Pour faire émerger une offre de voyage en train, acteurs du tourisme et des mobilités doivent travailler ensemble - Depositphotos.com Auteur Tzido
Depuis sa naissance, le tourisme a toujours entretenu des relations étroites avec les acteurs de la mobilité et des transports dans une relation de dépendance réciproque. Cette interdépendance ne peut s’envisager que dans un rapport gagnant / gagnant qui voudrait que les acteurs des deux filières travaillent ensemble de manière concertée, mais est-ce vraiment le cas ?
L’actualité des derniers jours, démontre que ce n’est pas toujours le cas, avec d’un côté des ouvertures de lignes de train comme celle qui relie désormais Paris à Berlin en TGV et de l’autre des fermetures (temporaires) de routes aériennes comme annoncée par Air France entre Paris et Zanzibar.
Le tourisme est né du voyage et le voyage, et le voyage est né de la mobilité, de ses progrès, de son offre qui s’est structurée au fur et à mesure d’innovations et d’investissement dans les infrastructures, sans oublier toute l’offre de services des cartes et des guides pour citer tout ce qu’une entreprise comme Michelin a pu apporter dès le début du vingtième siècle.
L’actualité des derniers jours, démontre que ce n’est pas toujours le cas, avec d’un côté des ouvertures de lignes de train comme celle qui relie désormais Paris à Berlin en TGV et de l’autre des fermetures (temporaires) de routes aériennes comme annoncée par Air France entre Paris et Zanzibar.
Le tourisme est né du voyage et le voyage, et le voyage est né de la mobilité, de ses progrès, de son offre qui s’est structurée au fur et à mesure d’innovations et d’investissement dans les infrastructures, sans oublier toute l’offre de services des cartes et des guides pour citer tout ce qu’une entreprise comme Michelin a pu apporter dès le début du vingtième siècle.
Les low cost ont été habilles pour devancer le marché
Parce qu’en matière de mobilité, l’offre crée la demande, la logique qui a prévalu jusqu’à maintenant, c’est que l’offre de mobilité précède les besoins de la filière tourisme, qui de fait s’adapte aux évolutions de l’offre de transport.
Dans cette approche il faut reconnaitre que les acteurs de l’aérien, et tout particulièrement les low cost ont été les plus habiles pour « devancer » le marché, en proposant aux aéroports régionaux des routes aériennes censées générer une demande touristique.
Dans les faits, et si on zoom sur les routes aériennes opérées au départ des aéroports régionaux qui financent ces lignes, on s’aperçoit que le plus souvent l’offre est plus tournée vers l’export que l’import, à l’exception des routes vers les aéroports de métropoles à l’origine des fameux city break.
Pour ce qui concerne l’offre ferroviaire, on est dans une problématique différente, d’abord parce qu’il n’y a pas de demande de financement aux territoires, (et heureusement), mais surtout parce que ce n’est pas le touriste qui est ciblé en priorité, mais le voyageur d’affaires, en tout cas pour les lignes TGV.
Pour les transports ferroviaires du quotidien, les TER, là encore ce ne sont pas les besoins des clientèles touristiques qui guident l’offre et les horaires, cependant cette même offre en période de vacances scolaires et de Week end mériterait de faire l’objet de temps d’échanges avec les acteurs du tourisme, ne serait-ce que pour adapter les horaires aux besoins des acteurs des loisirs de proximité.
Dans cette approche il faut reconnaitre que les acteurs de l’aérien, et tout particulièrement les low cost ont été les plus habiles pour « devancer » le marché, en proposant aux aéroports régionaux des routes aériennes censées générer une demande touristique.
Dans les faits, et si on zoom sur les routes aériennes opérées au départ des aéroports régionaux qui financent ces lignes, on s’aperçoit que le plus souvent l’offre est plus tournée vers l’export que l’import, à l’exception des routes vers les aéroports de métropoles à l’origine des fameux city break.
Pour ce qui concerne l’offre ferroviaire, on est dans une problématique différente, d’abord parce qu’il n’y a pas de demande de financement aux territoires, (et heureusement), mais surtout parce que ce n’est pas le touriste qui est ciblé en priorité, mais le voyageur d’affaires, en tout cas pour les lignes TGV.
Pour les transports ferroviaires du quotidien, les TER, là encore ce ne sont pas les besoins des clientèles touristiques qui guident l’offre et les horaires, cependant cette même offre en période de vacances scolaires et de Week end mériterait de faire l’objet de temps d’échanges avec les acteurs du tourisme, ne serait-ce que pour adapter les horaires aux besoins des acteurs des loisirs de proximité.
La filière du tourisme est hyper dépendante des offres de mobilités
Pour l’avoir vécu dans mes jobs respectifs, ce qui est un peu compliqué, c’est alors que la filière du tourisme est hyper dépendante des offres de mobilités, il n’existe pas de cadre de gouvernance qui permettrait aux acteurs de la filière transport, et tout particulièrement la SNCF, de croiser leurs homologues du tourisme.
Et pourtant ça serait tellement utile, tant nous avons des intérêts communs, tant l’enjeu de la décarbonation du transport apparait comme LA priorité numéro un pour faire baisser le bilan des émissions de gaz à effet de serre de la filière tourisme.
On l’a vu cet été avec le lancement du Pass Rail, 250 000 Pass c’est plutôt un bon début, et c’est même encourageant, mais on est au tiers du potentiel de bénéficiaires. Il est évident que plus d’info sur ce produit, mais surtout plus de services pour accompagner les jeunes auraient eu un impact très positif pour les aider à concevoir leur voyage, alors que l’offre des TGV était exclue de ce Pass.
A cet effet un site internet dédié à ce produit en partenariat avec les Offices et les Comités Régionaux et départementaux de tourisme aurait été une source d’informations mais surtout d’inspirations pour cette clientèle.
Sur ce sujet on voit bien que la clientèle ciblée prioritairement par ce type de produit, à savoir les jeunes qui n’ont pas les moyens de se payer le train, n’ont pas été les principaux utilisateurs de ce Pass.
Et pourtant ça serait tellement utile, tant nous avons des intérêts communs, tant l’enjeu de la décarbonation du transport apparait comme LA priorité numéro un pour faire baisser le bilan des émissions de gaz à effet de serre de la filière tourisme.
On l’a vu cet été avec le lancement du Pass Rail, 250 000 Pass c’est plutôt un bon début, et c’est même encourageant, mais on est au tiers du potentiel de bénéficiaires. Il est évident que plus d’info sur ce produit, mais surtout plus de services pour accompagner les jeunes auraient eu un impact très positif pour les aider à concevoir leur voyage, alors que l’offre des TGV était exclue de ce Pass.
A cet effet un site internet dédié à ce produit en partenariat avec les Offices et les Comités Régionaux et départementaux de tourisme aurait été une source d’informations mais surtout d’inspirations pour cette clientèle.
Sur ce sujet on voit bien que la clientèle ciblée prioritairement par ce type de produit, à savoir les jeunes qui n’ont pas les moyens de se payer le train, n’ont pas été les principaux utilisateurs de ce Pass.
Voyage en train : connecter à chaque gare les données des systèmes d’informations touristique
Dans un article du Monde, la Cour Des Comptes fait le même constat pour le Pass culture.
Mieux informer sur toute l’offre qui est accessible en train, c’est LA priorité qui devrait faire travailler la SNCF aux cotés des Organismes de Gestion (OGD) de Destination. Prenons l’exemple des offres de mobilités qui permettent de se rendre en train dans les stations de ski.
Des lignes de train qui s’enfoncent dans les montagnes, il y en a beaucoup, et avec une seule rupture de charge en gare, on prend un bus et on arrive en station. Mais toute cette offre on la trouve où ? Avec un site dédié aux vacances à la montagne, on pourrait en faisant travailler OGD et SNCF ensemble, proposer une offre complète, lisible et simple d’accès aux vacanciers. Y compris l’offre des TER, qui permet d’aller dans les stations, là encore avec une seule rupture de charge.
Et si ça marche l’hiver, alors faisons la même chose l’été, en proposant un site dédié à l’offre balnéaire.
Ces propositions peuvent paraître désuètes, pourtant, il y a bien une méconnaissance de l’offre ferroviaire de la part des publics qui ne partent pas très souvent et qui n’ont pas connaissance pour des tas de raisons à cette offre.
Puisque c’est l‘offre qui crée la demande, je plaide pour qu’on change de paradigme, en proposant de coupler l’offre de loisirs et de tourisme au départ des métropoles pour commencer. J’habite un petit village d’Auvergne situé sur la ligne Clermont-Issoire, et quand on arrive à la gare de mon village, on peut descendre l’Allier en canoë et reprendre le train à la gare suivante en aval. Saut que cette info on ne la trouve pas, et pour l’avoir testé en Occitanie, si on connecte pour chaque gare les données des systèmes d’informations touristique, alors là ça change tout.
Mieux informer sur toute l’offre qui est accessible en train, c’est LA priorité qui devrait faire travailler la SNCF aux cotés des Organismes de Gestion (OGD) de Destination. Prenons l’exemple des offres de mobilités qui permettent de se rendre en train dans les stations de ski.
Des lignes de train qui s’enfoncent dans les montagnes, il y en a beaucoup, et avec une seule rupture de charge en gare, on prend un bus et on arrive en station. Mais toute cette offre on la trouve où ? Avec un site dédié aux vacances à la montagne, on pourrait en faisant travailler OGD et SNCF ensemble, proposer une offre complète, lisible et simple d’accès aux vacanciers. Y compris l’offre des TER, qui permet d’aller dans les stations, là encore avec une seule rupture de charge.
Et si ça marche l’hiver, alors faisons la même chose l’été, en proposant un site dédié à l’offre balnéaire.
Ces propositions peuvent paraître désuètes, pourtant, il y a bien une méconnaissance de l’offre ferroviaire de la part des publics qui ne partent pas très souvent et qui n’ont pas connaissance pour des tas de raisons à cette offre.
Puisque c’est l‘offre qui crée la demande, je plaide pour qu’on change de paradigme, en proposant de coupler l’offre de loisirs et de tourisme au départ des métropoles pour commencer. J’habite un petit village d’Auvergne situé sur la ligne Clermont-Issoire, et quand on arrive à la gare de mon village, on peut descendre l’Allier en canoë et reprendre le train à la gare suivante en aval. Saut que cette info on ne la trouve pas, et pour l’avoir testé en Occitanie, si on connecte pour chaque gare les données des systèmes d’informations touristique, alors là ça change tout.
Voyage en train : Travailler sur une offre lisible, complète et simple
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Travailler ensemble pour anticiper des ouvertures de lignes de trains de nuit ou de TGV, adapter les horaires de TER les Week end, construire des sites dédiés par types d’offres, encourager les prestataires touristiques à proposer des widgets « je viens en train » sur leur site internet, travailler la gestion des derniers kilomètres avec les autres acteurs de la mobilité locale… il y a tant à faire dans un cadre de travail plus partenarial.
Faire des offices de tourisme les points d’appuis de la SNCF dans les destinations touristique, c’est un enjeu stratégique pour favoriser l’offre de mobilité ferroviaire et développer le voyage en train dans le séjour des vacanciers, et pour y arriver, alors créons dans chaque région, ce nouveau cadre de gouvernance, mobilité et tourisme.
Belles fêtes de fin d’années à toutes et tous
Faire des offices de tourisme les points d’appuis de la SNCF dans les destinations touristique, c’est un enjeu stratégique pour favoriser l’offre de mobilité ferroviaire et développer le voyage en train dans le séjour des vacanciers, et pour y arriver, alors créons dans chaque région, ce nouveau cadre de gouvernance, mobilité et tourisme.
Belles fêtes de fin d’années à toutes et tous
Jean Pinard - Mini Bio
Président de la société de conseils Futourism :
Forestier et géographe de formation, Jean Pinard a toujours travaillé dans le secteur des sports et du tourisme.
Moniteur de kayak, chauffeur de bus, guide, gestionnaire de sites touristiques, directeur de CDT et de CRT (Auvergne et Occitanie), Jean Pinard est redevenu consultant, son premier métier à la SCET, à la fin de ses études.
Forestier et géographe de formation, Jean Pinard a toujours travaillé dans le secteur des sports et du tourisme.
Moniteur de kayak, chauffeur de bus, guide, gestionnaire de sites touristiques, directeur de CDT et de CRT (Auvergne et Occitanie), Jean Pinard est redevenu consultant, son premier métier à la SCET, à la fin de ses études.