"Nous n'avons pas de visibilité sur janvier et février, nous ne devons pas nous attendre à un miracle sur mars 2022. Par contre, nous pouvons imaginer, un printemps qui soit celui de la reconquête" selon Alain Battisit (Fnam) - Depositphotos @alphaspirit
TourMaG.com - Ce lundi 3 janvier 2022 se tenait une réunion autour de Bruno Le Maire, avec les secteurs en difficulté. L'aérien et la FNAM étaient-ils conviés ?
Alain Battisti : Non, par contre je me suis entretenu avec le ministre des Transports, pour faire un point sur la situation.
Nous avons fait avec les représentants des modes de transport qu'ils soient aériens ou terrestres, le point sur l'impact du variant omicron et des mesures sanitaires.
TourMaG.com - Quel message avez-vous fait passer au ministre ?
Alain Battisti : Le premier concerne l'absentéisme croissant.
Malgré tout et pour le moment, contrairement à d'autres pays, cela n'implique pas d'annulation massive de vols en France. Nous faisons face à une sous-activité encore très forte en disposons pour le moment, de fait d’un personnel suffisant. .
En fin de semaine, nous y verrons plus clair, car nous craignons comme tout le monde, un pic de contaminations parmi notre personnel, suite aux fêtes du Nouvel An.
Alain Battisti : Non, par contre je me suis entretenu avec le ministre des Transports, pour faire un point sur la situation.
Nous avons fait avec les représentants des modes de transport qu'ils soient aériens ou terrestres, le point sur l'impact du variant omicron et des mesures sanitaires.
TourMaG.com - Quel message avez-vous fait passer au ministre ?
Alain Battisti : Le premier concerne l'absentéisme croissant.
Malgré tout et pour le moment, contrairement à d'autres pays, cela n'implique pas d'annulation massive de vols en France. Nous faisons face à une sous-activité encore très forte en disposons pour le moment, de fait d’un personnel suffisant. .
En fin de semaine, nous y verrons plus clair, car nous craignons comme tout le monde, un pic de contaminations parmi notre personnel, suite aux fêtes du Nouvel An.
Aérien : "il y a, une dégradation sur la Guadeloupe assez inquiétante"
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TourMaG.com - Nous sommes loin des milliers de vols annulés par Lufthansa et aux USA...
Alain Battisti : Exactement, même si des annulations pourraient être plus nombreuses dans les prochains jours.
Par contre au niveau des réservations, la tendance est dégradée. Le début d'année pourrait être compliqué. Nous observons dans le secteur, un niveau d'activité de 20 à 30% inférieur au plan de marche initial des principales compagnies (sauf Air France) pour janvier et février
Avec la crainte de rester coincés à l'étranger ou loin de chez eux, les Français hésitent à réserver et anticipent assez peu. A noter aussi, une dégradation sur la Guadeloupe assez inquiétante.
Le passage en rouge des USA n'est pas un message positif, mais cela n'a pas d'impact significatif, puisque seuls les non-vaccinés ne peuvent pas s'y rendre. Même avant cette décision, ils ne pouvaient pas voyager aux USA.
Par contre, le recours massif au télétravail sur demande du gouvernement, va réduire drastiquement les demandes des pros.
TourMaG.com - Quand vous dites que les niveaux sont de 20 à 30% inférieurs aux attentes, les compagnies s'attendaient à un retour à la normale pour le 1er trimestre 2022 ?
Alain Battisti : Nous étions à des niveaux inférieurs, avec des niveaux compris entre 70 et 80% par rapport à 2019.
Le variant omicron a généré des annulations de dernières minutes, mais surtout il retarde les réservations. Nous n'avons plus de niveaux significatifs de réservations à plus de 2 mois.
Pour tout dire, en mars nous sommes entre 15 et 16% de booking. L'hésitation de réserver est provoquée par la peur de rester sur place, en cas de test positif exigé par la France, pour rentrer en dehors de l'Europe.
TourMaG.com - Il est étrange que l'aérien n'ait pas été reçu alors que les agences de voyages l'ont été, nous parlons là de deux secteurs intimement liés. Si l'activité des agences de voyages ne redémarre pas, nous pouvons estimer que ce soit aussi le cas pour les compagnies aériennes. Êtes-vous étonnés de ne pas avoir été reçus ?
Alain Battisti : Il est totalement illogique que ceux qui vendent les billets soient aidés alors que ceux qui les produisent ne le soient pas. Il y a une logique économique.
Je n'imagine pas le gouvernement ne pas corriger cela. Nous demandons à M. Lemoyne de corriger le tir.]b Ce dernier est en charge du suivi des PME, donc il est l'arbitre du soutien de Bercy.
Alain Battisti : Exactement, même si des annulations pourraient être plus nombreuses dans les prochains jours.
Par contre au niveau des réservations, la tendance est dégradée. Le début d'année pourrait être compliqué. Nous observons dans le secteur, un niveau d'activité de 20 à 30% inférieur au plan de marche initial des principales compagnies (sauf Air France) pour janvier et février
Avec la crainte de rester coincés à l'étranger ou loin de chez eux, les Français hésitent à réserver et anticipent assez peu. A noter aussi, une dégradation sur la Guadeloupe assez inquiétante.
Le passage en rouge des USA n'est pas un message positif, mais cela n'a pas d'impact significatif, puisque seuls les non-vaccinés ne peuvent pas s'y rendre. Même avant cette décision, ils ne pouvaient pas voyager aux USA.
Par contre, le recours massif au télétravail sur demande du gouvernement, va réduire drastiquement les demandes des pros.
TourMaG.com - Quand vous dites que les niveaux sont de 20 à 30% inférieurs aux attentes, les compagnies s'attendaient à un retour à la normale pour le 1er trimestre 2022 ?
Alain Battisti : Nous étions à des niveaux inférieurs, avec des niveaux compris entre 70 et 80% par rapport à 2019.
Le variant omicron a généré des annulations de dernières minutes, mais surtout il retarde les réservations. Nous n'avons plus de niveaux significatifs de réservations à plus de 2 mois.
Pour tout dire, en mars nous sommes entre 15 et 16% de booking. L'hésitation de réserver est provoquée par la peur de rester sur place, en cas de test positif exigé par la France, pour rentrer en dehors de l'Europe.
TourMaG.com - Il est étrange que l'aérien n'ait pas été reçu alors que les agences de voyages l'ont été, nous parlons là de deux secteurs intimement liés. Si l'activité des agences de voyages ne redémarre pas, nous pouvons estimer que ce soit aussi le cas pour les compagnies aériennes. Êtes-vous étonnés de ne pas avoir été reçus ?
Alain Battisti : Il est totalement illogique que ceux qui vendent les billets soient aidés alors que ceux qui les produisent ne le soient pas. Il y a une logique économique.
Je n'imagine pas le gouvernement ne pas corriger cela. Nous demandons à M. Lemoyne de corriger le tir.]b Ce dernier est en charge du suivi des PME, donc il est l'arbitre du soutien de Bercy.
Chômage partiel : "nous aimerions qu'il soit prolongé jusqu'au 31 mars 2022"
"Quand je dis 38% du nominal de 2019, cela signifie que nous sommes à 38% aussi bien en nombre de passagers qu'en recettes" selon Alain Battisti (FNAM) - DR
TourMaG.com - Que demandez-vous ?
Alain Battisti : Nous demandons deux choses fondamentales.
La poursuite du dispositif d’aide aux coûts fixes et celui dit de "fermeture". De plus, nous demandons que l'activité partielle avec la prise en charge par l'Etat, soit prolongée jusqu'au 31 mars 2022.
Nous n'avons pas de visibilité sur janvier et février, nous ne devons pas nous attendre à un miracle sur mars 2022. Par contre, nous pouvons imaginer, un printemps qui soit celui de la reconquête.
Après l'expérience des deux dernières années, nous invite à un minimum d'humilité quant aux projections.
TourMaG.com - Dans quel état financier se retrouve le ciel français après deux ans de crise ?
Alain Battisti : Il a globalement résisté, avec des entreprises qui ont fait preuve d'une capacité d'adaptation remarquable.
Elles ont pris des mesures énergiques, en se reconfigurant par rapport au marché, grâce à leur personnel, il ne faut pas l'oublier. L'objectif tout au long de la crise, a été de maintenir le plus haut niveau de sécurité.
Jusqu'en novembre 2021, le gouvernement a été au rendez-vous de la situation. Depuis novembre, il ne l'est plus, mais je crois que nous pouvons avoir confiance sur sa capacité à corriger cette anomalie.
Nous sommes encore très très loin des niveaux passés. Imaginez un peu, qu'en 2021 le transport aérien français était à 38% du nominal de 2019.
Alain Battisti : Nous demandons deux choses fondamentales.
La poursuite du dispositif d’aide aux coûts fixes et celui dit de "fermeture". De plus, nous demandons que l'activité partielle avec la prise en charge par l'Etat, soit prolongée jusqu'au 31 mars 2022.
Nous n'avons pas de visibilité sur janvier et février, nous ne devons pas nous attendre à un miracle sur mars 2022. Par contre, nous pouvons imaginer, un printemps qui soit celui de la reconquête.
Après l'expérience des deux dernières années, nous invite à un minimum d'humilité quant aux projections.
TourMaG.com - Dans quel état financier se retrouve le ciel français après deux ans de crise ?
Alain Battisti : Il a globalement résisté, avec des entreprises qui ont fait preuve d'une capacité d'adaptation remarquable.
Elles ont pris des mesures énergiques, en se reconfigurant par rapport au marché, grâce à leur personnel, il ne faut pas l'oublier. L'objectif tout au long de la crise, a été de maintenir le plus haut niveau de sécurité.
Jusqu'en novembre 2021, le gouvernement a été au rendez-vous de la situation. Depuis novembre, il ne l'est plus, mais je crois que nous pouvons avoir confiance sur sa capacité à corriger cette anomalie.
Nous sommes encore très très loin des niveaux passés. Imaginez un peu, qu'en 2021 le transport aérien français était à 38% du nominal de 2019.
Ciel Français : "En 2021, nous sommes à 38% en nombre de passagers de 2019"
TourMaG.com - Qu'entendez -vous par nominal ?
Alain Battisti : Quand je dis 38% du nominal de 2019, c’est à dire en nombre de passagers, difficile d’avoir une vision exacte des recettes.
Nous n'avons pas connu en France, ou en Europe, une récupération à l'image des USA qui se rapprochent de 90% du trafic de l'exercice avant la pandémie.
Il est possible de remettre une offre importante, mais ce qui compte, c'est aussi bien le niveau de remplissage que les revenus. Et malheureusement sur ces deux indicateurs, nous sommes loin du compte.
L’Asie, une destination avec un Yield élevé, est inaccessible aux compagnies, et cela impacte très fortement économiquement. Les pays africains ouverts ont eu, permis de conserver un certain niveau de revenus.
A contrario, sur les Antilles et l'Amérique du Nord, nous avons assisté à une foire d'empoigne, avec des capacités importantes, déconnectées du marché.
Il y a eu sur ces lignes, une bataille capacitaire de mauvaise aloi.
TourMaG.com - Est-ce que l'aérien peut repartir comme avant après 2 ans de crise ?
Alain Battisti : Je ne sais si l'aérien repartira comme avant, mais ce qui est sûr, c'est que les passagers ont globalement une forte envie de voyager.
Il y aura un rebond.
Les passagers sont revenus, dès lors qu'il y avait assez peu de contraintes sanitaires.Surtout qu'en France, l'épargne a été importante, donc le pouvoir d'achat prêt à s’investir dans le voyage, est disponible.
A partir du moment, où ne nous pouvons pas stocker les vols non effectués, il n'y aura pas de phénomène de rattrapage contrairement à d’autres industries. Autre bémol à cette reprise : les passagers corporate seront durablement moins nombreux à bord de nos avions.
Nous aurons au moins deux à trois années compliquées, au niveau du corporate.
Alain Battisti : Quand je dis 38% du nominal de 2019, c’est à dire en nombre de passagers, difficile d’avoir une vision exacte des recettes.
Nous n'avons pas connu en France, ou en Europe, une récupération à l'image des USA qui se rapprochent de 90% du trafic de l'exercice avant la pandémie.
Il est possible de remettre une offre importante, mais ce qui compte, c'est aussi bien le niveau de remplissage que les revenus. Et malheureusement sur ces deux indicateurs, nous sommes loin du compte.
L’Asie, une destination avec un Yield élevé, est inaccessible aux compagnies, et cela impacte très fortement économiquement. Les pays africains ouverts ont eu, permis de conserver un certain niveau de revenus.
A contrario, sur les Antilles et l'Amérique du Nord, nous avons assisté à une foire d'empoigne, avec des capacités importantes, déconnectées du marché.
Il y a eu sur ces lignes, une bataille capacitaire de mauvaise aloi.
TourMaG.com - Est-ce que l'aérien peut repartir comme avant après 2 ans de crise ?
Alain Battisti : Je ne sais si l'aérien repartira comme avant, mais ce qui est sûr, c'est que les passagers ont globalement une forte envie de voyager.
Il y aura un rebond.
Les passagers sont revenus, dès lors qu'il y avait assez peu de contraintes sanitaires.Surtout qu'en France, l'épargne a été importante, donc le pouvoir d'achat prêt à s’investir dans le voyage, est disponible.
A partir du moment, où ne nous pouvons pas stocker les vols non effectués, il n'y aura pas de phénomène de rattrapage contrairement à d’autres industries. Autre bémol à cette reprise : les passagers corporate seront durablement moins nombreux à bord de nos avions.
Nous aurons au moins deux à trois années compliquées, au niveau du corporate.
"Les pays ayant créé des hub artificiels...auront beaucoup de mal à reprendre une place"
TourMaG.com - Craignez-vous qu'il y ait une distorsion dans la concurrence entre les compagnies aidées par les Etats et les autres ?
Alain Battisti : Il est trop tôt pour tirer des conclusions sur les conséquences de la crise.
Avant la pandémie, nous étions sur un secteur où il y avait une ultra compétition. Je ne suis pas certain que le covid ait changé cette situation aussi bien sur les segments court que long-courriers.
Même s'il y a eu des corrections à la marge, les grandes compagnies correspondant à des grands marchés émetteurs, comme Lufthansa, IAG ou Air France sont toujours debout.
La loi du marché qui a été vérifié durant cette crise est que du moment que le bassin de population est significatif, il est possible de maintenir ou redémarrer très vite l'activité.
Par contre, les pays ayant créé des hubs artificiels, en marge des grandes routes commerciales, ils ont non seulement souffert, mais ils auront beaucoup de mal à reprendre une place.
Sans marché naturel, ni domestique, cela sera compliqué pour des compagnies comme celles du Golfe.
Elles sont et vont être fortement sponsorisées par leurs actionnaires étatiques pour poursuivre leurs stratégies de détournement de parts de marché dans le futur proche.
Malheureusement les Etats n'ont pas suffisamment d'outils pour lutter contre les distorsions, sur les aides étatiques, ou ont été aveugles, comme l'Union européenne.
C'est un point de vigilance majeur sur lequel, nous allons être attentifs.
Alain Battisti : Il est trop tôt pour tirer des conclusions sur les conséquences de la crise.
Avant la pandémie, nous étions sur un secteur où il y avait une ultra compétition. Je ne suis pas certain que le covid ait changé cette situation aussi bien sur les segments court que long-courriers.
Même s'il y a eu des corrections à la marge, les grandes compagnies correspondant à des grands marchés émetteurs, comme Lufthansa, IAG ou Air France sont toujours debout.
La loi du marché qui a été vérifié durant cette crise est que du moment que le bassin de population est significatif, il est possible de maintenir ou redémarrer très vite l'activité.
Par contre, les pays ayant créé des hubs artificiels, en marge des grandes routes commerciales, ils ont non seulement souffert, mais ils auront beaucoup de mal à reprendre une place.
Sans marché naturel, ni domestique, cela sera compliqué pour des compagnies comme celles du Golfe.
Elles sont et vont être fortement sponsorisées par leurs actionnaires étatiques pour poursuivre leurs stratégies de détournement de parts de marché dans le futur proche.
Malheureusement les Etats n'ont pas suffisamment d'outils pour lutter contre les distorsions, sur les aides étatiques, ou ont été aveugles, comme l'Union européenne.
C'est un point de vigilance majeur sur lequel, nous allons être attentifs.