François Durovray, le ministre délégué aux Transports, a commenté l'annonce de Ryanair - Depositphotos @katatonia82
Quand Ryanair ne communique pas, alors qu'un projet de loi se prépare, il faut s'inquiéter.
Le gouvernement français a annoncé début octobre vouloir taxer plus lourdement les billets d'avion, en multipliant par 3 le prélèvement de la taxe dite Chirac.
Toute l'industrie aérienne, du tourisme d'une façon générale, s'en est émue, sauf la low cost.
Puis mercredi 20 novembre 2024, elle a publié un communiqué de presse cinglant, annonçant qu'elle stopperait ses activités dans 10 aéroports français, si le gouvernement français appliquait son projet.
"Le projet du gouvernement français d'augmenter de 260% les taxes sur les passagers contraste fortement avec l'approche adoptée par des pays européens concurrents, tels que la Suède, la Hongrie et l'Italie, qui abolissent les taxes sur le transport aérien afin de pouvoir rivaliser avec des pays tels que l'Espagne et la Pologne, qui n'ont pas de taxes sur le transport aérien, en matière de connectivité et de croissance économique," a commenté la compagnie.
Elle prévoit de réduire sa capacité de 50% en janvier 2025 au départ et à destination des aéroports régionaux français.
Une nouvelle qui n'a pas vraiment inquiété le ministre délégué aux Transports, au contraire, des professionnels qui estiment eux, que la compagnie pourrait assez aisément passer à l'action...
Le gouvernement français a annoncé début octobre vouloir taxer plus lourdement les billets d'avion, en multipliant par 3 le prélèvement de la taxe dite Chirac.
Toute l'industrie aérienne, du tourisme d'une façon générale, s'en est émue, sauf la low cost.
Puis mercredi 20 novembre 2024, elle a publié un communiqué de presse cinglant, annonçant qu'elle stopperait ses activités dans 10 aéroports français, si le gouvernement français appliquait son projet.
"Le projet du gouvernement français d'augmenter de 260% les taxes sur les passagers contraste fortement avec l'approche adoptée par des pays européens concurrents, tels que la Suède, la Hongrie et l'Italie, qui abolissent les taxes sur le transport aérien afin de pouvoir rivaliser avec des pays tels que l'Espagne et la Pologne, qui n'ont pas de taxes sur le transport aérien, en matière de connectivité et de croissance économique," a commenté la compagnie.
Elle prévoit de réduire sa capacité de 50% en janvier 2025 au départ et à destination des aéroports régionaux français.
Une nouvelle qui n'a pas vraiment inquiété le ministre délégué aux Transports, au contraire, des professionnels qui estiment eux, que la compagnie pourrait assez aisément passer à l'action...
Menace de Ryanair : "ça ne m'impressionne pas plus que ça"
"Nous sommes assez habitués aux coups de semonce du patron de Ryanair, qu'il ne met pas à exécution, tout simplement parce qu'en France, cette compagnie gagne bien sa vie.
Les mesures proposées ne vont pas impacter le modèle de Ryanair, puisque ce n'est pas la compagnie qui payera elle-même ces taxes. Non, ça ne m'impressionne pas plus que ça.
Sur le budget, nous avons une ligne : lutter contre la dette. Je constate que Ryanair bénéficie de subventions publiques pour ses dessertes dans la plupart des cas. Nous sommes dans un moment compliqué, avec une dette importante.
La ligne de ce budget est de ramener la dette à des niveaux soutenables," a commenté, François Durovray, sur la chaine RMC.
Et si le ministre a sans doute raison de lutter et de vouloir entamer le bas de fer tendu par le transporteur, il ne faut oublier qu'au moment de prendre des décisions Michael O'Leary, son DG ne fait pas vraiment dans les sentiments.
D'autant plus qu'il fait face à plusieurs problèmes.
Tout d'abord, au niveau financier, si l'entreprise jouit d'une situation nettement plus confortable que l'ensemble de ses concurrentes, notamment les "legacy airlines" (les compagnies traditionnelles), ses bénéfices sont sur une pente glissante.
Déjà en juillet, ils dévissaient de 50%. Début novembre la compagnie annonçait une chute de près de 20% pour le 1er semestre de l'année.
Entre l'inflation sévissant en Europe, la perte de pouvoir d'achat des consommateurs, la compagnie a du ajuster ses prix à la baisse, pour remplir sa flotte.
Dans le même temps, sa croissance est confrontée aux difficultés de Boeing à sortir des avions de ses usines.
Les mesures proposées ne vont pas impacter le modèle de Ryanair, puisque ce n'est pas la compagnie qui payera elle-même ces taxes. Non, ça ne m'impressionne pas plus que ça.
Sur le budget, nous avons une ligne : lutter contre la dette. Je constate que Ryanair bénéficie de subventions publiques pour ses dessertes dans la plupart des cas. Nous sommes dans un moment compliqué, avec une dette importante.
La ligne de ce budget est de ramener la dette à des niveaux soutenables," a commenté, François Durovray, sur la chaine RMC.
Et si le ministre a sans doute raison de lutter et de vouloir entamer le bas de fer tendu par le transporteur, il ne faut oublier qu'au moment de prendre des décisions Michael O'Leary, son DG ne fait pas vraiment dans les sentiments.
D'autant plus qu'il fait face à plusieurs problèmes.
Tout d'abord, au niveau financier, si l'entreprise jouit d'une situation nettement plus confortable que l'ensemble de ses concurrentes, notamment les "legacy airlines" (les compagnies traditionnelles), ses bénéfices sont sur une pente glissante.
Déjà en juillet, ils dévissaient de 50%. Début novembre la compagnie annonçait une chute de près de 20% pour le 1er semestre de l'année.
Entre l'inflation sévissant en Europe, la perte de pouvoir d'achat des consommateurs, la compagnie a du ajuster ses prix à la baisse, pour remplir sa flotte.
Dans le même temps, sa croissance est confrontée aux difficultés de Boeing à sortir des avions de ses usines.
Ryanair : des fermetures de lignes plutôt que de bases
"Nous prévoyons désormais de reporter nos 9 livraisons restantes du troisième au quatrième trimestre en raison des récentes grèves de Boeing. (...) le risque de nouveaux retards de livraison reste élevé.
Bien que des compensations de retard modestes aient été reçues au premier semestre (essentiellement des crédits de maintenance), elles ne compensent pas l'impact substantiel d'un manque à gagner de plus de 5 millions de passagers au cours de l'exercice 25 en raison de ces retards de livraison," explique un communiqué de presse.
Ces deux sujets sont importants pour comprendre le contexte de l'annonce fracassante des équipes de Michael O'Leary. Il est plus facile de réduire le trafic, quand les résultats financiers ne sont pas assez bons et que la flotte fonctionne à flux tendus, le tout dans un contexte de perspectives de croissance plutôt restreintes.
A cela s'ajoute, l'entrée pour le secteur aérien dans la basse saison.
Une analyse validée par Damien Mourgues, le délégué syndical du SNPNC-FO : "C'est plus facile de faire cette sortie en raison de nos problèmes de livraisons d'avions.
On va attendre de voir ce que feront le gouvernement et la direction. Cette annonce ne fait que confirmer ce que disent les syndicats depuis des semaines, sur les conséquences de cette taxe. Par contre, on ne parle pas de possibles fermetures de bases, mais plutôt de lignes," tempère le syndicaliste.
Des arguments qui ne rassurent pas vraiment l'Union des Aéroports Français. L'UAF se veut plus alarmiste, sans doute pour mettre encore plus de pression sur le gouvernement.
Elle craint que la menace de Ryanair soit mise à exécution et que le gouvernement détruise ainsi en quelques semaines ce que les aéroports régionaux ont mis 20 ans à construire.
Une affirmation que Damien Mourgues, bien placé pour subir les décisions de son employeur, croit plausible. D'autant que Ryanair n'a pas hésité à supprimer 1,8 million de sièges en Allemagne, déjà à cause de... taxes aéroportuaires jugées trop élevées.
Bien que des compensations de retard modestes aient été reçues au premier semestre (essentiellement des crédits de maintenance), elles ne compensent pas l'impact substantiel d'un manque à gagner de plus de 5 millions de passagers au cours de l'exercice 25 en raison de ces retards de livraison," explique un communiqué de presse.
Ces deux sujets sont importants pour comprendre le contexte de l'annonce fracassante des équipes de Michael O'Leary. Il est plus facile de réduire le trafic, quand les résultats financiers ne sont pas assez bons et que la flotte fonctionne à flux tendus, le tout dans un contexte de perspectives de croissance plutôt restreintes.
A cela s'ajoute, l'entrée pour le secteur aérien dans la basse saison.
Une analyse validée par Damien Mourgues, le délégué syndical du SNPNC-FO : "C'est plus facile de faire cette sortie en raison de nos problèmes de livraisons d'avions.
On va attendre de voir ce que feront le gouvernement et la direction. Cette annonce ne fait que confirmer ce que disent les syndicats depuis des semaines, sur les conséquences de cette taxe. Par contre, on ne parle pas de possibles fermetures de bases, mais plutôt de lignes," tempère le syndicaliste.
Des arguments qui ne rassurent pas vraiment l'Union des Aéroports Français. L'UAF se veut plus alarmiste, sans doute pour mettre encore plus de pression sur le gouvernement.
Elle craint que la menace de Ryanair soit mise à exécution et que le gouvernement détruise ainsi en quelques semaines ce que les aéroports régionaux ont mis 20 ans à construire.
Une affirmation que Damien Mourgues, bien placé pour subir les décisions de son employeur, croit plausible. D'autant que Ryanair n'a pas hésité à supprimer 1,8 million de sièges en Allemagne, déjà à cause de... taxes aéroportuaires jugées trop élevées.
Ryanair : les précédents exemples de menaces mises à exécution
Le transporteur fermera à l'été 2025 les bases de Dortmund, Dresde et Leipzig, tout en effaçant des machines de très nombreux vols vers Hambourg. En tout, son programme allemand fera une cure d'austérité de 12%.
Dernièrement, outre-Manche, dans son fief historique, la low cost y est allée aussi de sa menace.
Elle prévoit de réduire de 10% son offre estivale, soit cinq millions de passagers, au Royaume-Uni.
La raison est la même qu'en France. La ministre du Budget, Rachel Reeves veut faire porter d'ici avril 2026 la taxe sur les passagers aériens de 13 à 15 Livres sterling, donc de 15,61 à 18,01 euros, pour les vols court-courriers.
Elle sera de 9,60 euros pour les lignes intérieures. A ces deux exemples s'ajoute aussi l'épisode de la fermeture de la base de Bordeaux, en raison de négociations commerciales avec la direction de l'aéroport qui voulait lui réduire son soutien financier.
"Il fait du chantage. Quand vous possédez les avions, vous les mettez où vous voulez. Si ça ne lui plait pas, il va les mettre ailleurs. Nous sommes dépendants de ce genre de personne, si nous ne sommes pas attractifs, les gens s'en vont.
Il s'en moque du marché français, il est fort probable qu'il passe à l'action," lâche Jean-Louis Baroux, le fondateur d'APG (Air Promotion Group).
Il faut dire que la compagnie possède 320 appareils, pour seulement 15 unités basées en France, même si le business modèle en étoile repose sur le fait que les appareils ne s'arrêtent jamais de sillonner le ciel européen.
Les avions qui desservent nos aéroports ne sont pas tous implantés sur le territoire hexagonal.
Dernièrement, outre-Manche, dans son fief historique, la low cost y est allée aussi de sa menace.
Elle prévoit de réduire de 10% son offre estivale, soit cinq millions de passagers, au Royaume-Uni.
La raison est la même qu'en France. La ministre du Budget, Rachel Reeves veut faire porter d'ici avril 2026 la taxe sur les passagers aériens de 13 à 15 Livres sterling, donc de 15,61 à 18,01 euros, pour les vols court-courriers.
Elle sera de 9,60 euros pour les lignes intérieures. A ces deux exemples s'ajoute aussi l'épisode de la fermeture de la base de Bordeaux, en raison de négociations commerciales avec la direction de l'aéroport qui voulait lui réduire son soutien financier.
"Il fait du chantage. Quand vous possédez les avions, vous les mettez où vous voulez. Si ça ne lui plait pas, il va les mettre ailleurs. Nous sommes dépendants de ce genre de personne, si nous ne sommes pas attractifs, les gens s'en vont.
Il s'en moque du marché français, il est fort probable qu'il passe à l'action," lâche Jean-Louis Baroux, le fondateur d'APG (Air Promotion Group).
Il faut dire que la compagnie possède 320 appareils, pour seulement 15 unités basées en France, même si le business modèle en étoile repose sur le fait que les appareils ne s'arrêtent jamais de sillonner le ciel européen.
Les avions qui desservent nos aéroports ne sont pas tous implantés sur le territoire hexagonal.
Ryanair : "Il s'en moque du marché français'
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Et pour prouver qu'il se fiche comme d'une guigne de la France et de son tourisme, Michael n'a pas hésité à supprimer 40 lignes et à mettre en jeu la vie professionnelle de plus de 90 salariés bordelais.
Avant d'en arriver là, le transporteur avait pendant des mois menacé la direction, pour arriver à ses fins. Cette dernière n'a pas voulu accéder aux requêtes de la low cost qui n'a pas hésité à fermer sa base, fin octobre dernier.
"Taxer n'est pas un problème, par contre, nous devons nous attendre à des réactions.
Je pense qu'il y a une part de bluff dedans, mais si le gouvernement ne lâche rien, alors il partira. Ma réflexion que j'ai souvent partagée sur TourMaG.com : le prix de l'aérien ne reflète pas la réalité du marché, il doit augmenter.
Les prix de ses billets vont mécaniquement augmenter, ça ne correspond pas à sa promesse et en plus ça ne rentre pas dans ses caisses," analyse le fondateur d'APG (Air Promotion Group).
A lire sur le sujet : Ryanair bénéficie "d'une complaisance de l'Etat" sur le non-respect des lois
Il en sera terminé de vendre des billets à perte.
Mardi dernier, Ryanair lançait une vente flash à un tarif unique de 16,99 euros, alors que la taxe dite Chirac sera de 9,5 euros dans un peu plus d'un mois, à cela il convient d'ajouter les autres prélèvements aéroportuaires...
Vous comprenez que ces promesses ne pourront plus être tenues.
Et cela semble déplaire à Michael O'Leary, un acteur qui reçoit pourtant chaque année plusieurs millions d'euros de subventions pour desservir les aéroports régionaux.
Des menaces pour une promesse intenable, le ciel français ressemble à s'y méprendre à une cour de recréation.
Avant d'en arriver là, le transporteur avait pendant des mois menacé la direction, pour arriver à ses fins. Cette dernière n'a pas voulu accéder aux requêtes de la low cost qui n'a pas hésité à fermer sa base, fin octobre dernier.
"Taxer n'est pas un problème, par contre, nous devons nous attendre à des réactions.
Je pense qu'il y a une part de bluff dedans, mais si le gouvernement ne lâche rien, alors il partira. Ma réflexion que j'ai souvent partagée sur TourMaG.com : le prix de l'aérien ne reflète pas la réalité du marché, il doit augmenter.
Les prix de ses billets vont mécaniquement augmenter, ça ne correspond pas à sa promesse et en plus ça ne rentre pas dans ses caisses," analyse le fondateur d'APG (Air Promotion Group).
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Mardi dernier, Ryanair lançait une vente flash à un tarif unique de 16,99 euros, alors que la taxe dite Chirac sera de 9,5 euros dans un peu plus d'un mois, à cela il convient d'ajouter les autres prélèvements aéroportuaires...
Vous comprenez que ces promesses ne pourront plus être tenues.
Et cela semble déplaire à Michael O'Leary, un acteur qui reçoit pourtant chaque année plusieurs millions d'euros de subventions pour desservir les aéroports régionaux.
Des menaces pour une promesse intenable, le ciel français ressemble à s'y méprendre à une cour de recréation.