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Air Antilles : reprise des vols mais situation très fragile 🔑

une compagnie sur le fil du rasoir ?


La presse économique a fait état la semaine dernière d’une situation alarmante pour Air Antilles ayant repris ses opérations le 25 juin dernier. Le seul avion ATR en état de vol de la flotte a repris les vols ce lundi, mais les informations que nous avons recueillies dans ce premier volet semblent effectivement confirmer une reprise dans des conditions difficiles. Retrouvez la réaction d'Air Antilles dans notre article de demain.


Rédigé par le Mardi 23 Juillet 2024

L’ATR 72 F-OMYM va pouvoir entamer ces premières rotations entre la Guadeloupe et la Martinique. Crédit Air antilles
L’ATR 72 F-OMYM va pouvoir entamer ces premières rotations entre la Guadeloupe et la Martinique. Crédit Air antilles
« Air Antilles prête à réexploser en vol ». Autant dire que le titre alarmiste du magazine économique Challenges, réputé sérieux, ainsi que son contenu, est inquiétant et pessimiste quant à l’avenir d’Air Antilles.

La compagnie a été reprise il y a quelque mois par la collectivité de Saint-Martin et le groupe Edeis.

D’après nos informations recueillies sur place auprès d’acteurs de l’aérien connaisseurs du dossier et les documents consultés, le moins que l’on puisse dire c’est la situation de la compagnie paraît fragile et que la concurrence n’est pas prête à lui faire de cadeaux.

Nous vous apportons des précisions sur les différents sujets pointés du doigt et qui pourraient briser les ailes d’Air Antilles si les actionnaires ne font pas face.


Certificat de Transporteur Aérien (CTA) et licence contestés

Lorsque la nouvelle compagnie Air Antilles a déposé la documentation auprès de la DGAC pour obtenir son certificat de transporteur, les avions de la compagnie bénéficiaient de certificats de navigabilité encore en vigueur.

Mais, à la date d’octroi du CTA N° FR.AOC.0154 du 23 mai, plus aucun avion n’était en état de navigabilité.

Celui-ci a cependant été délivré, mais les spécifications opérationnelles jointes aux CTA d’Air Antilles, ne précisent ni les types d’aéronefs pour lesquels Air Antilles est certifiée habilitée à effectuer des opérations aériennes à des fins commerciales, ni leurs immatriculations.

D’ailleurs sur les documents de la DGAC que nous avons pu consulter (mise à jour du 2 juillet), sur les 67 sociétés exploitant des avions immatriculés en France et disposant d’un CTA, Air Antilles était la seule compagnie aérienne avec une case vide s’agissant des types d’aéronefs. De quoi faire tiquer les concurrents.

Aussi, concernant l’organisation de la compagnie, ces mêmes concurrents affirment que d’importants cadres techniques auraient « quitté le navire » Air Antilles ces dernières semaines, notamment le responsable désigné maintenance navigabilité, le responsable du bureau technique.

Richard Dendievel le DGA et Cadre responsable de la compagnie nous a confirmé avoir quitté la compagnie depuis le 10 juillet. En revanche, nous n'avons eu aucun retour d'Air Antilles sur le sujet.

Concernant l’obtention et le maintien de la licence d’exploitation et des exigences financières qui lui sont liées, là aussi le prêt de 6 millions d’euros octroyé par le Conseil exécutif de Saint-Martin pour attester d’une trésorerie suffisante selon les exigences de la DGAC, va être considérablement grevé par le très lourd passif des filiales reprises par Air Antilles dans le cadre du plan de cession et particulièrement la société R PLANE 9 propriétaire d’un des appareils d’Air Antilles avec un passif de 3,7 millions d’euros.

Les liquidateurs, après un premier jugement en septembre 2023, ont mis en demeure Air Antilles de rembourser cette dette.

Contestant ce jugement et demandant une nouvelle interprétation, les dirigeants d’Air Antilles n’ont pas obtenu gain de cause. Le 4 juillet dernier, le tribunal mixte de commerce de Pointe-à-Pitre a confirmé qu’ Air Antilles se trouve redevable de la totalité du passif de cette filiale.

On l’a vu récemment, lorsque la compagnie Céleste s’est vu refuser sa licence, en raison d’un financement de projet insuffisant, la DGAC sait être très exigeante en matière de santé financière.

Un retrait de la licence souhaité par certains concurrents n’est pas à exclure pour Air Antilles, si les comptes ne se redressent pas.

Air Antilles : une trésorerie en danger

Avec des vols prévus dans un premier temps en janvier 2024 pour commencer à faire rentrer l’argent dans les caisses ce n’est finalement que fin juin que la compagnie a pu enfin commencer ses vols avec un affrètement auprès de la compagnie suisse.

« On doit faire au moins 3 rotations jour, toute l'année avec un coefficient de remplissage supérieur à 70% » déclarait Jérôme Arnaud chez France TV Guadeloupe le 25 juin dernier.

C’est avec seulement un DHC-6 400 Twin Otter affrété auprès de la compagnie suisse Zimex Aviation, d’une vingtaine de places mais commercialisé à 15 sièges offerts, que les vols ont pu commencer entre Pointe-à-Pitre et Saint-Barthélemy.

Jérôme Arnaud, le PDG d’Air Antilles espérait deux Twin Otter pendant cette période estivale, mais à ce jour ce deuxième avion n’est pas là.

L’exploitation de la ligne se fait donc toujours avec un seul avion. De plus et depuis le début de ces vols, de nombreuses rotations ont été annulées et les taux de remplissage seraient bien en dessous des 70%.

Même si à l’heure où nous écrivons ces lignes l’ATR 72 F-OMYM va pouvoir entamer ces premières rotations entre la Guadeloupe et la Martinique, le manque d’avions opérationnels et un taux de remplissage bien en dessous de 70% selon les concurrents ne permet pas d’obtenir les recettes espérées.

La trésorerie de l’entreprise est donc en danger. Selon certains, il n’y aurait plus que deux millions dans les caisses et les sommes à sortir dans les mois qui viennent pour retrouver une exploitation correcte sont conséquentes.

Une flotte Ă  remettre en Ă©tat

Actuellement, sur les quatre avions de la flotte d'Air Antilles composée d’un Twin Otter DH6/400, d’un ATR 42 et de deux ATR 72, seul un ATR 72 est en état de vol.

bAvec une moyenne d’âge de 7,5 ans, ce ne sont pas de « vieux » avions comme l’affirme [Challenges, mais ils ont besoin d’importants travaux de maintenance. ]b

Le Twin Otter a ses deux moteurs en révision générale. Celle-ci n’a pas pu commencer, car, comme l’indiquait notre confrère de Challenges, le motoriste en charge des travaux demande le règlement préalable d’une somme de 650 000 dollars de dettes contractées.

L’ATR 42 600 F-OIXO est en check C (révision) dans un centre de révision et maintenance au Maroc depuis l'été 2023 et en attente de la livraison d'un train d'atterrissage.

L’ATR 72 600 a obtenu une dérogation de l’Organisme pour la Sécurité de l'Aviation Civile pour être convoyé le 12 juillet dernier des Antilles vers le Maroc, également pour une check C.

Selon nos informations, le Twin Otter de Zimex affrété par Air Antilles couterait 240 000 euros par mois et est difficile à rentabiliser.

Un contrat GMA (Global Maintenance Agreement) avec le constructeur ATR, incluant une mise a disposition de pièces détachées et de réparation des pièces révisables nécessiterait un déposit de 500 000 dollars pour être signé.

En tout, c’est plus de 3,5 millions d’euros qu’il faudra prévoir pour récupérer à plus ou moins longue échéance les avions estime un connaisseur du dossier.

Malgré les efforts de tous les salariés, la situation d’Air Antilles est effectivement alarmante. Il y a la contestation du maintien de la licence et du CTA par les concurrents, et, nerf de la guerre, la trésorerie.

Un apport d’argent frais de la part de la collectivité de Saint-Martin ou par la CIPIM, holding du groupe Edeis ou bien encore de nouveaux actionnaires comme l’appelait de ses vœux Jérôme Arnaud pourrait peut-être sortir Air Antilles de cette difficile situation, mais le temps presse et l’instabilité politique n’aidera pas.

A retrouver demain la réaction d'Air Antilles.


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Tags : air antilles
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