
Hervé Novelli : "Je souhaite qu'il y ait un « New Deal », une sorte de big bang de l'action touristique publique que l'on symboliserait par un changement de dénomination et un nouveau départ pour Atout France" - DR : DepositPhotos.com, Konakhovska
TourMaG - Le 7 mai dernier, Ă l'occasion du 7e Conseil interministĂ©riel du tourisme (CIT), le Premier ministre Gabriel Attal a Ă©voquĂ© une Ă©volution des missions d'Atout France, avec le lancement d'une consultation en septembre 2024, en vue d'une rĂ©forme proposĂ©e par le Gouvernement fin 2024. Vous ĂȘtes Ă l'origine de la crĂ©ation d'Atout France en 2009, fruit de la fusion entre « Maison de la France » et « Odit France ». Quel regard portez-vous sur ce projet de rĂ©forme, 15 ans plus tard ?
Hervé Novelli : Je suis depuis des mois et des mois trÚs préoccupé par Atout France, non pas par le conflit personnel entre la directrice générale et le président, qui a affecté l'activité du GIE, mais par l'évolution structurelle de l'institution qui ne me semble pas aller dans le bon sens. Je m'en suis ouvert aux responsables politiques.
TourMaG - Quelle était votre vision du projet, au moment de la création de l'Agence de développement touristique ?
Hervé Novelli : Lorsque j'ai créé Atout France en 2009, il y avait deux entités. L'une s'appelait « Maison de la France », elle était dirigée par Thierry Baudier et s'occupait de la promotion de la France à l'étranger. L'autre, ODIT France, était plus technique et s'occupait du soutien à l'offre touristique. Elle était dirigée par Christian Mantei.
Dans un souci de simplification, et aussi sur les conseils de quelques personnes, j'ai décidé de créer un organisme français unique - Atout France - qui gérerait à la fois la promotion de la France et pourrait accompagner des projets structurant l'offre touristique dans l'Hexagone.
Au-delà de la simplification, il y avait aussi une idée de réunification et de puissance d'une agence qui aurait, sur impulsion gouvernementale, dirigé la politique touristique de notre pays. C'était ça l'idée de base et je dois dire que nous nous y sommes beaucoup attelés.
J'ai également eu à arbitrer sur le choix d'un directeur. J'ai décidé de nommer Christian Mantei en tant que DG du nouveau GIE.
Hervé Novelli : Je suis depuis des mois et des mois trÚs préoccupé par Atout France, non pas par le conflit personnel entre la directrice générale et le président, qui a affecté l'activité du GIE, mais par l'évolution structurelle de l'institution qui ne me semble pas aller dans le bon sens. Je m'en suis ouvert aux responsables politiques.
TourMaG - Quelle était votre vision du projet, au moment de la création de l'Agence de développement touristique ?
Hervé Novelli : Lorsque j'ai créé Atout France en 2009, il y avait deux entités. L'une s'appelait « Maison de la France », elle était dirigée par Thierry Baudier et s'occupait de la promotion de la France à l'étranger. L'autre, ODIT France, était plus technique et s'occupait du soutien à l'offre touristique. Elle était dirigée par Christian Mantei.
Dans un souci de simplification, et aussi sur les conseils de quelques personnes, j'ai décidé de créer un organisme français unique - Atout France - qui gérerait à la fois la promotion de la France et pourrait accompagner des projets structurant l'offre touristique dans l'Hexagone.
Au-delà de la simplification, il y avait aussi une idée de réunification et de puissance d'une agence qui aurait, sur impulsion gouvernementale, dirigé la politique touristique de notre pays. C'était ça l'idée de base et je dois dire que nous nous y sommes beaucoup attelés.
J'ai également eu à arbitrer sur le choix d'un directeur. J'ai décidé de nommer Christian Mantei en tant que DG du nouveau GIE.

HervĂ© Novelli, Senior Business Advisor chez Atream et prĂ©sident du conseil supĂ©rieur de l'Ćnotourisme, est Ă l'origine de la crĂ©ation d'Atout France alors qu'il Ă©tait secrĂ©taire dâEtat chargĂ© du Tourisme - Photo H. Novelli

Hervé Novelli : J'ai commencé à y réfléchir quand j'ai été nommé Ministre du tourisme en 2008, et la Loi Tourisme date de 2009, donc nous n'avons pas perdu de temps.
Avec toujours cette évidence de simplification, de réunification et d'amplification. En effet, j'avais été trÚs frappé à l'époque par le fait que la Direction du Tourisme qui siégeait à Bercy était dirigée par un préfet, c'est-à -dire qu'elle était l'objet d'une empreinte trÚs administrative qui ne me semblait pas correspondre à ce qu'il fallait pour la promotion et le soutien au tourisme dans notre pays.
Donc j'avais plutÎt décidé de renforcer une agence et de lui donner les clés de la politique touristique française. Evidemment, en cohérence avec le ministre du tourisme et ses principales orientations.
Mais mon idée était de créer une agence puissante qui aurait la capacité, aux cÎtés des professionnels et des collectivités qui siégeraient, de pouvoir éditer un certain nombre de normes.
C'est ainsi que j'ai confié à Atout France le soin de réformer la classification hÎteliÚre, par exemple. Ou encore de gérer le fichier des hÎtels, celui des VTC ou bien le label de « maßtre restaurateur » que j'ai créé.
Je souhaitais doter l'agence d'un pouvoir normatif, qui me semblait beaucoup plus intelligent et intéressant - puisque étant validé par les professionnels ou des collectivités - plutÎt qu'un pouvoir normatif autocentré à Bercy ou ailleurs. Il y avait donc, derriÚre la création et la simplification, l'idée de doter cette agence d'un pouvoir trÚs fort pour en faire le bras séculier de la puissance publique, avec un ministre qui se servirait d'Atout France comme de son bras armé.
TourMaG - Avec quelle stratégie en ligne de mire ?
HervĂ© Novelli : La stratĂ©gie Ă©tait claire. Elle Ă©tait d'externaliser peu Ă peu la fonction touristique - dont je pensais, et je pense toujours - qu'elle est mieux gĂ©rĂ©e au plus prĂšs des intĂ©rĂȘts et des prĂ©occupations des professionnels et des collectivitĂ©s territoriales.
Donc dans la loi tourisme de 2009, il y avait cette volontĂ© de mettre au cĆur de l'action publique une agence dotĂ©e d'un certain nombre de pouvoirs pour que le ministre du tourisme soit lĂ en tant que reprĂ©sentant de l'action touristique française, laissant Ă Atout France le soin de rĂ©guler, de normer et d'impulser la politique touristique.
J'en avais parlĂ© avec Christine Lagarde (alors Ministre de lâĂconomie, ndlr), avec l'ĂlysĂ©e, tout le monde Ă©tait d'accord, donc on a foncĂ© et on a crĂ©Ă© Atout France.
Dans le mĂȘme temps, j'ai donnĂ© de facto un pouvoir normatif Ă Atout France dans l'Ă©tablissement des rĂšgles et des labels, comme celui sur l'Ćnotourisme. Donc, il y avait bien une externalisation de la sphĂšre publique stricto sensu vers une dĂ©lĂ©gation de services accordĂ©s Ă Atout France. Ceci est essentiel pour comprendre les problĂ©matiques d'aujourd'hui.
TourMaG - C'est-à -dire ?
Hervé Novelli : Si cette externalisation a trÚs bien marché, il y a eu tout de suite une volonté de l'administration de contrÎler de maniÚre trÚs forte Atout France, y compris au niveau budgétaire.
Alors, bien sûr, dans les années qui ont suivi la création d'Atout France, beaucoup d'actions ont été menées et des financements ont été trouvés auprÚs des régions, d'un cÎté, et des professionnels, de l'autre.
Un véritable effort a été impulsé sous mon orientation par Christian Mantei, afin d'élargir les financements, en se rapprochant des collectivités, en définissant avec elles leurs besoins et en les aidant dans le cadre de promotion à l'étranger.
Par la suite, juste aprĂšs mon dĂ©part, j'ai senti une rĂ©ticence qui se manifestait essentiellement au niveau budgĂ©taire. En effet, quand on voit ce qu'a donnĂ© l'Ătat Ă Atout France par rapport Ă ce qu'ont les agences Ă©trangĂšres, notamment Ă l'Espagne, c'est misĂ©rable.
J'ai noté cette volonté de restreindre à travers un outil budgétaire et d'étendre, d'une certaine maniÚre, l'imperium public. En tout cas, de faire en sorte que, si j'ose dire, Atout France soit « à brides courtes » par le biais budgétaire de Bercy.
TourMaG - Puis Atout France est passĂ© dans le giron du MinistĂšre des Affaires ĂtrangĂšres...
Hervé Novelli : A l'époque de Laurent Fabius, le déplacement du pouvoir et de la tutelle vers le Quai d'Orsay a été mal vécu par Bercy, qui trouvait qu'on rognait beaucoup de son influence.
Par ailleurs, ce n'Ă©tait pas une bonne idĂ©e que de mettre au conseil d'administration d'Atout France, en tant que prĂ©sident, l'ancien directeur gĂ©nĂ©ral qui avait nommĂ© l'ensemble des responsables pendant dix ans, et qui connaissait par cĆur la maison.
N'importe quelle personne un peu au fait des organisations sait que que le pouvoir est clairement chez le directeur général, du fait des statuts d'Atout France. Il y avait de facto l'idée d'un conflit potentiel qui n'a pas manqué de survenir, et qui serait survenu avec n'importe quel nouveau directeur.
Par conséquent, ce conflit, s'il n'est pas à la racine du mal, a servi pour amoindrir le pouvoir d'Atout France.
Hervé Novelli : Si cette externalisation a trÚs bien marché, il y a eu tout de suite une volonté de l'administration de contrÎler de maniÚre trÚs forte Atout France, y compris au niveau budgétaire.
Alors, bien sûr, dans les années qui ont suivi la création d'Atout France, beaucoup d'actions ont été menées et des financements ont été trouvés auprÚs des régions, d'un cÎté, et des professionnels, de l'autre.
Un véritable effort a été impulsé sous mon orientation par Christian Mantei, afin d'élargir les financements, en se rapprochant des collectivités, en définissant avec elles leurs besoins et en les aidant dans le cadre de promotion à l'étranger.
Par la suite, juste aprĂšs mon dĂ©part, j'ai senti une rĂ©ticence qui se manifestait essentiellement au niveau budgĂ©taire. En effet, quand on voit ce qu'a donnĂ© l'Ătat Ă Atout France par rapport Ă ce qu'ont les agences Ă©trangĂšres, notamment Ă l'Espagne, c'est misĂ©rable.
J'ai noté cette volonté de restreindre à travers un outil budgétaire et d'étendre, d'une certaine maniÚre, l'imperium public. En tout cas, de faire en sorte que, si j'ose dire, Atout France soit « à brides courtes » par le biais budgétaire de Bercy.
TourMaG - Puis Atout France est passĂ© dans le giron du MinistĂšre des Affaires ĂtrangĂšres...
Hervé Novelli : A l'époque de Laurent Fabius, le déplacement du pouvoir et de la tutelle vers le Quai d'Orsay a été mal vécu par Bercy, qui trouvait qu'on rognait beaucoup de son influence.
Par ailleurs, ce n'Ă©tait pas une bonne idĂ©e que de mettre au conseil d'administration d'Atout France, en tant que prĂ©sident, l'ancien directeur gĂ©nĂ©ral qui avait nommĂ© l'ensemble des responsables pendant dix ans, et qui connaissait par cĆur la maison.
N'importe quelle personne un peu au fait des organisations sait que que le pouvoir est clairement chez le directeur général, du fait des statuts d'Atout France. Il y avait de facto l'idée d'un conflit potentiel qui n'a pas manqué de survenir, et qui serait survenu avec n'importe quel nouveau directeur.
Par conséquent, ce conflit, s'il n'est pas à la racine du mal, a servi pour amoindrir le pouvoir d'Atout France.
TourMaG - Avec quelles conséquences ?
Hervé Novelli : Les dossiers VTC ont été transférés au MinistÚre de l'Intérieur, par exemple. Je prends cet exemple qui peut sembler anodin mais qui ne l'est pas finalement, étant donné que mon idée était vraiment de confier le pouvoir normatif à Atout France, et d'en faire un outil puissant.
Peu à peu, à la faveur des contraintes budgétaires imposées au GIE, on a vu cette volonté de recentralisation qui me semble tout à fait dommageable et en complÚte contradiction avec ce que j'ai souhaité.
Aussi, ce n'est pas la résolution d'un conflit qu'il faut engager. C'est la poursuite du travail qui a été mené et la philosophie qui présidait à la création d'Atout France. Cette philosophie, c'est celle d'une agence - dÚs lors qu'elle est en phase avec les orientations des pouvoirs publics - présente en soutien sur l'ensemble du territoire, et non pas avec une Direction du tourisme toute puissante à Bercy, tel qu'on souhaite, semble-t-il, la recréer.
Car, derriĂšre le conflit et la crise d'Atout France, il y a une philosophie de l'externalisation de l'action de l'Ătat sous la forme d'une dĂ©lĂ©gation, telle que je souhaitais la mettre en place, pour servir d'exemple Ă l'ensemble de la rĂ©forme de l'Ătat.
C'est bien ça qui est en jeu et que j'avais en tĂȘte. Je ne l'ai Ă©videmment pas dit publiquement Ă l'Ă©poque, mais 15 ans aprĂšs, je peux le dire : il y avait lĂ un essai de rĂ©forme de l'Ătat, de la gĂ©ographie des contours de l'Ătat.
L'idĂ©e Ă©tait d'avoir une agence avec des contrats de droit privĂ© et des personnes qui exercent par dĂ©lĂ©gation de l'Ătat une mission de promotion et de dĂ©veloppement du tourisme dans notre pays.
TourMaG - Avez-vous été contacté par les pouvoirs publics au sujet de ce projet de réforme d'Atout France ?
Hervé Novelli : Je suis en train de préparer une note à la demande des pouvoirs publics sur Atout France et sur son devenir.
Aujourd'hui, je sais dĂ©jĂ trĂšs bien ce que je vais dire, je n'ai pas besoin d'un an pour Ă©valuer, parce que je suis de plain-pied avec les professionnels, en tant que prĂ©sident du Conseil supĂ©rieur de l'Ćnotourisme. Je suis au contact des professionnels qui siĂšgent Ă ce Conseil et je connais trĂšs bien leur souhait.
TourMaG - Quel est-il ?
Hervé Novelli : Leur souhait, c'est d'avoir un outil qui leur appartienne ainsi qu'aux collectivités et dans le droit fil d'une évolution vers un leadership des régions au niveau des collectivités territoriales.
A l'époque, je n'avais pas pu trancher sur un chef de file parce que je n'avais pas le mandat, mais pour moi, c'est clairement les régions qui doivent prendre le lead pour, avec les professionnels, impulser une nouvelle politique et une nouvelle dynamique chez Atout France.
J'en ai suffisamment parlé avec les représentants des régions pour savoir ce qu'ils attendent d'un outil de promotion et d'accompagnement touristique tel qu'Atout France doit le redevenir.
Hervé Novelli : Les dossiers VTC ont été transférés au MinistÚre de l'Intérieur, par exemple. Je prends cet exemple qui peut sembler anodin mais qui ne l'est pas finalement, étant donné que mon idée était vraiment de confier le pouvoir normatif à Atout France, et d'en faire un outil puissant.
Peu à peu, à la faveur des contraintes budgétaires imposées au GIE, on a vu cette volonté de recentralisation qui me semble tout à fait dommageable et en complÚte contradiction avec ce que j'ai souhaité.
Aussi, ce n'est pas la résolution d'un conflit qu'il faut engager. C'est la poursuite du travail qui a été mené et la philosophie qui présidait à la création d'Atout France. Cette philosophie, c'est celle d'une agence - dÚs lors qu'elle est en phase avec les orientations des pouvoirs publics - présente en soutien sur l'ensemble du territoire, et non pas avec une Direction du tourisme toute puissante à Bercy, tel qu'on souhaite, semble-t-il, la recréer.
Car, derriĂšre le conflit et la crise d'Atout France, il y a une philosophie de l'externalisation de l'action de l'Ătat sous la forme d'une dĂ©lĂ©gation, telle que je souhaitais la mettre en place, pour servir d'exemple Ă l'ensemble de la rĂ©forme de l'Ătat.
C'est bien ça qui est en jeu et que j'avais en tĂȘte. Je ne l'ai Ă©videmment pas dit publiquement Ă l'Ă©poque, mais 15 ans aprĂšs, je peux le dire : il y avait lĂ un essai de rĂ©forme de l'Ătat, de la gĂ©ographie des contours de l'Ătat.
L'idĂ©e Ă©tait d'avoir une agence avec des contrats de droit privĂ© et des personnes qui exercent par dĂ©lĂ©gation de l'Ătat une mission de promotion et de dĂ©veloppement du tourisme dans notre pays.
TourMaG - Avez-vous été contacté par les pouvoirs publics au sujet de ce projet de réforme d'Atout France ?
Hervé Novelli : Je suis en train de préparer une note à la demande des pouvoirs publics sur Atout France et sur son devenir.
Aujourd'hui, je sais dĂ©jĂ trĂšs bien ce que je vais dire, je n'ai pas besoin d'un an pour Ă©valuer, parce que je suis de plain-pied avec les professionnels, en tant que prĂ©sident du Conseil supĂ©rieur de l'Ćnotourisme. Je suis au contact des professionnels qui siĂšgent Ă ce Conseil et je connais trĂšs bien leur souhait.
TourMaG - Quel est-il ?
Hervé Novelli : Leur souhait, c'est d'avoir un outil qui leur appartienne ainsi qu'aux collectivités et dans le droit fil d'une évolution vers un leadership des régions au niveau des collectivités territoriales.
A l'époque, je n'avais pas pu trancher sur un chef de file parce que je n'avais pas le mandat, mais pour moi, c'est clairement les régions qui doivent prendre le lead pour, avec les professionnels, impulser une nouvelle politique et une nouvelle dynamique chez Atout France.
J'en ai suffisamment parlé avec les représentants des régions pour savoir ce qu'ils attendent d'un outil de promotion et d'accompagnement touristique tel qu'Atout France doit le redevenir.
TourMaG - Mais le point de blocage reste les moyens financiers accordés au GIE...
HervĂ© Novelli : Il faut d'abord donner le pouvoir aux professionnels et aux collectivitĂ©s avec un droit de regard de l'Ătat, afin de leur donner la capacitĂ© de financer Atout France de maniĂšre plus forte, puisqu'ils en seront les « co-patrons ».
Et puis il faut que dans une programmation pluriannuelle il y ait une assurance d'un soutien minimal des pouvoirs publics. On peut trÚs bien imaginer que pendant trois ans, il y ait 40 millions d'euros affectés à Atout France.
Quand on voit le niveau des dĂ©penses publiques et qu'on subventionne le ressemelage des chaussures ou le raccommodage des vĂȘtements, on peut bien distribuer 40 millions Ă Atout France qui en fera un bon usage.
Si le budget ne me semble pas ĂȘtre le sujet le plus important, il a Ă©tĂ© utilisĂ© comme outil pour entraver des vellĂ©itĂ©s d'actions.
TourMaG - Dans le cadre de cette nouvelle rĂ©forme, certains professionnels du tourisme Ă©voquent un possible rapprochement avec Business France, peut-ĂȘtre de nouvelles synergies. Aviez-vous Ă©galement envisagĂ© une situation de ce genre ?
Hervé Novelli : Ce qui est sûr, c'est que dans « l'étranglement » d'Atout France, il y a la volonté de moins financer les bureaux à l'international.
Nous sommes d'ailleurs passés de 35 bureaux à l'étranger à 25 en quelques années. C'est dire si l'on a « mégoté » quand on voit les sommes accordées - quelque 35 M⏠de budget en 2024 - alors que l'on parle de l'action de la France en matiÚre de tourisme.
Ce ne sont pas des dĂ©penses somptuaires telles qu'on peut les observer dans l'appareil d'Ătat. Quand on pense que les dĂ©penses publiques dans ce pays se situent Ă hauteur de 57% de la production annuelle, ce n'est pas Atout France qui pĂšse dans les dĂ©penses publiques du pays.
TourMaG - Pensez-vous que la réforme pourrait permettre à Atout France d'obtenir davantage de budgets ?
HervĂ© Novelli : On peut penser que les statuts seront revus et qu'il y aura donc certainement aussi Ă regarder ce qu'on peut faire au niveau statutaire. Mais la nĂ©gociation sur trois ans d'un budget de dĂ©veloppement calĂ© sur 40 millions d'euros me semble ĂȘtre trĂšs raisonnable et trĂšs responsable.
HervĂ© Novelli : Il faut d'abord donner le pouvoir aux professionnels et aux collectivitĂ©s avec un droit de regard de l'Ătat, afin de leur donner la capacitĂ© de financer Atout France de maniĂšre plus forte, puisqu'ils en seront les « co-patrons ».
Et puis il faut que dans une programmation pluriannuelle il y ait une assurance d'un soutien minimal des pouvoirs publics. On peut trÚs bien imaginer que pendant trois ans, il y ait 40 millions d'euros affectés à Atout France.
Quand on voit le niveau des dĂ©penses publiques et qu'on subventionne le ressemelage des chaussures ou le raccommodage des vĂȘtements, on peut bien distribuer 40 millions Ă Atout France qui en fera un bon usage.
Si le budget ne me semble pas ĂȘtre le sujet le plus important, il a Ă©tĂ© utilisĂ© comme outil pour entraver des vellĂ©itĂ©s d'actions.
TourMaG - Dans le cadre de cette nouvelle rĂ©forme, certains professionnels du tourisme Ă©voquent un possible rapprochement avec Business France, peut-ĂȘtre de nouvelles synergies. Aviez-vous Ă©galement envisagĂ© une situation de ce genre ?
Hervé Novelli : Ce qui est sûr, c'est que dans « l'étranglement » d'Atout France, il y a la volonté de moins financer les bureaux à l'international.
Nous sommes d'ailleurs passés de 35 bureaux à l'étranger à 25 en quelques années. C'est dire si l'on a « mégoté » quand on voit les sommes accordées - quelque 35 M⏠de budget en 2024 - alors que l'on parle de l'action de la France en matiÚre de tourisme.
Ce ne sont pas des dĂ©penses somptuaires telles qu'on peut les observer dans l'appareil d'Ătat. Quand on pense que les dĂ©penses publiques dans ce pays se situent Ă hauteur de 57% de la production annuelle, ce n'est pas Atout France qui pĂšse dans les dĂ©penses publiques du pays.
TourMaG - Pensez-vous que la réforme pourrait permettre à Atout France d'obtenir davantage de budgets ?
HervĂ© Novelli : On peut penser que les statuts seront revus et qu'il y aura donc certainement aussi Ă regarder ce qu'on peut faire au niveau statutaire. Mais la nĂ©gociation sur trois ans d'un budget de dĂ©veloppement calĂ© sur 40 millions d'euros me semble ĂȘtre trĂšs raisonnable et trĂšs responsable.
TourMaG - Dans la note que vous prĂ©parez pour lâĂlysĂ©e, quelles autres recommandations comptez-vous ajouter ?
Hervé Novelli : Je pense qu'il faudrait changer le nom d'Atout France car il faut que la politique de la France se lise différemment et qu'on ait le sentiment qu'une nouvelle impulsion est donnée. J'ai quelques idées là -dessus.
TourMaG - Atout France ne sâappellerait plus Atout France mais continuerait d'exister ?
Hervé Novelli : Je pense que c'est une opportunité. C'est une crise qui doit se transformer en opportunité et c'est le moment.
Encore faut-il ne pas se tromper : si on recentralise l'action touristique du cĂŽtĂ© de Bercy, c'est mort. Je connais bien Bercy, j'y ai passĂ© trois ans et demi en occupant Ă peu prĂšs tous les postes sauf du budget et des finances. Je sais combien son action peut ĂȘtre bĂ©nĂ©fique, mais aussi combien elle peut ĂȘtre nĂ©faste s'il s'agit de brider les initiatives et de mesurer les soutiens.
Il faut au contraire miser sur la capacitĂ© d'Atout France Ă se dĂ©velopper, avec une action responsable de l'Ătat, dans une programmation pluriannuelle de la subvention d'Ă©quilibre. Et je suis convaincu que les professionnels et les collectivitĂ©s, qui se sentiront beaucoup plus libres en quelques annĂ©es, feront baisser la dĂ©pense de l'Ătat dans ce domaine.
Si on se trompe en voulant recentraliser, on va Ă l'Ă©chec. Pour un pays comme le nĂŽtre, qui a une ambition et qui doit tenir son rang en matiĂšre d'action touristique, il ne faut surtout pas faire cela.
TourMaG - Pensez-vous que réformer Atout France est suffisant ? Ne faudrait-il pas revoir la politique touristique française dans sa globalité ?
Hervé Novelli : Pour moi c'est simple : il faut décider d'un chef de file et ce chef de file ce sont les régions en matiÚre d'action touristique.
DÚs lors que l'on a ce chef de file, on fait entrer de maniÚre puissante chez Atout France les professionnels et les collectivités territoriales pour créer une nouvelle gouvernance.
On change de sigle, on assure un financement pluriannuel sur trois ans de la puissance publique avec une sorte de soutien à équivalence minimum des professionnels et des régions. Et on a un outil qui est exceptionnel.
Encore faut-il que l'Ătat accepte de se dĂ©lester de cette politique au profit d'Atout France, qui pourra aussi gĂ©rer au mieux les contrĂŽles et les normes, au plus prĂšs des professionnels et des collectivitĂ©s. Si je sais trĂšs clairement ce qu'il faut faire, je m'inquiĂšte de savoir si on prendra cette direction.
Hervé Novelli : Je pense qu'il faudrait changer le nom d'Atout France car il faut que la politique de la France se lise différemment et qu'on ait le sentiment qu'une nouvelle impulsion est donnée. J'ai quelques idées là -dessus.
TourMaG - Atout France ne sâappellerait plus Atout France mais continuerait d'exister ?
Hervé Novelli : Je pense que c'est une opportunité. C'est une crise qui doit se transformer en opportunité et c'est le moment.
Encore faut-il ne pas se tromper : si on recentralise l'action touristique du cĂŽtĂ© de Bercy, c'est mort. Je connais bien Bercy, j'y ai passĂ© trois ans et demi en occupant Ă peu prĂšs tous les postes sauf du budget et des finances. Je sais combien son action peut ĂȘtre bĂ©nĂ©fique, mais aussi combien elle peut ĂȘtre nĂ©faste s'il s'agit de brider les initiatives et de mesurer les soutiens.
Il faut au contraire miser sur la capacitĂ© d'Atout France Ă se dĂ©velopper, avec une action responsable de l'Ătat, dans une programmation pluriannuelle de la subvention d'Ă©quilibre. Et je suis convaincu que les professionnels et les collectivitĂ©s, qui se sentiront beaucoup plus libres en quelques annĂ©es, feront baisser la dĂ©pense de l'Ătat dans ce domaine.
Si on se trompe en voulant recentraliser, on va Ă l'Ă©chec. Pour un pays comme le nĂŽtre, qui a une ambition et qui doit tenir son rang en matiĂšre d'action touristique, il ne faut surtout pas faire cela.
TourMaG - Pensez-vous que réformer Atout France est suffisant ? Ne faudrait-il pas revoir la politique touristique française dans sa globalité ?
Hervé Novelli : Pour moi c'est simple : il faut décider d'un chef de file et ce chef de file ce sont les régions en matiÚre d'action touristique.
DÚs lors que l'on a ce chef de file, on fait entrer de maniÚre puissante chez Atout France les professionnels et les collectivités territoriales pour créer une nouvelle gouvernance.
On change de sigle, on assure un financement pluriannuel sur trois ans de la puissance publique avec une sorte de soutien à équivalence minimum des professionnels et des régions. Et on a un outil qui est exceptionnel.
Encore faut-il que l'Ătat accepte de se dĂ©lester de cette politique au profit d'Atout France, qui pourra aussi gĂ©rer au mieux les contrĂŽles et les normes, au plus prĂšs des professionnels et des collectivitĂ©s. Si je sais trĂšs clairement ce qu'il faut faire, je m'inquiĂšte de savoir si on prendra cette direction.
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TourMaG - Certaines missions confiées à Atout France vous paraissent-elles non justifiées ?
HervĂ© Novelli : Le problĂšme d'Atout France aujourd'hui, c'est que faute d'avoir des missions puissantes et bien identifiĂ©es, sur l'hĂ©bergement par exemple, il se crĂ©e une sorte de parcellisation de l'action, oĂč on lance tous les jours des appels Ă projets, faute de politiques et de financements.
C'est parce que l'on n'a pas les financements globaux qu'on fait des appels à projets. Cela permet de sélectionner et de ne pas définir des politiques qui s'adressent à tout le monde.
TourMaG - Certains professionnels évoquent une vision court-termiste de la stratégie touristique française...
Hervé Novelli : Absolument, et c'est pour cela que je souhaite qu'il y ait un « New Deal », une sorte de big bang de l'action touristique publique que l'on symboliserait par un changement de dénomination et un nouveau départ pour Atout France. Il faut un nouveau départ.
HervĂ© Novelli : Le problĂšme d'Atout France aujourd'hui, c'est que faute d'avoir des missions puissantes et bien identifiĂ©es, sur l'hĂ©bergement par exemple, il se crĂ©e une sorte de parcellisation de l'action, oĂč on lance tous les jours des appels Ă projets, faute de politiques et de financements.
C'est parce que l'on n'a pas les financements globaux qu'on fait des appels à projets. Cela permet de sélectionner et de ne pas définir des politiques qui s'adressent à tout le monde.
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