Bercy se montre optimiste pour Air Austral, même si des efforts restent à faire - Crédit photo : Air Austral
Depuis juillet 2022, les plus de 800 paires d'yeux de salariés d'Air Austral scrutent les mouvements de la Commission Européenne.
Le plan de sauvetage demandé par l'Europe lui a été notifié en septembre dernier, avec une offre de 50 millions d'euros de la part d'un pool d'actionnaires, comprenant le groupe Deleflie.
Alors que la procédure est prévue pour une durée de 20 jours à 2 mois en général, Bruxelles fait durer le plaisir. Dans un premier temps, un accord était attendu courant octobre.
Puis à la fin du mois, la direction se disait optimiste, avec des retours encourageants, la Commission jugeant acceptable le plan de restructuration. Elle n'exigeait que des informations complémentaires et des précisions.
La réponse finale était ensuite attendue mi-novembre.
Le mois de décembre débute et toujours aucune fumée blanche ne s'est élevée du Bâtiment Berlaymont, le siège de l'institution des 27.
Faut-il s'inquiéter de cette absence de communication et de bruit autour de l'avenir d'Air Austral ?
Le plan de sauvetage demandé par l'Europe lui a été notifié en septembre dernier, avec une offre de 50 millions d'euros de la part d'un pool d'actionnaires, comprenant le groupe Deleflie.
Alors que la procédure est prévue pour une durée de 20 jours à 2 mois en général, Bruxelles fait durer le plaisir. Dans un premier temps, un accord était attendu courant octobre.
Puis à la fin du mois, la direction se disait optimiste, avec des retours encourageants, la Commission jugeant acceptable le plan de restructuration. Elle n'exigeait que des informations complémentaires et des précisions.
La réponse finale était ensuite attendue mi-novembre.
Le mois de décembre débute et toujours aucune fumée blanche ne s'est élevée du Bâtiment Berlaymont, le siège de l'institution des 27.
Faut-il s'inquiéter de cette absence de communication et de bruit autour de l'avenir d'Air Austral ?
Air Austral : Que dit Bercy sur le sauvetage ?
En l'Etat, il ne semble pas y avoir d'inquiétude du moins à l'Aéroport Roland Garros de la Réunion.
Une décision imminente serait attendue. Celle-ci ne peut être que positive.
Sauf que du côté des salariés, le flou entourant l'avenir d'Air Austral commence à inquiéter et angoisser les troupes.
"C'est l'omerta depuis des mois. Nous sommes dans le brouillard, nous en avons marre, ça commence à être long," souffle un représentant du personnel.
Pour comprendre la situation regardons dans les rétros des Boeing 777-300.
En janvier 2022, la Commission européenne approuvait l'octroi d'un prêt de la part de l'Etat français en faveur de la compagnie, à condition que cette dernière présente un plan de restructuration financière, dans les 6 mois.
L'enjeu étant d'alléger la dette accumulée durant l'épidémie. Le passif est évalué à près de 300 millions d'euros, devenu insoutenable pour le transporteur.
Sauf que la restructuration souhaitée par Bruxelles doit impérativement inclure l'arrivée d'acteurs privés et un désengagement de l'Etat. C'est ainsi qu'un pool d'investisseurs réunionnais s'est positionné pour apporter de l'argent frais à la compagnie régionale.
Voilà, où nous en étions en regardant dans les rétros.
Pour en savoir plus, nous avons frappé aux portes de Bercy. Et à force d'insister, l'une d'entre elles s'est entrouverte.
Du côté des équipes de Bruno Le Maire, le Ministre de l'Economie, l'optimisme est de rigueur, même si personne n'élude les petits points de frictions qu'il reste à effacer pour régler le cas épineux d'Air Austral.
Une décision imminente serait attendue. Celle-ci ne peut être que positive.
Sauf que du côté des salariés, le flou entourant l'avenir d'Air Austral commence à inquiéter et angoisser les troupes.
"C'est l'omerta depuis des mois. Nous sommes dans le brouillard, nous en avons marre, ça commence à être long," souffle un représentant du personnel.
Pour comprendre la situation regardons dans les rétros des Boeing 777-300.
En janvier 2022, la Commission européenne approuvait l'octroi d'un prêt de la part de l'Etat français en faveur de la compagnie, à condition que cette dernière présente un plan de restructuration financière, dans les 6 mois.
L'enjeu étant d'alléger la dette accumulée durant l'épidémie. Le passif est évalué à près de 300 millions d'euros, devenu insoutenable pour le transporteur.
Sauf que la restructuration souhaitée par Bruxelles doit impérativement inclure l'arrivée d'acteurs privés et un désengagement de l'Etat. C'est ainsi qu'un pool d'investisseurs réunionnais s'est positionné pour apporter de l'argent frais à la compagnie régionale.
Voilà, où nous en étions en regardant dans les rétros.
Pour en savoir plus, nous avons frappé aux portes de Bercy. Et à force d'insister, l'une d'entre elles s'est entrouverte.
Du côté des équipes de Bruno Le Maire, le Ministre de l'Economie, l'optimisme est de rigueur, même si personne n'élude les petits points de frictions qu'il reste à effacer pour régler le cas épineux d'Air Austral.
Air Austral : l'Etat est confiant, mais...
"Tout d'abord, le fait qu'elle n'ait pas encore répondu aujourd'hui, n'est pas particulièrement surprenant.
Nous continuons d’escompter une décision d’approbation de l’aide d’Etat dans les prochaines semaines," nous explique-t-on depuis le bâtiment Colbert, où se trouve le ministère de l'Economie.
Il n'y aurait pas de difficultés insurmontables qui bloquerant le dossier, mais quelques légers points de discussions et de négociations, avant de refermer le sauvetage.
Et ces petits grains de sable ne seraient que des "informations complémentaires sur le projet en stand alone" d'après les échos que nous avons de la Réunion.
Bercy va dans ce sens aussi. Malgré tous, les équipes de Bruno Le Maire ne crient pas victoire, en raison du "schéma relativement ambitieux" déposé à Bruxelles.
"Il ne peut cependant être exclu que la Commission demande une modification de certains paramètres, comme la répartition des efforts privés et publics - qui n’est pas impossible au regard du caractère très important et même inédit du soutien financier de la puissance publique sur ce dossier ," recadre le ministère.
Contre l'effacement de près de 300 millions d'euros de dettes, les investisseurs privés devraient apporter 50 millions d'euros. Une somme qui pourrait être jugée comme insuffisante par la Commission ou du moins l'effort étatique trop conséquent.
A Paris, les représentants de l'Etat se veulent confiants sur le sauvetage et tout sera fait pour que l'équation telle que négociée avec les nouveaux investisseurs soit acceptée par l'instance européenne.
La réponse est attendue pour les vacances de Noël, du moins c'est l'échéance espérée.
Par contre, la validation du projet impliquera inévitablement des contraintes au développement d'Air Austral. A l'image des créneaux horaires cédés par Air France ou de la limitation de la flotte de Corsair.
"En contrepartie de l’aide publique, des mesures compensatoires seront exigées et mises à la charge de l'entreprise, pour limiter les distorsions de concurrence," nous prévient Bercy.
Nous continuons d’escompter une décision d’approbation de l’aide d’Etat dans les prochaines semaines," nous explique-t-on depuis le bâtiment Colbert, où se trouve le ministère de l'Economie.
Il n'y aurait pas de difficultés insurmontables qui bloquerant le dossier, mais quelques légers points de discussions et de négociations, avant de refermer le sauvetage.
Et ces petits grains de sable ne seraient que des "informations complémentaires sur le projet en stand alone" d'après les échos que nous avons de la Réunion.
Bercy va dans ce sens aussi. Malgré tous, les équipes de Bruno Le Maire ne crient pas victoire, en raison du "schéma relativement ambitieux" déposé à Bruxelles.
"Il ne peut cependant être exclu que la Commission demande une modification de certains paramètres, comme la répartition des efforts privés et publics - qui n’est pas impossible au regard du caractère très important et même inédit du soutien financier de la puissance publique sur ce dossier ," recadre le ministère.
Contre l'effacement de près de 300 millions d'euros de dettes, les investisseurs privés devraient apporter 50 millions d'euros. Une somme qui pourrait être jugée comme insuffisante par la Commission ou du moins l'effort étatique trop conséquent.
A Paris, les représentants de l'Etat se veulent confiants sur le sauvetage et tout sera fait pour que l'équation telle que négociée avec les nouveaux investisseurs soit acceptée par l'instance européenne.
La réponse est attendue pour les vacances de Noël, du moins c'est l'échéance espérée.
Par contre, la validation du projet impliquera inévitablement des contraintes au développement d'Air Austral. A l'image des créneaux horaires cédés par Air France ou de la limitation de la flotte de Corsair.
"En contrepartie de l’aide publique, des mesures compensatoires seront exigées et mises à la charge de l'entreprise, pour limiter les distorsions de concurrence," nous prévient Bercy.
Air Austral : le gouvernement souhaite minimiser les contraintes imposées par Bruxelles
Des discussions ont lieu actuellement, pour trouver un bon compromis. Paris a proposé un certain nombre de mesures, reste à trouver un accord avec Bruxelles. Mais rien ne dit qu'elles ne soient pas plus lourdes que les propositions initiales.
Du moins, la France cherche à éviter les limitations de lignes opérées par Air Austral.
Surtout qu'au regard de l'importance de l'effort effectué par le gouvernement français, l'avantage accordé à la compagnie réunionnaise pourrait être jugé comme trop important au regard des autres compagnies.
D'ores et déjà, le patron d'Air Caraïbes s'est positionné.
"Nous ne sommes pas contre un sauvetage d'Air Austral qui a une certaine légitimité à être la compagnie de l'Océan indien.
Par contre, Air Austral a des accords commerciaux très favorables avec Air France, (une autre compagnie qui a été très soutenue), j'estime que s'il y a une nouvelle aide, nous demanderons pour French Bee les mêmes accords commerciaux," nous lâchait Marc Rochet, en octobre dernier.
Pour rappel, Air Austral bénéficie des préacheminements de la compagnie nationale en métropole.
En attendant qu'un accord soit trouvé, Bercy doit mener à bien sa démarche explicative pour justifier le plan de soutien accordé à ce transporteur. Surtout que le Ministère devra sans doute en faire de même dans quelques mois pour un autre transporteur... basé aux Antilles.
Pour cela l'argumentaire tourne principalement autour du covid.
La pandémie ayant cloué au sol les avions, mais aussi largement perturbé les capacités de mouvements des populations, les compagnies aériennes ont vu leur activité se contracter fortement et les dettes s'envoler.
De plus, la position d'Air Austral à la Réunion, lui confère presque un rôle vital pour l'économie de l'île.
Du moins, la France cherche à éviter les limitations de lignes opérées par Air Austral.
Surtout qu'au regard de l'importance de l'effort effectué par le gouvernement français, l'avantage accordé à la compagnie réunionnaise pourrait être jugé comme trop important au regard des autres compagnies.
D'ores et déjà, le patron d'Air Caraïbes s'est positionné.
"Nous ne sommes pas contre un sauvetage d'Air Austral qui a une certaine légitimité à être la compagnie de l'Océan indien.
Par contre, Air Austral a des accords commerciaux très favorables avec Air France, (une autre compagnie qui a été très soutenue), j'estime que s'il y a une nouvelle aide, nous demanderons pour French Bee les mêmes accords commerciaux," nous lâchait Marc Rochet, en octobre dernier.
Pour rappel, Air Austral bénéficie des préacheminements de la compagnie nationale en métropole.
En attendant qu'un accord soit trouvé, Bercy doit mener à bien sa démarche explicative pour justifier le plan de soutien accordé à ce transporteur. Surtout que le Ministère devra sans doute en faire de même dans quelques mois pour un autre transporteur... basé aux Antilles.
Pour cela l'argumentaire tourne principalement autour du covid.
La pandémie ayant cloué au sol les avions, mais aussi largement perturbé les capacités de mouvements des populations, les compagnies aériennes ont vu leur activité se contracter fortement et les dettes s'envoler.
De plus, la position d'Air Austral à la Réunion, lui confère presque un rôle vital pour l'économie de l'île.
Air Austral : un dernier sauvetage et puis s'envole !
La Commission Européenne sera attentive aussi à la bonne desserte assurée par le transporteur entre la métropole et la Réunion. Le but n'est pas de la voir se développer tous azimuts.
Par contre, dans les négociations entre Paris et Bruxelles, la restructuration sociale n'est en rien une condition pour valider le plan de sauvetage. Il n'y aura pas de chantage à l'emploi.
"Sur ce point également, il reste à convaincre la Commission que les propositions formulées par l’Etat sont adéquates," nous explique Bercy.
Aucune restructuration et réorganisation, même sociale, ne seront exigées par les instances françaises et européennes, mais elles paraissent presque inévitables pour rendre viable à long terme le transporteur.
Reste à savoir ce que le futur management décidera.
Du côté du ministère, nul ne doute de la capacité des nouveaux investisseurs à mener à bien (financièrement) la poursuite des activités d'Air Austral. Corsair pourrait servir d'exemple, alors que la compagnie va devoir connaître un nouveau plan de restructuration financière, nos interlocuteurs se sont montrés optimistes.
"Nous les sentons investis.
En tout état de cause, il faut garder à l’esprit qu’en cas de validation de la part de la Commission, ce sera la dernière fois qu’une aide publique pourra être accordée, le droit européen étant très strict à ce sujet," nous prévient-on depuis les quais parisiens.
Il ne sera plus possible de prévoir un autre paquet de sauvetage avec des aides publiques pour Air Austral, dans les prochaines années. Une affirmation qui vaut preuve d'avertissement.
Avant de regarder si loin, les salariés de l'entreprise attendant les vacances de Noël avec espoir (ou crainte).
Par contre, dans les négociations entre Paris et Bruxelles, la restructuration sociale n'est en rien une condition pour valider le plan de sauvetage. Il n'y aura pas de chantage à l'emploi.
"Sur ce point également, il reste à convaincre la Commission que les propositions formulées par l’Etat sont adéquates," nous explique Bercy.
Aucune restructuration et réorganisation, même sociale, ne seront exigées par les instances françaises et européennes, mais elles paraissent presque inévitables pour rendre viable à long terme le transporteur.
Reste à savoir ce que le futur management décidera.
Du côté du ministère, nul ne doute de la capacité des nouveaux investisseurs à mener à bien (financièrement) la poursuite des activités d'Air Austral. Corsair pourrait servir d'exemple, alors que la compagnie va devoir connaître un nouveau plan de restructuration financière, nos interlocuteurs se sont montrés optimistes.
"Nous les sentons investis.
En tout état de cause, il faut garder à l’esprit qu’en cas de validation de la part de la Commission, ce sera la dernière fois qu’une aide publique pourra être accordée, le droit européen étant très strict à ce sujet," nous prévient-on depuis les quais parisiens.
Il ne sera plus possible de prévoir un autre paquet de sauvetage avec des aides publiques pour Air Austral, dans les prochaines années. Une affirmation qui vaut preuve d'avertissement.
Avant de regarder si loin, les salariés de l'entreprise attendant les vacances de Noël avec espoir (ou crainte).
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