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Airbnb : quelles conséquences sur l’organisation territoriale ?

La professionnalisation de l’utilisation d’Airbnb par les loueurs


Doit-on s’inquiéter de « l’Airbnbisation » des zones urbaines et villes françaises ? C’est la question que s’est posé Matthieu Rouveyre, élu de Bordeaux, et fondateur de l’observatoire Airbnb lors des Rencontres du etourisme à Pau la semaine dernière. En mars 2016, il avait publié une étude sur l’utilisation des logements Airbnb et a constaté que 85% des offres sur Bordeaux étaient dédiées à la location saisonnière. Pour obtenir ces données, il a été nécessaire de passer par un hacker Tom Slee, un « hacktiviste » canadien et ainsi de contourner les barrières que dressent la plateforme collaborative. Décryptage.


le Vendredi 28 Octobre 2016

De plus en plus de propriétaires proposent leur logement sur cette plateforme collaborative provoquant un appauvrissement de l’offre de location urbaine (c) Capture d'écran Blog Airbnb
De plus en plus de propriétaires proposent leur logement sur cette plateforme collaborative provoquant un appauvrissement de l’offre de location urbaine (c) Capture d'écran Blog Airbnb
"Airbnb est à l'origine un outil formidable, une merveilleuse idée ! ..." s'exclame Matthieu Rouveyre, élu local bordelais et fondateur de l'Observatoire Airbnb, sur la scène du Palais Beaumont lors des Rencontres National du etourisme à Pau.

Si aujourd'hui l'avenir de la firme californienne est de plus en plus menacé dans plusieurs grandes villes du monde (à savoir Berlin, New York ou encore Paris), son activité ne cesse d’augmenter et particulièrement en France.

De plus en plus de propriétaires proposent leur logement sur cette plateforme collaborative provoquant un appauvrissement de l’offre de location urbaine.

Le fondateur de l’Observatoire Airbnb s’appuie sur les chiffres de la ville de Bordeaux.

Les logements les plus proposés sur la plateforme sont des studios et T2 entre 27 et 48m2, occupés traditionnellement par les jeunes, les personnes seules et les familles modestes.

« Il est plus rentable de louer 10 jours sur Airbnb que de louer un mois en bail classique ! »

Pour un T2 de 48m2 , le prix moyen de la nuitée sur Airbnb représente 71 euros donc sur 10 jours 710 euros contre 558 euros pour un bail traditionnel.

Depuis sa première étude, Matthieu Rouveyre a observé que « le nombre de logements bordelais proposés sur Airbnb a augmenté de 60% » soit 60% de logements en moins sur le parc traditionnel.

Un phénomène de gentrification ?

La carte montre les offres Airbnb à Bordeaux (c) Capture d’écran de l'Observatoire Airbnb)
La carte montre les offres Airbnb à Bordeaux (c) Capture d’écran de l'Observatoire Airbnb)
Sorti du marché locatif traditionnel, l’offre Airbnb appauvrie l’offre de logement sur le territoire.

« Les villes les plus attractives sont en train de mettre aux portes de la cité une partie de la population, ce qui pose un grand nombre de questions à propos de mixité sociale et d’aménagement urbain. » dénonce Matthieu Rouveyre.

Les personnes aux plus faibles revenus comme les étudiants et les personnes vivant seules se retrouveraient pour ainsi dire exclues.

Mathieu Rouveyre poursuit en donnant l’exemple d’un conflit urbain dans le quartier de China Town à San Francisco : « On assiste à une explosion de mécontentement de la part des résidents car ils ne peuvent plus se loger. La violence est maintenant à l’œuvre dans ces quartiers ! » décrit-il.

Les habitants placarderaient des affiches sur lesquelles figurent un représentants d’Airbnb à la tête empalée à une fourche…

Un débat national

Une affiche qui représente des loueurs Airbnb, l'association qui mène le combat anti Airbnb placarde ces affiches dans la ville de San Francisco (c) ET12
Une affiche qui représente des loueurs Airbnb, l'association qui mène le combat anti Airbnb placarde ces affiches dans la ville de San Francisco (c) ET12
L'élu bordelais souhaite lancer un débat national.

« Je n’ai pas voulu me concentrer que sur Bordeaux, le logiciel tourne depuis la fin de l’été non stop. Je suis en train de déverser sur le site observatoire toutes les données qui permettront aux chercheurs de s’intéresser à ce phénomène » explique t-il.

De plus en plus de villes s’intéressent à l’impact du phénomène d’Airbnbisation : « Depuis les rencontres (du etourisme à Pau), j'ai été sollicité pour obtenir des données de plusieurs villes : Cannes, St-Raphaël, Cagnes sur mer...»

Distinguer la collaboration à la professionnalisation

De son côté, le gouvernement peine à trouver les mesures idéales pour encadrer et réguler cette économie collaborative.

L'objectif étant de lutter contre la concurrence déloyale : Les professionnels du tourisme dont l'Umih (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie) demandent « une meilleure équité entre les acteurs de l'hébergement» et appellent « à instaurer la transmission automatique des données par la plateforme à l'administration fiscale ».

Depuis mercredi, le débat sur la taxation des particuliers loueurs résonne au sein de l'Assemblée Nationale : Faut-il ou non taxer les revenus tirés de ces activités ?

Les députés ont finalement réussi à s'entendre en proposant de distinguer la collaboration à la professionnalisation :

Selon LCI, l'article prévoit que pour la location d'appartements, via une plateforme du type Airbnb par exemple, un particulier devra, au-delà de 23.000 euros de revenus annuels, s'affilier au Régime social des indépendants (RSI) et s'acquitter des cotisations sociales afférentes.

Pour la location de biens meubles (voitures, bateaux, tondeuses à gazon...), le gouvernement proposait un seuil de 3860 euros mais a accepté de le doubler, à 7720 euros, face aux critiques des députés le trouvant trop faible."

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Commentaires

1.Posté par poursur le 28/10/2016 09:35 | Alerter
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sans parler de certaines agences immobilières qui en font fait un business, sans parler des particuliers qui achètent des apparts et studio uniquement dans le but de faire du Bnb....
On est loin du collaboratif !

2.Posté par RELAIS DU LUBERON le 30/10/2016 16:52 | Alerter
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Bonjour. le seuil des 23000 euros est une fumisterie, Bon nombre d’hôteliers indépendants n'arrivent pas a cette somme. La durée de 120 jours idem. Il semble plus simple pour nos politiques de taper sur 16 000 hôtels que sur 1million de pseudo collaboratifs (du loueurs de meublé, de la chambre Airbnb, a la maison d’hôte ou au gite). La mesure sine qua non de 3 jours minima de location a été abandonné POURQUOI ??? un loueur non pro, devrait être régit par la règle : des trois 3 nuits avec un maximum de location de 90 jours par an et un CA de 7 500 euros soit 625 euros par mois. Au delà c'est du BIZNESS et du POLITIQUE DEMAGO.. les syndicats hôteliers sont trop frileux, l'article 10 en référence au 23 000 est le bout de la lorgnette. Quand va t'on comprendre qu'il y a péril en la demeure. 2016 est une catastrophe pour les hôteliers pas pour Airbnb, booking expedia, tripadvisor. Amicalement Stephan

3.Posté par ben non le 31/10/2016 17:04 | Alerter
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Je ne suis pas un défenseur du modèle Airbnb mais mon dieu, un peu de précision tout de même dans la rédaction des articles svp.

10 jours à 710 € = prix affiché sur airbnb ? Le cas échéant il faut retirer 15 % de frais de commercialisation (Airbnb ne travaille pas pour rien), soit un montant net proprio ramené à environ 600 € le cas échéant.

L'accueil des clients à l'entrée et à la sortie, le nettoyage du linge de maison etc. il est fait en direct par le proprio ? Sinon il fait sous traiter à une société de services et cela coute au bas mot 100 € soit 500 € restants pour le propriétaire.

Enfin l'article ne précise pas et donc laisse penser (?) que le logement va être loué à 100 % sur un mois, ce qui est faux. Faut il ajouter la prise en charge par le propriétaire de la taxe de séjour, des frais d'eau, d'électricité, de copro, de l'usure accélérée du bien qui nécessite une remise en état à la charge du propriétaire (contrairement à un modèle locatif nu ou c'est le locataire qui porte ces charges ou ces travaux) ?

Alors je veux bien entendre que le modèle Airbnb dégage plus de rentabilité mais pas dans les proportions qu'on laisse sous entendre dans ce article ...

PS : il faudrait également prendre en compte l'activité induite par ce modèle locatif (sociétés de services, retombées pour les restaurateurs, les monuments de la destinations etc.) mais c'est un autre sujet ...

4.Posté par Brodard le 03/11/2016 18:15 | Alerter
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Propriétaire de chambres d'hôtes respectant la réglementation payant les charges sociales et fiscales et bien sur la taxe de séjour, SACEM ....! le plafond à 23 000 euros c'est du grand n'importe quoi!! Comme les petits hôteliers indépendants, nous n'arrivons guère à avoir un tel revenu ! (soit environ 2000€ / mois!)
Il suffirait tout simplement que l'administration fiscale et sociale demande à Airbnb comme il est très bien stipulé dans leur règlement de déclarer leur revenu perçus dans l'année par les loueurs et de les imposer comme un salaire complémentaire! (puisqu'à priori ces loueurs ne sont pas des professionnels !)

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