TourMaG.com - Une taxation plus importante de l’aérien a été évoquée comme piste dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025. Qu’en pensez-vous ? Est-ce souhaitable ?
Amélie Berruex : Une augmentation des taxes sur l'aérien irait dans le sens de l'histoire. On doit se déplacer moins, mieux et se poser plus de questions.
Aujourd’hui, l'aérien est accessible au plus grand nombre. L'augmentation de l'utilisation de l'aérien va largement au-delà de ce que l'on va pouvoir absorber. Les innovations pour réduire l'impact carbone ne sont pas sur le même tempo.
Le sujet ne ressort pas pour la bonne raison, on parle de faire des économies ou générer d'autres recettes, alors que l’impact est écologique. Il est dommage que cet objectif ne soit pas clairement affiché.
Il soulève également des questions, car les détails de la taxation n’ont pas été précisés.
Lire aussi : Le Gouvernement veut taxer plus lourdement les billets d'avion
TourMaG.com – C’est un coup dur pour l’industrie ?
Amélie Berruex : Il est urgent de repenser nos déplacements. Mais le déplacement a aussi un lien social important. Dans le voyage d’affaires, on est toujours obligé de se poser la question : quelle est la valeur apportée par le déplacement versus ce qu’il va coûter ?
Mais son coût est aussi celui imposé aux générations futures.
Les lobbyistes ont pointé le lien avec les territoires d'outre-mer et les départements d'outre-mer. Une augmentation importante des taxes est synonyme de cloisonnement des territoires. Cela peut couper des liens familiaux.
On ne peut pas appliquer une taxation de façon uniforme sans se poser plus de questions. Mais ça n'ira peut-être pas plus loin.
Amélie Berruex : Une augmentation des taxes sur l'aérien irait dans le sens de l'histoire. On doit se déplacer moins, mieux et se poser plus de questions.
Aujourd’hui, l'aérien est accessible au plus grand nombre. L'augmentation de l'utilisation de l'aérien va largement au-delà de ce que l'on va pouvoir absorber. Les innovations pour réduire l'impact carbone ne sont pas sur le même tempo.
Le sujet ne ressort pas pour la bonne raison, on parle de faire des économies ou générer d'autres recettes, alors que l’impact est écologique. Il est dommage que cet objectif ne soit pas clairement affiché.
Il soulève également des questions, car les détails de la taxation n’ont pas été précisés.
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Amélie Berruex : Il est urgent de repenser nos déplacements. Mais le déplacement a aussi un lien social important. Dans le voyage d’affaires, on est toujours obligé de se poser la question : quelle est la valeur apportée par le déplacement versus ce qu’il va coûter ?
Mais son coût est aussi celui imposé aux générations futures.
Les lobbyistes ont pointé le lien avec les territoires d'outre-mer et les départements d'outre-mer. Une augmentation importante des taxes est synonyme de cloisonnement des territoires. Cela peut couper des liens familiaux.
On ne peut pas appliquer une taxation de façon uniforme sans se poser plus de questions. Mais ça n'ira peut-être pas plus loin.
Loi de finances 2025 : "une perte de productivité face à la concurrence"
TourMaG.com – Le long-courrier et la classe affaires sont principalement visés.
Amélie Berruex : Le long-courrier est le plus impactant. En réduisant les déplacements longs courriers, l’entreprise est sûre d'améliorer son impact sur la planète.
Et puis, en 2021, la législation s’est penchée sur les lignes domestiques. L'interdiction des lignes aériennes en cas d'alternative par une liaison ferroviaire de moins de 2h30 est entrée en vigueur, selon un décret publié en mai 2023.
Lire aussi : Loi climat : la suppression des lignes domestiques "est totalement disproportionnée"
Idem pour la classe affaire, qui pollue proportionnellement plus que la classe éco, par rapport à la place que prennent les sièges dans l’avion, aux services à bord, etc…
Une autre piste aurait pu être intéressante : traquer l'atterrissage et le décollage. Favoriser les vols directs plutôt que les vols avec escale a un intérêt. Mais comment le traquer et le mettre en place ? C'est compliqué.
TourMaG.com – Les départs de France devraient être taxés ? Quel serait l’impact ?
Amélie Berruex : Pour les lobbyistes, c’est une perte de productivité face à la concurrence.
En Europe, les compagnies aériennes sont largement subventionnées. C'est peut-être un juste équilibre qu'elles soient aussi plus taxées.
Amélie Berruex : Le long-courrier est le plus impactant. En réduisant les déplacements longs courriers, l’entreprise est sûre d'améliorer son impact sur la planète.
Et puis, en 2021, la législation s’est penchée sur les lignes domestiques. L'interdiction des lignes aériennes en cas d'alternative par une liaison ferroviaire de moins de 2h30 est entrée en vigueur, selon un décret publié en mai 2023.
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Idem pour la classe affaire, qui pollue proportionnellement plus que la classe éco, par rapport à la place que prennent les sièges dans l’avion, aux services à bord, etc…
Une autre piste aurait pu être intéressante : traquer l'atterrissage et le décollage. Favoriser les vols directs plutôt que les vols avec escale a un intérêt. Mais comment le traquer et le mettre en place ? C'est compliqué.
TourMaG.com – Les départs de France devraient être taxés ? Quel serait l’impact ?
Amélie Berruex : Pour les lobbyistes, c’est une perte de productivité face à la concurrence.
En Europe, les compagnies aériennes sont largement subventionnées. C'est peut-être un juste équilibre qu'elles soient aussi plus taxées.
"3 000 euros par vol pour l'aviation d'affaires, c'est dérisoire"
TourMaG.com - Il y a également un volet sur l'aviation d'affaires. Les jets privés font énormément polémique.
Amélie Berruex : Les jets privés concernent une toute petite minorité de la population. Pas facile à réguler, car le jet privé est souvent entre le pro et le perso.
Selon moi, sur la partie jet, il y a une vraie question d'éthique à accepter un impact aussi important sur une poignée de personnes.
TourMaG.com – La taxe serait de 3 000€ par vol en jet privé.
Amélie Berruex : 3 000 euros par vol pour l'aviation d'affaires, c'est dérisoire.
On le voit concernant l’obligation légale des entreprises de reporter leur empreinte carbone sur tous tes scopes : sur l’activité de base, mais aussi ce qu’elle consomme indirectement, notamment à travers les voyages, l'impact des sous-traitants….
Plus de la moitié des sociétés préfèrent payer les amendes plutôt que de s'enquiquiner à faire un reporting sur leur empreinte de carbone. Les montants ne sont pas assez dissuasifs.
Et puis, l’argent collecté doit être fléché derrière pour faire des actions en lien avec l’écologie.
Autre levier : la flotte d'avions. Sur un Paris-New York, en fonction de l'avion, l'impact carbone n'est le mĂŞme, le ratio va de 1 Ă 4. C'est Ă©norme.
C'est compliqué de taxer au même prix une compagnie aérienne qui a investi sur une flotte un minimum récente ou qui évolue pour que l'impact soit le plus limité possible de la même manière que de vieux avions, qui ont une empreinte carbone plus importante et qui permettent aux compagnies de proposer des billets peu chers.
Il y a un modèle à revoir. La taxe devrait inciter à un meilleur comportement. Or, ça va les inciter à augmenter leurs prix.
Amélie Berruex : Les jets privés concernent une toute petite minorité de la population. Pas facile à réguler, car le jet privé est souvent entre le pro et le perso.
Selon moi, sur la partie jet, il y a une vraie question d'éthique à accepter un impact aussi important sur une poignée de personnes.
TourMaG.com – La taxe serait de 3 000€ par vol en jet privé.
Amélie Berruex : 3 000 euros par vol pour l'aviation d'affaires, c'est dérisoire.
On le voit concernant l’obligation légale des entreprises de reporter leur empreinte carbone sur tous tes scopes : sur l’activité de base, mais aussi ce qu’elle consomme indirectement, notamment à travers les voyages, l'impact des sous-traitants….
Plus de la moitié des sociétés préfèrent payer les amendes plutôt que de s'enquiquiner à faire un reporting sur leur empreinte de carbone. Les montants ne sont pas assez dissuasifs.
Et puis, l’argent collecté doit être fléché derrière pour faire des actions en lien avec l’écologie.
Autre levier : la flotte d'avions. Sur un Paris-New York, en fonction de l'avion, l'impact carbone n'est le mĂŞme, le ratio va de 1 Ă 4. C'est Ă©norme.
C'est compliqué de taxer au même prix une compagnie aérienne qui a investi sur une flotte un minimum récente ou qui évolue pour que l'impact soit le plus limité possible de la même manière que de vieux avions, qui ont une empreinte carbone plus importante et qui permettent aux compagnies de proposer des billets peu chers.
Il y a un modèle à revoir. La taxe devrait inciter à un meilleur comportement. Or, ça va les inciter à augmenter leurs prix.
"La communication sur la démarche n'est pas bonne"
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TourMaG.com – Y a-t-il des alternatives pour contourner la hausse de la taxe Chirac ?
Amélie Berruex : Aujourd’hui, plusieurs aéroports sont rattachés à la France avec des distances assez courtes en train. On pourrait imaginer atterrir en Belgique ou au UK et faire le reste en train.
Sur le voyage d'affaires, ça compliquerait l’organisation. J’imagine mal les entreprises faire des comparatifs et dire à leurs voyageurs qu’ils doivent partir de Londres ou de Bruxelles.
Pour le loisir en revanche, ça peut être un sujet. Les voyageurs savent chercher les alternatives.
TourMaG.com - En termes d'images, quel impact aurait une telle mesure ?
Amélie Berruex : Quelque part, c'est un aboutissement de pouvoir partir loin en vacances. Il y a une notion de statut. Idem dans l'entreprise. Voyager est lié à un imaginaire très positif.
Et puis les lobbyistes dans l'aérien sont très actifs, ils savent se faire entendre. En termes d'images, ce qui va être véhiculé est assez négatif : on nous colle une taxe au moment où on sort la tête de l'eau.
C'est dommage que cette mesure arrive sur la table pour une raison purement financière, parce que les vertus ne sont pas que sur la partie budget. Et puis ça fait passer un message d'austérité.
La communication sur la démarche n'est pas bonne.
Amélie Berruex : Aujourd’hui, plusieurs aéroports sont rattachés à la France avec des distances assez courtes en train. On pourrait imaginer atterrir en Belgique ou au UK et faire le reste en train.
Sur le voyage d'affaires, ça compliquerait l’organisation. J’imagine mal les entreprises faire des comparatifs et dire à leurs voyageurs qu’ils doivent partir de Londres ou de Bruxelles.
Pour le loisir en revanche, ça peut être un sujet. Les voyageurs savent chercher les alternatives.
TourMaG.com - En termes d'images, quel impact aurait une telle mesure ?
Amélie Berruex : Quelque part, c'est un aboutissement de pouvoir partir loin en vacances. Il y a une notion de statut. Idem dans l'entreprise. Voyager est lié à un imaginaire très positif.
Et puis les lobbyistes dans l'aérien sont très actifs, ils savent se faire entendre. En termes d'images, ce qui va être véhiculé est assez négatif : on nous colle une taxe au moment où on sort la tête de l'eau.
C'est dommage que cette mesure arrive sur la table pour une raison purement financière, parce que les vertus ne sont pas que sur la partie budget. Et puis ça fait passer un message d'austérité.
La communication sur la démarche n'est pas bonne.