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Avion sobre : voici venu le temps du Macron ultra vert !🔑

Emmanuel Macron fait all in sur l'avion décarboné


Pour aider le tourisme à être plus vert que vert, le président de la République est tombé dans le panneau du solutionnisme technologique et de l'avion ultra sobre. Contre 8,5 milliards d'euros, nous aurons du carburant durable à ne plus savoir qu'en faire. Des appareils à hydrogène et électrique, même si tout le secteur ne cesse de dire que ce n'est pas possible. Une fuite en avant qui me fait penser à une chanson losque les Bleus s'étaient fait sortir d'un mondial au 1er tour "Oh les champions... la France est debout !"


Rédigé par le Lundi 19 Juin 2023

Emmanuel Macron veut faire de la France, la championne de l'avion ultra sobre - Depositphotos @jamesteohart
Emmanuel Macron veut faire de la France, la championne de l'avion ultra sobre - Depositphotos @jamesteohart
Nous connaissions le Macron vert. Voici venu le temps du Macron ultra vert.

Pour faire passer la pilule, celui qui n'était alors que candidat avait promis à l'époque de mener une politique "écologique ou elle ne sera pas."

Après un début de quinquennat lymphatique sur le sujet, le président de la République semble s'être soudainement souvenu de ses promesses de campagne.

Sans tomber dans la sobriété, ni la décroissance, (faut pas déconner non plus...), il s'est mis en quête du fameux avion vert. Le rêve de toute une industrie.

"Nous devons être les champions de l'avion ultra sobre !

Si nous arrivons à complètement pivoter, nous pouvons être les leaders dans la décarbonation et baisser de manière substantielle les émissions de carbone.

La bataille de la décarbonation se fera par l'innovation,
" a expliqué aux ouvriers de Safran, Emmanuel Macron.

Un vœu pieux, que peu d'experts, même dans l'aérien semblent croire.


Airbus affiche des bénéfices égaux au plan de l'avion vert


Il faut dire que l'avion vert est un vieux fantasme, une espèce volante ressemblant à s'y méprendre à une licorne ou un OVNI.

"Malheureusement, je ne vois pas comment le transport aérien, à l'échelle que nous connaissons, pourrait être compatible avec un réchauffement à +1,5 degré.

Dans ce genre de trajectoire, nous pensons que certains secteurs seront difficiles à décarboner, et l'aviation en fait partie.
"

Ces phrases ne sont pas de moi, mais d'un des auteurs d'un document de 10 000 pages : Gerhard Krinner, auteur du dernier rapport du GIEC.

Et pourtant, le président a fait un all in pour trouver cet animal mythique, alors même qu'il est demandé à tous les ministères de se serrer la ceinture pour désendetter le pays.

Il a mis sur la table 8,5 milliards d'euros pour soutenir des constructeurs et autres pétroliers dans la transition du secteur aérien.

Ce n'est pas le seul enjeu.

Pendant que Boeing tente de se refaire une image et que la Chine développe son propre constructeur, le président souhaite voir la France conserver son leadership dans la construction aéronautique.

Il est hors de question de remettre en cause, quoi que ce soit.

Pour rappel, Airbus a enregistré un bénéfice net record de 4,2 milliards d'euros en 2022, faisant suite aux 4,2 milliards déjà enregistrés en 2021, soit quasiment la somme mise à disposition par le Gouvernement, dans son super projet.

Comme quoi, il est toujours possible quand on veut de trouver de l'argent en France...

Marc Rochet et Pascal de Izaguirre ces "ayatollahs verts"

Le plan magique prévoit d'améliorer l'existant, en remplaçant les moteurs, en baissant le poids des appareils, en innovant, puis en introduisant des carburants durables, les SAF.

Et pour finir, l'électrique et l'hydrogène remplaceront progressivement le kérosène.

Ces trois dernières options ont toutes été balayées, non pas par un "ayatollah vert", le surnom donné aux écologistes par certains professionnels du tourisme, mais par... Marc Rochet en personne.

Pour le patron d'Air Caraïbes, ni l'hydrogène, ni l'électricité, et encore moins les carburants durables sont des solutions crédibles à court, moyen ou même long terme.

Sur cette dernière hypothèse, il disait alors à Maurice ": J'ai des doutes. Le SAF émet la même quantité de gaz carbonique que le kérosène...

Il n'y a pas de gain réel, en dehors des effets de manche,
" analyse Marc Rochet.

Circulez, le carburant durable n'existe pas !

Et pourtant, le président persiste et signe : il promet de développer et structurer la filière des carburants aériens durables.

Il prévoit de produire 75 000 tonnes de kérosène durable pour le transport aérien à l’horizon 2030, selon nos confrères du Monde.]

Nous sommes en 2023. Il nous reste 6,5 ans pour atteindre cet objectif (trop ?) ambitieux.

Une quantité très importante que nous devons remettre en perspective avec les 500 000 tonnes nécessaires en 2030, pour nous conformer avec les exigences européennes, selon l'Académie des Technologies (rapport à retrouver en PDF en cliquant ici).

Il va falloir en ingurgiter des menus BigMac et Steakhouse, pour produire autant de SAF.

En 2023, pendant que l'huile de friture est devenue obligatoire à hauteur de 1% dans les avions basés en France, les carburants durables ne seraient qu'une... chimère.

"Il n'y a pas de production en France. Je suis obligé de prendre 1% de SAF sur Orly, mais je n'en vois pas la couleur.

Je paye une taxe, sans avoir le SAF. Le problème majeur est l'absence de filière de production,
" nous expliquait alors Pascal de Izaguirre.

Donc maintenant, que fait-on ?

Le tourisme doit s'inventer d'autres imaginaires moins carbonés

Nous devons nous faire à l'idée que l'aérien ne sera pas prêt pour son grand rendez-vous.

Le SAF ne sera pas disponible dans des quantités suffisantes et les innovations technologiques ne couvriront pas totalement la croissance du trafic.

Le nombre de coques passera dans le monde 22 880 à 46 560 d'ici 2042, selon Airbus. Un "fois deux" qui devrait inquiéter le secteur, car les derniers moteurs permettent seulement de réduire la consommation de 20%, alors que les objectifs de IATA sont de 50% d'ici à 2050.

"Les visions de la transition ne remettent pas vraiment en cause nos pratiques. Donc demain, sans rien changer et juste grâce à des technologies plus vertes, tout sera réglé.

Malgré des progrès d’efficacité énergétique dans l’aérien, la croissance du trafic surpasse ces gains énergétiques. Les émissions augmentent,
" me confiait Aurélien Bigo, un chercheur sur la transition énergétique des transports.

N'en déplaise à certains, dont nos confrères, nous allons devoir faire mieux avec moins, donc nous déplacer moins souvent et sans doute moins loin.

Le tourisme ne va pas s'arrêter avec l'avion, ni même arrêter de voler mais, sans un minimum de sobriété, nous risquons de mener le secteur à sa perte.

"Si nous commençons à regarder en termes de justice sociale comment répartir l’effort au sein de la population, alors le transport aérien devra prendre part à cet effort.

L’aérien ne résoudra pas tous les problèmes liés à la pollution. Par contre, il faut de l’exemplarité pour les plus émetteurs, sinon les efforts seront plus compliqués à faire accepter,
" poursuit le chercheur.

Demain, nous ne prendrons peut-être pas l'avion 4 fois dans une vie, mais rappelons que seulement 2% des Français réalisent la moitié des vols effectués dans notre pays.

Je ne sais pas si la France sera la championne de l'avion ultra sobre, ni même s'il existera un jour, mais le tourisme peut s'inventer d'autres imaginaires moins carbonés.

Rapport sur "La décarbonation du secteur aérien par la production de carburants durables"



Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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