécialistes et d’amateurs éclairés, cette activité est devenue une niche dans laquelle s’engouffrent les adeptes d’une forme de tourisme élitiste, fleurant l’aventure et la découverte scientifique.

Alors que le concept de « Réserves de Ciels étoilés » se développe en France (qui en compte cinq) et dans plusieurs pays du monde dont les USA, et surtout le Chili, Hawaï, la Namibie, certaines destinations proposent également avec succès des safaris d’un genre particulier, de ceux qui consistent à tracker les aurores boréales ( Norvège, Suède, Islande, croisières Express Côtier d’Hurtigruten…).

Quant aux éclipses du soleil ou de la lune, elles font depuis peu l’objet de calendriers de plus en plus précoces permettant aux amateurs de programmer leur voyage à l’avance. Autre visage de cette activité les « Full moon parties » sur les plages asiatiques réunissant des milliers de jeunes fêtards, curieux, insoumis à la dictature diurne. En France, plus de la moitié des interrogés envisagent de visiter des destinations offrant de meilleures conditions pour observer le ciel et profiter de la magie de minuit !

Autre tendance en passe de devenir « maintream » : alors que certains ne cherchent qu’à se reposer et se vautrer dans une inactivité totale, d’autres optent pour des pratiques physiques, dynamiques voire un brin extrêmes et risquées.

Dès les années 80, les visuels représentant la montagne mettaient d’ailleurs en vedette le rafting, le canyoning, le parapente et autres glisses plus hivernales développées par de nouveaux jeunes opérateurs les qualifiant d’aventures. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Selon Booking : « 31% des Français de la génération du baby-boom sont impatients de sortir de leur zone de confort et de renouer avec l’insouciance de leur jeunesse intrépide. Au programme, plus d’un quart (26%) sont intéressés par l’équitation tandis que 22% veulent se libérer de leurs inhibitions lors d'une rave vinicole. Parmi les plus courageux, 25% se verraient gravir les plus hauts sommets, et 20% partiraient à la découverte de glaciers ! » En somme, l’aventure reste une composante essentielle et intemporelle du voyage.

Et encore : les voyages hors de sentiers battus, dits alternatifs semblent se développer afin d’éviter les excès du surtourisme. Et cela grâce à la contribution de l’IA.

Enfin, Booking tend à voir dans les aéroports des destinations à part entière permettant aux escales de s’intégrer dans l’expérience de voyages !

Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

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