Comment faire voler plus d’avions et plus de passagers avec moins de personnel navigant et pour les aéroports gérer davantage d’affluence avec des moyens humains en nette baisse ? - DR :JDL
Il ne fait pas bon être gestionnaire d’une plateforme aéroportuaire en ce moment.
Dirigeant de compagnie aérienne ou agent de voyages non plus, d’ailleurs...
Voilà des professions qui ont une sorte de quadrature du cercle à résoudre. Vous en avez certainement entendu parler ?
C’est le problème qui n’a pas de solution. Le Graal des mathématiques, de la géométrie et de l’algèbre. Cqfd !
Dans l’industrie de l’aérien on fait face actuellement au même type d’impasse : faire voler plus d’avions et plus de passagers avec moins de personnel et pour les aéroports gérer davantage d’affluence avec des moyens humains en nette baisse.
Forcément, ça coince. Fortement, à juger par l’indescriptible pagaille de samedi dernier. Mais laissons de côté les conséquences pour nous pencher quelques instants sur les causes.
La pandémie de covid 19 a déstabilisé tout le secteur marchand. Je ne parle pas que du tourisme mais de l’ensemble de l’économie mondiale. La crise sanitaire a relativisé et fragilisé le rapport de l’homme au travail.
Il lui a montré les failles et les limites du système marchand, les turpitudes de l’économie libérale. Si cette dernière n’est pas en mesure de protéger les salariés contre ces aléas, alors autant chercher soi-même des solutions de son côté.
Dirigeant de compagnie aérienne ou agent de voyages non plus, d’ailleurs...
Voilà des professions qui ont une sorte de quadrature du cercle à résoudre. Vous en avez certainement entendu parler ?
C’est le problème qui n’a pas de solution. Le Graal des mathématiques, de la géométrie et de l’algèbre. Cqfd !
Dans l’industrie de l’aérien on fait face actuellement au même type d’impasse : faire voler plus d’avions et plus de passagers avec moins de personnel et pour les aéroports gérer davantage d’affluence avec des moyens humains en nette baisse.
Forcément, ça coince. Fortement, à juger par l’indescriptible pagaille de samedi dernier. Mais laissons de côté les conséquences pour nous pencher quelques instants sur les causes.
La pandémie de covid 19 a déstabilisé tout le secteur marchand. Je ne parle pas que du tourisme mais de l’ensemble de l’économie mondiale. La crise sanitaire a relativisé et fragilisé le rapport de l’homme au travail.
Il lui a montré les failles et les limites du système marchand, les turpitudes de l’économie libérale. Si cette dernière n’est pas en mesure de protéger les salariés contre ces aléas, alors autant chercher soi-même des solutions de son côté.
Le “dégagisme” a pris une ampleur considérable
Des millions de personnes, volontairement ou non, ont quitté leur emploi. Beaucoup sont revenues travailler la terre, particulièrement dans les pays les plus pauvres. D’autres, dépendant presque entièrement du tourisme, ont réintégré la cellule familiale. Parfois, les deux cas de figure s'interpénètrent.
Dans les pays développés aussi le “dégagisme” a pris une ampleur considérable. Aux Etats-Unis, plus de 4,5 millions de personnes ont quitté leur poste en 2021, pour des raisons diverses.
Dans le secteur du tourisme, le problème a été particulièrement dramatique. Notre industrie touche, peu ou prou, toutes les couches de l’économie. Il suffit de consulter la liste 1bis établie par le Gouvernement visant à soutenir ces secteurs, pour s’en convaincre.
Du pêcheur au marchand de coquillages en passant par l'hôtelier et la presse professionnelle spécialisée (Sic) et les fruits et légumes, ils y figuraient tous. Impactées par la crise, la grande majorité des entreprises ont pris les mesures “adéquates” et radicales : le licenciement des effectifs superfétatoires ou considérés comme tels.
Dans les aéroports, vides au pic de la crise, les entreprises prestataires ont viré comme des malpropres les malheureux qui “taffaient” au contrôle, à l’entretien, à la logistique, à la sûreté… Quant à ceux qui sont restés, ils ne veulent plus d’un salaire au rabais démonétisé par une inflation galopante et un pouvoir d’achat en berne.
Mauvaise pioche. Car les salariés corvéables et jetables à merci dans un contexte de reprise explosive du trafic se rebiffent. ils veulent bien revenir à condition d’être payés au juste prix.
Dans les pays développés aussi le “dégagisme” a pris une ampleur considérable. Aux Etats-Unis, plus de 4,5 millions de personnes ont quitté leur poste en 2021, pour des raisons diverses.
Dans le secteur du tourisme, le problème a été particulièrement dramatique. Notre industrie touche, peu ou prou, toutes les couches de l’économie. Il suffit de consulter la liste 1bis établie par le Gouvernement visant à soutenir ces secteurs, pour s’en convaincre.
Du pêcheur au marchand de coquillages en passant par l'hôtelier et la presse professionnelle spécialisée (Sic) et les fruits et légumes, ils y figuraient tous. Impactées par la crise, la grande majorité des entreprises ont pris les mesures “adéquates” et radicales : le licenciement des effectifs superfétatoires ou considérés comme tels.
Dans les aéroports, vides au pic de la crise, les entreprises prestataires ont viré comme des malpropres les malheureux qui “taffaient” au contrôle, à l’entretien, à la logistique, à la sûreté… Quant à ceux qui sont restés, ils ne veulent plus d’un salaire au rabais démonétisé par une inflation galopante et un pouvoir d’achat en berne.
Mauvaise pioche. Car les salariés corvéables et jetables à merci dans un contexte de reprise explosive du trafic se rebiffent. ils veulent bien revenir à condition d’être payés au juste prix.
Dans les compagnies aériennes l’ambiance n’est pas au beau fixe
Dans les compagnies aériennes aussi, l’ambiance n’est pas au beau fixe. La plupart baissent pavillon, annulent des vols et réduisent leurs programmes faute d’effectifs. Mais faut-il s’en étonner ?
Quant on constate le régime de sous-prolétariat infligé par Ryanair à son personnel de bord à qui il interdit de boire et manger pendant les vols, on se dit que quelque chose ne tourne pas rond dans le monde de l’aérien.
Bien entendu c’est une exception, une caricature, mais on peut légitimement se poser des questions sur les règles européennes en matière de droit du travail. A quoi rime une Europe sociale permissive avec tant de disparités et d'injustices ?
Il ne faut pas en faire une généralité bien sûr, car certaines entreprises font face à un dilemme : augmenter les salaires peut les amener dans le mur. C’est le cas, en particulier, de la Distribution, aujourd’hui confrontée à des marges ridicules et des revendications salariales légitimes.
Ces patrons qui attendaient la reprise pour se refaire la cerise, en sont pour leurs frais : débordés par la brutalité du mouvement, manquant de personnel, ils en sont réduits au malthusianisme produits et à la rationalisation de leur activité.
Problèmes de riches, me direz-vous ? Pas tout à fait. Si l’été est chaud bouillant, les agences se plaignent déjà du manque de visibilité pour la rentrée et au-delà pour l’hiver. Il en va de même pour les compagnies aériennes, logées à la même enseigne.
L’inconstance consumériste ? Non, plutôt les bruits de bottes qui résonnent en Europe, l’inflation qui rogne les petits salaires, les variants divers et bizarres qui se repointent et les incertitudes politiques.
Certes, la cagnotte-covid et ses 160 milliards épargnés laissent un peu de marge pour les mois à venir. Et par ailleurs, les Français ont décidé de se décider à la dernière minute.
Alors, peut-être aurons-nous pour la saison automne-hiver un acte II de la série “Revenge-Travel”... de préférence sans les deuxièmes protagonistes !
Quant on constate le régime de sous-prolétariat infligé par Ryanair à son personnel de bord à qui il interdit de boire et manger pendant les vols, on se dit que quelque chose ne tourne pas rond dans le monde de l’aérien.
Bien entendu c’est une exception, une caricature, mais on peut légitimement se poser des questions sur les règles européennes en matière de droit du travail. A quoi rime une Europe sociale permissive avec tant de disparités et d'injustices ?
Il ne faut pas en faire une généralité bien sûr, car certaines entreprises font face à un dilemme : augmenter les salaires peut les amener dans le mur. C’est le cas, en particulier, de la Distribution, aujourd’hui confrontée à des marges ridicules et des revendications salariales légitimes.
Ces patrons qui attendaient la reprise pour se refaire la cerise, en sont pour leurs frais : débordés par la brutalité du mouvement, manquant de personnel, ils en sont réduits au malthusianisme produits et à la rationalisation de leur activité.
Problèmes de riches, me direz-vous ? Pas tout à fait. Si l’été est chaud bouillant, les agences se plaignent déjà du manque de visibilité pour la rentrée et au-delà pour l’hiver. Il en va de même pour les compagnies aériennes, logées à la même enseigne.
L’inconstance consumériste ? Non, plutôt les bruits de bottes qui résonnent en Europe, l’inflation qui rogne les petits salaires, les variants divers et bizarres qui se repointent et les incertitudes politiques.
Certes, la cagnotte-covid et ses 160 milliards épargnés laissent un peu de marge pour les mois à venir. Et par ailleurs, les Français ont décidé de se décider à la dernière minute.
Alors, peut-être aurons-nous pour la saison automne-hiver un acte II de la série “Revenge-Travel”... de préférence sans les deuxièmes protagonistes !
L'éditorial de Jean Da Luz
Directeur de la rédaction - TourMaG.com
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