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Polémique : le tourisme crée-t-il (vraiment) de la valeur ? 🔑

Le tourisme génère directement 3 à 4% du PIB national


La saison du tourisme bashing n'a pas attendu les beaux jours en 2024. Dès février, nos confrères du Monde ont (r)ouvert le bal, avec une tribune intitulée "Le tourisme ne crée pas de valeur : c’est une rente assise sur un legs de l’histoire que les siècles ont tamisée". Ne préférant pas ouvrir un débat d'opinion à la Cnews, nous avons donné la parole à des experts, dont un économiste de l'INSEE.


Rédigé par le Mercredi 28 Février 2024

Le tourisme génère directement 3 à 4% du PIB national , il n'est pas possible de dire qu'il ne génère pas de valeur - Crédit photo : Depositphotos @ALLVISIONN
Le tourisme génère directement 3 à 4% du PIB national , il n'est pas possible de dire qu'il ne génère pas de valeur - Crédit photo : Depositphotos @ALLVISIONN
Mi-février, tandis que les stations de ski s'affairent pour préparer le grand raout des vacances d'hiver, Le Monde dégondait, façon puzzle, le tourisme.

Non seulement le surtourisme est destructeur, mais selon Elsa Conesa l'industrie n'a aucun intérêt social et encore moins économique.

"Contrairement à l’industrie, dont la part dans le PIB n’a cessé de reculer depuis les années 1970, le tourisme ne crée pas de valeur(...) La rente, par nature, détourne de la création de valeur, de la recherche, de l’innovation, de la formation.

Les touristes achètent des spectacles, des nuits d’hôtel et de la restauration, qui créent certes de l’emploi, mais de l’emploi peu rémunéré et peu qualifié
" expliquait la spécialiste de l'économie et la politique au Monde.

Les mots sont durs, sibyllins et n'ouvrent pas au débat.

Dans le sillage de Jean Pinard, ex-directeur du Comité régional du tourisme et des loisirs d'Occitanie, les réactions ont été nombreuses pour dénoncer : un "mépris pour cette industrie", une vaste "hypocrisie," ou encore des propos "consternants".

La vraie question que soulève cette chronique : le tourisme génère-t-il (vraiment) de la valeur ?


Le Tourisme est englué dans une bataille des chiffres !

Pour répondre à notre consœur et à la question, nous avons interrogé des experts.

De l'aveu de tous, la chronique est "surprenante", l'argumentaire déployé est "hors sol".

Pour Sylvain Zeghni, maître de conférences en Sciences Economiques à l'Université Gustave Eiffel, l'article "m’a fait sourire par les clichés employés et quelques fois l’absence de réflexion et de connaissance."

Sauf qu'il soulève bien des problèmes propres à cette industrie.

Qui peut dire précisément le nombre d'emplois générés par le tourisme en France ? Ou encore l'impact économique du secteur sur le PIB ? A bien y regarder, même Google devient schizophrène.

"Selon cette personne, seules la production manufacturière et les recettes fiscales créent de la richesse.

Un des problèmes auquel fait face le secteur, c'est que nous sommes incapables de fournir des statistiques fiables.

Sur le poids économique, nous n'avons que des approximations, nous n'avons aucune analyse des effets indirects et induits, nous sommes dans un flou artistique,
" analyse Stéphane Durand.

Le directeur général du cabinet de conseil Voltere-by-Egis a d'ailleurs adressé au Monde une tribune, coécrite avec Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde, pour répondre aux critiques faites par Elsa Conesa.

En début de semaine, l'expert du développement touristique des territoires n'avait reçu aucune réponse du journal.

Quand Atout France annonce que le tourisme représente 2,87 millions d’emplois, soit 10,1% de l'emploi total, l'URSAFF et le ministère de l'Economie avancent, eux, le chiffre de 1,3 million pour 4,8 % de l’emploi total en France.

A lire : Atout France dresse le bilan du secteur touristique en 2023

Pour David Lévy, en charge du tourisme à l'INSEE, le tourisme représenterait plutôt entre 7 et 8% de l'emploi salarié en France, "une part assez importante, un chiffre constant dans le temps."

Le tourisme représente-t-il 7% ou 3% du PIB national ?

La lecture illisible des statistiques de l'emploi se trouve aussi... sur le poids du secteur dans le PIB.

Pour rappel, le PIB est tout simplement, l'ensemble des richesses produites par un pays en l’espace d’une année, ou en terme technique la somme des valeurs ajoutées. PIB = la somme des valeurs ajoutées + TVA + droits de douanes.

Pour y voir plus clair, nous avons contacté l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE).

"Sur un concept macroéconomique comme le PIB, depuis l'année dernière, nous avons produit le compte satellite du tourisme. Un compte économique élaboré avec des méthodes internationales.

Le PIB du tourisme était de 4% en 2019, puis deux plus tard, il est tombé à 3%,
" nous explique David Lévy, en charge du tourisme à la direction des statistiques d’entreprises.

Nous parlons là seulement de ses conséquences directes, à laquelle nous pourrions rajouter la construction d'un avion, d'un paquebot, une partie de l'activité agricole, etc.

Et pourtant au grè des conférences et autres rendez-vous du secteur de tourisme, il est généralement évoqué que le poids du secteur dans notre économie nationale tournerait autour des 7 ou 8%.

"Pendant longtemps, nous communiquions exclusivement sur la consommation touristique, rapportée au PIB global. Cet indicateur n'était pas très bon.

Nous sommes sur des données qui ont plus de sens, à savoir le poids du tourisme dans le PIB total.


Peser 4 ou 3% dans le PIB d'un pays comme la France, ce n'est pas rien,
" relativise le responsable de l'INSEE. A ce chiffre, vous devez ajouter les dépenses annexes et les retombées indirectes.

A lire : Pour une révolution des politiques RH du tourisme en France

Tourisme, le dernier ascenseur social de France ?

La chronique du Monde pointe également les recettes liées à la taxe de séjour.

Cet impôt atteindrait seulement "600 millions d'euros" et serait effacée par le milliard de détaxe reversé par l'Etat aux visiteurs non européens.

"La première partie de l'article reprend des chiffres objectifs, mais de manière négative et condescendante.

Si nous devions comparer les filières économiques que par les taxes affectées et générées, il n'y aurait pas d'exception culturelle française, car les retombées vont au-delà de l'analyse fiscale qu'elles créent.

De plus, le tourisme a une particularité rare dans notre économie : produire des emplois pour des personnes moins qualifiées, celles qui sont les plus victimes du chômage,
" analyse Yannick Cabrol, le direction générale de la Strategy, Climate et Economics chez Ernst and Young.

Il colle au tourisme une image de sous économie. Pour les experts interrogés, notre consœur ferait un peu du dénigrement de classe.

D'un côté les bons salariés, qui dépensent de l'argent et voyagent correctement, de l'autre les mauvais, ceux qui n'ont pas de diplôme et alimentent les hordes de touristes destructeurs.

"Il n'est pas possible de créer que des emplois pour les Bac+5 dans le Marais.

Un pays ne se compose pas seulement de super diplômés et d'entrepreneurs. 90% des emplois dans le tourisme parisien sont occupés par des personnes de la banlieue parisienne.

Que feraient-elles ?
questionne Stéphane Durand.

Alors que seraient la Savoie et la Haute-Savoie sans toutes ces petites mains ? Un désert de plus à rajouter à la diagonale du vide.

"Dire que le secteur n'a pas évolué, c'est ne pas avoir saisi ce qu'il s'est passé ces dernières années, à la fois dans la prise de conscience pour gérer les flux, préserver l'environnement, mais aussi former le personnel, et l'accompagner.

Le tourisme est l'un des derniers secteurs d'activités permettant à des personnes sans études ou avec peu de diplomes de pouvoir évoluer de manière significative.

Cette promesse employeur est extrêmement rare,
" recadre Simon Thirot, conseil en stratégie pour Eurogroup Consulting.

Le tourisme doit-il être jugé sur sa simple valeur économique ?

Il suffit regarder autour de nous quelques cursus comme Alex Nicola, qui a démarré comme saisonnier pour finir président des Villages Clubs Du Soleil ou encore un Philippe Sangouard et/ou d'un Nacer Bouguerra.

Le tourisme est aussi l'un des rares contributeurs positifs à la balance commerciale d'un pays.

"En novembre 2023, la balance des paiements des touristes était de 16,5 milliards d'euros, quand les Douanes ont annoncé un solde commercial de - 99,6 milliards d'euros.

Dire que ce secteur n'a pas de valeur ajoutée, c'est faux,
" lâche Yannick Cabrol.

Notre secteur est bel et bien un pilier de notre économie, mais il manque de visibilité.

Les industries du luxe, de la gastronomie et du vin ne sont jamais remises en cause. Elles ont une image noble, inscrite dans la culture française, ce qui n'est pas le cas du voyage qui, lui a un rapport à l'oisiveté.

Pour sortir de la finance et des chiffres, le tourisme a aussi un impact sociétal.

"Le tourisme ne se résume pas à une chambre d'hôtel et au paiement de la taxe de séjour. Il faut ajouter, les activités, les billets pour les musées, les places de spectacles, etc.

Avec ce raisonnement, cette tribune pourrait être transposée au secteur de la culture et aux musées, mais personne n'oserait le dire,
" regrette l'ancien délégué général de l'UNAT.

Le secteur est facile à clasher et à critiquer. Jamais un agent de voyages, un réceptionniste ou une femme de chambre ne descendra dans la rue pour s'insurger contre un article, une tribune ou une loi, comme le font les agriculteurs ou les dockers.

Alors qu'il contribue à une meilleure connaissance des peuples et tend à pacifier un monde de plus en plus nerveux.

"Un article universitaire paru dans la revue scientifique Tourism Management établit un impact positif entre le fait de voyager et d'avoir une bonne santé mentale.

Ce sujet est souvent méprisé par les décideurs et les observateurs. Pour moi, la principale valeur ajoutée du tourisme est avant tout de créer du lien social,
" estime Yannick Cabrol.

C'est aussi en voyageant que les clichés tombent...

Nous avons essayé de joindre Elsa Conesa par mail, elle n'a pas répondu à nos questions




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Commentaires

1.Posté par Millithiba le 28/02/2024 14:25 | Alerter
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Allez dire que le tourisme ne crée pas de valeur à des pays comme l'Égypte, le Maroc, les Seychelles, les Maldives, etc ...
Il ne faut vraiment pas avoir une réflexion très poussée pour sortir ce genre d'âneries 🙄

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