TourMaG.com, le média spécialiste du tourisme francophone

logo TourMaG  



Micro-influenceurs : comment Léa rajeunit sa clientèle... 🔑

La life de Léa, l'agent de voyages (pas si) blonde


Ce n'est pas sans une certaine honte, mais que voulez-vous, il faut bien vivre avec son temps... Big Boss Voyages a noué des partenariats avec des micro-influenceurs pour tenter de rajeunir sa clientèle. Et vous, êtes-vous prêts à attirer "Kevin et Jen'" dans vos filets ?


Rédigé par le Mercredi 29 Mai 2024

Pour rajeunir un peu notre base, on a testé un mode de commercialisation très sale : on travaille désormais en collab’ avec des micro-influenceurs ! - Dessin RAF
Pour rajeunir un peu notre base, on a testé un mode de commercialisation très sale : on travaille désormais en collab’ avec des micro-influenceurs ! - Dessin RAF
Depuis des années, Big-Boss regarde avec effroi le CRM de l’agence et s’inquiète de voir notre base clients vieillir.

Le socle du business de Big-Boss Voyage, c’est la vente de beaux itinéraires de 2 à 3 semaines (autotour ou avec chauffeur) dans des destinations lointaines type Australie, Inde, Chine, Thaïlande/Cambodge/Vietnam, Afrique de l’Est, Afrique australe, Argentine, Brésil, Mexique, Etats-Unis ou Canada… avec sélection hôtelière de qualité, carnet de voyage chiadé, conseils pratiques nombreux et conciergerie.

Des dossiers qui montent facile à 10 à 15 K€ par personne, voire bien davantage quand on réussit « pour plus de confort » à vendre la classe affaires, prolonger les durées de voyage « pour un rythme plus tranquille » et à vendre des voyages de plus en plus encadrés.


Qui, à part les retraités, a les moyens de se payer des beaux voyages ?

Regardons la vérité en face : qui, à part les retraités, a les moyens de se payer régulièrement ce type de « beaux voyages » ?

La France est le seul pays de l’OCDE où la pension des retraités est supérieure au salaire moyen des actifs, alors il faut choyer les seniors !

Lire aussi :
Avec Léa, les "tépé" (travel planners) n'ont qu'à bien se tenir 🔑

On a une grosse base de retraités dans notre CRM qui répond (encore) positivement à nos sollicitations : « Vous avez raison. Nous avons encore la force de voyager alors on préfère se payer de beaux souvenirs plutôt que d’emporter notre argent dans la tombe ».

Ceux-là, on ne les lâche pas ! Quand ils commencent à trainer la patte « oh la la, c’est fatigant, ces voyages », on les bascule vers la croisière « pas besoin de faire de la route ni de faire et défaire vos bagages. Et chaque jour, la découverte d’une nouvelle étape », ça permet de garder Charles-Hubert et Geneviève dans notre portefeuille-clients pour 5 ou 6 ans de plus et puis après (je te résume le truc en grossissant un peu le trait, parce que tu sais que je ne suis pas le genre de fille qui s’encombre des nuances), pour eux, c’est l’EPHAD.

Les parents quadra, cette clientèle qui fond comme neige au soleil…

J’ai plein de copains, type cadres moyens quadra-bobo débordés qui gagnent genre 100 K€ par an à deux.

Raisonnablement, ça devrait être le portrait-robot de mes clients. Mais avec 2 ou 3 gosses à nourrir, habiller, équiper et divertir plus des traites immobilières de malade et un impôt sur le revenu confiscatoire (j’ai beau être de la gauche saumon fumé - c’est comme la gauche caviar mais un cran en-dessous - j’ai des préoccupations genre optimisation fiscale, je me déteste), il ne reste pas un budget suffisant pour se payer régulièrement ce type de beaux voyages.

Quand mes copains m’appellent, ils sont étonnés que je leur réponde régulièrement que « non, 15 000 € pour 4 pour 2 semaines au Mexique ou en Afrique du Sud, vols directs en pleines vacances scolaires, c’est trop juste ».

Alors ils ne partent pas en long-courrier tous les ans (mais tous les 2 ou 3 ans) ou se débrouillent avec Airbnb, les échanges d’appart et les miles chèrement acquis par des voyages d’affaires épuisants mais qui leur permettent de ne pas payer l’avion une fois de temps en temps.

Les parents quadra, c’est pourtant les clients qui ont fait les beaux jours des agences de voyages pendant des années… mais cette clientèle fond comme neige au soleil…

On arrive encore à leur vendre 8/10 jours en Rep Dom, à Maurice, en Thaïlande ou à Zanzibar en plein hiver, tant qu’ils ne se sont pas reproduits ou que les enfants sont encore petits et qu’ils peuvent décaler les départs pour ne pas payer plein pot les suppléments « vacances scolaires ».

Petits blocs-sièges sur une compagnie low-cost

L’été, cette même clientèle se laisse séduire par nos formules packagées : des combinés d’îles en Grèce ou des séjours aux Baléares ou en Sardaigne (un vol low-cost, une location de voiture, 3 ou 4 adresses chics et quelques expériences dites originales).

On y arrive parce qu’on s’engage sur des petits blocs-sièges sur une compagnie low-cost et qu’on réserve des mois à l’avance quelques hôtels qu’on connait bien.

Donc, fatalement, quand on arrive à cette époque de l’année où les vols de juillet/août coûtent un rein, on peut sortir nos packages montés à une époque où les vols étaient abordables… mais Big-Boss tripatouille sa compta et arrive à paniquer un brin : on se rapproche de la fin du mois de mai et le stock pour juillet ne part pas.

Or, certains boutiques-hôtels qui nous ont accordé des chambres sont désormais complets et aimeraient bien récupérer leurs chambres et nous demandent donc si on va vraiment vendre nos allots (et franchement, on a intérêt parce que Transavia ne fait pas de cadeau sur les rétrocessions).

On travaille désormais en collab’ avec des micro-influenceurs !

Big-Boss nous rabâche depuis 2 ou 3 ans qu’on doit « trouver une nouvelle clientèle ».

Alors, pour rajeunir un peu notre base, on a testé un mode de commercialisation très sale : on travaille désormais en collab’ avec des micro-influenceurs !

J’ai honte mais c’est comme ça : pour résumer, Isa négocie des offres spéciales en moyenne saison avec des jolis hôtels sur le bassin med’, on invite (à pas trop cher) des influenceurs qui montrent les hôtels où on les invite (ça s’appelle des room-tours) et survendent un poil les activités qu’on leur a proposées (avec un vocabulaire type « pépite », « kiffant », « waouh », « magiiiique », « roof-top », « trop sympa » et « banger », ce qui me permet de me mettre à la page en terme de vocabulaire).

Depuis leurs stories, ces influenceurs (pardon… créateurs de contenus originaux et authentiques) envoient des liens vers la page précise de notre site internet qui décrit l’offre et les followers-influencés peuvent réserver en quelques clics le voyage magiiiique du couple invité « et avec le code CHATOUNE100, tu auras 100 € de réduction sur ton voyage ».

Forcément, on récupère une clientèle de 25-35 ans sans enfant qui peut dédier un budget à ce type de voyages dans le bassin med’ sur un coup de tête parce qu’elle a kiffé l’image d’une piscine à débordement, d’une sortie en quad dans le désert, ou d’un selfie-bouche-canard avec cocktail (le petit parasol est contractuel) au moment du coucher du soleil…

On a commencé ce type d’opération en septembre dernier et franchement, ça ne marche pas trop mal…

La preuve : on commence à avoir des Kevin et des Jennifer dans notre base clients. Figure-toi que Kevin et Jenn’ nous tutoient… et que le suivi client avec eux se fait essentiellement par Instagram ou WhatsApp dans un style disons… peu académique.

J’ai bien conscience d’être vieille, mais franchement, je reconnais préférer les entretiens en face-à-face avec des Marie-France et des Jean-Eudes que des tchats avec Kevin et Jenn’, mais que voulez-vous, il faut vivre avec son temps, alors on s’adapte.

Lu 3258 fois

Notez

Nouveau commentaire :

Tous les commentaires discourtois, injurieux ou diffamatoires seront aussitôt supprimés par le modérateur.
Signaler un abus

Dans la même rubrique :
< >

Vendredi 15 Novembre 2024 - 00:05 Le tourisme... combien de "divisions" ? [ABO]










































TourMaG.com
  • Instagram
  • Twitter
  • Facebook
  • YouTube
  • LinkedIn
  • GooglePlay
  • appstore
  • Google News
  • Bing Actus
  • Actus sur WhatsApp
 
Site certifié ACPM, le tiers de confiance - la valeur des médias