A l'approche des Jeux Olympiques de Paris, l'impact se veut déjà conséquent auprès des professionnels du tourisme - ©Pixabay
« Les JO, non merci ! ». Confidences d’un ami parisien qui a vite réservé ses vacances en Toscane convaincu que ce sera « le b… à Paris ».
Ce témoignage, loin d’être isolé, montre à quel point les Jeux Olympiques de Paris 2024 n’apparaissent pas comme l’évènement tant attendu cet été.
Il y a comme une défiance vis-à-vis du Comité d’organisation.
Président du réseau TourCom, Richard Vainopoulos résume l’état d’esprit général : « moi je suis pro Jeux Olympiques car je trouve cela très beau, mais je suis anti JO à Paris, car c’est extrêmement mal organisé ».
Un mal pour un bien pour les acteurs du voyage ? « Pour les agences distributrices qui font de l’export, c’est bénéfique, mais pour les DMC France, cela va être un cauchemar. Elles vont subir une chute de leur activité », résume le dirigeant qui estime que « Paris n’a pas besoin des JO pour faire sa promotion ».
Ce témoignage, loin d’être isolé, montre à quel point les Jeux Olympiques de Paris 2024 n’apparaissent pas comme l’évènement tant attendu cet été.
Il y a comme une défiance vis-à-vis du Comité d’organisation.
Président du réseau TourCom, Richard Vainopoulos résume l’état d’esprit général : « moi je suis pro Jeux Olympiques car je trouve cela très beau, mais je suis anti JO à Paris, car c’est extrêmement mal organisé ».
Un mal pour un bien pour les acteurs du voyage ? « Pour les agences distributrices qui font de l’export, c’est bénéfique, mais pour les DMC France, cela va être un cauchemar. Elles vont subir une chute de leur activité », résume le dirigeant qui estime que « Paris n’a pas besoin des JO pour faire sa promotion ».
Jeux Olympiques de Paris : une organisation qui fait débat
Positionné sur les deux tableaux - réceptif et outgoing - avec deux marques (Eluxfrance et Eluxtravel), Frédéric Savoyen, fondateur d’Eluxtravel, nuance le propos.
« Tous les jours, j’ai 10-15 demandes pointues d’Américains, de Canadiens, de Brésiliens, d’Indiens… qui veulent venir aux JO » déclare-t-il.
Et d’enregistrer tout récemment « un dossier à 276 000 euros d’une famille d’Américains qui a réservé 6 nuits dans un penthouse, et qui vient pour visiter Paris et assister à des épreuves aux Jeux Olympiques ».
« Tous les jours, j’ai 10-15 demandes pointues d’Américains, de Canadiens, de Brésiliens, d’Indiens… qui veulent venir aux JO » déclare-t-il.
Et d’enregistrer tout récemment « un dossier à 276 000 euros d’une famille d’Américains qui a réservé 6 nuits dans un penthouse, et qui vient pour visiter Paris et assister à des épreuves aux Jeux Olympiques ».
« Les ailes de saison sont en train de se charger à mort »
Un exemple qui vaut pour une clientèle ultra luxe, mais qui ne s’applique pas que sur la seule période des JO.
Beaucoup de personnes manifestent en effet l’envie de venir avant ou après. « Les ailes de saison sont en train de se charger à mort. Mai-juin, c’est du délire. Septembre-octobre aussi.
C’est la première année que l’on ressent ça, et pour le coup c’est lié aux Jeux » indique Frédéric Savoyen, par ailleurs ravi que cet évènement planétaire se tienne sur le sol français, « on ne voit ça qu’une fois dans sa vie ».
« Il y a un an, lorsqu’on évoquait la Coupe du Monde de rugby, tout le monde disait que ça allait être une catastrophe, notamment après les incidents lors de la finale de la Ligue des Champions en 2022. Résultat, ça a été la meilleure Coupe du Monde jamais organisée, pas un couac » affirme le spécialiste du voyage de luxe sur-mesure.
Cet avis enthousiaste ne dissipe toutefois pas les craintes quant à la bonne organisation de cette olympiade.
« On fait souvent référence à Londres en 2012, mais il faut savoir que les Jeux ne se tenaient pas au cœur de la ville mais dans un quartier nouveau en périphérie » argue Richard Vainopoulos.
Il considère que « les services de sécurité ne sont pas du tout en place pour gérer un tel évènement, à commencer par la cérémonie d’ouverture sur la Seine. Sans parler des restrictions de circulation et de stationnement ».
Beaucoup de personnes manifestent en effet l’envie de venir avant ou après. « Les ailes de saison sont en train de se charger à mort. Mai-juin, c’est du délire. Septembre-octobre aussi.
C’est la première année que l’on ressent ça, et pour le coup c’est lié aux Jeux » indique Frédéric Savoyen, par ailleurs ravi que cet évènement planétaire se tienne sur le sol français, « on ne voit ça qu’une fois dans sa vie ».
« Il y a un an, lorsqu’on évoquait la Coupe du Monde de rugby, tout le monde disait que ça allait être une catastrophe, notamment après les incidents lors de la finale de la Ligue des Champions en 2022. Résultat, ça a été la meilleure Coupe du Monde jamais organisée, pas un couac » affirme le spécialiste du voyage de luxe sur-mesure.
Cet avis enthousiaste ne dissipe toutefois pas les craintes quant à la bonne organisation de cette olympiade.
« On fait souvent référence à Londres en 2012, mais il faut savoir que les Jeux ne se tenaient pas au cœur de la ville mais dans un quartier nouveau en périphérie » argue Richard Vainopoulos.
Il considère que « les services de sécurité ne sont pas du tout en place pour gérer un tel évènement, à commencer par la cérémonie d’ouverture sur la Seine. Sans parler des restrictions de circulation et de stationnement ».
Aéroports encombrés, anticipation indispensable
« Tous ceux qui auront les moyens partiront, soit en France, soit à l’étranger » affirme le patron de TourCom.
Une étude de la plateforme de marketing digital Sojern observe une hausse de 49% des réservations d’hôtels dans les destinations françaises par rapport à l’année précédente. Des départs en nombre qui pourraient encombrer les aéroports.
« Déjà que sur une saison normale, ADP est débordé, là ça va être l’enfer » affirme Philippe Sangouard, directeur général de Boomerang Voyages (Kappa, Eldorador et Coralia). Près de 16 millions de visiteurs sont attendus durant les 17 jours de compétition.
« Tous mes amis qui partent en voyage ne prendront pas l’avion en juillet - août » ajoute le dirigeant qui précise que le TO va « anticiper et communiquer encore plus en amont sur les convocations aéroport des clients afin qu’ils s’évitent une dose supplémentaire de stress ».
Une étude de la plateforme de marketing digital Sojern observe une hausse de 49% des réservations d’hôtels dans les destinations françaises par rapport à l’année précédente. Des départs en nombre qui pourraient encombrer les aéroports.
« Déjà que sur une saison normale, ADP est débordé, là ça va être l’enfer » affirme Philippe Sangouard, directeur général de Boomerang Voyages (Kappa, Eldorador et Coralia). Près de 16 millions de visiteurs sont attendus durant les 17 jours de compétition.
« Tous mes amis qui partent en voyage ne prendront pas l’avion en juillet - août » ajoute le dirigeant qui précise que le TO va « anticiper et communiquer encore plus en amont sur les convocations aéroport des clients afin qu’ils s’évitent une dose supplémentaire de stress ».
Partir oui, mais pas depuis Paris
« La seule chose que demandent nos clients, c’est éviter Paris pour le vol » indique pour sa part Nathalie Ansel, directrice commerciale de Grands Espaces, TO spécialisé notamment sur les croisières en Arctique.
« Quand c’est possible, nous leur faisons de petits aménagements pour partir. Les gens de l’Est par exemple pourront prendre un vol depuis Francfort. Nous essayons d’anticiper au maximum » précise la responsable.
Du côté du SETO, on est bien conscient des problèmes que cela va générer.
« À partir du 26 juillet, on s’attend à des perturbations et des complications au niveau des aéroports » souligne René-Marc Chikli. Via sa commission Transports, le syndicat est en lien avec « les responsables qui gèrent la stratégie des plateformes aéroportuaires ».
« Nous pouvons transmettre les informations à nos membres », indique le président du Seto qui semble davantage « préoccupé par l’attitude du consommateur ».
« Quand c’est possible, nous leur faisons de petits aménagements pour partir. Les gens de l’Est par exemple pourront prendre un vol depuis Francfort. Nous essayons d’anticiper au maximum » précise la responsable.
Du côté du SETO, on est bien conscient des problèmes que cela va générer.
« À partir du 26 juillet, on s’attend à des perturbations et des complications au niveau des aéroports » souligne René-Marc Chikli. Via sa commission Transports, le syndicat est en lien avec « les responsables qui gèrent la stratégie des plateformes aéroportuaires ».
« Nous pouvons transmettre les informations à nos membres », indique le président du Seto qui semble davantage « préoccupé par l’attitude du consommateur ».
Le SETO surpris et préoccupé par l’attitude des consommateurs
« Au niveau des réservations, on sent que le mois de juillet 2024 ne se présente pas à la hauteur du mois de juillet 2023 » affirme René-Marc Chikli.
Un attentisme qui prévaut également sur le mois d’août, « c’est surprenant ». D’autant plus que certains acteurs enregistrent « un très bon premier semestre, une arrière-saison qui s’annonce bonne, et au milieu, sur les mois d’été, un carnet de commandes qui n’est pas au niveau de l’an dernier » constate le président du Seto.
Si « tout peut encore se faire en dernière minute », René-Marc Chikli sait aussi que lorsqu’il y a ces grands évènements internationaux, « c’est le non marchand qui est le grand gagnant. Les Français privilégient la résidence secondaire, la famille, les amis… ».
Un attentisme qui prévaut également sur le mois d’août, « c’est surprenant ». D’autant plus que certains acteurs enregistrent « un très bon premier semestre, une arrière-saison qui s’annonce bonne, et au milieu, sur les mois d’été, un carnet de commandes qui n’est pas au niveau de l’an dernier » constate le président du Seto.
Si « tout peut encore se faire en dernière minute », René-Marc Chikli sait aussi que lorsqu’il y a ces grands évènements internationaux, « c’est le non marchand qui est le grand gagnant. Les Français privilégient la résidence secondaire, la famille, les amis… ».
Un effet JO qui reste toutefois à démontrer
Sans qu’il puisse attribuer ce phénomène aux Jeux Olympiques, Philippe Sangouard constate cette année « une progression plus forte, +30% en prises de commandes, sur les mois avant et après l’été, alors qu’elle n’est que de 10-12% sur juillet-août ».
À la tête du groupe Thalasso N°1-Ôvoyages, Raouf Benslimane évoque pour sa part « des réservations en avance de 20% sur les mois d’été par rapport à l’an dernier », mais dit-il, « je ne pense pas qu’il y ait un lien avec les JO car nous progressons sur l’ensemble de l’année ».
Pas non plus d’effet JO chez Evaneos. « Malgré une inquiétude au départ, les résas ne pâtissent pas de cet évènement. Nous sommes dans nos objectifs » fait savoir l’agence de voyages en ligne.
À la tête du groupe Thalasso N°1-Ôvoyages, Raouf Benslimane évoque pour sa part « des réservations en avance de 20% sur les mois d’été par rapport à l’an dernier », mais dit-il, « je ne pense pas qu’il y ait un lien avec les JO car nous progressons sur l’ensemble de l’année ».
Pas non plus d’effet JO chez Evaneos. « Malgré une inquiétude au départ, les résas ne pâtissent pas de cet évènement. Nous sommes dans nos objectifs » fait savoir l’agence de voyages en ligne.
« Trouvez-nous de quoi passer de supers vacances »
« Par rapport aux Jeux, nous avons deux types de clients, résume Frédéric Savoyen, ceux, environ la moitié, qui veulent absolument fuir la capitale durant cette période, et qui nous disent « trouvez-nous de quoi passer de supers vacances » ; et puis il y a ceux, l’autre moitié, qui ont l’habitude de partir à cette période mais qui veulent rester en France pour suivre les épreuves, ils nous demandent alors des vacances début juillet ou fin août ».
Pour le dirigeant, « c’est plus facile de contenter cette deuxième catégorie car les plages de départ sont plus larges, mais cela nous oblige aussi à faire preuve de davantage de créativité en leur proposant des voyages différents que ce qu’ils avaient l’habitude de faire ».
Pour le dirigeant, « c’est plus facile de contenter cette deuxième catégorie car les plages de départ sont plus larges, mais cela nous oblige aussi à faire preuve de davantage de créativité en leur proposant des voyages différents que ce qu’ils avaient l’habitude de faire ».
Négociation avec les hôteliers pour la retransmission des épreuves
Quoi qu’il en soit, le plus grand évènement sportif mondial va constituer un marqueur important dans la vie de millions de Français.
Un évènement, se déroulant en France, et qu’on ne veut pas manquer. Quand bien même on est sur son lieu de vacances.
« Nous avons négocié avec tous les hôteliers la retransmission sur écran des Jeux Olympiques pour nos clients français » déclare Raouf Benslimane.
Dès lors que c’est possible, les épreuves seront ainsi diffusées en français dans les espaces communs des 68 Ôclub du tour-opérateur. « Nos clients pourront profiter des JO sans en subir les désagréments » poursuit le dirigeant.
La plupart des clubs auront leur programme adapté. « À l’intérieur ou à l’extérieur, il y aura des télés, avec aussi, l’affichage sur des panneaux du calendrier des compétions olympiques » confirme Philippe Sangouard.
Un évènement, se déroulant en France, et qu’on ne veut pas manquer. Quand bien même on est sur son lieu de vacances.
« Nous avons négocié avec tous les hôteliers la retransmission sur écran des Jeux Olympiques pour nos clients français » déclare Raouf Benslimane.
Dès lors que c’est possible, les épreuves seront ainsi diffusées en français dans les espaces communs des 68 Ôclub du tour-opérateur. « Nos clients pourront profiter des JO sans en subir les désagréments » poursuit le dirigeant.
La plupart des clubs auront leur programme adapté. « À l’intérieur ou à l’extérieur, il y aura des télés, avec aussi, l’affichage sur des panneaux du calendrier des compétions olympiques » confirme Philippe Sangouard.
Dans les clubs, faire découvrir de nouveaux sports et créer des thématiques spécifiques
Mais plus encore qu’une diffusion sur des écrans, cette année olympique permet aux opérateurs de construire tout un univers autour des Jeux Olympiques.
« Dans les clubs, nous avons créé des thématiques spécifiques. C’est l’occasion de faire découvrir certains sports méconnus et qu’on ne regarde souvent qu’en période de JO.
C’est le cas du badminton, de l’escalade, du roller, nouvelle discipline olympique, ou encore du rugby à 7 » explique Philippe Sangouard qui précise que « les animateurs sont actuellement formés, et le matériel spécifique en train d’être livré ».
Même son de cloche chez Ôvoyages qui va proposer à ses clients des olympiades. « Nous faisions déjà des animations spécifiques lors des Coupe du Monde de foot » déclare Raouf Benslimane qui voit avec les JO « une nouvelle occasion de se différencier ».
Avec également le souci de délivrer la bonne information aux vendeurs. « La pédagogie, c’est très important » déclare encore le dirigeant, qui va « marketer et communiquer sur le dispositif mis en place auprès de nos partenaires agents de voyages ».
« Dans les clubs, nous avons créé des thématiques spécifiques. C’est l’occasion de faire découvrir certains sports méconnus et qu’on ne regarde souvent qu’en période de JO.
C’est le cas du badminton, de l’escalade, du roller, nouvelle discipline olympique, ou encore du rugby à 7 » explique Philippe Sangouard qui précise que « les animateurs sont actuellement formés, et le matériel spécifique en train d’être livré ».
Même son de cloche chez Ôvoyages qui va proposer à ses clients des olympiades. « Nous faisions déjà des animations spécifiques lors des Coupe du Monde de foot » déclare Raouf Benslimane qui voit avec les JO « une nouvelle occasion de se différencier ».
Avec également le souci de délivrer la bonne information aux vendeurs. « La pédagogie, c’est très important » déclare encore le dirigeant, qui va « marketer et communiquer sur le dispositif mis en place auprès de nos partenaires agents de voyages ».
Lancer de javelot avec des manches à balai
Outre des ApérÔclub autour de la thématique JO, Ôvoyages prévoit des concours de pronostics avec excursion offerte pour les vainqueurs.
Concernant les activités sportives planifiées dans ses clubs, le TO proposera aussi bien du waterpolo, du saut en longueur sur le sable, que du beach volley ou du tir à la corde. Plus original, le TO proposera le lancer de javelot sur le sable en utilisant des manches à balai.
Malgré une inquiétude palpable de certains décideurs, la perspective d'accueillir les jeux Olympiques l’été prochain à Paris exalte la plupart des acteurs du tourisme.
À l’incoming comme à l’outgoing, ils espèrent tous en tirer bénéfice. Attention toutefois au revers de la médaille. Paris va connaitre une effervescence telle que beaucoup d’habitants voudront l’éviter.
En ce début mars, rien ne dit encore qu’ils vont partir en masse en vacances à l’étranger. Car l’hébergement non marchand reste toujours une valeur refuge.
Concernant les activités sportives planifiées dans ses clubs, le TO proposera aussi bien du waterpolo, du saut en longueur sur le sable, que du beach volley ou du tir à la corde. Plus original, le TO proposera le lancer de javelot sur le sable en utilisant des manches à balai.
Malgré une inquiétude palpable de certains décideurs, la perspective d'accueillir les jeux Olympiques l’été prochain à Paris exalte la plupart des acteurs du tourisme.
À l’incoming comme à l’outgoing, ils espèrent tous en tirer bénéfice. Attention toutefois au revers de la médaille. Paris va connaitre une effervescence telle que beaucoup d’habitants voudront l’éviter.
En ce début mars, rien ne dit encore qu’ils vont partir en masse en vacances à l’étranger. Car l’hébergement non marchand reste toujours une valeur refuge.