Atradius a décidé d’anticiper les risques liés au secteur du tourisme, en effectuant une revue de son portefeuille - DR : DepositPhotos.com, stocksnapper
Il y a dix jours, les Entreprises du Voyage (EDV) Grand-Est planchaient, lors de leur convention régionale à Chypre, sur les scénarios possibles du tourisme en 2050 (nous y reviendrons plus longuement cette semaine).
Face aux "jeunes" agents de voyages, exaltés à l'idée de bâtir un tourisme plus résilient, certains professionnels plus aguerris ont exprimé leurs difficultés à se projeter à 25 ans, quand tout peut changer d'un moment à l'autre.
De la même façon, les idées proposées leur paraissaient - pour certaines - comme déjà vues (ou vécues !). "On ne va pas réinventer la roue !", a-t-on pu entendre lors des échanges.
Durant cette même convention, Tatiana Benkaroun, la responsable du service analyse financière de l'Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme (APST), a attiré l'attention des entrepreneurs du voyage sur le fait que l'un de ses concurrents, à savoir Atradius, semblait préparer son retrait du marché français de la garantie financière tourisme.
Alors qu'elle étudie quotidiennement les demandes d'adhésion pour l'APST, la spécialiste a été alertée par des opérateurs qui devront, dès le mois de juin prochain, quitter Atradius pour aller se faire garantir ailleurs !
Face aux "jeunes" agents de voyages, exaltés à l'idée de bâtir un tourisme plus résilient, certains professionnels plus aguerris ont exprimé leurs difficultés à se projeter à 25 ans, quand tout peut changer d'un moment à l'autre.
De la même façon, les idées proposées leur paraissaient - pour certaines - comme déjà vues (ou vécues !). "On ne va pas réinventer la roue !", a-t-on pu entendre lors des échanges.
Durant cette même convention, Tatiana Benkaroun, la responsable du service analyse financière de l'Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme (APST), a attiré l'attention des entrepreneurs du voyage sur le fait que l'un de ses concurrents, à savoir Atradius, semblait préparer son retrait du marché français de la garantie financière tourisme.
Alors qu'elle étudie quotidiennement les demandes d'adhésion pour l'APST, la spécialiste a été alertée par des opérateurs qui devront, dès le mois de juin prochain, quitter Atradius pour aller se faire garantir ailleurs !
Atradius souhaiterait se séparer des "plus gros risques"...
Une information - en partie - confirmée par Atradius dans une déclaration communiquée et adressée la semaine dernière : "Le secteur du Tourisme a été impacté de plein fouet par la crise sanitaire et, malgré la reprise, les niveaux d’avant crise ne sont pas atteints.
De plus, le contexte économique et les tensions géopolitiques représentent aussi des risques baissiers qui pourraient peser sur la reprise du tourisme ces prochains mois.
Le secteur reste donc fragile et impose à Atradius de renforcer sa vigilance sur les garanties qu’elle porte.
De plus, le caractère "non capé" de la garantie financière des opérateurs de voyages et de séjours pèse fortement sur l’appréciation du risque faite par le marché de l’assurance et de la réassurance. A fortiori lorsque l’environnement économique et politique est instable ou se détériore.
Dans ce contexte, Atradius a décidé d’anticiper les risques liés à ce secteur, en effectuant une revue de son portefeuille pour identifier les risques jugés trop importants, au regard de la situation contrastée de certains acteurs ou des montants des engagements portés."
En lisant entre les lignes, on constate à la fois qu'Atradius ne se retire pas du marché, mais procède bel et bien à un nettoyage de printemps (sans nous préciser toutefois de combien d'opérateurs le garant compte se séparer).
Selon nos informations, Atradius souhaiterait notamment se séparer des "plus gros risques".
Si tel est le cas, il va falloir donc se préparer à une redistribution de ces risques chez les autres garants du secteur...
De plus, le contexte économique et les tensions géopolitiques représentent aussi des risques baissiers qui pourraient peser sur la reprise du tourisme ces prochains mois.
Le secteur reste donc fragile et impose à Atradius de renforcer sa vigilance sur les garanties qu’elle porte.
De plus, le caractère "non capé" de la garantie financière des opérateurs de voyages et de séjours pèse fortement sur l’appréciation du risque faite par le marché de l’assurance et de la réassurance. A fortiori lorsque l’environnement économique et politique est instable ou se détériore.
Dans ce contexte, Atradius a décidé d’anticiper les risques liés à ce secteur, en effectuant une revue de son portefeuille pour identifier les risques jugés trop importants, au regard de la situation contrastée de certains acteurs ou des montants des engagements portés."
En lisant entre les lignes, on constate à la fois qu'Atradius ne se retire pas du marché, mais procède bel et bien à un nettoyage de printemps (sans nous préciser toutefois de combien d'opérateurs le garant compte se séparer).
Selon nos informations, Atradius souhaiterait notamment se séparer des "plus gros risques".
Si tel est le cas, il va falloir donc se préparer à une redistribution de ces risques chez les autres garants du secteur...
... avec quelles conséquences ?
Mais chez qui exactement ? Groupama, qui n'a pas cessé de garantir les opérateurs même au cœur de la pandémie, mais en resserrant drastiquement les conditions d'entrée ?
L'APST qui bénéficie désormais de la réassurance publique pour dix mois mais devra tout de même verser un peu plus de 6 M€ de son trésor de guerre au fonds de garantie des opérateurs de voyages et de séjours (FGOVS) en 2023 ?
Ou encore le FMS-Unat pour les acteurs du tourisme social et solidaire ? Ou bien, dans une moindre mesure, des assureurs moins présents sur le secteur de la garantie financière ou qui se lancent, comme Accelerant ?
Et quid des conséquences ?
Au dernier comptage, Atradius garantissait 662 opérateurs de voyages et de séjours en France, soit environ 10% du marché, comme cela était déjà le cas en 2020.
Si la direction France ne nous a pas confirmé son retrait pur et simple, la diminution de son portefeuille couplée à l'arrêt de l'émission de nouvelles garanties depuis 3 ans est dommageable pour les opérateurs qui se retrouvent privés d'une solide option de garantie financière.
L'APST qui bénéficie désormais de la réassurance publique pour dix mois mais devra tout de même verser un peu plus de 6 M€ de son trésor de guerre au fonds de garantie des opérateurs de voyages et de séjours (FGOVS) en 2023 ?
Ou encore le FMS-Unat pour les acteurs du tourisme social et solidaire ? Ou bien, dans une moindre mesure, des assureurs moins présents sur le secteur de la garantie financière ou qui se lancent, comme Accelerant ?
Et quid des conséquences ?
Au dernier comptage, Atradius garantissait 662 opérateurs de voyages et de séjours en France, soit environ 10% du marché, comme cela était déjà le cas en 2020.
Si la direction France ne nous a pas confirmé son retrait pur et simple, la diminution de son portefeuille couplée à l'arrêt de l'émission de nouvelles garanties depuis 3 ans est dommageable pour les opérateurs qui se retrouvent privés d'une solide option de garantie financière.
L'APST a-t-elle retenu la leçon Thomas Cook ?
Ces radiés vont-ils devoir se tourner vers l'APST ? L'organisme reçoit actuellement une cinquantaine de demandes d'adhésion par mois, selon son secrétaire général, Emmanuel Toromanof.
Et de leur côté, les adhérents de l'APST doivent-ils craindre le retour de "grands risques" dans leurs rangs ?
Bien sûr, l'association l'a martelé : la politique de contrôle a été renforcée avec une étude des dossiers plus rigoureuse et régulière, la création d'un comité des risques, mais aussi celle d'un comité de suivi des adhérents.
Néanmoins, le trauma de la faillite de Thomas Cook est toujours présent... Il a notamment coûté à l'association son immeuble de l'Avenue Carnot, adresse que les équipes devront quitter l'an prochain.
Depuis, l'APST a renforcé sa politique de contre-garanties et son vice-président, Laurent Abitbol, souhaite même éviter le dépôt de caution sur les biens personnels pour les plus petits opérateurs qui affichent une bonne santé financière.
Pour autant, le fonds de garantie dispose encore, pour certains grands groupes, de lettres de confort en guise de contre-garanties.
Ce serait le cas pour TUI, avec une lettre de confort de la holding en Allemagne (et une caution revue à la hausse). Une situation qui interroge alors qu'en Belgique, le GFG a décidé de se séparer du Groupe il y a deux ans, et que dans d'autres pays européens, les garants financiers de TUI disposeraient de garanties bancaires...
Et de leur côté, les adhérents de l'APST doivent-ils craindre le retour de "grands risques" dans leurs rangs ?
Bien sûr, l'association l'a martelé : la politique de contrôle a été renforcée avec une étude des dossiers plus rigoureuse et régulière, la création d'un comité des risques, mais aussi celle d'un comité de suivi des adhérents.
Néanmoins, le trauma de la faillite de Thomas Cook est toujours présent... Il a notamment coûté à l'association son immeuble de l'Avenue Carnot, adresse que les équipes devront quitter l'an prochain.
Depuis, l'APST a renforcé sa politique de contre-garanties et son vice-président, Laurent Abitbol, souhaite même éviter le dépôt de caution sur les biens personnels pour les plus petits opérateurs qui affichent une bonne santé financière.
Pour autant, le fonds de garantie dispose encore, pour certains grands groupes, de lettres de confort en guise de contre-garanties.
Ce serait le cas pour TUI, avec une lettre de confort de la holding en Allemagne (et une caution revue à la hausse). Une situation qui interroge alors qu'en Belgique, le GFG a décidé de se séparer du Groupe il y a deux ans, et que dans d'autres pays européens, les garants financiers de TUI disposeraient de garanties bancaires...
L'histoire pourrait-elle se répéter ?
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Alors, avec le "désengagement" partiel d'Atradius, à quoi devrons-nous nous attendre en 2024 ?
L'APST va-t-elle décider d'absorber ces "grands risques" ? Aura-t-elle les reins suffisamment solides pour se passer de réassurance une fois le contrat avec le FGOVS terminé ? Doit-on craindre une nouvelle affaire Thomas Cook ?
Quant aux autres garants financiers, vont-ils toujours davantage serrer la vis à leurs clients ?
Voilà qui fait un peu penser à ce qu'il se passe en République Dominicaine actuellement, avec les compagnies aériennes... Quand l'activité n'est plus aussi rentable, les transporteurs se retirent du marché, d'autres s'y accrochent et d'autres - inconnus au bataillon - s'y positionnent.
Mais à quel prix ? Verra-t-on l'histoire se répéter ou trouvera-t-on une nouvelle voie ?
S'il est difficile de se projeter en 2050, comme ont pu le constater les agents de voyages du Grand-Est, il n'est pas impossible d'essayer d'influer sur l'avenir.
"Bâtir plutôt que subir" : pour les professionnels du tourisme, comme pour leurs garants financiers, le changement pourrait intervenir dès à présent, alors qu'une nouvelle proposition de directive de voyage à forfait devrait être introduite par la Commission européenne en avril 2024... A eux de prendre leur destin en main !
L'APST va-t-elle décider d'absorber ces "grands risques" ? Aura-t-elle les reins suffisamment solides pour se passer de réassurance une fois le contrat avec le FGOVS terminé ? Doit-on craindre une nouvelle affaire Thomas Cook ?
Quant aux autres garants financiers, vont-ils toujours davantage serrer la vis à leurs clients ?
Voilà qui fait un peu penser à ce qu'il se passe en République Dominicaine actuellement, avec les compagnies aériennes... Quand l'activité n'est plus aussi rentable, les transporteurs se retirent du marché, d'autres s'y accrochent et d'autres - inconnus au bataillon - s'y positionnent.
Mais à quel prix ? Verra-t-on l'histoire se répéter ou trouvera-t-on une nouvelle voie ?
S'il est difficile de se projeter en 2050, comme ont pu le constater les agents de voyages du Grand-Est, il n'est pas impossible d'essayer d'influer sur l'avenir.
"Bâtir plutôt que subir" : pour les professionnels du tourisme, comme pour leurs garants financiers, le changement pourrait intervenir dès à présent, alors qu'une nouvelle proposition de directive de voyage à forfait devrait être introduite par la Commission européenne en avril 2024... A eux de prendre leur destin en main !